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10 juillet 2006

Chat alors!

Mots d'enfants (II)

Mary L vient de réprimander sévèrement Junior qui s'est comporté de façon inadmissible à une réunion de parents concernant son frère Champion, en dépit des remarques réitérées de sa mère... et même de son père!

Junior prend conscience de son atttitude, baisse la tête et murmure: "Qu'est-ce que je suis con! Je suis vraiment qu'un p'tit con!"

MaryL:" Mais non, ce n'est pas vrai, tu es désobéissant certes,  mais tu n'es pas con! Tu es même très intelligent!"

Junior: "Si! Je suis con! Un vrai con de gouttière!"

09 juillet 2006

Tiens! 4000 visites!

Merci à vous, nobles visiteuses et visiteurs!

23:55 Publié dans Frivolidad | Lien permanent | Commentaires (2)

Foutebôl

Cette fois-ci, faudra compter sur autre chose pour favoriser l'unité nationale!
 
Tiens, et si on reparlait du mariage gay? Ah bon, le sujet n'est pas aussi fédérateur?

23:35 Publié dans Frivolidad | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Propos

08 juillet 2006

Humour noir mais bonne humeur

Finalement le cancer, c'est comme le poulet rôti!

D'abord on le vide (ils appellent ça opération...).

Puis on le prépare à la cuisson et on le bague pour en faire un poulet PAC (pour les non-initiés, ça c'est la pose du port-à-cath ou PAC).

On le bourre d'herbes aromatiques (ça c'est la chimio, certains aiment bien les dérivés de l'if et autres taxanes, d'autres les épices de couleur rouge, y a du choix, ça n'a pas le même goût...).

On le plume (sans commentaires).

Et enfin l'on procède à la cuisson à feu doux ou vif, selon qu'on le préfère doré ou bien grillé (ça c'est la radiothérapie).

On peut même servir avec un peu de crème (ça c'est la biafine à passer après cuisson rayons).

 

PS1: elle, ça la fait rire et ça dédramatise bien des choses...
PS2: j'adore le poulet rôti!

A la question : « Peut-on rire de tout? », Pierre Desproges répondait: « On peut rire de tout, oui, mais pas avec n’importe qui. »
Vous n'êtes pas n'importe qui, n'est-ce pas?

06 juillet 2006

Humour matinal

Mary L, au sortir de la douche, dans son beau peignoir orange tout neuf: " Regarde! Tu ne trouves pas qu'on dirait un bonze comme ça? "

Happy, en train de se crémer le museau:" Ah oui, enfin, quoique .... on dirait plutôt une belle bonzesse! "

On y est...

Mercredi 5 juillet 2006: dix-septième jour. 

Ils étaient trop nombreux ce soir à se tirer, alors il a fallu parer au plus urgent: un shampoing et une bonne douche, puis raser le reste.

Elle est très belle, mais elle est triste et moi aussi je suis triste pour elle...

Elle a mal et le spectre de la maladie et de la mort la hante (sa soeur est décédée d'un cancer à l'âge de 20 ans il y a 26 ans...), elle a peur et je voudrais arrêter ce cauchemar et qu'elle ne souffre plus. Mais je sais que je ne peux pas.

Je ne sais pas quoi faire pour l'aider. Je ne supporte pas de la voir malheureuse.

04 juillet 2006

Seixième jour

'Leucopénible' depuis deux jours: ça veut dire fatigue intense, gingivite aiguë et accomplissements restreints. Mais cela n'empêche pas complètement l'humour. Mary L ce matin, se regardant dans la glace de la salle de bains: " Comme j'ai la coupe militaire (oui de 3 à 6 mm depuis dimanche), avec mes cernes on dirait que je reviens d'un camp d'entraînement d'une semaine avec les marines ou les paras! Vraimant crevant ce camp! " Quand on pense qu'en plus cette semaine, il y avait rencontre juridique avec le papa des enfants et qu'à chaque fois c'est houleux, plus 430 km de voiture sous un soleil de plomb pour aller au Creps avec Champion (qui fait sa rentrée de sportif de haut niveau en septembre prochain, yeah, et un rêve qui s'accomplit, un!) oui, vraiment éprouvante la semaine!

Pourtant ma toute belle n'a pas trop envie de rire, ses cheveux ont commencé à tomber, discrètement mais régulièrement, le reste du système pileux suit. Très avantageux pour les jambes, super nettes pendant plusieurs mois sans effort! Elle regarde le reste se débiner avec amusement et philosophie. C'est sa nouvelle tête à venir qui la soucie le plus. Pour l'instant on ne sait pas si ceux qui s'accrochent seront plus nombreux que ceux qui désertent.

Mais...écoutez-les... Les uns chantent à tue-tête sur un air de rap:

" Mais keskispasse?
Pas de vacances?
Si c'est comme ça
Nous on se casse
Aux Bahamas!"
 

Les autres hurlent encore plus fort sur un air militaire:

" On est des braves on se casse pas,
A bas la chimio nous on est là!
On n'est pas des lâches on se barre pas,
L'épirubicine elle nous aura pas!  "
 

Plaisanterie à part, ma douce a peur et ça la rend triste... Et j'ai beau lui dire qu'elle sera toujours belle à mes yeux et lui montrer toutes nos photos, y compris les récentes où elle s'est trouvée très séduisante avec ses cheveux très courts, elle a peur! Pourtant je vous jure que Demi Moore à côté de ma belle, elle est fade! C'est dire!

Quelques journées stressantes en vue donc pour passer un cap qui ne devrait pourtant pas être si difficile... si l'on ne craignait pas tant le regard des autres. La peur de sentir que l'autre vous colle l'étiquette 'gravement malade' et vous étouffe de sa pitié... La peur d'attirer l'attention quand on voudrait passer inaperçue et faire ses courses tranquillement fondue dans la foule... La peur d'être autre... Tant de raisons d'être anxieuse! Mais je crois aussi qu'on trouve une grande force en soi quand on accepte l'inéluctable et qu'on se regarde soi-même avec amour. Je vais m'employer à lui prêter mon regard pour rendre joyeux le sien. Et je pense que je vais sauter le pas moi aussi dans quelques jours par solidarité et pour mieux comprendre ce qu'elle ressent, et le voir à l'oeuvre ce fameux regard des autres! Pour ma part, je crois qu'au-delà d'une certaine dose de curiosité ou d'étonnement, il peut être empreint de compassion, d'admiration et de bonté. J'espère ne pas être déçue! Allez, on ne vit qu'une fois, osons donc arborer fièrement un look original!

27 juin 2006

Neuvième jour

Après quatre jours d'appétit diminué, ma toute belle remange normalement et de bon appétit. Même si elle reste un peu barbouillée par moments, tout passe et les repas sont source de grand plaisir. Je m'attache à bien appliquer les consignes de notre médecin traitant et nous consommons beaucoup de légumes, de fruits frais, de poissons gras, un peu de viande maigre, des céréales complètes et du pain complet, des fruits secs pour les coups de pompe de l'après-midi. Le tout sans sel ajouté: avec des aromates bien choisis on fait des miracles côté saveur et appétit! Le drôle de goût déplaisant dans la bouche ne résiste pas à cette cuisine équilibrée, au bicarbonate de sodium en bains de bouche... ni aux baisers passionnés! Bilan: elle a perdu 2,5 kilos en dix jours (... et moi 1,5 kilo, chic!) donc on a sacrément bien limité la casse.

Et puis depuis ce week-end, les enfants sont avec nous! Seul le grand est à la maison ces jours-ci, Junior a encore école lui et il est retourné avec son papa lundi matin. Mary L est très fatiguée, mais pas au point de ne rien pouvoir faire. Cette fatigue impose des siestes quotidiennes ou de longs moments de relaxation, mais ne l'empêche pas d'accomplir une partie des tâches ménagères: elle a même tenu à faire tout le repassage hier! Je suis en semi-vacances à partir de cette semaine, ce qui va nous permettre de sortir un peu ensemble et de nous changer les idées, magasins, nature, etc... La cicatrice du PAC tire encore un peu et gêne les mouvements du bras gauche (quand c'est plus l'un, c'est l'autre!), mais comme ce matin j'étais occupée, elle est sortie avec Champion faire une course et a reconduit sa voiture sans problèmes. Je ne la laisserais pas aller très loin seule, car nous rentrons dans les jours à risque de 'leucopénibles' - comprendre leucopénies (ou baisse des globules blancs) - qui peuvent amener de violentes baisses de tonus, mais qu'elle se sache suffisamment autonome pour naviguer dans le coin et aller en ville seule est très important pour le moral.

Moral qui je l'avoue n'est pas au beau fixe par moments. Elle vit mal ses moments de fatigue et sa peau fragile, surtout au niveau du visage et du cou, où quelques plaques d'eczéma tentent de s'installer (vive la crème au calendula, on ne va pas se laisser emmerder par un produit allergisant kwâ!); et elle est gênée par les tiraillements au niveau du PAC. Il s'agit alors de rappeler que cet état diminué est passager et que le traitement est actif, ce qui vaut mieux pour nous assurer un avenir heureux.

Je ne comprends pas qui sont ces conjoints qui laissent tomber leurs femmes sous prétexte qu'elles ont un cancer et sont sous chimio. Sur les Essentielles (cf. le lien sur cette page), j'ai lu de poignants témoignages de femmes trahies, abandonnées, lâchement quittées, sous prétexte de, je cite: "rapprochement impossible" (ah, le PAC a bon dos, on croirait qu'il n'y a qu'une position possible!), "libido absente", "cicatrices impossible à regarder", "sein déformé", "sein absent", "femme nue comme un vers" (ben quoi, ça n'empêche rien ça, tout doux partout et de nouvelles sensations, youpee!) et j'en passe! Je ne comprends pas! Comment peut-on aimer si peu, si mal! Moi ses cicatrices, je les aime! Si on avait dû lui ôter tout le sein, j'aurais hurlé de douleur pour elle et pour son regard sur elle-même, mais j'aurais TOUT fait pour qu'elle se voit avec mes yeux aimants et pour qu'elle apprivoise ce nouveau corps et apprenne à ne plus en souffrir! Toutes les marques que la maladie et la chimio laissent sur sa peau, je les appelle ses peintures de guerre, ses scarifications de combat, comme les Indiens! Elles sont la trace visible de son courage et de notre bataille. Quant à la libido, si le conjoint n'est pas capable de faire naître le désir chez l'autre ou d'attendre les moments de plus grande forme si la fatigue est trop présente, c'est que son amour n'est pas bien fort! Et la tendresse, bordel! Et l'humour? Ces conjoints-là, virez-les et cherchez quelqu'un qui vous aime pour vous! Je le répète, l'amour n'est pas fait pour les tièdes! Cf. post du 10 mai 2006

D'ailleurs depuis dimanche, nous avons aussi la coupe qui va avec les peintures de guerre (de 3 à 9 mm) et elle se plaît, s'aime comme cela et découvre la forme de sa tête. Même Junior qui craignait tant de ne plus reconnaître sa mère si elle perd ses cheveux, nous a dit pleinement rassuré, "oh ben ça ne change pas tellement finalement!". On a bien fait de faire par étapes! Je précise que ma douce a un visage superbe et que je n'arrive même pas à imaginer que quelque chose ne lui aille pas. En plus elle sait choisir les vêtements qui la mettent en valeur (nan nan, elle ne porte pas de treillis!). Donc je craque pour elle... Quant à moi, je rêvais d'oser le maximum, mon côté provoc sans doute! Je sens qu'on y vient doucement (nan, nan, je ne porte pas de treillis non plus!)

Et puis il y a le yoga et le Kung Fu: respirations, exercices, - doux pour le moments en raison des cicatrices convalescentes, on reprendra les postures plus toniques bientôt - , suites de contractions et décontractions, afin de récupérer la mobilité de l'épaule côté opération et ça marche bien. L'homéopathie est aussi d'un grand secours pour limiter les hématomes et les nausées. Quant au dieu Desmodium (ah, merveilleuses plantes africaines!), nous en espérons un grand bénéfice côté protection hépatique, compte-tenu des premiers résultats très positifs.

Ouala ouala. Les nouvelles des premiers jours sont plutôt bonnes! Et votre aide précieuse, de même que le soutien de plus en plus grand des merveilleuses Essentielles nous portent!

21 juin 2006

Place à mon L!

Je vous remercie toutes et tous pour vos messages.
Ils nous font du bien, nous touchent et nous encouragent. 

A part la première nuit qui a été un peu mouvementée, cela se passe assez bien malgré un peu de fatigue et quelques moments d’angoisse toujours surmontés grâce à mon amour Happy. 

Happy demande de me soutenir et moi je vous assure qu’elle a tout autant besoin de soutien que moi sinon plus.

La plus grande partie de ma force, je la puise en elle: c’est elle qui me porte, elle qui est là pour me préparer avant chaque grand évènement, elle qui me réconforte, elle qui allège mes tâches quotidiennes, elle qui prend soin de moi dans tous les instants. Et sa force, elle en puise énormément dans tous vos messages de soutien, de pensées positives, de belles images et aussi d’humour, qu’elle me transmet.

Cette chaîne de solidarité est merveilleuse. Je vous en remercie et je remercie Happy de me relier à vous. Elle est ma femme extra-ordinaire. Je suis fière d’elle. Je l’aime.

Mary L

20 juin 2006

Et d'une!

Première chimio accomplie!

Hier à l'hôpital ça s'est vraiment très bien passé. Personnel coordonné, délicat, effficace. Aucun problème pour poser l'aiguille, aucune douleur, aucun symptôme déplaisant durant le passage de tous les produits (1h45). Et le port-à-cath marche très bien. Seulement quelques fourmillements aux extrémités, juste une sensation originale. Ouf!

Retour at home, dîner léger mais plaisant, soirée paisible. puis direction dodo! C'est vers minuit que les hostilités ont commencé: tête lourde, sensations de légers malaises, puis nausées, puis vomissements violents vers 2h30. Merci au Zophren Lyoc pris rapidement, car seules de légères nausées ont suivi, rendues plus supportables par un anti-émétique homéopatique (hélas, le Zophren, c'est un seul toutes les huit heures seulement...). Mais la tension et la peur d'avoir d'autres effets ont eu raison de son sommeil... et du mien. Au petit matin nous avons réussi à concéder deux heures au dieu Morphée. Puis petit déjeuner, très léger pour elle, mais pris avec plaisir. Nous allons portionner les repas pour que ça passe durant ces premiers jours délicats et après on avisera pour ne pas reprendre trop de poids!

Ma toute belle a lu hier soir vos messages d'amitié et m'a dit qu'elle vous écrira en réponse un petit texte que je publierai en post rien qu'à elle. Elle a été très touchée, je vous en remercie. Pour l'instant elle s'est assoupie, alors retirons-nous sur la pointe des pieds. 

19 juin 2006

Merci de la soutenir!

Si vous avez une idée de truc gentil et/ou plein d'humour à dire à MaryL pour lui donner du courage et du coeur au ventre, n'hésitez pas, elle vous lira tout à l'heure quand elle aura fini son yoga!

Merci d'avance. 

Du repos, beaucoup de repos (D DAY!)

Cette après-midi, première chimio!

L'inconnu. Très peur. Moins qu'en début de semaine toutefois.

Je sais qu'elle se demande comment elle va être après. Comment elle va réagir, intensité des effets secondaires, etc... il faut le vivre pour le savoir.

Et puis nous avons mis toutes les chances de notre côté grâce à notre médecin traitant qui est un ange: anti-oxydants, desmodium (draineur hépatique et rénal), pansement intestinal naturel, anti-émétiques, tout ce qu'il faut pour limiter la fatigue, les nausées, les mucites (infections buccales) et favoriser l'élimination. Plus les préparations de yoga (ça c'est mon boulot) pour le physique et le mental et arriver gonflée à bloc au service onco. Sa main dans ma main (j'ai pris ma journée), ensemble dans l'adversité.

Le médecin crabologue nous avait souhaité vendredi un super bon week-end et une bonne communion - eh oui, dimanche c'était la première communion de Junior -  alors hier matin, malgré les petits tiraillements dans les points de l'intervention de vendredi et un peu de fatigue résiduelle, nous voilà parées de nos plus beaux atours et en route pour la cérémonie religieuse à une cinquantaine de kilomètres de chez nous!

Et là, ... bon alors je résume, parce que ça me sort par les yeux..., giga accrochage de MaryL avec ses parents à la sortie de l'Eglise! Ils ont commencé par fondre en larmes dans le lieu saint, moi naïvement au début j'ai cru que c'était à cause de la maladie de leur fille, que je suis innocente! Ils nous ont déblatéré toutes leurs rengaines de famille éclatée et qu'ils pleuraient tous les jours, et vazi et vazi, et qu'ils ne savaient plus quoi faire pour arranger ça!  Attendez, vous allez voir, Dallas à côté c'est de la gnognotte!

C'est ça qui a tout déclenché! Ils lui disent tout le temps comment t'aider?, alors MaryL leur a demandé de la soutenir face à son ex qui avait tout de même eu le culot de réclamer la garde complète des gosses quand il a su qu'on déménageait fin 2005 (on achetait une maison ensemble au lieu de vivre en location, nous allions être aussi heureuses que lui, alors ça il ne l'a pas supporté). Pour information, tout est dans les mains de la justice depuis huit mois et je ne puis donc m'étendre plus sur le sujet... En guise d'aide, on s'en prend plein la gueule entend de tout, moi y compris, parce que j'ai fini par intervenir, la voyant défaite, en larmes, à bout. Le lendemain d'une opération et à la veille de sa première chimio, les sa-lauds!!!

Ah oui, parce que vous ne savez pas! Nous n'étions pas invitées au repas de communion de Junior ni même à l'apéritif, organisés par le père des gosses. Il s'attribue bien des prérogatives ce monsieur! Et les parents de MaryL cautionnent cette attitude et soutiennent même leur ex-gendre dans ce genre de choses. Qui d'ailleurs n'a rien dit, même pas comment-ça-va à son ex, assise ... à ses côtés dans l'église (on est arrivée en retard, on a pris les places qu'on a trouvées...).
Donc mes chers beaux parents ont estimé normal de soutenir à fond leur ex-gendre (en gros, nous devions partir de là et ne surtout pas faire de vague), déclarant qu'il était le père de leurs petits-enfants! MaryL a répliqué qu'elle était leur mère, que Junior était donc son fils, qu'elle-même était leur fille à eux aussi, et qu'elle attendait du soutien de leur part. Réponse: "Retourne avec ton mari! " Pour mémoire, cela fait sept ans qu'elle s'est séparée de cet homme et six ans que nous sommes ensemble. Quant à moi je me suis pris dans les dents un merveilleux: "Vous, vous n'avez pas à éduquer mes petits-enfants, d'abord vous n'avez rien à leur dire, vous n'y connaissez rien, vous n'avez même pas eu d'enfants". Dekwajmemêledukon, une vague relation du père, en a profité pour s'immiscer dans la conversation et nous balancer les poncifs homophobes habituels, un homme avec une femme, etc, etc.  Ca devait être le cadeau bonux celui-là! Je vous laisse deviner dans quel état j'ai ramené ma chérie à la maison.

Ceux à qui j'en veux le plus, ce sont ses parents. Comment peut-on ne pas soutenir sa fille à ce point? Comment peut-on tenir ce genre de propos devant les gamins? Ca va leur faire quoi à eux? Qu'y comprennent-ils? Une chose est sûre, les autres-là, ils ne refoutent plus un pied à la maison! Et le premier qui me dit 'meuh nan, il n'y a plus d'homophobie en France et puis il n'y en a plus que pour les homos d'abord'  je lui pête la gueule si, si, je lui pête la gueule!

Du repos, du repos, beaucoup de repos, m'avait dit le chirurgien après l'opération il y a juste un mois. Elle doit bien se reposer, à la fois pour récupérer vite de cette intervention et pour préparer la suite, difficile. Je vois que vous vous occupez bien d'elle, alors je compte sur vous! Et ben c'est gagné. Comme repos, c'est le top du top!

Ben tiens c'est le monde à l'envers! Encore un peu et la chimio de c't'après-m' ça va être reposant! Qui sait! 

17 juin 2006

Nouvelles du front

Jeudi nous avons adopté une nouvelle coupe en brosse, "a crop-cut" comme on dit aux USA. Ca lui va super bien, la beauté de son visage est tellement mise en valeur, ce que je n'ai de cesse de lui dire! Un peu réticente au départ à l'idée que je suive le mouvement, une fois ma nouvelle tête terminée je sais dans ses yeux comme je lui plais, et ses mots me le confirment. Et oui, il faut oser! La vie est trop courte pour ne pas se permettre toutes nos envies: une femme à cheveux très courts, c'est beau et très séduisant, du moment qu'on lâche tous ses a priori sur les looks qu'on est censé adopter, qu'on soit homme ou femme!

A ce propos si vous voulez des idées de coupe, il y a un site génial sur ce lien:
http://www.haircuts.ru/foto/crop_e.html 

Dans une dizaine de jours nous passerons à la version GI Jane, puis le traitement se chargera de terminer la coupe de MaryL dans les jours suivants. Je ne sais si je serai solidaire jusqu'au bout, - il y a le boulot, quoique je suis capable de tout et ils le savent, genre, tiens! une originalité de plus!... et puis c'est pour ce qu'il y a dans ma tête et pas sur ma tête qu'on me paie, m'enfin!... - mais cela me tente assez pour l'été, surtout qu'il fait une canicule d'enfer! Il y a juste que moi j'ai le choix et que cela rend les choses tellement plus faciles! Shit!

Mais regardez comme ces femmes sont belles! Cessons d'y voir les stigmates d'une maladie! Ces coupes de l'extrême donnent un look extra où la femme explose de féminité et de beauté.

http://www.haircuts.ru/foto/bald_e.html

http://www.haircuts.ru/foto/shaved_e.html
 

Vendredi nous avons affronté pour la première fois la section 'hospitalisation de jour' du service d'oncologie de l'hôpital pour la pose du PAC; arrivée huit heures, intervention à pas-d'heure-prévue vous-verrez-bien-madame, ah bon vous ne faites pas le traitement aujourd'hui? lundi, vous êtes sûre? parce que s'il y a un hématome, on ne pourra pas piquer dans le PAC et il faudra revenir dans huit jours... c'est embêtant, qui a décidé ça!?... nous ne sommes pas au courant, personne ne nous en a informés,... faut que je vois avec le docteur, etc

Le summum du conflit médecins-cadres infirmiers, nous on n'a pas besoin de supporter ça, ça commence mal. En même temps, on les sent stressés, et vu leur métier à longueur d'année, les soins lourds, les pathologies lourdes, les difficultés de gestion parfois, l'impuissance à guérir dans certains cas, on peut les comprendre... travail flippant et don de soi, nerfs à vif et disponibilité de tous les instants aux patients, probablement pas toujours faciles... Nous ne devrons pas oublier que nous avons affaire à d'autres humains, fragiles eux aussi et nous tâcherons de ne pas oublier leur fatigue potentielle et leur dévouement presque sans faille. Ne pas penser qu'à soi. Surtout pas. Ne pas se laisser enfermer par la maladie.

Entrevue avec le médecin: on risque d'attendre jusqu'en début d'après-midi, mais le temps passe avec quelques examens complémentaires et les traditionnelles prises de données phy. 

Surprise, dix heures trente, la porte s'ouvre, on vient vous chercher pour le bloc madame, elle murmure: "Je n'ai droit à aucune prémédication? Parce que je croyais..." Non, c'est descente directe en salle d'op. Je suis son lit jusqu'à l'ascenseur et elle a juste le temps de me faire un grand coucou et de me dire "T'inquiète pas, je n'ai pas peur". Je le vois dans ses yeux mais je sens aussi son stress, palpable. Je sais que l'intervention en local prend de 20 minutes à 40 minutes et je souhaite de tout mon coeur que tout se passe au mieux et sans douleur. La souffrance de celle que j'aime, noooon, oh noooon... On m'informe qu'elle remontera dans une petite heure grand maximum, alors je vais buller dans l'entrée de l'hôpital, feuillette des revues sans lire chez le marchand de journaux, ressors dans le couloir direction les parkings, puis passe un coup de fil professionnel pour évoquer l'idée d'un éventuel retard. J'ai la tête vide, le regard rivé sur la montre, comme le 17 mai durant la longue opération, c'était sacrément plus long. Oui mais là elle dormait, aujourd'hui elle ne dort pas! Je regrette de ne pas avoir insisté ce matin pour qu'elle prenne un léger calmant à la maison. Et elle qui ne supporte pas même la vue d'une prise de sang!

Le temps n'avance pas, pourvu qu'elle soit bien, que le chirurgien soit bon et puis 20 minutes ça sufffit bien comme ça, ça fait quarante minutes maintenant qu'elle est là-bas, alors je remonte dans le service! Une fois dans la chambre, je tourne en rond, ouvre la fenêtre plus grand, ressors dans le couloir. C'est anormalement long, cela n'en finit plus, je ne le sens pas ce truc, j'ai comme une boule chaude dans la trachée, il y a quelque chose qui déconne je le sens. Ma belle va effectivement remonter au bout d'une heure vingt, blanche comme le drap, immobile sur le lit, et ce qui me frappe immédiatement, en bien moins bonne forme qu'au retour de son opération le mois dernier! Le comble!

Je me précipite: "Tu as mal?" Un faible murmure me répond: "Non je n'ai pas eu mal du tout." Au même moment l'aide-soignante qui pousse le lit me dit en souriant avec une gentillesse qui me touche "Oh, elle nous a fait un petit malaise, ... il ne faut pas la laisser seule...". J'apprendrai par la suite le déroulement des évènements, le chirurgien vasculaire qui a l'air compétent dans son boulot, mais bien maladroit sur un plan humain, n'a rien trouvé de mieux que de déclarer sur la fin de l'intervention : 'Ah bon, votre chimio est lundi? oh mais au bout de trois jours, ce n'est pas une bonne idée, s'il y a une infection, ce ne sera pas ma faute!'
Alors là, ma douce n'a plus su ce qui était bien ou pas à faire, ni qui croire et en qui avoir confiance, et elle s'est sentie mal et elle a tout juste eu le temps de le dire, d'où masque à oxygène et compresses froides sur le visage jusqu'à ce qu'elle revienne à un état plus stable! En plus il n'était apparemment pas au courant qu'il ne devait pas laisser l'aiguille en place, mais alors à quoi ça sert les dossiers s'ils ne les lisent pas, les consignes du cancérologue à ce sujet y figuraient en bonne place! Heureusement qu'elle était suffisamment lucide pour le lui faire remarquer, parce que sinon bonjour le confort, surtout pour trois nuits!

On est parties de là à 15 heures après qu'elle ait pu manger et se requinquer, puis terminer les derniers examens utiles au jour J, non sans avoir signalé au médecin ce qui s'était passé, laquelle s'est montrée assez rassurante.
Mais il faudrait voir à ce qu'ils accordent leurs violons! Que de stress! 'tain, pourvu que ça soit pas ce merdier lundi pour la chimio, parce que comme mise en confiance, il y a mieux!

Et puis j'ai travaillée vannée jusqu'à 20 heures pendant qu'elle somnolait dans notre chambre, on a dîné en vitesse après un coup de fil à notre gynéco qui nous a bien rassurées: quelle personne pleine de tact et d'informations utiles, franche et peu avare de bons conseils si utiles depuis le début! Thank you Doc!

MaryL dort paisiblement, moi je suis debout depuis 4h30 du mat'. Cela fait un bon moment que je ne dors que cinq ou six heures et ce n'est pas sûr que ça va s'arranger dans les jours à venir... Mais la mauvaise herbe est résistante!

15 juin 2006

Hommage

L'artiste

 

Sur une mer imaginaire, loin de la rive .... L'artiste en quête d'absolu, joue les naufragés volontaires ... Il est là debout sur une planche qui oscille sur la mer. La mer est houleuse et la planche est pourrie. Il manque de chavirer à chaque instant. Il est vert de peur et il crie : "C'est merveilleux, c'est le plus beau métier du monde" Et pour se rassurer il chante : Maman les p'tits bateaux Qui vont sur l'eau Ont-ils des jambes? Mais oui mon gros bêta ... Et plouf, il tombe à l'eau ! Il est rappelé à la dure réalité de la fiction. Lui qui se voyait déjà en haut de l'affiche, il se voit déjà en bas de la liste de ces chers disparus !
Il a envie de crier : "Un homme à la mer" Mais comme l'homme c'est lui, et que lui c'est un artiste et qu'il exerce le plus beau métier du monde, il crie: "Et le spectacle continue" Il remonte sur sa planche pourrie. Il poursuit sa quête de l'absolu. (Chanté:) Maman les p'tits bateaux Qui vont sur l'eau Ont-ils des jambes? Et plouf ! Il retombe à l'eau. Il est ballotté comme une bouteille à la mer, à l'intérieur de laquelle il y a un message de détresse. Il a envie de crier : "Une bouteille à la mer" Mais comme la bouteille c'est lui, et que lui c'est un artiste et qu'il exerce le plus beau métier du monde, il crie "l'eau est bonne" Il remonte sur sa planche pourrie ... Il a complètement perdu le nord. Il se croit sur la mer du même nom, la mer du Nord ... Il fait la manche ... Toujours la quête d'absolu! (Chanté :) Maman les p'tits bateaux Qui vont sur l'eau Ont-ils des jambes? Et il retombe à l'eau. Le public, qui est resté sagement sur la rive, se demande si l'artiste n'est pas en train de le mener en bateau. Il se dit : "Mais alors quand est-ce qu'il se noie" L'artiste lui, s'aperçoit soudain que la planche sur laquelle il est remonté pour la énième fois donne de la gîte sur tribord ! C'est-à-dire qu'elle penche du côté ou il va tomber ! Il a envie de crier : "Les femmes et les enfants d'abord" Mais comme il est tout seul, il crie: "Je suis le maître à bord" Il ajouterait bien: "Après Dieu"
Mais comme dans l'imaginaire, Dieu, on ne risque pas de le rencontrer ! (Dieu existe, certes ... mais dans le réel !)
Pour Dieu l'imaginaire c'est une vue de l'esprit ! La fiction ça le dépasse ! L'artiste sait qu'il n'a rien à attendre du Ciel. Alors au lieu de crier : "Après Dieu" Il crie: "Après moi le déluge" Et tandis que sa planche, qui fait eau de toutes parts, s'enfonce dans les eaux, il n'a plus qu'une pensée : "Sauver la recette" Il fait une annonce publicitaire:
"Mesdames et messieurs la planche pourrie sur laquelle j'ai eu l'honneur de sombrer pour la dernière fois devant vous ce soir était sponsorisée par le Ministère de la Culture " Et il coule avec la subvention ! Il disparaît dans les flots et il réapparaît aussi sec ... Il a de l'eau jusqu'à la ceinture ... Ses deux pieds touchent le fond de la mer. Alors le public: "Ha ! Ha ! Il s'est noyé dans un verre d'eau" A l'évidence, la mer imaginaire sur laquelle l'artiste s'était embarqué imprudemment est à la hauteur de son imagination. Elle manque de profondeur. C'est une mer à marée basse. Une mer de bas fonds ! Une mer indigne d'un grand naufrage !... Alors l'artiste pour ne pas sombrer dans le ridicule ... Il fait la planche ! Il fait la planche pourrie. Il a envie de crier: "Une planche à la mer" Mais comme la planche c'est lui, et que lui c'est un artiste et qu'il exerce le plus beau métier du monde, il crie : "Je suis le radeau de la Méduse à moi tout seul et il se pourrait que cette fois-ci il n'y ait pas de survivants" Le public imperméable jusque-là, se dit : "C'est un spectacle cool Pas de survivants ! Cela promet Cela laisse entrevoir une fin heureuse" Alors après avoir crié : "Bis», il crie "Ter Ter" Et c'est le miracle ! Devant le public médusé, l'artiste transfiguré, regagne la rive en marchant sur les flots ... et il se noie dans la foule ! ...

Raymond Devos

Darry Cowl, Claude Piéplu, Raymond Devos,...
c'est quand qu'on rit?

 

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