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14 mai 2008

Fin d'une histoire

Ce lundi soir, Mary L m'a annoncé qu'elle ne souhaitait plus continuer notre relation. Non, elle n'envisage pas de faire un break pour tenter de passer les écueils, sa décision est définitive.

La maison va être mise en vente dès cette semaine. Voilà donc l'aboutissement des tensions de ces derniers mois...

Je n'ai rien d'autre à ajouter. 

06 septembre 2007

Homophobie ordinaire

Faire-part

Mme son épouse

Mme Happy sa fille

M. et Mme son fils aîné

Le Docteur (ah les titres ça c'est important!)
son second fils et son épouse

M. son troisième fils et son épouse
(toute neuve, quatrième du titre,
mon frère aurait dû avoir un harem, c'est plus simple...)

Ses petits-enfants et ses arrière-petits-enfants,

ont la tristesse de vous annoncer le décès de ...

les obsèques auront lieu à ....

 

Ma mère me l'avait lu si vite au téléphone, ce faire-part, que je n'avais pas tout compris: je croyais qu'il y avait juste "Son épouse, ses enfants et ses petits-enfants, ont la tristesse etc...". C'est la première chose que j'ai vue en arrivant là-bas, posé sur la table du salon, avec ce vide après mon prénom et mon nom, un vide atrocement grand. Une grande absente.

J'ai encaissé, j'ai montré le papier à Mary L qui n'avait pas encore compris de quoi il retournait et qui a fait la gueule un bon moment ce jour-là - on la comprend!

Puis dans l'après-midi j'ai pris ma mère à part pendant des démarches que nous avions à accomplir et je lui ai dit ma contrariété. A la question, pourquoi ne pas avoir mis "Mme Happy et sa compagne" la réponse tomba comme un couperet "Ah ben c'est pas exprès, je n'y ai pas pensé". Remarque qui fut suivie quelque trente minutes plus tard en notre présence à toutes les deux d'une réflexion sur "ces gens susceptibles qui prennent tout mal là où il n'y a pas de quoi, vraiment je ne comprends pas les gens". Merci pour les gens.

Il a fallu aussi s'appuyer les présentations répétées à l'église ou ailleurs: "Ma fille... une amie". Il a fallu batailler pour que je dise mon texte à moi à l'église et pas un truc tout prêt fait par quelqu'un qui l'a jamais vu, mon père, et qui serait bien en peine de le définir et de l'apprécier. D'ailleurs ses fils, zont pas mis une fleur, zont pas dit un mot.

N'empêche que la quatrième femme de mon frère, elle ne le connaissait pas du tout mon père! Ce n'est pas elle qui lui a massé les pieds le 15 août quand on est monté le voir en vie pour la dernière fois. Ce n'est pas elle qui a deux enfants que mon père commençait à aimer tellement fort, que même si ceux-là n'étaient pas de son sang, il s'annonçait toujours sous le nom de Papy pour eux au téléphone. Son dernier cadeau, c'est une voiture pour eux deux, qu'il n'a pas eu le temps d'envoyer par la poste  et que j'ai rapportée dans mes bagages. Il y a une lettre avec, sa dernière lettre... Elle est pour eux. Nous l'ouvrirons ce week-end tous ensemble, puisque nous n'avons pas été rassemblés plus tôt.

La femme qui a massé les pieds de mon père, la femme qui a mis au monde ces deux enfants, la femme qui a mis les disques que mon père aimait pendant la cérémonie, la femme que j'aime et qui m'aime, c'est ma belle. Cette femme-là, si la loi n'était pas tellement à la con! serait mon épouse au même titre que les autres. En attendant c'est ma compagne depuis bientôt sept ans et je défie quiconque d'affirmer que notre amour ne vaut rien! 

Oh Maman, ma vie tu la connais depuis si longtemps, et Mary L aussi tu la connais et tu vois comme on est bien ensemble. Pourquoi as-tu fait ça? Ma douce a du chagrin aussi, tu sais, elle aimait Papa et vous a toujours bien reçus chez nous. Tu m'as fait très mal, très mal et tu ne le vois même pas! Et si tu t'en foutais enfin du qu'en dira-t-on?

... 

Faut pas que j'oublie que Papa m'a laissé un très beau cadeau à moi aussi, celui d'accepter ma vie telle qu'elle est!

Relativité du temps

Du 23 au 28 août, objectivement, cinq jours.

Pour moi, je ne sais combien de semaines voire de mois pour les digérer.

Préparatifs, obsèques, premiers rangements, premiers tris, démarches, administrations, famille, retrouvailles, surprises bonnes, mauvaises, émotions, souvenirs, cassures, éparpillement du passé, loi du silence, homophobie ordinaire, et j'en passe.

Il me faudra du temps pour mettre en mots la souffrance, les joies, les traumatismes refoulés, les brisures, les séparations, les oublis, la négation par les uns, la reconnaissance par les autres.

L'ignorance et le déni font toujours autant de dégâts, n'en doutez pas. Quant à certains, c'est l'intérêt qui guide leur coeur. Pas l'affection. Heureusement qu'il y a les autres... enfin j'espère...

03 juillet 2007

Fresh news

Quatre semaines d'orage et d'intensité...

Il m'a fallu d'abord terminer en catastrophe ce mémoire, dernier maillon de mon diplôme, en attente depuis trois, voire même quatre ans, ainsi va la vie. Sujet modifié depuis l'an dernier: bien sûr que je ne pouvais pas laisser de côté l'intime et ignorer le cancer! Quant à l'autre sujet déjà avancé, il pourra toujours servir à construire un article pour une revue, si j'ai le temps.

Vingt fois j'ai failli baisser les bras:

" C'est de la folie, on ne rédige pas un tel travail en si peu de temps, tu ne te rends pas compte!"

Et ma douce de répéter:

"J'ai confiance, tu peux y arriver, tu vas y arriver." 

C'est vrai que je n'aurais pas bien supporté de repartir en stage les mains vides, en sachant qu'il faudrait encore attendre un an ou plus... ou jamais, car on ne sait jamais de quoi demain sera fait. Alors j'ai travaillé jour et nuit, à la limite de l'épuisement: mon mémoire a vu le jour une semaine avant mon départ, envoi par mail à mon prof en date limite, version papier dans les bagages, pas le temps de la lui poster.

Ce diplôme j'en avais tellement besoin, professionnellement et moralement! Alors ça y est c'est fait, j'ai soutenu mes 47 pages vaillamment mardi dernier et j'ai obtenu mon diplôme en fin de formation vendredi. Soutenance sans aucune préparation vu les évènements récents, après un départ mouvementé qui a failli ne pas se faire. Alors bien sûr, frustration de l'à peu près, présentation ratée à mon sens, mais pas à celui des personnes présentes, qui m'ont affirmé que j'avais atteint mon double objectif: toucher et informer. Apprentissage supplémentaire d'humilité. Et puis l'essentiel est dans le coeur et a transparu. Tant mieux.

Flashback

Une semaine avant le stage, mon père est hospitalisé en clinique version maison de repos. En effet, il ne cesse d'être méchant avec tout le monde en général et ma mère en particulier; et puis il divague, il délire, se présentant tour à tour comme marchand de voitures de luxe ou pilote de ligne. Il me parle de quitter ma mère et de divorcer - à 82 ans et dans son état! -, il téléphone à toute heure du jour et de la nuit, il dérange d'anciens voisins auxquels il raconte des histoires invraisemblables, il menace ma mère de la tuer et j'en passe. Je l'ai moi-même menacé d'hospitalisation à sa dernière divagation téléphonique, il m'a miraculeusement entendue car c'est de lui-même qu'il a demandé cette maison de repos.

Mais la clinique ne pourra pas le garder plus de cinq jours: hélas, il s'attaque aux autres malades, dont certains sont en soins palliatifs, se croit victime des autres, insulte les infirmières et surabuse du téléphone. Soit la clinique ordonne son placement en hôpital psychiatrique par préfet interposé, soit c'est sa femme qui signe les papiers de cet internement d'urgence. Ce qu'elle fera la mort dans l'âme ce terrible vendredi - black friday -, veille de mon départ en stage de formation. J'avais admis la mort prochaine, j'avais appréhendé la souffrance, mais non cette rupture psychique qui l'éloigne de nous avant l'heure et interdit tout dialogue sensé de plus de deux minutes. La vie nous réserve tant de surprises et il est vrai que tout peut toujours être pire! Frisson...

C'est donc la tristesse au coeur que je suis partie en formation, me concentrant sur la longue route car les tâches obligatoires ont ceci de bon qu'elles nous éloignent de notre petit égo blesssé. 

Une semaine apaisante, ma mère a promis de respecter le break et de me laisser ces quelques jours tranquilles, alors j'ai travaillé comme je pouvais malgré une fatigue importante, j'ai suivi le séminaire au mieux, m'offrant toutefois une journée d'école buissonnière avec randonnée le long des côtes bretonnes et c'est bien bon. Retrouvailles avec quelques-un(e)s, nouvelles têtes et nouveaux partages, pluie, vent, gastronomie et crêpes, ouf je respire un peu.

Retour 

J'ai appelé sur la route, c'est vrai que j'aurais pu attendre encore une journée, mais il me faut penser à cette dame vieillissante qui est si seule avec sa peine. Peine qu'elle a déversée à flots pendant une heure, aucun détail déchirant ne m'est épargné comme à l'accoutumée, et encore c'est moi qui finis par abréger la conversation, je suis chez mon beau-frère et veux faire bonne figure, ils sont si contents de nous voir! Elle ne sait pas prendre de distance avec ce qui lui arrive - elle n'a jamais su -, par moments j'ai peur qu'elle aussi ne se retrouve dans cet hôpital tant je la sens qui perd pied. Elle a revu l'oncologue de papa, elle lui a demandé s'il allait guérir!

Je mesure à quel point tous deux sont dans le déni, il n'y a pas que mon père! Le psy de l'hosto de mon père lui demande de venir le voir moins souvent, parce que ça le met dans un état épouvantable, elle n'entend rien, c'est l'amour de toute une vie qu'ils veulent l'empêcher de voir. Et pourtant ces médecins veulent faire prendre conscience à mon père que c'est l'alcool qui l'a mis dans cet état: en effet, l'ex-alcoolique a retrouvé son ancien refuge, pour fuir la vérité et se sentir fort, invulnérable. Seulement voilà, c'est le délirium qui l'a rattrapé et hante ses nuits et ses jours! Pourtant il n'a pas de métastases au cerveau, c'est bien le seul endroit d'ailleurs, toute sa lucidité il pourrait l'avoir. Ce qu'il ne veut probablement pas...

Dans un deuxième temps, ils souhaitent l'amener doucement à l'idée qu'il va mourir, et l'aider à le faire sereinement. Auront-ils le temps? Comment se faire à cette idée quand l'autre aussi la rejette de toutes ses forces? Pourtant la mort fait partie de la vie!

J'en viens à souhaiter que tout cela s'achève le plus vite possible. Que la maladie gagne la partie vite et bien, pour arrêter cette abomination.

En attendant

J'ai fini "Le Souffle des Dieux" de Werber, "Saga" de Benacquista et je reprends "La Source noire" de Patrice Van Eersel. La lecture m'a toujours permis, en plus de l'humour, de garder mes distances avec les évènements et d'arriver à gérer mes émotions tout en ne les fuyant pas. Et puis les travaux d'Elisabeth Kubler-Ross sont tellement d'actualité, c'est tellement tout ce que je ressens comme vrai: la mort peut être joyeuse si on l'accepte!

Peu de RV de travail en vue pour le moment. Du temps peut-être un peu plus pour penser, méditer et écrire. Du temps pour préparer la rentrée: deux activités professionnelles en parallèle, ça demande de l'organisation. Du temps pour gérer l'association que je préside. Du temps pour m'occuper des enfants de ma douce avec elle en juillet, car là aussi, les tâches abondent: notre petit monde grandit et s'affirme parfois à tort et à travers, mais ça, c'est une autre histoire que je vous raconterai un autre jour!

Et la vie continue, pour preuve la petite fille de notre Indilou!

02 juillet 2007

Fresh news en vue

(post en construction... quatre semaines très mouvementées... suis tout juste de retour... à demain!)

25 mai 2007

Pensée émue

C.        
aurait eu 26 ans aujourd'hui...
Nous pensons à elle.

18:50 Publié dans Tristesse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Hommage

14 mai 2007

Douche écossaise

En bref:

Jeudi 10 mai,  première mammo-écho de contrôle de ma belle, à 7 jours du premier anniversaire de son opération: RAS, tout va bien. Et bien non, on ne saute pas de joie tout de suite, on commence d'abord par décompresser, par relâcher la vigilance: ça y est, on n'est plus dans l'attente du résultat, ni dans cette forme d'expectative bizarre, moitié tu-te-sens-bien-donc-t'as-sûrement-plus-rien, moitié mais-avec-cette-saloperie-de-maladie-on-ne-sait-jamais, alors il faut prendre le temps de digérer l'information et passer en mode "vigilance en sommeil ". Et puis il va falloir repenser la vie autrement, gérer " l'après ", refaire des projets le coeur léger, gérer la reprise du travail après plus d'un an d'arrêt, etc... Donc l'explosion de joie arrive habituellement en léger différé. Ben nous, on n'en a pas eu le temps.

En effet, vendredi 11 mai, coup de fil atterré de my mother: mon père a très mal à nouveau dans les os du bassin, elle le conduit à l'hôpital. Le soir, il est rentré chez lui. C'est reparti avec la morphine comme en octobre, sauf que là, plus de traitement de la dernière chance. Car, suite à sa demande, il vient de faire l'objet d'un protocole d'essai chimiothérapique durant six mois: bilan, la souffrance a reculé, mais pas le cancer. N'empêche, c'est inestimable ça, six mois de vie de gagnés. Les autres ont été malades à crever avec le traitement, lui, malgré son grand âge, l'a très bien supporté, ce qui épate tout le monde. Le cancer hélas, a refusé de céder du terrain, et a juste été un peu ralenti dans sa marche de mort. Et maintenant il n'y a plus aucun traitement curatif envisageable: nous en sommes au stade dit chimiorésistant, hormonorésistant, radiorésistant. Plus d'armée sur le champ de bataille, la maladie avancera inéluctablement vers sa victoire, qui signera sa mort à elle aussi, il y a une justice.

Palliatif 

Aujourd'hui c'est le long combat final contre la douleur, lutte que j'espère efficace. Jusqu'au bout. Parce qu'il a des métastases partout ou presque, notamment dans les os les plus importants du corps, et que c'est extrêmement douloureux quand la souffrance s'installe. Il est dans le déni complet de sa maladie, il y a quelques jours encore, il se disait " guéri" au téléphone, clamant " c'est un miracle! ". Dans ce déni, nous devons le laisser maintenant. Il nous faudra l'accompagner jusqu'au bout avec le moins de souffrance possible, et je l'espère le plus longtemps possible chez lui.

Je souhaite que les soins palliatifs soient au point, parce que cet homme-là a un amour de la vie rare et qu'il ne la lâchera pas facilement. Pour ce qui est des sites traitant des soins de fin de vie, j'en ai trouvé beaucoup au Canada en bonne place sur Google, je souhaite que nous soyons à la hauteur ici aussi. Personnel soignant, membres du corps médical, si vous avez des renseignements récents sur les solutions vraiment efficaces, merci de me les indiquer.

Quant à ma mère, il n'y a pas de ' traitement ' pour elle, qui doit affronter cette fin lente et inexorable avec courage et tristesse. Comme il doit être dur d'accompagner sur sa dernière route le compagnon de toute une vie! Et d'affronter sa propre vieillesse sans ce compagnon de route auquel elle est tant habituée, bon an, mal an... En tout cas, elle, c'est comme cela qu'elle voit les choses, et je sens que je vais avoir beaucoup de mal à les lui faire percevoir autrement. Et puis, soyons honnête, je ne me verrais pas du tout la continuer sans ma douce, la mienne de route, après encore pas tout à fait sept toutes petites années ensemble, alors...

02 mai 2007

Colère !

Jeudi dernier, ce furent les obsèques les plus tristes auxquelles j'ai assisté jusqu'à aujourd'hui. Et voir les tiens si affligés, tes meilleurs amis et puis surtout, ton frère et ton père, si tristes, si désolés...

Pour moi, c'était comme la négation de tout ce qui avait été entrepris jusque là. Quand on élève un enfant, on n'imagine pas un instant qu'il puisse mourir avant nous et encore moins qu'il abrège sa vie! On essaie de tout faire pour l'armer pour une vie heureuse, responsable, riche et épanouissante, avec la capacité de rebondir toujours.

Toi tu avais bénéficié d'un père admirable d'abnégation et de combattivité, qui remuait ciel et terre pour que tu t'en sortes et que tu guérisses. Tu avais un frère qui t'aimait et avec qui tu avais noué une relation fusionnelle, trop parfois, ce qui te faisait détester ses premières amours. Pour ma part et pendant de nombreuses années, j'ai joué - un peu - avec une poignée d'autres femmes aussi autour de toi, le rôle de la mère que tu n'avais plus depuis presque toujours. Sans jamais pallier ce manque si lourd pour toi, sans jamais nous croire à sa place non plus.

Et ta famille a été si présente, si forte face à la maladie! Nous te voyions si épanouie ces deux dernières années que nous avons cru que le bout du tunnel était en vue: nous avons tous baissé la garde. Et pour une fois, la seule, nos antennes n'ont rien perçu, nous n'avons pas senti d'appel muet de ta part comme tant d'autres fois. Non, aucun appel au secours cette fois, tu l'avais décidé pour de bon le geste irrémédiable. Comme nous l'avons découvert depuis dans tes écrits des derniers jours, tu avais fait ton testament, tu avais pensé à tout, ensuite tu es allée passer un examen... que tu as réussi brillamment, mais ça tu ne le sauras jamais... puis tu t'es enfermée chez toi et deux jours après... Comme le dit ton père, "cette fois je ne la ramènerai pas (à la vie)".

Il était vain de croire remplacer ta mère un jour, mais nous pouvions croire que toi, tu arriverais à surmonter ce manque en grandissant, par la réussite de ta vie personnelle et de tes études, brillantes. Grâce à ton intelligence certaine, grâce à ta sensibilité artistique si vive, grâce aux liens noués si difficilement, mais ça aussi tu y étais arrivée: il n'y avait qu'à voir le nombre de tes amies et amis venus te dire adieu jeudi pour se rendre compte que ta socialisation était immense et combien toutes ces personnes t'avaient trouvée attachante elles aussi. Et nous pouvions rêver au jour où tu tomberais très amoureuse et où ce lien-là t'arracherait pour toujours à ton désespoir, car plus fort enfin que l'angoisse et la détresse qui t'habitaient si souvent, trop souvent...

Aujourd'hui je pense aux proches de tous ces enfants qui se suicident, par manque de père, de mère, pour cause de coups, d'inceste, de maltraitance, de misère, à cause de la cité, en raison du racisme ambiant, de la méchanceté bête ou de l'homophobie. Et je suis en colère après celui qui prétend que le suicide est inscrit dans les gènes! Non, on ne naît pas suicidaire!

Certains ont moins de chances que d'autres dans la vie et partent avec une mauvaise donne de cartes, pas génétiques mais bien réelles. Si la médecine fait des progrès, la maladie qui a emporté la mère de C. trop tôt ne tuera plus autant de parents, d'épouses, ni de fils, ni de filles, ni de soeurs, ni de frères. Cette maladie-là s'appelle le cancer et elle n'est pas génétique, en revanche l'utilisation de pesticides à outrance semble bien être responsable de sa croissance spectaculaire dans tous les pays développés!

Et d'autres jeunes se foutent en l'air parce qu'ils sont victimes de la connerie et de l'intolérance et là, il y a du boulot pour les hommes politiques: c'est la lutte contre les discriminations qui importe et non de décréter sans réfléchir que le suicide c'est inné. Ca, c'est vraiment n'importe quoi! Lutter contre le suicide des jeunes, c'est prendre à bras le corps les problèmes de société et les affronter: c'est instruire, éduquer, informer, et surtout, surtout, aimer les citoyens que l'on gouverne... bien plus que le pouvoir!

Pour l'heure, je gère ma peine comme je peux, tout en me plongant dans le travail, il ne s'agit pas d'oublier les autres qui ont besoin d'aide. Et je n'oublierai pas de voter dimanche non plus, n'ayez crainte!

N'empêche, p**ain que ça fait mal une si jeune vie qui s'en va! 

20:50 Publié dans Colère, Tristesse | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Hommage

23 avril 2007

Triste, triste, oh so sad!

Ce soir je suis très triste.

Nous attendions ce week-end pour l'apéritif une jeune femme, ancienne "protégée" à moi, et sa famille: nous étions devenus tellement proches au fil des années! Cela faisait en effet plus de treize ans qu'on se connaissait et que notre lien avait depuis longtemps dépassé les frontières du professionnel pour devenir celui d'une amitié sincère.

Même depuis que tu volais de tes propres ailes, nous communiquions régulièrement par téléphone, SMS ou mails et nous trouvions le moyen de nous voir de temps en temps. Avec la joie pour moi de te retrouver à chaque fois grandie et arrivant à surmonter les difficultés liées à ton handicap. Tu allais tellement mieux ces dernières années!

C'est très inquiet que ton père m'a appelée pour me dire être sans nouvelles de toi alors que vous deviez vous retrouver chez lui ce dimanche. Il m'a rappelée ce soir.

Dans la nuit de vendredi à samedi, C. s'est donné la mort, toute seule chez elle. Elle aurait eu 26 ans le mois prochain. Elle n'a pas laissé de mot, mais nous savons tous combien par moments cela pouvait être dur pour elle de vivre dans un monde dans lequel elle avait tellement de mal à s'intégrer. Qu'il est difficile parfois pour certaines et certains d'exister, tout simplement d'exister. Ici il ne s'agit pas d'orientation sexuelle, non. Mais d'être une femme, tout simplement une femme.

medium_triste.jpg

Toi tu étais si fragile, si vulnérable et pourtant si douée. Nous aurions pu t'aider encore, te remettre sur les rails, te porter jusqu'à ce que tu reprennes goût à la vie, jusqu'à ce que tu retrouves l'envie et l'énergie de reprendre ta route toute seule. Mais cette fois, tu n'as pas appelé au secours. Tu as décidé d'en finir. Je ne sais si ce qui me fait le plus de mal est ce suicide ou la pensée de l'immense détresse qui a dû être la tienne avant de commettre l'irréversible. Ou peut-être la paix enfin, à l'idée de ne plus jamais souffrir. Mais ça, nous ne le saurons jamais.

22:35 Publié dans Femmes, Tristesse | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Hommage

28 décembre 2006

C'est fini

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Tu es partie ce matin vers huit heures.
Tu as eu bien raison de ne pas faire le paradis buissonnier. 
Bonne route mon amie. 

14:35 Publié dans Tristesse | Lien permanent | Commentaires (7)

Saloperie de maladie!

Crabe je te hais
 

Mon amie de douze ans, une des toutes premières à ma venue en Béarn, je te pleure.

Depuis deux ans tu luttais vaillamment contre ton cancer. Tu vivais bien malgré le charcutage chirurgical qui t'avait sauvé la peau, malgré le handicap de la poche à urine, malgré la peur aux tripes à chaque contrôle. Et puis tu avais rencontré l'amour enfin et ton homme t'aimait, te préparait des petits plats, te secondait patiemment, ne songeant qu'à te faire respecter par les autres et à t'aimer pour toi-même.

Et puis cet été, tu as rechuté, oh un petit ganglion de rien du tout nous as-tu dit, un peu inquiétant mais sans plus. Cela te chagrinait bien de retourner en chimio mais c'est courageusement que tu as affronté la récidive des traitements lourds et très fréquents cette fois-ci. Ta fatigue s'est accrue et ils t'ont parlé d'un nouveau diagnostic à l'hôpital: métastases au foie, à vérifier avec de nouveaux contrôles. J'apprends ce soir qu'ils ont minimisé grandement la gravité de ton cas pour ne pas t'inquiéter et sont bien étonnés de ton incroyable résistance.

Ton état a empiré soudainement ces derniers jours et il a fallu t'hospitaliser ce week-end en raison d'une fatigue considérable. Depuis deux jours tu es dans le coma. J'ai appris cette après-midi et j'ai accouru auprès de toi ce soir.  La semaine passée tu me confiais au téléphone ta peur des résultats, que tu sentais bien à quel point tu te fatiguais rapidement et que tu pressentais que ça ne serait pas bon du tout. " On ne parlera pas du cancer", tu m'as dit, " je te dirai juste pour les résultats et puis on parlera d'autre chose, hein? ". J'avais promis et on l'on avait causé recettes et proportions pendant que ton homme cuisinait un bon dîner pour toi. Et tu as même ajouté: " C'est difficile de vivre avec quelqu'un comme moi, quelqu'un de malade, et en plus je suis souvent chiante avec lui. Pourtant il est presque tout le temps auprès de moi. Il m'aime! Je ne sais pas comment il fait! " Et puis je n'ai plus pu te joindre au téléphone et il y a eu Noël et j'ai pensé que tu étais dans ta famille comme tous les ans.

Mais ton téléphone muet hier et aujourd'hui m'a alertée et j'ai appelé les tiens. Je sais maintenant que la maladie a gagné la partie et que tout n'est plus qu'une question d'heures.

Je t'ai vue ce soir vieillie de dix ans en quinze jours, mais paradoxalement paisible dans ton profond sommeil, la respiration assurée comme quelqu'un qui y croit encore. En dépit de toutes tes déprimes passées, tu avais fini par l'aimer ta vie: tu t'y accroches et tu ne veux plus la lâcher. J'ai appris dans la soirée que tu leur avais demandé dans tes derniers instants de conscience si  tu allais mourir, et ils n'ont rien osé te dire. Sauf ton homme qui t'a laissé ce mot écrit sur une carte rouge et or "Bon voyage". Oui, lui, l'artiste maudit à la mauvaise réputation mais au grand coeur. Moi aussi j'oserai demain te dire la vérité si tu n'as pas déjà pris ton envol, j'oserai te la dire.

Pars, pars en paix. Tu existeras toujours dans mon coeur et dans celui de tes élèves des cours de yoga. Tu peux partir tranquille, ce ne sera pas une disparition, tu seras bien présente dans nos souvenirs. C'est grâce à toi si je suis professeur à mon tour, je suis heureuse d'avoir eu le temps de te remercier encore ce soir et de te dire que tu comptes pour nous et qu'on ne t'oubliera pas, je sais que tu m'entendais. Ne reste pas quelques jours de plus pour souffrir, laisse-toi aller, lâche prise. Pars vers la sérénité.

01:00 Publié dans Tristesse | Lien permanent | Commentaires (3)

02 décembre 2005

Elle s'est envolée.

Elle s'est envolée.



Ils disent que tu t'es envolée comme un oiseau!
Tu disais qu'il ne fallait pas pleurer.
Surtout, ne me pleurez pas!
Tu es partie pour le grand voyage.
Tu sais maintenant.
L'indicible.
Le grand mystère.
Le crabe ne te dévore plus.
Enfin tu as retrouvé la paix du corps,
Plus rien ni personne ne te la prendront maintenant.
Petite femme frêle, ton corps abritait un coeur grand comme le monde.
Tu as connu tant de peine pour toi-même
Toi qui ne distillais que la lumière et la vie!
Sans pitié pour les faiseurs de malheur et de misère,
Tu as tout donné à ceux que tu as pris par la main
Pour les sortir des torsions de leur âme.
Ils sont légion ceux que tu as guidés sur leur chemin!
Tu savais rendre l'impossible possible
Pour qu'ils retrouvent leur dignité,
Tu savais donner ce dont les autres avaient besoin.
Je n'oublierai pas l'intensité de ton regard clair.
Tu fus comme une deuxième mère.
Mais toi tu m'as appris à être libre.

10:05 Publié dans Tristesse | Lien permanent | Commentaires (0)