03 juillet 2007
Fresh news
Quatre semaines d'orage et d'intensité...
Il m'a fallu d'abord terminer en catastrophe ce mémoire, dernier maillon de mon diplôme, en attente depuis trois, voire même quatre ans, ainsi va la vie. Sujet modifié depuis l'an dernier: bien sûr que je ne pouvais pas laisser de côté l'intime et ignorer le cancer! Quant à l'autre sujet déjà avancé, il pourra toujours servir à construire un article pour une revue, si j'ai le temps.
Vingt fois j'ai failli baisser les bras:
" C'est de la folie, on ne rédige pas un tel travail en si peu de temps, tu ne te rends pas compte!"
Et ma douce de répéter:
"J'ai confiance, tu peux y arriver, tu vas y arriver."
C'est vrai que je n'aurais pas bien supporté de repartir en stage les mains vides, en sachant qu'il faudrait encore attendre un an ou plus... ou jamais, car on ne sait jamais de quoi demain sera fait. Alors j'ai travaillé jour et nuit, à la limite de l'épuisement: mon mémoire a vu le jour une semaine avant mon départ, envoi par mail à mon prof en date limite, version papier dans les bagages, pas le temps de la lui poster.
Ce diplôme j'en avais tellement besoin, professionnellement et moralement! Alors ça y est c'est fait, j'ai soutenu mes 47 pages vaillamment mardi dernier et j'ai obtenu mon diplôme en fin de formation vendredi. Soutenance sans aucune préparation vu les évènements récents, après un départ mouvementé qui a failli ne pas se faire. Alors bien sûr, frustration de l'à peu près, présentation ratée à mon sens, mais pas à celui des personnes présentes, qui m'ont affirmé que j'avais atteint mon double objectif: toucher et informer. Apprentissage supplémentaire d'humilité. Et puis l'essentiel est dans le coeur et a transparu. Tant mieux.
Flashback
Une semaine avant le stage, mon père est hospitalisé en clinique version maison de repos. En effet, il ne cesse d'être méchant avec tout le monde en général et ma mère en particulier; et puis il divague, il délire, se présentant tour à tour comme marchand de voitures de luxe ou pilote de ligne. Il me parle de quitter ma mère et de divorcer - à 82 ans et dans son état! -, il téléphone à toute heure du jour et de la nuit, il dérange d'anciens voisins auxquels il raconte des histoires invraisemblables, il menace ma mère de la tuer et j'en passe. Je l'ai moi-même menacé d'hospitalisation à sa dernière divagation téléphonique, il m'a miraculeusement entendue car c'est de lui-même qu'il a demandé cette maison de repos.
Mais la clinique ne pourra pas le garder plus de cinq jours: hélas, il s'attaque aux autres malades, dont certains sont en soins palliatifs, se croit victime des autres, insulte les infirmières et surabuse du téléphone. Soit la clinique ordonne son placement en hôpital psychiatrique par préfet interposé, soit c'est sa femme qui signe les papiers de cet internement d'urgence. Ce qu'elle fera la mort dans l'âme ce terrible vendredi - black friday -, veille de mon départ en stage de formation. J'avais admis la mort prochaine, j'avais appréhendé la souffrance, mais non cette rupture psychique qui l'éloigne de nous avant l'heure et interdit tout dialogue sensé de plus de deux minutes. La vie nous réserve tant de surprises et il est vrai que tout peut toujours être pire! Frisson...
C'est donc la tristesse au coeur que je suis partie en formation, me concentrant sur la longue route car les tâches obligatoires ont ceci de bon qu'elles nous éloignent de notre petit égo blesssé.
Une semaine apaisante, ma mère a promis de respecter le break et de me laisser ces quelques jours tranquilles, alors j'ai travaillé comme je pouvais malgré une fatigue importante, j'ai suivi le séminaire au mieux, m'offrant toutefois une journée d'école buissonnière avec randonnée le long des côtes bretonnes et c'est bien bon. Retrouvailles avec quelques-un(e)s, nouvelles têtes et nouveaux partages, pluie, vent, gastronomie et crêpes, ouf je respire un peu.
Retour
J'ai appelé sur la route, c'est vrai que j'aurais pu attendre encore une journée, mais il me faut penser à cette dame vieillissante qui est si seule avec sa peine. Peine qu'elle a déversée à flots pendant une heure, aucun détail déchirant ne m'est épargné comme à l'accoutumée, et encore c'est moi qui finis par abréger la conversation, je suis chez mon beau-frère et veux faire bonne figure, ils sont si contents de nous voir! Elle ne sait pas prendre de distance avec ce qui lui arrive - elle n'a jamais su -, par moments j'ai peur qu'elle aussi ne se retrouve dans cet hôpital tant je la sens qui perd pied. Elle a revu l'oncologue de papa, elle lui a demandé s'il allait guérir!
Je mesure à quel point tous deux sont dans le déni, il n'y a pas que mon père! Le psy de l'hosto de mon père lui demande de venir le voir moins souvent, parce que ça le met dans un état épouvantable, elle n'entend rien, c'est l'amour de toute une vie qu'ils veulent l'empêcher de voir. Et pourtant ces médecins veulent faire prendre conscience à mon père que c'est l'alcool qui l'a mis dans cet état: en effet, l'ex-alcoolique a retrouvé son ancien refuge, pour fuir la vérité et se sentir fort, invulnérable. Seulement voilà, c'est le délirium qui l'a rattrapé et hante ses nuits et ses jours! Pourtant il n'a pas de métastases au cerveau, c'est bien le seul endroit d'ailleurs, toute sa lucidité il pourrait l'avoir. Ce qu'il ne veut probablement pas...
Dans un deuxième temps, ils souhaitent l'amener doucement à l'idée qu'il va mourir, et l'aider à le faire sereinement. Auront-ils le temps? Comment se faire à cette idée quand l'autre aussi la rejette de toutes ses forces? Pourtant la mort fait partie de la vie!
J'en viens à souhaiter que tout cela s'achève le plus vite possible. Que la maladie gagne la partie vite et bien, pour arrêter cette abomination.
En attendant
J'ai fini "Le Souffle des Dieux" de Werber, "Saga" de Benacquista et je reprends "La Source noire" de Patrice Van Eersel. La lecture m'a toujours permis, en plus de l'humour, de garder mes distances avec les évènements et d'arriver à gérer mes émotions tout en ne les fuyant pas. Et puis les travaux d'Elisabeth Kubler-Ross sont tellement d'actualité, c'est tellement tout ce que je ressens comme vrai: la mort peut être joyeuse si on l'accepte!
Peu de RV de travail en vue pour le moment. Du temps peut-être un peu plus pour penser, méditer et écrire. Du temps pour préparer la rentrée: deux activités professionnelles en parallèle, ça demande de l'organisation. Du temps pour gérer l'association que je préside. Du temps pour m'occuper des enfants de ma douce avec elle en juillet, car là aussi, les tâches abondent: notre petit monde grandit et s'affirme parfois à tort et à travers, mais ça, c'est une autre histoire que je vous raconterai un autre jour!
Et la vie continue, pour preuve la petite fille de notre Indilou!
16:05 Publié dans Lame de fond, Tristesse | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : famille, mort