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01 mars 2006

LETTRE OUVERTE AUX PARENTS D'HOMOS TENTES PAR UNE ATTITUDE HOMOPHOBE OU LESBOPHOBE

Vous venez d'apprendre l'homosexualité de votre fils, de votre fille.

Votre enfant est homosexuel, il/elle le sait depuis beaucoup plus longtemps que vous.
Il lui a fallu, la plupart du temps sans aucun soutien, cheminer longuement pour reconnaître ce qu'il était, puis tenter de s'accepter comme tel.

Il a vécu dans l'anxiété du jour où vous seriez au courant, ne sachant pas quelle serait alors votre réaction. On doit s'aimer comme on est, pas sur un mensonge, n'est-ce pas?

D'une façon ou d'une autre, et même si cela s'est déroulé dans un climat de tension, il s'est enfin ouvert à vous et C'EST A VOUS DESORMAIS qu'il appartient de ne pas briser la dynamique de confiance qui s'est instaurée.

Si l'image que vous vous faisiez de votre enfant se trouve modifiée, voire ébranlée par la nouvelle, sa personnalité intime n'a pas changé. Il demeure exactement le même que celui/celle que vous connaissiez, avec ses qualités et ses défauts. Il n'a pas choisi d'être ce qu'il est, mais il le restera vraisemblablement toute sa vie. S'il s'assume bien, il pourra vivre aussi heureux que n'importe qui.

Sachez bien que:
1. Vous n'êtes coupable de rien.
2. Vous n'avez pas été préparé à cela, il vous faudra apprendre.
3. Dans l'état des connaissances d'aujourd'hui, nous ignorons totalement les origines de l'homosexualité. " Il n'y a rien à comprendre. Il faut aimer son enfant et l'accepter."
4. Trop souvent réduite à une image stéréotypée, l'homosexualité peut s'exprimer et être vécue de façons très différentes, que ce soit dans les sentiments, les comportements ou les pratiques sexuelles. Elle recouvre une très grande diversité de situations.
5. L'homosexualité ne concerne pas seulement la vie sexuelle, mais la vie affective dans son ensemble… et les grandes histoires d'amour ne sont pas l'apanage des hétérosexuels, pas plus que la stabilité et la fidélité en couple.
6. Il convient de laisser "du temps au temps". A force de dialogue et d'écoute, il est possible de comprendre et d'accepter progressivement son enfant dans sa différence.
7. N'oubliez toutefois pas que c'est une cause majoritaire de suicide chez les jeunes lorsqu'ils se sentent niés, voire rejetés: un enfant homosexuel, c'est beaucoup mieux qu'un enfant mort, non?
8. Mais vous, vous allez devoir tuer le fils/la fille que vous aviez dans la tête pour en accepter un(e) autre. Vous aviez bâti un scénario de vie… tant pis, il vous faudra faire le deuil du fils idéal, de la fille idéale.
9. Les représentations sociales et culturelles de l'homosexualité vous renvoient à des images caricaturales. Face à ces clichés, vous parents, vous sentez profondément désorientés, voire choqués. Mais ces représentations sont largement réductrices et n'enlèvent rien aux qualités d'équilibre, de générosité et d'écoute de nombreux homosexuels.
10. Les lieux de rencontre apparaissent dans l'imaginaire collectif comme de véritables symboles de dépravation. En réalité, pour les homosexuels qui les fréquentent, ces endroits sont parfois le seul refuge possible pour exprimer leur différence à l'abri des regards réprobateurs. Les bars et les discothèques sont, pour beaucoup, essentiellement des lieux de franche convivialité et d'amusement. Toutes les personnes homosexuelles ne fréquentent pas ces lieux qui, de plus, n'existent pas partout. Tous les hétéros ne fréquentent pas non plus les discothèques...
11. La société, les médias, les religions font volontiers l'amalgame entre homosexualité et pédophilie.
Or l'homosexualité participe d'une relation égalitaire entre deux personnes consentantes. Ce n'est pas le cas de la pédophilie : l'enfant y est en état de dépendance et de soumission vis-à-vis de l'adulte, qui constitue pour lui un modèle de savoir, de loi et de morale. L'homosexualité est un acte libre et légal. Elle ne saurait en aucun cas être assimilée à la pédophilie qui constitue très clairement un abus sexuel, et peut être de nature autant hétérosexuelle qu'homosexuelle.
12. L'association souvent systématique de l'homosexualité masculine et du sida reste bien tenace dans la conscience collective. Elle est issue du discours des média qui parlaient de " cancer gay " au début des années 80. Cette crainte des parents vis-à-vis du risque de voir leur enfant homosexuel atteint par ce virus est légitime, mais comme pour tout parent d'enfant en âge d'avoir une vie sexuellement active.
Les clichés réducteurs ne rendent pas compte de la réalité. Le danger ne vient pas de " groupes à risques " mais bien de " pratiques à risques ". Ceci doit inciter à tenir très tôt, auprès de ses enfants, un discours informatif de prévention en leur précisant, sans tabou, les modes de transmission et, de fait, les moyens de se protéger.
13. L'exclusion sociale ou familiale peut amener à des conduites suicidaires. Se sentir rejeté par la société, par ses proches ou par son milieu familial, peut induire des attitudes à risques dans la logique du " n'avoir plus rien à perdre ".
14. L'image sociale des homosexuels est en constante évolution en France.Cette évolution des mentalités a été accompagnée d'un recul constant des dispositions législatives discriminatoires.
15. Cependant, l'homosexuel est encore trop souvent perçu comme un être anormal, pas fréquentable, objet de dérision. Il existe toujours une homophobie, comme il existe une xénophobie et sans doute pour les mêmes raisons irrationnelles. C'est pourquoi, il importe de rester très vigilant, une régression étant toujours possible.
16. Vos enfants ont besoin de vous. Vous pouvez, vous aussi, refuser de mentir sur leur vie et agir pour faire en sorte que celle-ci ne soit pas méprisée en raison de leur orientation sexuelle et témoigner que votre enfant est resté le même, et que vous lui gardez votre confiance et votre amour.

Oui vous préféreriez sans doute que votre fils/fille soit différent(e), mais chercher à le/la "guérir" ne sert à rien, car il n'y a rien à guérir.
Si vous cherchez à forcer votre enfant à changer, il risque de vous rejeter ou de se rendre malheureux en essayant de vous plaire.
Au contraire, il est indispensable que vous respectiez sa façon de vivre, que vous cherchiez à le comprendre et que vous l'aidiez à s'assumer tel qu'il est, en l'entourant de tout votre amour.
Ce chemin n'est pas facile et il faut du temps pour le parcourir, mais seule cette démarche, fondée sur l'écoute, le dialogue et l'absence de jugement, peut être constructive.

Ce que vous souhaitez pour votre enfant, c'est qu'il soit heureux, n'est-ce pas?

Un grand merci à l'association Contact(Parents, familles et amis de gais et de lesbiennes) et à son partenariat efficace.
CONTACT: 84, rue Saint-Martin 75004 Paris.
Tel : 01 44 54 04 70 / Fax : 01 44 54 04 80
E-mail : contact.famille.homo@wanadoo.fr et bien sûr http://contact.france.free.fr/

Commentaires

"Nous demandons simplement à nos parents d'ouvrir leur coeur.
Car c'est d'amour dont il s'agit et de rien d'autre !
Nous ne demandons pas de cautionnement mais une juste reconnaissance de notre vie et de notre réalité.
Etre homo n'est pas le fruit d'un ratage mais un autre état.
Etre homo n'est pas un choix.
Le choix c'est de le vivre ou de ne pas le vivre.
Le choix c'est de vivre en accord avec soi-même ou pas.
Et cela vaut pour tout pas seulement pour la sexualité.
Je souhaite que nos parents qui veulent tant notre bien, fassent un pas pour nous connaitre mieux. Comment peuvent-ils savoir ce qui est bien pour nous s'ils ne nous connaissent pas ?"

Écrit par : Mary L | 01 mars 2006

L'amour est ce qu'il existe de plus beau au monde. Nul n'a le droit de juger l'intimité d'une personne et encore moins ses sentiments.
Oui, une tolérance avérée des parents est un acte de conscience de l'amour filial. Trop d'indifférences et de mépris mènent au suicide, des jeunes en particulier.

Les ados n'appartiennent pas aux parents. Ils appartiennent à la Vie. Eux et elles seuls doivent en prendre la responsabilité. Les parents doivent faire le deuil des projets de leurs enfants qu'ils avaient secrètement formulés...

Ils doivent accepter que l'être aimé, par leur fils ou fille, soit de même sexe.
L'amour a-t-il des barrières dans le coeur d'un couple gay ou lesbien ? Non, l'Amour est Universel.

Il faut que chacun réapprenne cette notion d'universalité de l'amour et non le réduire systématiquemet au sexe.

C'est un long travail qui s'opère sur les mentalités. Mais, des Blogs comme le vôtre sont éducatifs en ce sens. Merci !
Bruno LEROY.
Éducateur de rue.

Écrit par : BRUNO LEROY. | 01 mars 2006

Oui Mary L, l'important est de vivre en accord avec soi-même et d'ouvrir son coeur.
Oui Bruno Leroy, l'Amour est universel.
Merci à vous deux pour ces encouragements

Écrit par : L'Ecrit qui Gratte | 02 mars 2006

j'aimerais avoir le courage de dire ça / de faire lire cette lettre à ma mère
mais je n'ai aucun espoir qu'elle comprenne un seul mot

Écrit par : mauve | 27 mars 2006

Les parents évoluent avec le temps et les mères sont parfois capables de comprendre plus qu'on ne l'imagine...
Si l'accord (dans tous les sens du terme?...) est malgré tout impossible, il te faudra apprendre à vivre sans, à te construire sans ce partage. Mais ne perds pas espoir!

J'ai un ami d'un âge avancé qui dit qu'un homo dans une famille est une bénédiction, une chance extrême: cela leur évite l'endormissement dans les schémas préétablis et la bien-pensance outrancière, cela brise la suprématie du patriarche qui confond son foyer avec son entreprise, cela rabaisse les fiertés mal placées et oblige à se poser de vraies questions sur l'amour. Je dois dire que j'adhère de plus en plus à son propos!

Je ne me vois plus comme un grain de sable ou le vilain petit canard, mais comme un canal d'amour différent d'eux et si complémentaire! Notre regard est autre et c'est tant mieux. A eux d'apprendre à nous voir avec le coeur, eux aussi...

Écrit par : Happy | 27 mars 2006

Happy, je suis d'accord mais ça demande une ouverture d'esprit dont certains sont incapables. Certains parents peuvent au mieux apprendre à vivre avec leur honte d'avoir un enfant homo et ne parviendront jamais plus loin que se lever un jour sur deux sans penser à ce malheur qui s'est abbatu sur eux. Dommage pour eux mais malheureusement aussi pour leurs enfants.
Que tout ça ne nous empêche pas d'être contents d'être ce que nous sommes et de mordre la vie à pleines dents. On vit pour nous, pas pour nos parents.

Écrit par : Leznotte | 28 mars 2006

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