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28 décembre 2006

Saloperie de maladie!

Crabe je te hais
 

Mon amie de douze ans, une des toutes premières à ma venue en Béarn, je te pleure.

Depuis deux ans tu luttais vaillamment contre ton cancer. Tu vivais bien malgré le charcutage chirurgical qui t'avait sauvé la peau, malgré le handicap de la poche à urine, malgré la peur aux tripes à chaque contrôle. Et puis tu avais rencontré l'amour enfin et ton homme t'aimait, te préparait des petits plats, te secondait patiemment, ne songeant qu'à te faire respecter par les autres et à t'aimer pour toi-même.

Et puis cet été, tu as rechuté, oh un petit ganglion de rien du tout nous as-tu dit, un peu inquiétant mais sans plus. Cela te chagrinait bien de retourner en chimio mais c'est courageusement que tu as affronté la récidive des traitements lourds et très fréquents cette fois-ci. Ta fatigue s'est accrue et ils t'ont parlé d'un nouveau diagnostic à l'hôpital: métastases au foie, à vérifier avec de nouveaux contrôles. J'apprends ce soir qu'ils ont minimisé grandement la gravité de ton cas pour ne pas t'inquiéter et sont bien étonnés de ton incroyable résistance.

Ton état a empiré soudainement ces derniers jours et il a fallu t'hospitaliser ce week-end en raison d'une fatigue considérable. Depuis deux jours tu es dans le coma. J'ai appris cette après-midi et j'ai accouru auprès de toi ce soir.  La semaine passée tu me confiais au téléphone ta peur des résultats, que tu sentais bien à quel point tu te fatiguais rapidement et que tu pressentais que ça ne serait pas bon du tout. " On ne parlera pas du cancer", tu m'as dit, " je te dirai juste pour les résultats et puis on parlera d'autre chose, hein? ". J'avais promis et on l'on avait causé recettes et proportions pendant que ton homme cuisinait un bon dîner pour toi. Et tu as même ajouté: " C'est difficile de vivre avec quelqu'un comme moi, quelqu'un de malade, et en plus je suis souvent chiante avec lui. Pourtant il est presque tout le temps auprès de moi. Il m'aime! Je ne sais pas comment il fait! " Et puis je n'ai plus pu te joindre au téléphone et il y a eu Noël et j'ai pensé que tu étais dans ta famille comme tous les ans.

Mais ton téléphone muet hier et aujourd'hui m'a alertée et j'ai appelé les tiens. Je sais maintenant que la maladie a gagné la partie et que tout n'est plus qu'une question d'heures.

Je t'ai vue ce soir vieillie de dix ans en quinze jours, mais paradoxalement paisible dans ton profond sommeil, la respiration assurée comme quelqu'un qui y croit encore. En dépit de toutes tes déprimes passées, tu avais fini par l'aimer ta vie: tu t'y accroches et tu ne veux plus la lâcher. J'ai appris dans la soirée que tu leur avais demandé dans tes derniers instants de conscience si  tu allais mourir, et ils n'ont rien osé te dire. Sauf ton homme qui t'a laissé ce mot écrit sur une carte rouge et or "Bon voyage". Oui, lui, l'artiste maudit à la mauvaise réputation mais au grand coeur. Moi aussi j'oserai demain te dire la vérité si tu n'as pas déjà pris ton envol, j'oserai te la dire.

Pars, pars en paix. Tu existeras toujours dans mon coeur et dans celui de tes élèves des cours de yoga. Tu peux partir tranquille, ce ne sera pas une disparition, tu seras bien présente dans nos souvenirs. C'est grâce à toi si je suis professeur à mon tour, je suis heureuse d'avoir eu le temps de te remercier encore ce soir et de te dire que tu comptes pour nous et qu'on ne t'oubliera pas, je sais que tu m'entendais. Ne reste pas quelques jours de plus pour souffrir, laisse-toi aller, lâche prise. Pars vers la sérénité.

01:00 Publié dans Tristesse | Lien permanent | Commentaires (3)

Commentaires

C'est trés important pour elle et pour toi d'avoir la possibilité de lui dire au revoir, je ne l'ai pas fait pour ma mère par peur, par ignorance, par fierté je ne sais pas en tout cas je m'en veux encore !
Je savais que c'était l'hopital qui téléphonait quand je suis rentrée à la maison aprés être restée à son chevet.

Bon voyage à ton amie......!

Écrit par : Nathalie | 28 décembre 2006

No comment. Much of love...

Écrit par : Hannah | 28 décembre 2006

Que dire ?!
Premier réflexe :
Je suis vraiment désolée pour toi
Pour son mari surtout aussi
Pour Toi et Marie L
Si peu de répit
Pour oublier la Maladie !
Alors j'arrête là
Pleurez un grand coup
Plein de grands coups
Et videz votre sac
Mais aussi pensez-vous à demain
Après demain
Et tellement plus loin
Pensez à l'été prochain
Aux truites que tu pêcheras
A la cuisine que ML en fera
A la Terrasse qui vous attendra
Et au Mari que vous inviterez
A partager de bons petits plats
En souvenir de cette épouse, cette amie-là
Aux sourires qu'elle vous voudra
Une fois le grand chagrin apprivoisé au fond de votre coeur

Nous vous embrassons tous

Les Cabannais

Écrit par : Cabs | 28 décembre 2006

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