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06 septembre 2007

Homophobie ordinaire

Faire-part

Mme son épouse

Mme Happy sa fille

M. et Mme son fils aîné

Le Docteur (ah les titres ça c'est important!)
son second fils et son épouse

M. son troisième fils et son épouse
(toute neuve, quatrième du titre,
mon frère aurait dû avoir un harem, c'est plus simple...)

Ses petits-enfants et ses arrière-petits-enfants,

ont la tristesse de vous annoncer le décès de ...

les obsèques auront lieu à ....

 

Ma mère me l'avait lu si vite au téléphone, ce faire-part, que je n'avais pas tout compris: je croyais qu'il y avait juste "Son épouse, ses enfants et ses petits-enfants, ont la tristesse etc...". C'est la première chose que j'ai vue en arrivant là-bas, posé sur la table du salon, avec ce vide après mon prénom et mon nom, un vide atrocement grand. Une grande absente.

J'ai encaissé, j'ai montré le papier à Mary L qui n'avait pas encore compris de quoi il retournait et qui a fait la gueule un bon moment ce jour-là - on la comprend!

Puis dans l'après-midi j'ai pris ma mère à part pendant des démarches que nous avions à accomplir et je lui ai dit ma contrariété. A la question, pourquoi ne pas avoir mis "Mme Happy et sa compagne" la réponse tomba comme un couperet "Ah ben c'est pas exprès, je n'y ai pas pensé". Remarque qui fut suivie quelque trente minutes plus tard en notre présence à toutes les deux d'une réflexion sur "ces gens susceptibles qui prennent tout mal là où il n'y a pas de quoi, vraiment je ne comprends pas les gens". Merci pour les gens.

Il a fallu aussi s'appuyer les présentations répétées à l'église ou ailleurs: "Ma fille... une amie". Il a fallu batailler pour que je dise mon texte à moi à l'église et pas un truc tout prêt fait par quelqu'un qui l'a jamais vu, mon père, et qui serait bien en peine de le définir et de l'apprécier. D'ailleurs ses fils, zont pas mis une fleur, zont pas dit un mot.

N'empêche que la quatrième femme de mon frère, elle ne le connaissait pas du tout mon père! Ce n'est pas elle qui lui a massé les pieds le 15 août quand on est monté le voir en vie pour la dernière fois. Ce n'est pas elle qui a deux enfants que mon père commençait à aimer tellement fort, que même si ceux-là n'étaient pas de son sang, il s'annonçait toujours sous le nom de Papy pour eux au téléphone. Son dernier cadeau, c'est une voiture pour eux deux, qu'il n'a pas eu le temps d'envoyer par la poste  et que j'ai rapportée dans mes bagages. Il y a une lettre avec, sa dernière lettre... Elle est pour eux. Nous l'ouvrirons ce week-end tous ensemble, puisque nous n'avons pas été rassemblés plus tôt.

La femme qui a massé les pieds de mon père, la femme qui a mis au monde ces deux enfants, la femme qui a mis les disques que mon père aimait pendant la cérémonie, la femme que j'aime et qui m'aime, c'est ma belle. Cette femme-là, si la loi n'était pas tellement à la con! serait mon épouse au même titre que les autres. En attendant c'est ma compagne depuis bientôt sept ans et je défie quiconque d'affirmer que notre amour ne vaut rien! 

Oh Maman, ma vie tu la connais depuis si longtemps, et Mary L aussi tu la connais et tu vois comme on est bien ensemble. Pourquoi as-tu fait ça? Ma douce a du chagrin aussi, tu sais, elle aimait Papa et vous a toujours bien reçus chez nous. Tu m'as fait très mal, très mal et tu ne le vois même pas! Et si tu t'en foutais enfin du qu'en dira-t-on?

... 

Faut pas que j'oublie que Papa m'a laissé un très beau cadeau à moi aussi, celui d'accepter ma vie telle qu'elle est!

Commentaires

Je ne comprends que trop bien votre tristesse et celle de votre amie, et qui vient s'ajouter à celle de la perte de votre père.

La première fois que je rencontrai la famille élargie de mon amie était ce jour où elle enterrait son père, parti trop jeune trop soudainement. Les maladresses se sont succédé tout au long de cet après-midi pluvieux de février... de Charybe en Scylla...

Six mois ont passé, et je les ai oubliées. Parce que nous en sommes ensemble.

Oubliez-les aussi, pardonnez-les aussi. Parce que vous êtes ensemble, et une famille.

Amicalement,

Écrit par : Let79 | 06 septembre 2007

Comme je te comprends, moi aussi. Et comme j'en ai vécu de ce genre de situations, dans des circonstances moins dramatiques certes.
J'imagine cette déception, qui vient alourdir encore votre deuil à toutes les deux.
A croire qu'il faille partout passer en force...

Écrit par : Polysémie | 06 septembre 2007

Warf quel billet pour ton retour.... perso j'ai les larmes aux yeux, je comprends ta tristesse mélé de colère et d'incompréhension......
En attendant je vous souhaite un bon week end en famille

Biz à vous 2 et aux enfants

Écrit par : Nathalie | 07 septembre 2007

Happy, respire ....
Rien n'est injuste
Tout est si souvent maladroit

Écrit par : Patricia-M | 07 septembre 2007

Je lis depuis si longtemps votre courage, votre peine, votre combat, je lis et m’interroge encore sur le véritable sens qu’il faut donner à la vie quand celle-ci se borne à vous meurtrir le quotidien. Je m’interroge et vous relis et digère à mon tour tout ce lot de souffrances inutiles. A quoi bon surenchérir quand le destin vous accable…au lieu d’être là, présent, proche, attentif, prévenant, pourquoi faut il toujours chercher à nuire alors qu’il est plus judicieux et simple d’aimer. On dit des autres, c’est vrai mais nous-mêmes, comment serions nous à leur place, dans le contexte qui est le leur ? Qui serais-je dans la peau d’une Autre ? Qui suis-je déjà dans ma propre peau ?
Je m’interroge encore…
Je ne cherche à excuser personne ni dans un sens, ni dans un autre, j’aimerais seulement en comprendre davantage avant de pardonner.
Toujours est il que votre amour éternel et édifiant reste à mes yeux un véritable parangon de vertus !
Je vous souhaite tout le bonheur que vous méritez pour poursuivre votre quête d’absolu !

Bien à vous.

Écrit par : Ines | 07 septembre 2007

La Justice de la Vie ne se joue pas "là".

Écrit par : Patricia-M ! | 13 septembre 2007

Seulement, je doute qu'Elle se joue tout là haut, sait on jamais!
Et puis, je n'ai toujours pas donné mon âme?

Bien à toi.

Écrit par : Inès | 13 septembre 2007

Je ne comprends rien à cette histoire de justice ou d'injustice !!

Moi je vous ai parlé de sentiments éprouvés!

Écrit par : Happy | 13 septembre 2007

Je comprends votre tristesse Happy & MaryL...
les lois sont injustes, certaines reactions de nos proches sont tristes..
Je venais vous transmettre des cookies et des bises americaines, je vais en profiter pour en remettre une 2e dose...
Lors de lenterrement de la 1e personne que nous avons perdu, L et moi, il y a eu nos 2 noms, il ne pouvait en etre autrement pour "Lui", ce "si beau pere", qui en partageant ni mon sang, ni celui de ma L, avait ete le premier a parler de "nous"... et cest ce qui a fait pour lui une place si grande dans nos coeurs...

Cest ce quil faut que toi & MaryL vous rappeliez, la place qu IL vous donnait, a vous et a vos enfants.. et non pas celle dun petit bout de papier..

Écrit par : linem | 14 septembre 2007

Merci Linem. Merci à toutes de votre gentillesse, de votre présence. Non, je n'oublierai pas la place qu'il nous donnait. C'est déjà cela qui m'a permis de continuer par le passé...

C'est sans aucun doute la place que me donne ma mère qui fait le plus de mal...

Écrit par : Happy | 14 septembre 2007

C'est la Famille que l'on ne s'est pas choisie Happy... les nôtres ; celles que nous tentons de construire sont bien plus larges d'esprit si j'ose m'exprimer ainsi ... et si solidaires j'espère qu'elles ne finiront pas dans l'oubli à cet instant où mourir fait partie de la vie et qu'aux funèbres oraisons nous penserons clamer notre affection, pour toutes et tous sans la moindre distinction !

Bien à vous deux.

Nous deux.

Écrit par : Samie Louve | 14 septembre 2007

Les commentaires sont fermés.