25 mai 2007
Pensée émue
18:50 Publié dans Tristesse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Hommage
02 mai 2007
Colère !
Jeudi dernier, ce furent les obsèques les plus tristes auxquelles j'ai assisté jusqu'à aujourd'hui. Et voir les tiens si affligés, tes meilleurs amis et puis surtout, ton frère et ton père, si tristes, si désolés...
Pour moi, c'était comme la négation de tout ce qui avait été entrepris jusque là. Quand on élève un enfant, on n'imagine pas un instant qu'il puisse mourir avant nous et encore moins qu'il abrège sa vie! On essaie de tout faire pour l'armer pour une vie heureuse, responsable, riche et épanouissante, avec la capacité de rebondir toujours.
Toi tu avais bénéficié d'un père admirable d'abnégation et de combattivité, qui remuait ciel et terre pour que tu t'en sortes et que tu guérisses. Tu avais un frère qui t'aimait et avec qui tu avais noué une relation fusionnelle, trop parfois, ce qui te faisait détester ses premières amours. Pour ma part et pendant de nombreuses années, j'ai joué - un peu - avec une poignée d'autres femmes aussi autour de toi, le rôle de la mère que tu n'avais plus depuis presque toujours. Sans jamais pallier ce manque si lourd pour toi, sans jamais nous croire à sa place non plus.
Et ta famille a été si présente, si forte face à la maladie! Nous te voyions si épanouie ces deux dernières années que nous avons cru que le bout du tunnel était en vue: nous avons tous baissé la garde. Et pour une fois, la seule, nos antennes n'ont rien perçu, nous n'avons pas senti d'appel muet de ta part comme tant d'autres fois. Non, aucun appel au secours cette fois, tu l'avais décidé pour de bon le geste irrémédiable. Comme nous l'avons découvert depuis dans tes écrits des derniers jours, tu avais fait ton testament, tu avais pensé à tout, ensuite tu es allée passer un examen... que tu as réussi brillamment, mais ça tu ne le sauras jamais... puis tu t'es enfermée chez toi et deux jours après... Comme le dit ton père, "cette fois je ne la ramènerai pas (à la vie)".
Il était vain de croire remplacer ta mère un jour, mais nous pouvions croire que toi, tu arriverais à surmonter ce manque en grandissant, par la réussite de ta vie personnelle et de tes études, brillantes. Grâce à ton intelligence certaine, grâce à ta sensibilité artistique si vive, grâce aux liens noués si difficilement, mais ça aussi tu y étais arrivée: il n'y avait qu'à voir le nombre de tes amies et amis venus te dire adieu jeudi pour se rendre compte que ta socialisation était immense et combien toutes ces personnes t'avaient trouvée attachante elles aussi. Et nous pouvions rêver au jour où tu tomberais très amoureuse et où ce lien-là t'arracherait pour toujours à ton désespoir, car plus fort enfin que l'angoisse et la détresse qui t'habitaient si souvent, trop souvent...
Aujourd'hui je pense aux proches de tous ces enfants qui se suicident, par manque de père, de mère, pour cause de coups, d'inceste, de maltraitance, de misère, à cause de la cité, en raison du racisme ambiant, de la méchanceté bête ou de l'homophobie. Et je suis en colère après celui qui prétend que le suicide est inscrit dans les gènes! Non, on ne naît pas suicidaire!
Certains ont moins de chances que d'autres dans la vie et partent avec une mauvaise donne de cartes, pas génétiques mais bien réelles. Si la médecine fait des progrès, la maladie qui a emporté la mère de C. trop tôt ne tuera plus autant de parents, d'épouses, ni de fils, ni de filles, ni de soeurs, ni de frères. Cette maladie-là s'appelle le cancer et elle n'est pas génétique, en revanche l'utilisation de pesticides à outrance semble bien être responsable de sa croissance spectaculaire dans tous les pays développés!
Et d'autres jeunes se foutent en l'air parce qu'ils sont victimes de la connerie et de l'intolérance et là, il y a du boulot pour les hommes politiques: c'est la lutte contre les discriminations qui importe et non de décréter sans réfléchir que le suicide c'est inné. Ca, c'est vraiment n'importe quoi! Lutter contre le suicide des jeunes, c'est prendre à bras le corps les problèmes de société et les affronter: c'est instruire, éduquer, informer, et surtout, surtout, aimer les citoyens que l'on gouverne... bien plus que le pouvoir!
Pour l'heure, je gère ma peine comme je peux, tout en me plongant dans le travail, il ne s'agit pas d'oublier les autres qui ont besoin d'aide. Et je n'oublierai pas de voter dimanche non plus, n'ayez crainte!
N'empêche, p**ain que ça fait mal une si jeune vie qui s'en va!
20:50 Publié dans Colère, Tristesse | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Hommage
23 avril 2007
Triste, triste, oh so sad!
Ce soir je suis très triste.
Nous attendions ce week-end pour l'apéritif une jeune femme, ancienne "protégée" à moi, et sa famille: nous étions devenus tellement proches au fil des années! Cela faisait en effet plus de treize ans qu'on se connaissait et que notre lien avait depuis longtemps dépassé les frontières du professionnel pour devenir celui d'une amitié sincère.
Même depuis que tu volais de tes propres ailes, nous communiquions régulièrement par téléphone, SMS ou mails et nous trouvions le moyen de nous voir de temps en temps. Avec la joie pour moi de te retrouver à chaque fois grandie et arrivant à surmonter les difficultés liées à ton handicap. Tu allais tellement mieux ces dernières années!
C'est très inquiet que ton père m'a appelée pour me dire être sans nouvelles de toi alors que vous deviez vous retrouver chez lui ce dimanche. Il m'a rappelée ce soir.
Dans la nuit de vendredi à samedi, C. s'est donné la mort, toute seule chez elle. Elle aurait eu 26 ans le mois prochain. Elle n'a pas laissé de mot, mais nous savons tous combien par moments cela pouvait être dur pour elle de vivre dans un monde dans lequel elle avait tellement de mal à s'intégrer. Qu'il est difficile parfois pour certaines et certains d'exister, tout simplement d'exister. Ici il ne s'agit pas d'orientation sexuelle, non. Mais d'être une femme, tout simplement une femme.
Toi tu étais si fragile, si vulnérable et pourtant si douée. Nous aurions pu t'aider encore, te remettre sur les rails, te porter jusqu'à ce que tu reprennes goût à la vie, jusqu'à ce que tu retrouves l'envie et l'énergie de reprendre ta route toute seule. Mais cette fois, tu n'as pas appelé au secours. Tu as décidé d'en finir. Je ne sais si ce qui me fait le plus de mal est ce suicide ou la pensée de l'immense détresse qui a dû être la tienne avant de commettre l'irréversible. Ou peut-être la paix enfin, à l'idée de ne plus jamais souffrir. Mais ça, nous ne le saurons jamais.
22:35 Publié dans Femmes, Tristesse | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Hommage
22 janvier 2007
Hommage
LA MORT DE L'ABBE PIERRE
"Un Bernard Tapie de l'Evangile"
NOUVELOBS.COM | 22.01.2007 | 19:13
par Serge Raffy,
rédacteur en chef,
chef du service Notre Epoque
au Nouvel Observateur
Les positions de l'abbé Pierre sur l'ordination des hommes mariés et des femmes, ou encore sur l'homoparentalité, ont-elles permis d'infléchir les débats sur ces questions au sein de l'Eglise ?
- Dans cette affaire, il a agi comme un franc-tireur. Il a affiché ces positions en octobre 2005 (dans Mon Dieu… pourquoi ?, éd. Plon), en réponse à la désignation du pape Benoît XVI. A ce moment-là, on pouvait craindre un retour à l'orthodoxie de l'Eglise. L'intervention médiatique de l'abbé Pierre ne s'est pas faite au hasard. C'est un avertissement qu'il adresse à l'Eglise : si elle veut continuer d'exister, elle doit être en phase avec son temps. Quand il parle de sa sexualité, il parle de la sexualité de tous les prêtres. C'est un message pour eux. Il leur offre de sortir du piège de la chasteté, qui éloigne les hommes d'Eglise du troupeau. C'est un message quasi-évangélique. L'abbé Pierre utilisait habilement les médias, comme Jean-Paul II. D'où l'interview choc qu'il a accordée à Marc-Olivier Fogiel. L'impact médiatique de cet entretien a été énorme, à la limite du scandale, digne d'un éventuel retour à l'ultra-orthodoxie. Il ne faut pas oublier que l'abbé Pierre a été député MRP dans les années 1950. Il connaît les rouages de la politique et des médias. C'est un Bernard Tapie de l'Evangile, habile et rusé à l'égard des médias.
Ces prises de positions ont-elle entaché ou, au contraire, accru la popularité de l'abbé Pierre, notamment parmi les catholiques ?
- Certains de ses proches lui ont tourné le dos. Les milieux catholiques orthodoxes aussi, bien sûr. Mais une grande partie des chrétiens français ou européens ont compris son message, car ils vivent la désaffection des églises au quotidien. Ils ont compris qu'il faut prendre une autre voie, pour éloigner l'Eglise de la faillite. Il y a d'abord eu un mouvement de rejet, puis tous ceux qui veulent transformer l'assise populaire de l'Eglise l'ont suivi. Ces idées devaient surtout permettre d'enrayer la crise des vocations. Le mariage des prêtres, c'est un slogan très efficace. L'abbé Pierre connaissait très bien l'état des forces de l'Eglise, et se demandait comment continuer à transmettre son message. C'est d'ailleurs pour cela qu'il a reproché à Marc-Olivier Fogiel de ne l'avoir interrogé que sur le sexe, pas sur l'eucharistie. Dans son livre, il évoque l'amour. Il révèle ses relations sexuelles passagères, mais surtout son amour platonique avec un jeune homme. Pour lui, l'amour unit deux êtres libres : il est beaucoup plus varié que ce que dictent les dogmes de l'Eglise catholique.
Pensez-vous que les autorités religieuses vont honorer sa disparition ?
- C'est évident. Elles vont lui rendre un hommage appuyé. L'Eglise n'a jamais puni l'abbé Pierre. Il n'a pas été excommunié. Cela prouve que s'il n'était pas un saint, il était très protégé. Il parlait d'ailleurs que de l'Eglise, "d'une autre montagne". Il était un "insurgé de Dieu", il a lancé, dans les années 1950, une "insurrection de la bonté". Les mandarins de Rome n'aiment pas beaucoup le mot insurrection, mais ce rebelle a fait beaucoup plus pour la religion qu'aucun évêque depuis des décennies.
Propos recueillis par Julie Coste (le lundi 22 janvier 2007)
L'abbé Pierre c'est toute mon enfance. C'est l'un des personnages publics les plus marquants des années cinquante. J'ai grandi auprès d'adultes qui parlaient de cet homme avec admiration, ou mépris c'est selon. Comme c'est le cas avec ceux qui marquent les autres et ne peuvent laisser personne indifférent. Et puis j'ai toujours eu un faible pour les rebelles.
La critique c'était par inconscience ou ignorance, optimisme béat, égoîsme du nanti. Comme souvent devant les êtres d'exception, devant ceux qui se moquent du qu'en dira-t-on et bougeraient des montagnes tant leur amour de l'autre est fort.
Il était de ceux qui se lèvent juste un plus tôt le matin et portent la lampe pour éclairer le chemin des autres. C'est ça un vrai guide, rien à voir avec un gourou, juste celui qui a trouvé la lumière et qui aide l'autre à ne pas se perdre. Rien de plus, rien de moins. Même s'il lui fallait parfois la coller sous leur nez pour qu'ils cessent de refuser de voir la misère à leur porte.
Souhaitons que d'autres lumières viennent éclairer notre société et continuent à la faire évoluer vers plus d'humanité. Souhaitons que l'hommage rendu soit pour l'oeuvre et l'esprit, et non par pure raison politique.
22:20 Publié dans Célèbres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : hommage, société