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26 février 2008

Mots d'enfants (VIII)

Fin de dîner.

Mary L: "Junior, te souviens-tu que tu dois choisir un livre à lire pour la rentrée en français?"

Junior: " Ben oui, j'en avais choisi un à la bibliothèque, mais la prof elle a dit jeudi que ça n'allait pas"

Moi: "Ah bon? C'est quoi comme livre, une BD?"

Junior: " Oh non, et puis elle a dit qu'on pouvait même choisir un manga si on voulait!"

J'aimerais bien vérifier cette information, mais si c'est vrai, je remets en cause tout de suite l'enseignement public, ça c'est sûr!

Mary L: " De toute façon tu sais que je m'oppose à ce que tu choisisses une BD pour tes fiches de lecture!"

Et lui d'ajouter, sûr de lui: "C'est pas une BD! C'est des nouvelles! Comme ça on peut en lire une ou deux et faire la fiche dessus (sous-entendu: ça en fait moins, je vais m'en tirer facile), la prof elle a dit qu'on a le droit quand c'est des nouvelles "

Moi: "Et pourquoi elle ne voulait pas de ton livre alors?"

Junior, regard fuyant: "Je sais pô..."

Nous, en choeur: " C'est quoi ton livre au fait?"

Junior, très hésitant: "C'est des nouvelles j' t'ai dit, y en a plusieurs, je m' souviens plus tous les titres, j'ai commencé la première page de celle qui se passe dans la forêt, c'est page tant!"

Et sa mémoire très mathématique nous délivre le bon nombre.

C'est là qu'il ajoute: " Ben y a Crétin de Troïe (bien prononcer oïe) et... Yvan et le Lion, un truc comme ça! Les autres, je me rappelle pas!"

Trois secondes pour comprendre et une envie de rire énorme qui ne sera qu'à moitié réprimée!
Au secours! Il s'agit donc d' Yvain ou le Chevalier au Lion, de Chrétien de Troyes, roman de chevalerie du XIIe siècle dont le cadre est la cour du roi Arthur. Les héros sont les Chevaliers de la Table Ronde. C'est une oeuvre plaisante du Moyen-Âge souvent lue au lycée, mais plus rarement au collège et encore moins en sixième, vu la difficulté de comprendre un français vieilli et difficile d'accès à des gamins qui anônnent encore.

Moi: " C'est un bon livre, je suis surprise que ta prof ne voulait pas que tu le prennes... mais ce ne sont pas des nouvelles tu sais, c'est une seule et même histoire, il faudra la lire en entier. Tu l'as ici?"

Il court chercher son bouquin et j'entreprends de lui en lire les premières pages. Il écoute, les yeux ronds, le visage crispé. Il tortille sa serviette et joue avec un bouchon en plastique. Intérêt non démesuré, ça se sent...

" Tu comprends cette histoire, dis-moi? "
Il secoue la tête de gauche à droite: " Pas trop, non."
" Alors ta prof elle ne voulait pas de ce livre pour quelle raison?"
Lui, regard en biais:" Elle a dit que c'était trop dur..."

Il renchérit: " Mais vendredi elle a dit que je pouvais le prendre si je voulais vraiment le lire!..."

On lui a lu un autre extrait, parce qu'après tout l'histoire est sympathique et peut l'aider à vaincre la difficulté des mots...

Bon. Ca y est c'est décidé, ce bouquin, il n'en veut plus! Sacré gamin!
En plus c'est vrai quoi, ce n'est même pas l'histoire de ce crétin de Troï, alors...

15 janvier 2007

Mots d'enfants (VII)

Au fil des mots

Samedi.

Junior: " C'est où qu'on achète de l'élastique pour jouer à l'élastique? A ToïzzzAreOeusss? "

Nous: " Non, ça s'achète à la mercerie. On essaiera d'y penser en faisant les courses cette après-midi. "

Junior: " C'est quoi une mercerie? "

Nous: " C'est une boutique où on achète du matériel pour coudre, du fil, des aiguilles, des boutons, et aussi tout ce qu'il faut pour la broderie et le tricot. "

Junior: " Et du tissu aussi ?"

Nous: " Non, pas de tissu, mais beaucoup de petites choses pour faire des vêtements soi-même... L'élastique, c'est comme celui qu'on passe dans la taille des pyjamas ou des survêtements, pour que ça soit élastique justement. " 

Et nous voilà parties à raconter notre enfance - quand le prêt-à-porter coûtait si cher qu'on allait chez la coutière pour faire les habits de fête avec les tissus qu'on avait choisis - et à répondre à ses questions sur les formes des boutons, oui ça existe les boutons en forme d'arbre, en forme de poisson aussi, maman en a sur l'un de ses pulls, rappelle-toi. Ceci dit en passant, une pêcheuse comme moi ne peut qu'aimer une femme qui porte un pull avec des boutons en forme de poisson!

De fil en aiguille si je puis dire, nous entraînons le gamin à l'espace culturel au rayon multimedia où pendant que nous chinons, c'est ravi qu'il hante le rayon jeux vidéo et s'y déniche en soldes l'un de ces rêves. Puis nous filons au supermarché mais c'est pour une bonne cause, car on y achète de quoi piqueniquer et les sandwiches il adore. On s'arrête pour un café, mais comme nous prenons aussi une glace... Puis tour en ville, les heures passent, et là l'enfant trépigne, gigote et scande son ennui de plusieurs "on s'en va quand?" restés sans effet. Jusqu'au final et retentissant cri du coeur: "C'est quand qu'on y va à la marcellerie ? "

Mary L hilare: " A la mercerie, Junior, à la mercerie."

Happy (je sais, c'est pô bien, mais je n'ai pas pu résister): " La marcellerie c'est pas pareil, c'est là qu'on achète les marcels, tu sais les maillots de corps! La mercerie, c'est là que travaille la mercière."

Mary L (elle non plus n'a pas pu résister): " La mercière ou le percier! "

Inutile de broder, vu nos têtes, le gamin n'a pas cru complètement à ce tissu de mensonges. Et puis son élastique, on l'a trouvé pas loin et il en a pris quatre mètres! Pour épater les copains à la récré! Et pendant que sa mère allait récupérer le grand frère à sa sortie de compèt', je me suis rachetée en l'emmenant tirer la galette des rois avec les autres enfants dans la salle des fêtes de notre village. Mais non on n'est pas des parents terribles!

19 décembre 2006

La santé, ça paie!

Semaine dernière. Nuit de jeudi, 23h. Junior tousse, s'étouffe, angoisse. Pas de médecin de garde au village: appel au SAMU. Mettront une heure à venir, sans Vent**ine pour dilater les bronches. Juste une ordonnance bien longue et 128 € déplacement inclus. Heureusement qu'on a tout fait pour rassurer le gosse pendant ce temps-là...

Départ à la ville direction le commissariat par -3°C après grattage du pare-brise verglacé, il est une heure du mat. Brouillard. Froid. Le planton de service m'ouvre la lourde porte blindée, j'exhibe mes papiers et mon ordonnance. La pharmacienne de garde est tirée de son lit par téléphone, je la rejoins à son officine, elle m'aboie un "j'espère que c'est vraiment urgent" hargneux, ça commence bien; ma réponse "laryngite aigüe avec début d'asthme, enfant de dix ans, ça vous suffira?" la calme. Elle ne prend plus la carte verte à cette heure et puis la carte bleue non plus tant qu'on y est, "vous ne comptiez pas sur ça j'espère", ben si, un peu, "vous avez de l'argent sur vous? sinon je ne vous délivre pas les médicaments", c'est vrai quoi, y a pas plus aimable qu'elle! Une fois rassurée sur le fait que je vais la payer, elle me délivre una partie de l'ordonnance seulement, "ça serait bien si vous aviez l'appoint, ça m'éviterait d'ouvrir ma caisse", c'est à ne pas le croire, j'ai l'air de vouloir lui faire sa caisse? Je sens qu'elle bâcle et rêve de son plumard. Il est deux heures du mat' moi aussi j'ai sommeil, mais je pense au gamin qui attend là-bas dans les bras de sa maman que je revienne.

Et c'est pour ça que je dis merci, que je ne lui fous pas une grande claque dans la tronche quand elle me parle de son "commerce" et de "nous les commerçants", on dirait une épicière! Se souvient-elle de ce que son métier voulait dire quand elle a entrepris ses études ou n'a-t-elle jamais eu d'autre vocation que caissière? Pas un mot gentil pour le gosse! Au revoir madame et à jamais.

Retour au bercail à 2h30, le gamin prend ses potions, respire le produit miracle et s'assoupit un peu dans le salon, tout près de nous. Nous n'avons pas voulu qu'il reparte à l'étage, nous avons bien fait: il réveillera sa mère encore plusieurs fois jusqu'au petit matin, secoué par de violentes quintes et apeuré. 

La prochaine fois - s'il doit vraiment y en avoir une, car on s'en passerait - on filera aux urgences, au moins ils ont les médocs sur place, et puis quoi on a presque nos habitudes à l'hosto nous maintenant! 

28 octobre 2006

Un p'tit beurre, des touyoux!

 

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Joyeux

 

Anniversaire

 

Cabs !

 

Plein de douceur pour Toto! 

 

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11:55 Publié dans Aimer | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : On les aime tant!

13 septembre 2006

Mots d'enfants (VI)

Samedi soir. Cuisine. Préparation du dîner. Mary L, Champion et moi-même.

Champion, se râclant la gorge: "L'autre jour à la récré, y une meuf qui m'aborde et qui me sort que sa copine, elle veut savoir son nom au métis (le métis c'est lui) et qu'il lui plaît bien et que s'il est d'accord, elle aimerait bien sortir avec!"

Mary L: "T'as dit quoi? Alors? Alors?"

Moi (en choeur): "T'as fait quoi? Dis, hein?"

Ouiiii là je saiiiis, va vraiment falloir qu'on se modère, on pourrait croire qu'on cherche à les marier à 13 ans nos gosses parfois!

Champion: " Ben je lui ai dit mon nom et puis que j'allais réfléchir!"

Mary L: "Ah?"

Je reste silencieuse, si, si, ça m'arrive (le premier qui moufte, je lui etc....), mais ma respiration s'est arrêtée. J'attends la suite: dira, dira pas? 

Champion, râclage bis: "Oh ben je la kiffe pô, c'est l'style string-piercing-j'te-ramène-au-parking, mais je voulais pas la vexer alors j'attends lundi pour lui dire que j'ai réfléchi et que j'veux pas sortir avec elle!"

Savez kwâ? Je kiffe trop la tête de sa reum (ma meuf) à ce moment-là!

12 août 2006

Mots d'enfants (V)

Happy: "Alors vous avez pensé à appeler votre père aujourd'hui!"

Enfants en choeur: "Ouiiiiii!"

Junior: "Moi je lui ai dit pour la piscine et que je fais plein de progrès. Que je fais de la brasse, du crawl et du dos, et que le dos j'y arrive bien!"

Champion: "Et moi je lui ai dit quand maman m'a emmené avec les voisins voir le film "Pirate des Caraïbes" et qu'elle nous a laissés au cinéma tous les trois, et que c'était super! Et qu'ils nous invitaient souvent et qu'on s'amusait bien dans leur piscine ou au ping-pong!"

Happy: "Et tu as dit que tu révisais tes maths et ton anglais avec moi?"

Champion: "Ah ben non, hein, j'ai dit que c' qui m' plaisait!"

Et pan, dans les dents! Le pire c'est que c'est lui qui m'a demandé pour l'anglais! J'en déduis donc qu'il n'a pas dû dire non plus que sa mère lui apprend à repasser son linge...

Mots d'enfants (IV)

Junior (yeux brillants, ton rigolard): "Tu sais maman, quand j'attésouaie, et bien en même temps c'est rigolo des fois je pète!"

Mary L: "Quand tu quoi?"

Junior (ton irrité, ben pourtant c'est évident, m'enfin elle est bouchée au quoi): "Quand j'attésouaie!"

Happy (j'ai toujours une oreille qui traîne, comme tous les gens qui y voient mal): "Hum, hum, ça ne serait pas quand tu éternues par hasard?"

Junior (air innocent): "Ben si, c'est ça que j'ai dit!"

Quelle mauvaise foi...

Atchouuum! Faudrait pas que j' m'enrhume, tiens moi!

08 août 2006

Mots d'enfants (III)

Arrêtez de vous battre! Champion ça suffit, ne te moque pas de ton frère! Et toi Junior, je t'ai vu donner un coup de poing/pied/boule! Vous allez vous faire mal! Si, je t'ai vu! Ah c'est malin, il pleure maintenant! Ca sufffiiiiiiiit!

C'est toute la journée comme ça! Ex-té-nuant! 

Toujours est-il que l'autre soir, nous allions manger le dessert, un melon que Mary L préparait dans la cuisine pendant que je rangeais quelques bricoles dans le lave-vaisselle. Les deux gamins restés attablés dans le jardin en ont bien vite profité pour se chamailler, comme souvent lorsque nous les laissons seuls à table. Et ça a dégénéré en partie de 'et j't'attrappe la main et j'te tords les doigts, et j'te file une baffe et je manque de casser la chaise dans la tentative d'évitement du coup suivant'. Juste au moment où je passe le nez dehors pour voir de quoi il retourne, leur mère accourt, alertée par les cris du petit, qui en rajoute toujours un peu dans le mode hurlement d'écorché vif, n'étant pourtant pas le dernier à rouer l'autre de coups. Excédée, sa patience s'étant grandement élimée au fil de la journée, elle hurle: "Vous êtes privés de dessert!" Mais ça l'ennuie un peu de les priver d'un dessert qu'ils aiment, elle se reprend: "Ou plutôt non! Champion, 100 lignes, Junior, 50 lignes: je ne dois pas frapper mon frère! Sinon pas de melon!"

Champion: " Mmmm... Ca veut dire que si on veut pas de melon, on les fait pas les lignes? "

Mary L, sûre de son fait (vont tout de même pas se priver tout seuls!): " Pas de lignes, pas de melon! Pas de melon, pas de lignes! Vous aurez une punition, j'en ai par-dessus la tête que vous vous battiez sans arrêt!"

Champion, inattendu (il nous cueille là, d'habitude il a toujours faim, mais il est vrai que lui c'est plutôt pour des fraises qu'il se damnerait) et puis après deux énormes ventrées de pâtes, on ne peut pas vraiment dire qu'il meure de faim...: "Oh ben alors je vais me coucher! Bonne nuit tout le monde."

Junior: " Euh ben moi aussi (il ne veut pas être de reste face à son frère, mais c'est dur car il adoooore TOUS les fruits). Enfin euh... pour trente lignes, j'en veux bien du melon!

Pas de chance pour lui, Mary L a été intransigeante. Ce n'était pas le moment, elle est vannée cette semaine... Le gosse a sa fierté et est monté en soupirant dans sa chambre. C'est un peu plus tard dans la soirée qu'elle en a bien ri! Sacré môme! On vient de découvrir qu'on élève un marchand de tapis!

10 juillet 2006

Chat alors!

Mots d'enfants (II)

Mary L vient de réprimander sévèrement Junior qui s'est comporté de façon inadmissible à une réunion de parents concernant son frère Champion, en dépit des remarques réitérées de sa mère... et même de son père!

Junior prend conscience de son atttitude, baisse la tête et murmure: "Qu'est-ce que je suis con! Je suis vraiment qu'un p'tit con!"

MaryL:" Mais non, ce n'est pas vrai, tu es désobéissant certes,  mais tu n'es pas con! Tu es même très intelligent!"

Junior: "Si! Je suis con! Un vrai con de gouttière!"

27 mars 2006

Mots d'enfants (I)

C'était il y a quelque temps déjà. Nous étions à table et Junior était en train de saloper consciencieusement la nappe tout autour de son assiette comme souvent.

Moi:" Junior, fais attention, la sauce coule sur la nappe, ta manche traîne dans ton assiette, essuie ta bouche ça dégouline sur ton menton, ramasse ton couteau qui-est-tombé-plein-de-gras sous ta chaise en-dégueulassant-ton-pantalon-tout-propre au passage, ferme ta bouche quand tu manges, etc... "

Junior (chougnant):" J'l'ai pô fait exprès " (argument qui a le don de m'irriter GRAVE!)

Moi:" Encore heureux! (Illumination soudaine). Je t'avertis, si tu continues, le jour de ton mariage je te referai tout ce que tu as fait, tout! "(Là je mime Junior mâchant la bouche ouverte, je fais mine de m'essuyer sur ma manche, je renifle bruyamment, j'esquisse un rot, etc...)

Junior (mi-figue, mi-raisin, même s'il est plié de rire):"Aaaarrrghhhh! Non pas ça, pas ça! Je vais manger proprement, regarde!" (et c'est vrai il s'applique, comme quoi quand il veut...).

Et il se marre aussi tant qu'il peut, je vois dans ses yeux qu'il s'y voit déjà. Il m'imagine parfaitement en train de l'imiter, car en bon clown qu'il est lui-même, il me croit sur parole.

Hier, à table en famille, rebelote: de la sauce de poulet partout sur la nappe, des morceaux de légumes poussés par un os facétieux tombent tout autour de son assiette, il veut s'essuyer une main luisante de jus, il rate la serviette et flarf! c'est le pull qui prend!

Moi:"Junior, fais un peu attention, regarde comment tu manges, il y en a partout... Rappelle-toi, le jour de ton mariage, je refais tout, absolument TOUT!"

Junior (les yeux pétillants):" AAAArrrgggh! Non! Pas çaaa!....Oh, et puis de toute façon je dirai aux invités: c'est ma belle-mère, elle est vieille, faut pas faire attention, elle ne sait plus ce qu'elle fait!"

Junior, je t'aime!

21 mars 2006

Hier soir

Nous avons fini de travailler. Les enfants sont rentrés de l'école. Après vérification des devoirs, ils ont pris leur douche, et nous les avons appelés pour le dîner.

Pendant que sa maman faisait réciter une dernière fois sa leçon de grammaire au plus jeune, l'aîné m'aidait à vider le lave-vaisselle. "On mange quoi? des pâtes?" Valeur sûre avec les frites, même si on insiste pour qu'ils mangent des légumes le plus souvent possible. Va pour les pâtes! On y ajoutera du jambon et hop! un dîner simple de fait, pour enfants qui doivent se coucher tôt en semaine. Pour la grande cuisine, on attendra ce week-end.

Il parle des grèves, pose des questions sur le CPE, sur le monde du travail qui lui semble si loin encore mais déjà préoccupant. Il commence à s'y projeter et c'est de plus en plus souvent qu'il évoque devant nous des projets d'avenir de moins en moins flous, de plus en plus conformes à sa personnalité naissante. Un peu inquiet d'une douleur au pied, il m'a expliqué comment il s'était blessé en jouant au ballon avec un copain. Nous avons regardé ensemble cet orteil qui le fait souffrir: rien de cassé! C'est pleinement rassuré qu'il repart chercher son frère qui tarde à venir "C'est vrai quoi, merde, quand est-ce qu'on bouffe, moi j'ai faim!". De toute façon, il a toujours faim, comme tous les ados de son âge.

Nous avons dîné tous les quatre en nous racontant les menus détails de nos journées respectives. Le plus jeune, qui ne disait pas un mot à table il y encore trois ou quatre ans, ne s'arrêterait plus tant il a de choses à nous conter. Il en oublierait presque de manger! "C'est vrai qu'on va s'occuper du jardin ce week-end?" Il est ravi, beaucoup plus qu'à l'idée d'aller à l'école! C'est un gamin qui rêve d'outils, de nature, de construire et de bricoler. C'est pour cela que nous veillons soigneusement à ce qu'il fasse ses devoirs, afin de lui permettre d'accéder à ses rêves quels qu'ils soient dans l'avenir. Son aîné a toujours adoré l'école, ouf! quelle chance, pourvu que ça dure!

Ma compagne a également jeté un coup d'oeil au pied du grand blessé, "tu boîtes tout de même, fais-moi voir". Le grand blessé dormira sur ces deux oreilles cette nuit, mais pas avant de m'avoir raconté son nouveau jeu de stratégie "Ca y est, je l'ai installé sur l'ordi chez papa! C'est trop cooool ce jeu, on peut construire sa ville, son armée, et puis..." Il faudra l'arrêter pour qu'il aille se coucher à une heure raisonnable, et avec la promesse de jeter un coup d'oeil à l'un de mes jeux sur l'ordi chez nous "Ah bon, c'est de mon âge, je croyais que tu ne voudrais pas me montrer, trop gé-nial!"

Bon, allez, au lit tout ce petit monde! Sinon, il sera "trop" tard et demain le réveil sera dur et les cervelles peu réveillées en classe! Soirée bénie, où personne ne crie... ou presque... comment ça pas encore lavées ces dents? C'est quoi toute cette eau par terre? Non, tu ne me planques pas cette BD sous les couvertures, et puis quoi encore? Allez, un dernier câlin de maman et extinction des feux!

Parfois c'est beaucoup plus difficile, conflits d'autorité, "non j'le ferai pô!", tentatives de culpabilisation des adultes, bêtises diverses et variées, difficultés scolaires, conflits fraternels qui dégénèrent en coups, comme tous les enfants! N'empêche qu'on tâche toujours de communiquer et que personne ne part se coucher triste et malheureux, on s'explique toujours avant. Ils le savent bien et nous en remercient à leur façon.

Et puis, il y a quelques semaines, notre petit garçon m'a saisi le bras dans la rue alors que nous prenions la voiture pour faire des courses, il m'a regardé droit dans les yeux et m'a dit "Je t'aime". Je n'avais même jamais espéré qu'une telle chose arrive un jour, je m'occupe d'eux depuis des années comme s'ils étaient mes enfants tout en sachant qu'ils ne le sont pas. Ce que je fais, c'est pour eux, pas pour moi. Mais il est vrai qu'on a besoin d'encouragements dans la vie... Je pense que vous n'aurez aucun mal à imaginer ce que j'ai ressenti ce jour-là...

Quand on vous dit que les familles homoparentales, ce n'est pas la fin du monde!

20 février 2006

Arrrggghh! Où est passé le petit garçon d'hier?

Qui est ce grand machin presque aussi haut que moi qui descend prendre le petit déjeuner en traînant des pieds dans l'escalier et en se raclant la gorge? Que fait ce mec si grand dans la cuisine? Qui est ce grand type brun avec de la moustache et des yeux d'enfant dans une gueule de dur? Quelle est cette grosse voix au bord de muer qui houspille le petit? Que fait-il dans les bras de ma femme le regard encore tendu du besoin de tendresse maternelle? Pourquoi veut-il regarder mes films, chercher dans mon dictionnaire, vider notre frigo? Pourquoi dit-il autant de conneries? Pourquoi cette voix de petit garçon timide ou gentil lorsqu'il veut que je lui explique quelque chose ou qu'il a besoin d'aide pour son devoir de maths? Pourquoi ponctue-t-il toutes ses phrases d'un pourquoi, d'un je l'ferai pas, d'un j'ai pas envie ou d'un keskonbouf ahbon yapad'frites? Pourquoi ont-ils toujours faim? Pourquoi n'a-t-il plus six ans comme hier? Pourquoi le temps passe? Keskeujefais à bouffer, non, je te l'ai déjà dit cent fois, on dit manger moi ce midi hein? Pourquoi les repas reviennent si vite? Pourquoi je dis "pourquoi" tout le temps? Pourquoi je les aime tant? Pourquoi? Hein, pourquoi?