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05 décembre 2007

L'après cancer

L'après cancer n'est pas facile. Plus jamais les choses ne seront comme avant, ça ce fut très clair dès le début pour moi. La "malbête" reste tapie dans un coin de la conscience et l'on s'en méfie, on la craint, on l'appréhende tout en tentant de la rejeter de toutes ses forces. La connaître, déjouer ses armes, la combattre au mieux pour que plus jamais elle ne revienne. Et pourtant aussi se savoir impuissant quant à l'influence des pesticides et autres facteurs environnementaux sur lesquels nous ne pouvons avoir de prise immédiate: nous ne pouvons que les subir en attendant les résultats d'une prise de conscience collective suffisante pour qu'une volonté politique en fasse un vrai problème de santé publique. En attendant, il y a la peur "que ça recommence"... Du moins peut-on agir pour être en forme physique et morale. C'est ce que nous faisons du mieux possible.

Pour elle, la peur a peut-être été moins présente sur l'instant, emportée qu'elle était par l'enchaînement des traitements, la prise en charge médicale très présente, l'envie d'avancer et de passer chaque étape jusqu'à la convalescence. Puis l'idée d'une nouvelle vie, forcément meilleure puisque le goût de la vie revient en force et probablement plus puissamment qu'avant! Comment ne pas avoir envie de vivre plus fort quand on sent qu'on l'a échappé belle et qu'on mesure sa chance de s'en sortir somme toute tellement bien, pas de mutilation, pas de métas, le pronostic vital tout ce qu'il y a de plus favorable, "vous êtes en rémission complète madame".

Mais c'est dans l'après aussi qu'on se rend compte que l'on n'est pas immortel: alors la peur que ça recommence, la peur de mourir deviennent terrible. Et là on se met à vouloir changer sa vie, pour ne plus être dans le contexte qui a peut-être été favorable à la croissance de "la chose de mort" la première fois. Ce boulot qui est parfois si pesant, cette entreprise qui tient cahin-caha, où un deuxième cas de la maladie s'est déclaré cette année chez une femme encore un peu plus jeune, elle s'est dit qu'il fallait en changer! Candidatures spontanées, réponses à des annonces, entretiens, etc. mais du boulot ça ne se trouve pas sous le pied d'un cheval comme disaient les vieux, et l'entreprise brinqueballante, il a bien fallu y retourner. Par une belle journée d'août. Mon père est décédé le lendemain. D'un cancer.

Alors elle va changer quelque chose dans l'éducation de son petit, elle va l'inscrire dans une autre école, plus stricte, plus "cadrante". Combat de l'été pour elle pendant que mon père se meurt, mais nouvel échec: le père du gosse et le fils se cabrent et freinent des deux pieds. Comme d'habitude, "Junior ira où il voudra", dixit son père. Il ira donc dans le même collège que son frère aîné en son temps, sauf qu'il n'est pas son frère et qu'il ne se met pas au travail tout seul celui-là. Il ne s'y met que contraint et forcé... Mary L s'est pris la tête tout l'été pour que rien ne change et qu'une difficile année avec l'enfant commence. Enfant qui, fort de sa victoire, tient tête et s'oppose tant qu'il peut. Un long combat de mère commence, pour faire de lui un homme heureux, si tout va bien.

Avec le grand en pleine adolescence, ça ne va pas fort non plus à la rentrée des classes. Impossible de fixer les week-ends comme on veut, matches supplémentaires, emploi du temps difficile. Pire même, il se met à revenir à la maison en faisant la gueule. Pour quelqu'un qui a envie d'une vie simple et facile, qui rêve de légèreté et de ne plus se prendre la tête, ce n'est pas évident de décoder la première crise affective de son gamin qui a bien du mal à gérer ses émois amoureux débutants. Il se prend même un "si c'est pour faire la gueule, tu n'as qu'à rester dans ta pension le week-end après tout".

Alors elle va changer de vie tout court.  Parce que cette femme avec qui elle vit, si c'était à cause de ça qu'elle était tombée malade après tout? C'est peut-être parce qu'elle ne vit pas la vie qui lui convient que le malheur a frappé! Alors ne pas continuer cette vie, c'est empêcher que le mal ne refrappe une seconde fois... Crise de couple, crise d'identité très forte, homophobie intériorisée poussée à l'extrême et j'en passe. L'après cancer lui fait l'effet d'une seconde crise d'adolescence, elle rêve de tout reconstruire différemment, se revoit ado dans sa famille avec ce qu'ils lui disaient alors, se met à rêver d'une autre vie, de devenir hétéro pour ne pas passer à côté de sa vie, si jamais c'était pour ça qu'elle était faite alors! Elle oublie qu'elle a quarante ans et non quinze (quinze ans, c'est son fils aîné qui va les avoir!...), rêve d'une autre vie non coupable où tout est rose, où tout le monde s'aime, où tout le monde fait tout ce qu'il veut quand il veut, où personne ne s'en veut, où les gamins s'élèvent tout seul sans conflit, où il n'y a plus ni obstacle, ni maladie pour personne. (*) L'île aux enfants quoi. Sauf qu'elle grogne, juge, se méprend, se distord, se braque, se comporte en gamine divisée, torturée, hostile et révoltée, parfois juqu'à l'odieux, jusqu'au rejet de tout et de tous. Automne difficile. Mécanisme connu des oncologues, ça on l'a su il y a quelques jours!... Mais pourquoi ne nous met-on pas en garde, pourquoi un suivi psycho n'est-il pas systématiquement prévu pour gérer l'après?

Traversée du tunnel difficile. J'ai ployé sous l'orage, j'ai frémi pour notre amour que j'ai vu en perdition sur une frêle coque de noix prête à être engloutie par une déferlante plus puissante que les précédentes. Aujourd'hui, le plus noir de la tempête est passé. Un rai de lumière brille au fond du tunnel. Elle tient à nous. Elle tient à moi. Elle me l'a dit et je la crois. Elle a décidé de se faire aider et de faire le point / faire la paix avec elle-même. Je la sens déjà un peu apaisée et prête à goûter plus sereinement le regain de vie qui est le très bon côté de l'après. Les ajustements à trouver, nous les trouverons. Ensemble.

 

(*) Le 9 octobre j'apprenais que le traitement hormonal de m*§@* que j'ai pris pendant six mois et qui m'a valu bien des déboires en plus des cinq kilos gagnés dès le deuxième mois, j'apprenais donc que ce truc n'avait servi à rien et que je devais passer sur le billard pour retirer ces saloperies de polypes de mon utérus. L'intervention est prévue le 19 décembre, plus ça approche et plus je stresse, ça a beau ne pas être une question de vie ou de mort, je crains la douleur, la fatigue postopératoire, ou pire le diagnostic supplémentaire au réveil (**), bref je n'arrive plus à envisager les choses sereinement. Je pense aussi que cette nouvelle-là a dû rajouter un stress supplémentaire à ma belle, à un moment où elle avait du mal à affronter ce genre d'info. L'hôpital, on en a notre dose faut dire. Vraiment besoin de vacances...

(**) faiblement probable il est vrai... mais l'an dernier le risque qu'elle ait un cancer était si infime, si minime, si minuscule, et pourtant... alors maintenant j'ai peur tellement plus facilement. Même si je sais qu'il ne faut pas se projeter dans l'avenir, il y a des moments où l'esprit gamberge! Heureusement à d'autres plus nombreux, c'est moi qui tiens les rênes et l'empêche de battre la campagne! N'empêche..., que tout cela nous a rendues vulnérables!

31 octobre 2007

Jérôme et les autres

Les Ogres De Barback
 

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Mon petit mec et moi (Les Wriggles)

 

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Les tabous de l'homosexualité 

 

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Nos parents sont gays et c'est pas triste

 

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Florence Foresti

 

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19 octobre 2007

A propos

A propos de la violence conjugale, et de la libération de l'autre abruti dont je tairai le nom -  je veux parler du zigotto qui a bouzillé Marie Trintignant à coups de baffes! - parce qu'il manquerait plus que je lui fasse de la pub sur internet à ce macho, de toute façon, je ne le connaissais pas avant les faits et je me passerai très bien de lui après - je rappelle la phrase de Benoîte Groult à qui veut l'entendre:

Le féminisme n'a jamais tué personne,

le machisme tue tous les jours. 

Ce n'est pas d'une pauvre petite journée mondiale de lutte contre la violence conjugale dont les femmes ont besoin, c'est d'un travail au long cours (pas trop long non plus pour que le nombre de victimes soit limité!) suivi de lois les protégeant et les respectant partout dans le monde et de structures pour les faire appliquer!

A bon entendeur salut! 

 

Ajout du 22 octobre 2007

La loi stipule clairement que la violence conjugale est un délit, qu'elle s'exerce dans le cadre d'un mariage, d'un concubinage ou d'un pacte civil de solidarité.

Cette violence n'est pas que le symptôme d'un ménage ou d'une union en difficulté mais un comportement inacceptable, une infraction tombant sous le coup de la loi.

La personne qui recourt à la violence au sein de son couple cherche dans l'usage de celle-ci un mode d'emprise sur la vie familiale et de contrôle sur son compagnon/sa compagne, mais au détriment de la dignité et de la sécurité de la personne dominée.

Cette violence est souvent le résultat d'affects du passé enfouis profondément: il faudra à la personne violente un important et difficile travail personnel en thérapie ou en analyse pour arriver à dépasser cette tendance. Beaucoup en sont incapables... mais certain(e)s y parviennent à condition de suivre le programme jusqu'au bout. De plus les personnes violentes ont tendance à nier ou minimiser leur violence.

L'agresseur tend à justifier la violence en minimisant les dommages et l'injustice du comportement, en blâmant les autres ou en trouvant des excuses à la violence. Le stress, l'alcool ou les problèmes de couple ne causent pas la violence au sein de la relation, mais n'importe lequel ou l'ensemble de ces facteurs peuvent déclencher un comportement violent chez une personne qui a acquis ce profil et croit que la violence est justifiée. Pour mettre fin à la violence, l'agresseur doit modifier à la fois son comportement et ses attitudes, ainsi que ses croyances qui les appuient.

Jusqu'à ce que la violence cesse, la thérapie de couple est inutile. La personne violentée ne se sent pas libre d'exprimer ses opinions et ne peut négocier d'égal à égal. L'agresseur peut tenter de se servir de la thérapie de couple comme d'un autre moyen de prouver que son partenaire est responsable de tous les problèmes.

La maîtrise de la colère peut aider une personne à contrôler ses réactions, mais la colère n'est qu'une partie du problème. Une personne prête à user de violence et à se comporter de façon abusive pour dominer son partenaire a besoin d'aide pour modifier les attitudes qui soutiennent l'usage de la force et de la peur dans les relations. Les programmes s'attaquant à la violence conjugale montrent des techniques de maîtrise de la colère mais abordent également les attentes et les croyances en matière de relations qui sous-tendent la colère.

Si vous usez de violence envers votre partenaire, vous n'en êtes probablement pas fier. Vous avez peut-être honte d'avoir blessé quelqu'un que vous aimez et peur de perdre votre famille. Vous avez peut-être l'impression que « ce n'était pas vraiment vous », que c'était un accident ou une réaction aux circonstances. Vous pensez peut-être que si seulement vous pouviez faire changer l'autre personne, vous ne seriez pas violent. Cependant, le problème est que vous ne pouvez pas changer les autres, vous ne pouvez que vous changer vous. Vous promettez que cela ne se reproduira plus, mais cela recommence. Plus vous attendez, pire c'est.

Il faut du courage pour demander de l'aide. Cela veut dire que vous êtes prêt à accepter la responsabilité du problème et à faire tout ce qu'il faut pour le régler. N'attendez pas... vous pourriez perdre votre famille ou être arrêté pour voies de fait. L'amour qu'éprouve votre partenaire pourrait faire place à la peur, ou vos enfants pourraient apprendre à être violents et non respectueux dans leurs rapports avec les autres. Vous avez tout à gagner en obtenant de l'aide: l'estime que vous avez de vous, la sécurité de votre partenaire et le bien-être de vos enfants.

 Site canadien très intéressant

18 octobre 2007

Laissez-moi rêver!

Le Nobel de littérature 2008

attribué à la romancière

britannique Sarah Waters!

 

18 octobre 2008. Il y a 3 jours. STOCKHOLM (AFP) — La romancière britannique Sarah Waters a obtenu jeudi, à 42 ans, le Nobel de littérature, un prix qui récompense une oeuvre marquée par l'ère victorienne, la seconde guerre mondiale et la cause homosexuelle.

Le comité Nobel a choisi de récompenser "la conteuse épique de l'expérience lesbienne, qui avec une imagination sans limites, mêlée à une rigueur historique et un sens aigu de la psychologie humaine, scrute des pans de l'âme humaine dans un souci du détail rarement égalé", d'après le communiqué de l'Académie suédoise.

Le choix n'a pas surpris, car le nom de Sarah Waters, souvent cité, paraissait avoir le vent en poupe dans les cercles littéraires suédois.

Depuis le début du prix en 1901, Sarah Waters est la 12e femme à obtenir le Nobel de littérature. L'Académie a souvent été critiquée pour le déséquilibre entre lauréats homme et femme. Ce qui explique aussi sans doute le choix de récompenser deux femmes en suivant. L'année dernière en effet, le prix Nobel avait récompensé la romancière Doris Lessing.

La romancière faisait l'amour ses courses au moment de l'annonce et n'avait pu être prévenue à l'avance par le comité Nobel.

Enfin informée par les journalistes réunis devant son domicile londonien, elle a réagi avec un mélange de fierté, de militantisme et d'humour. "J'ai déjà remporté des prix qui ont flatté mon orgueil. Mais le Nobel c'est autre chose. Je le ressens comme une consécration. C'est la revanche des femmes et des lesbiennes sur une société machiste et hétérocentrée qui nous prend régulièrement pour des connes incapables d'autre chose que torcher les mômes, faire le ménage ou la vaisselle en fermant notre gueule. C'est la reconnaissance de l'intelligence, de la culture et de la capacité qu'ont les femmes de briller sur des terrains autrefois réservés aux hommes. J'en suis ravie. Qaunt aux gays, s'ils sont reconnus en tant qu'auteurs plus facilement que nous, c'est du moment qu'ils ne clament pas leurs préférences sexuelles sur tous les toits, de peur que cela n'empêche le monde de tourner ou pire de procréer." a-t-elle commenté. " Merci à mon éditeur de m'avoir fait confiance et de n'avoir jamais considéré ma lesbitude comme un handicap insurmontable. Le  chiffre des ventes de mes ouvrages a achevé de le rassurer", a-t-elle ajouté.

Née à Neyland, dans le comté de Pembroke (Pays de Galles) en 1966, Sarah Waters vit actuellement à Londres avec la femme qu'elle aime.

Après des études à l'université du Kent et une thèse en Littérature anglaise, elle a été libraire puis enseignante. Son premier roman, Tipping the Velvet (Caresser le velours) est paru en 1998 et a pour sujet le lesbianisme à l'époque victorienne (le velours étant l'un des noms du sexe féminin dans l'argot de l'époque). L'ouvrage a été adapté pour la chaîne de télévision BBC Two par Andrew Davies sous la forme d'un film en trois parties.

Son troisième roman, Fingersmith (Du bout des doigts) lui a apporté la consécration. L'histoire est basée sur des thèmes du roman populaire (complot, enlèvement d'enfants, monde des voleurs comme dans Oliver Twist) associés aux amours lesbiennes. BBC One l'a adapté en 2005, avec les actrices Elaine Cassidy et Imelda Staunton.

Sarah Waters a été élue « auteur de l’année » par le Sunday Times en 2003, elle a reçu le prix des Libraires et le British Book Awards (Auteur de l'année 2002).

Dans The Night Watch, ouvrage paru en anglais en 2006, les personnages (quatre femmes, dont trois sont lesbiennes, et un homme homosexuel) partagent secrets et scandales dans le Londres des années 1940.

Le Nobel de littérature est doté comme les autres prix Nobel d'un gros paquet de fric de 10 millions de couronnes suédoises (un peu plus d' 1 million d'euros) et sera remis le 10 décembre à Stockholm lors d'une série de festivités en présence de la famille royale.

Sarah compte utiliser cette manne pour se la couler douce aux Bahamas avec sa bien-aimée pour financer l'adaptation cinématographique de The Night Watch et pour se donner le temps de peaufiner son nouveau roman dont elle ne dévoilera le titre qu'à l'automne prochain.

Please, let me dreammmmm! 

 

Prix Nobel de littérature 2007 

28 septembre 2007

Y en aura pour les filles aussi!

Voici le premier poème de Sappho,
unique texte retrouvé dans son intégralité.

La poétesse lance une prière à Aphrodite, la déesse de l'Amour et de la Beauté, pour que, "de nouveau", celle qu'elle aime ne lui résiste pas. La quête de cette énième passion est assimilée à un "combat" et l'absence d'amour est ressentie comme une "injure".
C'est ici la traduction de Théodore Reinach avec la colaboration d'Aimé Puech (Ed. Les Belles Lettres, première éd. 1937):

 

"Toi dont le trône étincelle, ô immortelle Aphrodite, fille de Zeus, ourdisseuse de trames, je t'implore: ne laisse pas, ô souveraine, dégoûts ou chagrins affliger mon âme,

Mais viens ici, si jamais autrefois entendant de loin ma voix, tu m'as écoutée, quand, quittant la demeure dorée de ton père tu venais,

Après avoir attelé ton char, de beaux passereaux rapides t'entraînaient autour de la terre sombre, secouant leurs ailes serrées et du haut du ciel tirant droit à travers l'éther.

Vite ils étaient là. Et toi, bienheureuse, éclairant d'un sourire ton immortel visage, tu demandais quelle était cette nouvelle souffrance, pourquoi de nouveau j'avais crié vers toi,

Quel désir ardent travaillait mon coeur insensé: " Quelle est donc celle que, de nouveau, tu supplies la Persuasive d'amener vers ton amour? Qui, ma Sappho, t'a fait injure ?

Parle: si elle te fuit, bientôt elle courra après toi; si elle refuse tes présents, elle t'en offrira elle même; si elle ne t'aime pas, elle t'aimera bientôt, qu'elle le veuille ou non ".

Cette fois encore, viens à moi, délivre-moi de mes âpres soucis, tout ce que désire mon âme, exauce-le, et sois toi-même mon soutien dans le combat."

 

 

En voici un deuxième:

Confidences

Je dis que l'avenir se souviendra de nous.

Je désire et je brûle.

A nouveau, l'Amour, le briseur de membres,
Me tourmente, doux et amer.
Il est insaisissable, il rampe.

A nouveau l'amour a mon cœur battu,
Pareil au vent qui, des hauteurs,
Sur les chênes s'est abattu.

Tu es venue, tu as bien fait:
J'avais envie de toi.
Dans mon cœur tu as allumé
Un feu qui flamboie.

Je ne sais ce que je dois faire,
Et je sens deux âmes en moi.

Je ne sais quel désir me garde possédée
De mourir, et de voir les rives
Des lotus, dessous la rosée.

Et moi, tu m'as oubliée. 

 

Et même un troisième! 

Vers l’extase
   
Venez, amies, dans le vallon sacré,
séjour ravissant des Nymphes rustiques,
où la fumée de l'autel fait monter
l'odeur de l'encens.

L'onde fraîche chante sous les pommiers,
le jardin respire à l'ombre des roses,
et des feuillages qu'agite le vent
descend le sommeil.

Dans l'herbe du pré paissent les poulains.
La mélisse abonde pour les abeilles.
Et quand vient le soir l'angélique exhale
son parfum de miel.

Viens à nous, Cypris, dans l'enclos des Nymphes,
et, parant nos fronts de fleurs enlacées,
dans les coupes d'or verse à ceux qui t'aiment
ton nectar de joies.  

Sapho le lire!

Poésie homosexuelle

Villon, Charles d’Orléans, Rabelais... : aux origines de la poésie homosexuelle

Le succès des études de Thierry Martin ne se dément pas. La parution de "Poésie homosexuelle en jobelin, de Charles d'Orléans à Rabelais" a entraîné une rupture de stock du titre précédent, "François Villon, Poèmes homosexuels". L'éditeur, Question de genre/Cahiers GayKitschCamp, a commandé à l’auteur une nouvelle édition revue et corrigée.

"François Villon: Poèmes homosexuels"
(Nouvelle édition revue et corrigée, 128p., 12€)

Le peuple picard du Moyen Âge, dont on connaît la passion pour les jeux sur le langage, prenait un malin plaisir à bafouer la morale avec un système de double sens homosexuel. Quelques poètes le reprirent et le perfectionnèrent : le jobelin était né.
François Villon trouva dans le jobelin un support en accord avec sa virtuosité, sa duplicité naturelle, et ses propres mœurs. Mais au lieu de le réserver à des jeux gratuits, comme tous ses confrères, il le chargea de raconter sa vie privée. Hormis quelques poèmes de jeunesse, toute son œuvre est écrite dans ce langage obscène et rebelle qui lui ressemblait tant. 

 

" Poésie homosexuelle en jobelin, de Charles d'Orléans à Rabelais"
(178 p., 14 €.)

La confirmation d’une présence importante de l’homosexualité dans l’œuvre de Villon avait ouvert des perspectives prometteuses. Thierry Martin applique ici la même grille de lecture à d’autres virtuoses du double sens, comme Charles d’Orléans ou Marot. Et bien sûr Rabelais : en effet, pourquoi ne s’est-on jamais risqué à traduire des textes aussi capitaux que les énigmes de Gargantua et les plaidoyers fatrasiques de Pantagruel? A-t-on craint la décoction d’un clystère, la matière fécale, la poche culière, la fressure boudinale dans les bourses des usuriers, les trous de taupe? En fait de trous, nos chastes commentateurs n’étaient pas au bout de leurs surprises:
 
"Leur propos fut du trou de saint Patrice,
De Gilbathar, et de mille autres trous :
Si on les pourrait réduire à cicatrice
Par tel moyen que plus n’eussent la toux,
Vu qu’il semblait impertinent à tous
[De] les voir ainsi à chaque vent bâiller…".


On ne sera pas étonné de voir revivifier ici des textes que nous avons tous visités à l’école sous l’œil vigilant de la République. Celui de Thierry Martin, éclairé par une utilisation de la langue (ancienne pour le décodage, contemporaine pour la traduction) nous délivre enfin la poésie de Charles d’Orléans à Rabelais de sa gangue hétérocentrée. Dans cette édition bilingue, T. Martin illustre avec bonheur la formule de Rabelais : « On ne fait que bander aux reins et souffler au cul! »


Thierry Martin a publié aussi chez GKC: Trois Études sur la sexualité médiévale (46 pp., 7,47 €) et une traduction des Épigrammes pédérastiques de Martial (70p., 10,51 €)
Dans toutes les bonnes librairies ou directement chez l'éditeur:

Éditions QuestionDeGenre/GKC
5 rue Pavillon 34000 Montpellier
Tel/fax 04 67 65 85 62
www.GayKitschCamp.com

Inspiré de   E-llico

Mais bien sûr que nous avons une culture! 

24 septembre 2007

Jerry contre Predator

Rebondissement en Californie

Le maire républicain de San Diego a annoncé mercredi un changement total de position sur la question du mariage gay! Jerry Sanders a signé une résolution du conseil municipal de sa ville soutenant l'ouverture du mariage aux couples de même sexe dans l'Etat de Californie alors qu'il avait fait savoir jusqu'ici qu'il s'y opposerait.

Le maire de San Diego, un ancien policier membre du Parti républicain, a indiqué qu'il ne pourrait maintenir deux ans de plus la position qu'il avait défendue durant sa campagne électorale. A l'époque, il s'était dit favorable au partenariat civil mais opposé à l'accès aux mêmes droits que ceux du mariage pour les couples de même sexe. "Il y a deux ans, je croyais que les unions civiles étaient une alternative satisfaisante au mariage. J'ai changé d'avis. Le principe d'une institution 'séparée mais égale' est un principe que je ne peux plus soutenir", a-t-il déclaré. Retenant ses larmes, Jerry Sanders a dit qu'il souhaitait que sa fille Lisa et tous les homosexuels qu'il connaît puissent vivre leur vie sentimentale protégés par l'égalité dans l'Etat. "Au fond, je ne pourrai plus jamais regarder en face l'un d'entre eux et lui dire que sa vie sentimentale, sa vraie vie, vaut moins que le mariage que j'ai conclu avec ma propre femme", a-t-il ajouté.

La volte-face du maire de San Diego est d'autant plus courageuse qu'il envisage de se représenter à la mairie l'an prochain et qu'il va devoir affronter une partie importante de son électorat qui est férocement opposée au mariage homosexuel. Lisa Sanders aurait annoncé son homosexualité à ses parents il y a quatre ans, mais ne l'avait pas rendu publique. Le retournement de position de Jerry Sanders intervient dans un contexte très particulier puisque le gouverneur de l'Etat de Californie, Arnold Schwarzenegger, venait de faire savoir qu'il comptait opposer son veto à la légalisation du mariage gay.

Source: E-llico 

Question: euhhhh, quelqu'un sait si notre président a une fille (même cachée, ça s'est vu...) lesbienne ou un fils gay? 

 

English version

Republican San Diego Mayor Jerry Sanders abruptly changed his position on gay marriage Wednesday, announced that his daughter is a lesbian, and signed a City Council resolution adding San Diego to a friend-of-the-court brief that urges the California Supreme Court to legalize same-sex marriage. Yeahhhhh! More details right here!

I had a dream last night: our French president had a lesbian daughter AND a gay son!

19 septembre 2007

Une date remarquable!

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Aujourd'hui cela fait 7 ans que le tabac et moi, c'est fini!

Et j'en suis sacrément fière!  Ouaip!

15 septembre 2007

Intolérable!

Nooooooooon!
 
A quelque bout du monde, des humains - ou supposés tels - ONT OSE!
 
C'est insoutenable, les enfants ont hurlé...
 
Jusqu'où ira la bestialité? Pourquoi tant de violence inutile?
 
Il FAUT agir! Ne restons pas douillettement vautrés dans nos fauteuils pendant que... oh NON, ne laissons plus faire une telle ignominie!
 
Image terrible, atroce, ô combien convaincante! J'ai hésité longtemps à vous la montrer, mais je crois qu'il ne faut pas hésiter à s'investir dans cette cause, si dure soit-elle...
 
Soyez courageux...
eb537b035cea8c7777094b077518b861.jpgVous allez voir une scène hallucinante, totalement gore! Attention ! C'est une image assez dure...
Quelques fois, la nature est cruelle, mais là ce sont des humains qui laissent faire, pour la satisfaction de leurs plus bas instincts, pour le plaisir d'assister à une scène atrocement cruelle.
 
Il s'agit d'une photo prise lors de l'attaque d'un crocodile par 3 chiens. Le crocodile, pourtant si souvent prédateur ultime, se retrouve ici victime de "l'esprit d'équipe" montré par les chiens, du fait de leur mentalité de meute et de leur structure "sociale".
 
Mais ne cliquez que si vous avez le cœur bien accroché, c'est très violent !
 

 
Ames sensibles s'abstenir!
 
 
PS: Merci à l'amie qui m'a fait parvenir ce document! C'est vrai que j'avais besoin de me changer les idées! 
 

14 septembre 2007

Crémation

Trois jours après les obsèques. C'est au fin fond de la campagne, loin de Paris. On a pris un taxi, tôt le matin. C'est une journée radieuse comme il y en a si rarement: le ciel est d'un pur, l'air est si doux et frais à la fois, c'est délicieux. Le taxi a un toit ouvrant, ce qui donne l'impression que le ciel est partout et que les hauts murs des immeubles de banlieue n'existent plus.
 
Puis l'autoroute, les champs, les bois. Nous partons vers une destination magnifique. Je ne connais pas cet endroit, mais les noms lus sur les panneaux me disent quelque chose: nous sommes dans une région de chasse. Le taxidriver donne quelques précisions sur l'itinéraire: il me semble alors me souvenir qu'une rivière assez importante borde la commune où nous nous rendons, ce qui se vérifiera par la suite. La vie est ainsi faite que nous partons pour un haut-lieu de chasse et de pêche, qui plus est, situé dans le département qui est le berceau de ma famille maternelle: clins d'oeil! Et oui, on meurt tant à Paris de nos jours que les délais de crémation sont inimaginables, à moins de faire comme nous, partir en province.
 
L'homme de circonstance qui nous accueille est de sombre vêtu, il s'excuse il n'a pas sa veste, il court la chercher. Nous devons être les premières ce jour-là. Entrée, petit salon, fleurs artificielles, tout est sans vie là-dedans. Voulez-vous boire quelque chose, mesdames? Oui, enfin non pas tout de suite, on voudrait... il comprend à demi-mot et nous mène dans la pièce où est disposé le cercueil. Nous avons une heure d'avance et j'ai mal pour ma mère qui commence à fléchir je le sens. Paradoxalement, cette pièce-là est vivante: au dehors, un ouvrier repeint de neuf les barreaux et les croisillons d'une des fenêtres de la salle. Clope au bec, imperturbable, il s'applique, il est minutieux, ses gestes me rappellent ceux de mon père, cigarette comprise. Je comprends que mon père restera vivant en moi pour toujours.
 
Ma mère a regardé les cartes sur les fleurs en pots qui accompagnent le cercueil. Non, aucune de la famille. Elle serre le cercueil dans ses bras et commence à craquer, à dire je ne sais quoi sur le paradis, j'attire doucement son attention sur l'homme au travail et ça y est, je vois que ça la frappe: cette application méthodique et soignée, elle ne peut que voir elle aussi! Je lui dis que c'est comme un clin d'oeil de papa: il y a des fenêtres sur la vie, il sera bon qu'elle n'oublie pas de porter son regard au dehors aussi, le monde extérieur existe encore et il y fait beau... Elle s'apaise et se souvient de ses gestes à lui: je sens que ça lui fait du bien.
 
L'employé tout bien sanglé dans son costume sombre nous repropose une boisson, oui un thé ça sera très bien. Une autre salle, un petit bar, quatre tables, des chaises, nous nous installons. Sur le bar, des gravures accrochées, scènes de sport, pêche ou chasse. Non mesdames il n'y a ni la couture ni le tricot, on en déduira ce qu'on veut. Deuxième belle-soeur arrive, très triste elle aussi. Elle confirme, nous ne serons effectivement que quatre, les autres n'ont pas le temps - faut-il comprendre pas les couilles ou pas l'envie? - d'être là...
 
Le préposé est maintenant accompagnée d'une préposée en tailleur très strict, très sombre. Nous retournons dans la salle au cercueil, on nous explique que la cérémonie va pouvoir commencer: nous allons dépiquer nos fleurs de leur tapis de mousse et les disposer directement sur le bois, les mousses et supports métalliques ne brûlant pas, ils seront retirés. Non seulement cela va être très beau, mais cela donne un rôle actif aux participants, c'est moins dur pour ma mère. Arrive pourtant le moment où il faut bien qu'ils emportent le cercueil...
 
La salle est vide maintenant, l'écran vidéo s'allume. Le cercueil est mis en place sur un plan devant un mur où se  découpe une plaque très épaisse verticale: c'est la porte du crématorium. Un autre employé, très raide, se recueille un moment près du cercueil. puis il fait trois pas sur la droite et actionne un bouton sur le mur. La plaque commence à monter, puis se lève  complètement. Un bras mécanique pousse le cercueil lentement dans l'enceinte du crématorium, la plaque redescend lentement, silencieusement, comme le marbre du tombeau se referme sur la tombe.
 
Nous sortons. Il fait un temps radieux. Ma mère et ma belle-soeur parlent un long moment dehors, de papa, puis de mon frère qui a eu de graves ennuis de santé ces derniers temps lui aussi. Il fait toujours aussi beau, le soleil a monté dans le ciel, et cet air si pur... je me revois près de quarante ans en arrière, sur le port de M*** où nous passions nos vacances. C'est la même qualité d'air, quand le beau temps revient au beau fixe après un coup de vent d'est, une température chaude juste ce qu'il faut, une petite brise qui caresse le visage. Je nous revois sur ce port, mon père en maillot de bain, affairé à préparer le bateau pour la journée, joyeux, bronzé, dans la pleine force de l'âge. Cela fait partie des moments les plus heureux de sa vie. Je sens le soleil et je suis sur le port de M***.
 
Soudain, j'entends même les drisses qui tapent sur les mâts des voiliers voisins! Je me retourne: c'est notre peintre qui a fait le tour du bâtiment et qui s'attaque à une nouvelle fenêtre, il tapote les barreaux avec son pinceau pour faire tomber des débris de rouille et de vieille peinture! Synchronicité... Je regarde à nouveau vers les arbres qui entourent la bâtisse et goûte la magie de ce moment où passé et présent coexistent. Je suis à la fois ici à P*** où le corps est en train de devenir cendres et à M*** sur le bateau, prête à passer une journée délicieuse en mer. Merci la vie.  

06 septembre 2007

Homophobie ordinaire

Faire-part

Mme son épouse

Mme Happy sa fille

M. et Mme son fils aîné

Le Docteur (ah les titres ça c'est important!)
son second fils et son épouse

M. son troisième fils et son épouse
(toute neuve, quatrième du titre,
mon frère aurait dû avoir un harem, c'est plus simple...)

Ses petits-enfants et ses arrière-petits-enfants,

ont la tristesse de vous annoncer le décès de ...

les obsèques auront lieu à ....

 

Ma mère me l'avait lu si vite au téléphone, ce faire-part, que je n'avais pas tout compris: je croyais qu'il y avait juste "Son épouse, ses enfants et ses petits-enfants, ont la tristesse etc...". C'est la première chose que j'ai vue en arrivant là-bas, posé sur la table du salon, avec ce vide après mon prénom et mon nom, un vide atrocement grand. Une grande absente.

J'ai encaissé, j'ai montré le papier à Mary L qui n'avait pas encore compris de quoi il retournait et qui a fait la gueule un bon moment ce jour-là - on la comprend!

Puis dans l'après-midi j'ai pris ma mère à part pendant des démarches que nous avions à accomplir et je lui ai dit ma contrariété. A la question, pourquoi ne pas avoir mis "Mme Happy et sa compagne" la réponse tomba comme un couperet "Ah ben c'est pas exprès, je n'y ai pas pensé". Remarque qui fut suivie quelque trente minutes plus tard en notre présence à toutes les deux d'une réflexion sur "ces gens susceptibles qui prennent tout mal là où il n'y a pas de quoi, vraiment je ne comprends pas les gens". Merci pour les gens.

Il a fallu aussi s'appuyer les présentations répétées à l'église ou ailleurs: "Ma fille... une amie". Il a fallu batailler pour que je dise mon texte à moi à l'église et pas un truc tout prêt fait par quelqu'un qui l'a jamais vu, mon père, et qui serait bien en peine de le définir et de l'apprécier. D'ailleurs ses fils, zont pas mis une fleur, zont pas dit un mot.

N'empêche que la quatrième femme de mon frère, elle ne le connaissait pas du tout mon père! Ce n'est pas elle qui lui a massé les pieds le 15 août quand on est monté le voir en vie pour la dernière fois. Ce n'est pas elle qui a deux enfants que mon père commençait à aimer tellement fort, que même si ceux-là n'étaient pas de son sang, il s'annonçait toujours sous le nom de Papy pour eux au téléphone. Son dernier cadeau, c'est une voiture pour eux deux, qu'il n'a pas eu le temps d'envoyer par la poste  et que j'ai rapportée dans mes bagages. Il y a une lettre avec, sa dernière lettre... Elle est pour eux. Nous l'ouvrirons ce week-end tous ensemble, puisque nous n'avons pas été rassemblés plus tôt.

La femme qui a massé les pieds de mon père, la femme qui a mis au monde ces deux enfants, la femme qui a mis les disques que mon père aimait pendant la cérémonie, la femme que j'aime et qui m'aime, c'est ma belle. Cette femme-là, si la loi n'était pas tellement à la con! serait mon épouse au même titre que les autres. En attendant c'est ma compagne depuis bientôt sept ans et je défie quiconque d'affirmer que notre amour ne vaut rien! 

Oh Maman, ma vie tu la connais depuis si longtemps, et Mary L aussi tu la connais et tu vois comme on est bien ensemble. Pourquoi as-tu fait ça? Ma douce a du chagrin aussi, tu sais, elle aimait Papa et vous a toujours bien reçus chez nous. Tu m'as fait très mal, très mal et tu ne le vois même pas! Et si tu t'en foutais enfin du qu'en dira-t-on?

... 

Faut pas que j'oublie que Papa m'a laissé un très beau cadeau à moi aussi, celui d'accepter ma vie telle qu'elle est!

Relativité du temps

Du 23 au 28 août, objectivement, cinq jours.

Pour moi, je ne sais combien de semaines voire de mois pour les digérer.

Préparatifs, obsèques, premiers rangements, premiers tris, démarches, administrations, famille, retrouvailles, surprises bonnes, mauvaises, émotions, souvenirs, cassures, éparpillement du passé, loi du silence, homophobie ordinaire, et j'en passe.

Il me faudra du temps pour mettre en mots la souffrance, les joies, les traumatismes refoulés, les brisures, les séparations, les oublis, la négation par les uns, la reconnaissance par les autres.

L'ignorance et le déni font toujours autant de dégâts, n'en doutez pas. Quant à certains, c'est l'intérêt qui guide leur coeur. Pas l'affection. Heureusement qu'il y a les autres... enfin j'espère...

21 août 2007

Il est parti

Il a choisi. Il est parti.

Je suis très triste et très soulagée à la fois. Il a fait le meilleur choix: il ne souffre plus.

C'est le début d'une grande solitude pour ma mère... 

16 août 2007

Tout déglingué

Nous l'avons trouvé tout dépenaillé, les gobelets et le réveil jetés par terre, le pyjama arraché, la couverture et les draps valdingués. Les infirmiers ont confirmé qu'il n'avait pas cessé de tout dévirer depuis la nuit précédente.

Et pourtant ... les yeux tout ronds tout brillants comme un gosse, un sourire large en dépit de sa grande faiblesse et cette phrase d'entrée: "Je suis tout déglingué!". Lucide, ravi de me voir, de nous voir, et de la bonne surprise qu'on lui fait là.

Près de trois heures passées auprès de lui à 95 % cohérent, trois heures merveilleuses. Nous nous sommes dit si peu de choses car il n'arrive presque plus à parler, mais si essentielles! C'est le meilleur qui a été dit, de part et d'autre. Il était si content, si touchant, si touché!

Je sais qu'aujourd'hui déjà il ne se rappelait plus m'avoir vue la veille et qu'il s'éteint en accéléré. Je sais qu'on le maintient en vie de force, mais enfin, s'il ne veut ni ne peut plus manger, à quoi bon? Il respire mal, s'étouffe de plus en plus, décline, ne se lèvera plus, ne fait rien à part encore un peu regarder la télévision ou écouter la radio d'une oreille distraite, subir quelques soins le matin et attendre parfois les visites de ma mère quand le temps signifie encore quelque chose et qu'il n'est pas tout déboussolé. Je ne comprends pas pourquoi s'acharner comme cela pour le maintenir dans cet état! Et ce soir l'on me dit qu'aujourd'hui encore il y a eu un acte chirurgical sous AG: changement du PAC (port à cath) pour le nourrir artificiellement! Mais quoi? Il arrache toutes ses perfs, ce PAC c'est lui qui l'a mis hors d'état ce lundi! Pourquoi lui imposez-vous encore cette souffrance? Vous ne comprenez donc pas?

S'il vous plaît, laissez-le partir! Pleaaase, let him goooo. Foutez-lui la paix! Laissez-le partir en paix! Ce n'est plus une vie, ce n'est pas une vie, ce n'est pas la vie qu'il aime! Qui voudrait être traité comme cela? S'il vous plaît!