Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

28 septembre 2007

Y en aura pour les filles aussi!

Voici le premier poème de Sappho,
unique texte retrouvé dans son intégralité.

La poétesse lance une prière à Aphrodite, la déesse de l'Amour et de la Beauté, pour que, "de nouveau", celle qu'elle aime ne lui résiste pas. La quête de cette énième passion est assimilée à un "combat" et l'absence d'amour est ressentie comme une "injure".
C'est ici la traduction de Théodore Reinach avec la colaboration d'Aimé Puech (Ed. Les Belles Lettres, première éd. 1937):

 

"Toi dont le trône étincelle, ô immortelle Aphrodite, fille de Zeus, ourdisseuse de trames, je t'implore: ne laisse pas, ô souveraine, dégoûts ou chagrins affliger mon âme,

Mais viens ici, si jamais autrefois entendant de loin ma voix, tu m'as écoutée, quand, quittant la demeure dorée de ton père tu venais,

Après avoir attelé ton char, de beaux passereaux rapides t'entraînaient autour de la terre sombre, secouant leurs ailes serrées et du haut du ciel tirant droit à travers l'éther.

Vite ils étaient là. Et toi, bienheureuse, éclairant d'un sourire ton immortel visage, tu demandais quelle était cette nouvelle souffrance, pourquoi de nouveau j'avais crié vers toi,

Quel désir ardent travaillait mon coeur insensé: " Quelle est donc celle que, de nouveau, tu supplies la Persuasive d'amener vers ton amour? Qui, ma Sappho, t'a fait injure ?

Parle: si elle te fuit, bientôt elle courra après toi; si elle refuse tes présents, elle t'en offrira elle même; si elle ne t'aime pas, elle t'aimera bientôt, qu'elle le veuille ou non ".

Cette fois encore, viens à moi, délivre-moi de mes âpres soucis, tout ce que désire mon âme, exauce-le, et sois toi-même mon soutien dans le combat."

 

 

En voici un deuxième:

Confidences

Je dis que l'avenir se souviendra de nous.

Je désire et je brûle.

A nouveau, l'Amour, le briseur de membres,
Me tourmente, doux et amer.
Il est insaisissable, il rampe.

A nouveau l'amour a mon cœur battu,
Pareil au vent qui, des hauteurs,
Sur les chênes s'est abattu.

Tu es venue, tu as bien fait:
J'avais envie de toi.
Dans mon cœur tu as allumé
Un feu qui flamboie.

Je ne sais ce que je dois faire,
Et je sens deux âmes en moi.

Je ne sais quel désir me garde possédée
De mourir, et de voir les rives
Des lotus, dessous la rosée.

Et moi, tu m'as oubliée. 

 

Et même un troisième! 

Vers l’extase
   
Venez, amies, dans le vallon sacré,
séjour ravissant des Nymphes rustiques,
où la fumée de l'autel fait monter
l'odeur de l'encens.

L'onde fraîche chante sous les pommiers,
le jardin respire à l'ombre des roses,
et des feuillages qu'agite le vent
descend le sommeil.

Dans l'herbe du pré paissent les poulains.
La mélisse abonde pour les abeilles.
Et quand vient le soir l'angélique exhale
son parfum de miel.

Viens à nous, Cypris, dans l'enclos des Nymphes,
et, parant nos fronts de fleurs enlacées,
dans les coupes d'or verse à ceux qui t'aiment
ton nectar de joies.  

Sapho le lire!

Poésie homosexuelle

Villon, Charles d’Orléans, Rabelais... : aux origines de la poésie homosexuelle

Le succès des études de Thierry Martin ne se dément pas. La parution de "Poésie homosexuelle en jobelin, de Charles d'Orléans à Rabelais" a entraîné une rupture de stock du titre précédent, "François Villon, Poèmes homosexuels". L'éditeur, Question de genre/Cahiers GayKitschCamp, a commandé à l’auteur une nouvelle édition revue et corrigée.

"François Villon: Poèmes homosexuels"
(Nouvelle édition revue et corrigée, 128p., 12€)

Le peuple picard du Moyen Âge, dont on connaît la passion pour les jeux sur le langage, prenait un malin plaisir à bafouer la morale avec un système de double sens homosexuel. Quelques poètes le reprirent et le perfectionnèrent : le jobelin était né.
François Villon trouva dans le jobelin un support en accord avec sa virtuosité, sa duplicité naturelle, et ses propres mœurs. Mais au lieu de le réserver à des jeux gratuits, comme tous ses confrères, il le chargea de raconter sa vie privée. Hormis quelques poèmes de jeunesse, toute son œuvre est écrite dans ce langage obscène et rebelle qui lui ressemblait tant. 

 

" Poésie homosexuelle en jobelin, de Charles d'Orléans à Rabelais"
(178 p., 14 €.)

La confirmation d’une présence importante de l’homosexualité dans l’œuvre de Villon avait ouvert des perspectives prometteuses. Thierry Martin applique ici la même grille de lecture à d’autres virtuoses du double sens, comme Charles d’Orléans ou Marot. Et bien sûr Rabelais : en effet, pourquoi ne s’est-on jamais risqué à traduire des textes aussi capitaux que les énigmes de Gargantua et les plaidoyers fatrasiques de Pantagruel? A-t-on craint la décoction d’un clystère, la matière fécale, la poche culière, la fressure boudinale dans les bourses des usuriers, les trous de taupe? En fait de trous, nos chastes commentateurs n’étaient pas au bout de leurs surprises:
 
"Leur propos fut du trou de saint Patrice,
De Gilbathar, et de mille autres trous :
Si on les pourrait réduire à cicatrice
Par tel moyen que plus n’eussent la toux,
Vu qu’il semblait impertinent à tous
[De] les voir ainsi à chaque vent bâiller…".


On ne sera pas étonné de voir revivifier ici des textes que nous avons tous visités à l’école sous l’œil vigilant de la République. Celui de Thierry Martin, éclairé par une utilisation de la langue (ancienne pour le décodage, contemporaine pour la traduction) nous délivre enfin la poésie de Charles d’Orléans à Rabelais de sa gangue hétérocentrée. Dans cette édition bilingue, T. Martin illustre avec bonheur la formule de Rabelais : « On ne fait que bander aux reins et souffler au cul! »


Thierry Martin a publié aussi chez GKC: Trois Études sur la sexualité médiévale (46 pp., 7,47 €) et une traduction des Épigrammes pédérastiques de Martial (70p., 10,51 €)
Dans toutes les bonnes librairies ou directement chez l'éditeur:

Éditions QuestionDeGenre/GKC
5 rue Pavillon 34000 Montpellier
Tel/fax 04 67 65 85 62
www.GayKitschCamp.com

Inspiré de   E-llico

Mais bien sûr que nous avons une culture!