27 mars 2006
"Vivons en paix, exterminons discord; Ieunes et vieux, soyons tous d'un accord"
François Villon, Ballades en argot homosexuel, 1455 et 1461.
Ballade IV
Saupicqué frouans des gours arques
Pour desbouser beausires-dieux
Allez ailleurs planter voz marques !
Bevards, vous estes rouges gueux :
Berart s'en va chez les joncheux,
Et babigne qu'il a plongis.
Mes frères, soiez embraieux
Et gardez les coffres massis !
Si gruppés [vous] estes des grappes,
De ces angelz si [gras de lifres]
Incontinant mantheaulx et chappes
Pour l'embou[r]e ferez eclipses ;
De vos farges seres bésifles,
Tout de bout [et] nompas assis.
Pour ce, gardez d'estre [en leur griffes]
Dedans ces gros coffres massis.
Nïaiz qui seront attrappés,
Bien tost s'embrouëront au halle.
Plus n'y vault que tost ne happez :
La baudrouse de quatre talle
(Destirer fait la hirenalle
Quant le gosier est asségis),
Et si hucque la pirenalle
Au saillir des coffres massis.
Prince des gayeuls : [Luez marques],
Que voz contres ne soient greffiz
Pour doubte de frouer aux arques.
Gardez-vous des coffres massis !
Traduction de la Ballade des enculés
Tamponneurs qui cognez de gros culs
Pour avoir vidé les priapes :
Allez ailleurs planter votre poinçon !
Fellateurs, vous êtes de faux passifs :
Bérard-le-fourbe s'en va chez les pigeons
Et biberonne ceux qu'il a trompés.
Mes frères, ayez la bouche engluée de « résine »,
Puis sabrez les derrières fessus !
Si on vous écluse la grappe,
Aussitôt vous éclipserez [dans votre cul] la poutre et le gland
De ces loubards aux lèvre poissées [par votre sperme]
Pour qu'ils vous bourrent.
Vous aurez le train qui vous sifflera,
[Vous serez] sur un bout et non pas enfoncés [dans un séant].
Pour cette raison, protégez-vous de leurs griffes
Au fond de ces gros derrières fessus.
Les niais qui seront attrapés
S'englueront bientôt [le pénis de sperme] à cause d'un tarissage.
Que vous happiez une bite ne vaut pas mieux :
La baudruche pousse [alors] d'équerre
(Quand le gosier est « assiégé »
Il fait s'étirer l'antenne),
Et ensuite elle heurte à votre guichet
A l'assaut des derrières fessus.
Prince des baiseurs : Sucez les plantoirs,
Pour que votre pilon ne soit pas branlé
Sur le soupçon de [vouloir]cogner dans un cul.
Fuyez les derrières fessus !
Pourquoi parler de Villon aujourd'hui? Parce que Jean Teulé vient de se glisser dans la peau du "mauvais garçon" , débauché sublime, poète maudit... qui nous a laissé la Ballade des pendus, la Ballade des dames du temps jadis, chantée par Brassens, les Ballades en Argot homosexuel, etc...
Et que je brûle d'envie de me l'offrir ce bouquin. (Cf. l'article sur L'Express Livres)
08:50 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
C'était un sacré bougre, assurément !!!
Écrit par : Guillaume | 27 mars 2006
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