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06 septembre 2007

Homophobie ordinaire

Faire-part

Mme son épouse

Mme Happy sa fille

M. et Mme son fils aîné

Le Docteur (ah les titres ça c'est important!)
son second fils et son épouse

M. son troisième fils et son épouse
(toute neuve, quatrième du titre,
mon frère aurait dû avoir un harem, c'est plus simple...)

Ses petits-enfants et ses arrière-petits-enfants,

ont la tristesse de vous annoncer le décès de ...

les obsèques auront lieu à ....

 

Ma mère me l'avait lu si vite au téléphone, ce faire-part, que je n'avais pas tout compris: je croyais qu'il y avait juste "Son épouse, ses enfants et ses petits-enfants, ont la tristesse etc...". C'est la première chose que j'ai vue en arrivant là-bas, posé sur la table du salon, avec ce vide après mon prénom et mon nom, un vide atrocement grand. Une grande absente.

J'ai encaissé, j'ai montré le papier à Mary L qui n'avait pas encore compris de quoi il retournait et qui a fait la gueule un bon moment ce jour-là - on la comprend!

Puis dans l'après-midi j'ai pris ma mère à part pendant des démarches que nous avions à accomplir et je lui ai dit ma contrariété. A la question, pourquoi ne pas avoir mis "Mme Happy et sa compagne" la réponse tomba comme un couperet "Ah ben c'est pas exprès, je n'y ai pas pensé". Remarque qui fut suivie quelque trente minutes plus tard en notre présence à toutes les deux d'une réflexion sur "ces gens susceptibles qui prennent tout mal là où il n'y a pas de quoi, vraiment je ne comprends pas les gens". Merci pour les gens.

Il a fallu aussi s'appuyer les présentations répétées à l'église ou ailleurs: "Ma fille... une amie". Il a fallu batailler pour que je dise mon texte à moi à l'église et pas un truc tout prêt fait par quelqu'un qui l'a jamais vu, mon père, et qui serait bien en peine de le définir et de l'apprécier. D'ailleurs ses fils, zont pas mis une fleur, zont pas dit un mot.

N'empêche que la quatrième femme de mon frère, elle ne le connaissait pas du tout mon père! Ce n'est pas elle qui lui a massé les pieds le 15 août quand on est monté le voir en vie pour la dernière fois. Ce n'est pas elle qui a deux enfants que mon père commençait à aimer tellement fort, que même si ceux-là n'étaient pas de son sang, il s'annonçait toujours sous le nom de Papy pour eux au téléphone. Son dernier cadeau, c'est une voiture pour eux deux, qu'il n'a pas eu le temps d'envoyer par la poste  et que j'ai rapportée dans mes bagages. Il y a une lettre avec, sa dernière lettre... Elle est pour eux. Nous l'ouvrirons ce week-end tous ensemble, puisque nous n'avons pas été rassemblés plus tôt.

La femme qui a massé les pieds de mon père, la femme qui a mis au monde ces deux enfants, la femme qui a mis les disques que mon père aimait pendant la cérémonie, la femme que j'aime et qui m'aime, c'est ma belle. Cette femme-là, si la loi n'était pas tellement à la con! serait mon épouse au même titre que les autres. En attendant c'est ma compagne depuis bientôt sept ans et je défie quiconque d'affirmer que notre amour ne vaut rien! 

Oh Maman, ma vie tu la connais depuis si longtemps, et Mary L aussi tu la connais et tu vois comme on est bien ensemble. Pourquoi as-tu fait ça? Ma douce a du chagrin aussi, tu sais, elle aimait Papa et vous a toujours bien reçus chez nous. Tu m'as fait très mal, très mal et tu ne le vois même pas! Et si tu t'en foutais enfin du qu'en dira-t-on?

... 

Faut pas que j'oublie que Papa m'a laissé un très beau cadeau à moi aussi, celui d'accepter ma vie telle qu'elle est!

05 juin 2007

Des sondages

Depuis des dizaines d’années, on peut lire ici et là les chiffres les plus fous concernant la proportion d’homosexuels au sein de la population : certains avancent jusqu’à 15% et d’autres ne dépassent pas 1%. Qu’en est-il vraiment ?

La première difficulté vient de la définition même du mot homosexuel : faut-il compter uniquement les personnes qui ont exclusivement des relations avec les personnes du même sexe, ou celles qui en ont eu par le passé? Dans quelles proportions? A quel âge (adolescence ou âge adulte...)? etc. Les études qui se cantonnent à trois catégories (homosexuels, bisexuels et hétérosexuels) ne sont pas très fiables et plutôt floues.

Les études célèbres

Le rapport Kinsey de 1948 (5300 hommes interrogés puis 5900 femmes en 1953) est considéré comme la première étude précise sur la sexualité et utilise une échelle de 0 à 6 pour caractériser les comportements sexuels (0 pour 100 % hétérosexuel, 3 pour bisexuel avec des rapports équilibrés et 6 pour 100% homosexuel, les autres chiffres représentant des nuances).

L’étude montre que 10% des américains (6% pour les femmes) ont une vie homosexuelle au moins en grande partie (catégories 5 et 6) et 4% des sondés se disent exclusivement homosexuels (2% des femmes) mais chose intéressante et qui fit grand bruit à l’époque, 37% de la population mâle (et 13% des femmes) dit avoir eu au moins un orgasme suite à un rapport avec une personne du même sexe.

Il faut attendre 1993 et le rapport Janus, toujours aux Etats-Unis, pour avoir de nouveau une enquête à large échelle (1333 hommes - 1411 femmes). Les chiffres rejoignent ceux de Kinsey puisque 9% des hommes et 5% des femmes ont des expériences homosexuelles plus qu’« occasionnellement » (catégories 5 et 6 de Kinsey), mais le nombre d’hommes ayant eu au moins une relation homosexuelle tombe à 22% (17% de femmes).

En 1998, une étude portant sur 750 hommes à Calgary au Canada a montré que 4,3% des hommes avaient eu des relations exclusivement homosexuelles alors que 4,9% d’entre eux avaient eu des relations avec les deux sexes ; 14% des hommes ont eu au moins un « contact sexuel » avec un autre homme dans leur vie.

Enfin, le Hamburg Institute for Sexual Research a répété un sondage en 1970 et en 1990 sur la sexualité des jeunes de 16-17 ans et, alors qu’en 1970 18% des garçons avouaient avoir eu des expériences sexuelles avec un autre garçon, ce chiffre tombait à 2% en 1990, imputable selon le directeur de l’institut à la peur croissante des jeunes d’être perçus comme gays depuis que l’homosexualité est devenue un sujet de société.

Les estimations officielles, 6 à 7 % de la population française (Selon J.Corraze, L’homosexualité, collection Que sais-je ? 1996) se fondent sur quoi?


Les sondages faits par les associations en France

A plus petite échelle, les résultats des sondages organisés par les associations varient considérablement selon les questions posées! Si l'on demande directement " Etes-vous homo, bi ou hétéro? " à des personnes dans la rue, moins de 1% seulement des personnes sondées s'avoue homosexuel (courage fuyons!)

Mais si l'on demande vers qui va l'attirance sexuelle et surtout avec des nuances, par des questions du type "êtes-vous sexuellement attiré(e) principalement par des personnes de même sexe", "souvent par des personnes de même sexe et parfois de l'autre sexe", "plutôt par des personne de l'autre sexe et parfois par des personnes de même sexe"  etc... en modulant toutes les questions avec des nuances allant du toujours au jamais, en passant par le parfois et le rarement, on obtient des résultats très différents, se montant jusqu'à 25 à 30% de personnes admettant avoir ou avoir eu une ou plusieurs relations sexuelles avec le même sexe!

De plus une personne qui répond non, en 2000 par exemple, à toutes les questions sur son éventuelle homosexualité, peut très bien répondre différemment quelques années plus tard lors d'un 2e sondage, sa vie ayant changé suite à une prise de conscience qui n'avait pas encore eu lieu lors du premier sondage! On peut se découvrir homosexuel aussi bien à dix ans qu'à vingt, trente ou cinquante ans, tout dépend de la pression sociale et familiale, de l'homophobie ambiante et de la capacité d'introspection et d'acceptation de soi de la personne concernée.

Et alors?
 
En conclusion, on peut croire qu’un minimum, peut-être très sous-évalué, d'environ 5% des hommes et des femmes soient aujourd'hui exclusivement homosexuels, puisque la grande majorité des études tendent vers ces chiffres. Mais l'on devra admettre qu'il existe une échelle allant de l'homosexuel exclusif à l'hétérosexuel exclusif, passant par divers degrés de bisexualité, ce qui donne des pourcentages extrêmement élevés de personnes ayant ou ayant eu une ou des relations avec des personnes de même sexe, ayant ou ayant eu une vie avec une ou des personnes de même sexe.

Non vous ne saurez donc pas combien nous sommes, il subsistera toujours une incertitude, tant à cause de la définition d’une personne homosexuelle, que des personnes faussant les sondages ou refusant de dire la vérité!
 
 
 
Docs en stock !
 
Un article à consulter avec profit: 
 
Sur le tabou:
 
Observatoire des inégalités:

31 mai 2007

Jouissif!

Oh! Non,  madame, vous n'êtes pas cacochyme, loin s'en faut!

 

Blog de Geneviève Pastre, article du 24 mai 2007 

 

Le coup du photocopieur tout en un, inimitable! Mais tout ça, c'est très sérieux aussi, surtout le deuxième consul pour surveiller le premier! Alors, vous savez ce qu'il vous reste à faire dans quelques jours, hein? 

23 mai 2007

Y a pas de doute...

... j'aime ce blog! Et cet article est succulent!

Lisez le reste aussi! 

http://polysemie.canalblog.com/article du 18 mai 2007

17 mai 2007

17 mai

De toutes les déclarations lues pour ce jour de l'IDAHO (International Day Against Homophobia = " Journée internationale contre l'homophobie ", c'est ce coup de gueule que je préfère! Je cite:

 

 

Tract des Panthères Roses

 

IDAHO 2007

 

 

BIEN SUR, VOUS N’ETES PAS HOMOPHOBES, MAIS...

Être homophobe, c’est ringard ! D’ailleurs tout le monde est contre l’homophobie, même Sarkozy, pourtant farouche opposant à l’égalité des droits, mais qui brouille les pistes avec sa discrimination positive bidon . Même mon voisin, qui conduit pas « comme un pédé », mais qui n’a rien contre « ces gens-là »... La posture anti-homophobe cache souvent une forêt d’insultes, de lois discriminatoires, de comportements d’exclusion... qui ont la vie dure !

UNE TOLERANCE SI HOMOPHOBE

La lutte contre la discrimination fait désormais partie de l’attirail de tout responsable politique qui se respecte. Rares sont ceux qui osent encore dire que les homosexuels sont « une menace pour la survie de l’humanité » (C. Vanneste, député UMP, 07/12/04, que Nicolas Sarkozy n’a toujours pas jugé utile d’exclure de l’UMP) : la tendance serait plutôt à une certaine « tolérance ». Mais à condition que les « toléréEs » restent gentiment « anormaux » et soigneusement maintenuEs à leur statut d’infériorité. Pendant que les transgenres et les transsexuelLEs sont encore considéréEs comme des malades mentaux par l’Etat, la tentative de pathologisation et de labellisation des homosexuelLEs aboutit très logiquementà la recherche du gène responsable de ce « comportement ». Il existerait ainsi un ordre naturel entre les hommes et les femmes, les homos et les hétéros, les blancs et les noirs, les dépressifs et les joyeux-de-vivre, réaffirmé par la science... La biologisation de la société permet du même coup de la dépolitiser et de réduire à néant les revendications légitimes des pédés, gouines et trans. On leur propose alors avec magnanimité un sous-contrat de mariage leur étant exclusivement réservé, à eux, pauvres victimes de leur ADN (le fameux Contrat d’Union Civile). Plaindre les LGBT qui souffrent c’est charitable, mais mettre les normaux et les dégénéréEs sur un rang d’égalité... JAMAIS !

Si, pendant la campagne, de nombreux candidats y sont allés de leur petit mot électoraliste à destination des gays, les mêmes poussent des cris d’horreur lorsque des LGBT exigent l’égalité totale en droit comme en fait. Ainsi, Sarkozy rassure les gens « normaux » : le CUC ne donnera pas lieu aux possibilités d’adoption. Et 174 députés ont d’ores et déjà signé « l’entente parlementaire », manifeste visant à bloquer toute discussion sur l’homoparentalité. Nous pouvons donc toujours compter sur une déferlante conservatrice prête à tout pour préserver les privilèges hétérosexuels. Le mariage reste un « repère » fort qui énonce qu’un mode de vie prévaut sur tous les autres : le couple hétérosexuel producteur d’enfants. A droite, de Bayrou à Sarkozy, les unEs et les autres, tout en niant être homophobes, ont défendu à cors et à cris cet « ordre symbolique  » menacé par des déviantEs un peu trop gourmandEs ! Tout l’art consiste à condamner un principe flou - l’homophobie - sans toutefois le définir. Cela permet de s’en tenir à de bonnes intentions morales en jouant habilement avec les revendications LGBT mais sans concéder aucun droit.

« C’EST PAS UN TRUC DE PEDE »

Dire qu’un truc qui vaut rien c’est « un truc de pédé », pour bien prouver qu’un pédé ça vaut rien, c’est de l’homophobie. Ne pas envisager qu’une femme puisse ne pas désirer les hommes, c’est de la lesbophobie. Mépriser celui ou celle qui n’a pas l’apparence de son sexe de naissance, c’est de la transphobie. Ce mépris des gais, des lesbiennes et des trans dessine trop bien les contours de la normalité hétérosexuelle. L’homme hétérosexuel, courageux, viril et avide de pouvoir... n’est pas un pédé. Affectueuse et maternelle, son « complément naturel », la Femme, n’est pas une gouine moche et masculine. Bref le « bon sens » a systématiquement besoin de se référer aux LGBT pour décrire ce qu’il ne faut surtout pas être. Ainsi, les discours sur les LGBT ne tarissent pas. Des sexologues étudiant ces comportements «  pathologiques » (donc curables ?), aux émissions de télé qui nous utilisent comme le dernier exotisme tendance...le monde parle de nous pour mieux usurper notre parole. Si les anormaux parlent, que vont-ils dire ? Qu’il est possible pour une femme de jouir sans bite. Qu’en effet monsieur aime se faire enculer. Que monsieur a de jolis pectoraux depuis sa mammectomie... Et puis quoi encore ??? Que l’hétérosexualité ne serait pas le seul mode de vie possible, tant que vous y êtes ! Pour éviter cela tous les moyens sont bons : inégalité dans la loi, insultes au quotidien, agressions, dépréciations, invisibilisation, culpabilisation.... L’homophobie, la lesbophobie, la transphobie, ce sont toutes ces exclusions qui permettent aujourd’hui encore de maintenir le mode de vie hétérosexuel comme supérieur à tout autre.

QU’EST CE QUE T’AS APPRIS A L’ECOLE AUJOURD’HUI ?

Cette année, le thème de la Journée Internationale de Lutte Contre l’Homophobie et la Transphobie* est l’éducation. Mais l’école républicaine ne peut pas être concernée car elle est tolérante, elle est ouverte...ben voyons ! Pourquoi l’école est-elle encore le lieu ou l’homosexualité est la plus mal vécue ? Où la transexualité n’est jamais abordée ? Pourquoi l’éducation sexuelle y est-elle rare et hétérocentrée ? Pourquoi l’homosexualité y est-elle traitée comme un problème, voire un risque dans le cadre de la prévention ? A l’école, comme ailleurs, l’homosexualité reste abordée dans un cadre médical mais jamais sous l’angle de l’épanouissement, de la découverte et c’est le plus souvent face à l’infirmière qu’on en parle ! ET LE PLAISIR DANS TOUT CA ?

AFIN QUE CESSENT LES DISCRIMINATIONS, NOUS EXIGEONS DU FUTUR GOUVERNEMENT L’EGALITE DES DROITS POUR TOU/TES, PRE-REQUIS POUR LUTTER CONTRE LA LESBOPHOBIE, LA TRANSPHOBIE, L’HOMOPHOBIE DANS LA LOI, DANS LES FAITS, DANS LES ESPRITS.

*IDAHO = International Day Against Homophobia, par ailleurs non reconnu par le gouvernement français.

Les Panthères roses, gouines, trans et pédés à l’offensive.

 Site : www.pantheresroses.org .

 

 

* : article paru sur le Monde.fr aujourd'hui à 15 h40: Le Monde.fr

08 mai 2007

Ces femmes qui aiment les femmes

" Les questions soulevées par l’homoparentalité n’ont rien à voir avec la société du spectacle. Elles interrogent la société dans son entier, et excèdent le cadre de l’homosexualité. Car au fond, personne ne doute que deux personnes du même sexe puissent élever un enfant dans l’amour et le respect de certaines valeurs. Ce qui dérange, c’est que cette conception de la famille oblige à repenser l’ordre établi, que l’on voudrait naturel, alors qu’il est la résultante d’une construction historique. J’irai jusqu’à dire que les mamans homosexuelles doivent se garder d’angélisme. Elles n’ont rien à prouver, c’est à la société d’engendrer des penseurs, des intellectuels, des psychanalystes libérés des entraves de la religion judéo-chrétienne. " 

"Longtemps, les gays et les lesbiennes ont été condamnés au décryptage des œuvres dans lesquelles l’homosexualité était évoquée sur le mode de la suggestion. Si vous avez l’impression que, de nos jours, les représentations de l’amour lesbien font encore défaut dans notre société hétérocentrée, ce n’est plus parce qu’il est tabou, mais parce que pour l’heure il n’est pas rentable, à quelques exceptions près. Les romans de Sarah Waters, par exemple, sont publiés chez un éditeur généraliste et se vendent à des milliers d’exemplaires, en dehors d’un public strictement lesbien. "

" Ce que je voudrais qu’on retienne de ces quatre cents pages écrites en un an, ce ne sont pas ces trois pages-là, mais plutôt que le sentiment amoureux, la complicité intellectuelle, émotionnelle et sexuelle (comme son envers) se moquent bien du sexe biologique des êtres qu’ils réunissent. Ce qui est étonnant, en fait, c’est que, bien que l’opinion publique semble admettre à une grande majorité cette idée, les lois n’évoluent pas et qu’en certains domaines les homosexuel/les continuent à être traités comme des « sous-citoyens ». Les questions posées par les vies gaies, lesbiennes ou trans sont universelles et nous amènent à repenser des notions comme celle du genre, de l’identité sexuelle, de la famille.
Quel vaste chantier ! "

ENTRETIEN AVEC ELI FLORY au sujet de son livre

(entretien publié le mardi 8 mai 2007 sur Vox Populi)

24 avril 2007

A lire absolument

 

20 avril 2007

Le temps de l'égalité des droits

"Le temps de l’égalité des droits",

par Adeline HAZAN.

Adeline HAZAN, Secrétaire nationale aux Droits de l’Homme et Libertés et François VAUGLIN, Délégué national aux questions LGBT, ont publié la tribune suivante le 20 avril 2007.

Pourra-t-on demain, comme dans d’autres pays de l’Union européenne, voir deux hommes ou deux femmes s’unir devant le Maire ? L’évocation de cette simple question semble créer un étonnant traumatisme chez les responsables politiques de la droite et du centre. Pour eux, le mariage serait l’union d’un homme et d’une femme, dans le but unique de procréer. Fin du débat.

Tentons encore, à quelques jours de l’élection présidentielle, de les convaincre du bien fondé de ces réformes de société. Car il est vrai qu’avec le temps, tous se sont accordés à reconnaître que le pacs est une réussite et qu’il ne procède pas de la réponse à une revendication communautariste mais bien de l’évolution cohérente d’une société progressiste. Combien de temps devrons-nous attendre cette fois-ci pour que les faits nous donnent raison et voir la droite changer d’avis, au moins en façade ?

Les doutes sur cette évolution ont d’ailleurs été partagés partout, à droite comme à gauche, dans tous les partis - mais avec des raisons différentes à gauche ou à droite. Dans un tel débat, les dogmes n’ont pas leur place, pas plus que l’invective ou la stigmatisation. On peut être hostile au mariage sans être homophobe, mais son ouverture aux couples de même sexe nécessite tout de même de poser quelques questions.

Cette évolution est le fruit d’une longue réflexion à gauche, allant de la dépénalisation de l’homosexualité en 1982 à la lutte contre les discriminations en 1985, 1989 et 1992, puis arrivant à la création du pacs en 1999. Il est temps aujourd’hui d’affirmer que l’égalité des droits est enfin possible. En amenant le parti socialiste à se prononcer dès le mois de mai 2004 pour l’ouverture du mariage et de l’adoption au nom de l’égalité des droits, nous avons fait le choix du débat et de la concertation pour pouvoir changer la loi.

Aujourd’hui, un pacs est signé pour 3,5 mariages. Pourquoi le pacs a-t-il connu un tel succès ? Ce statut a enfin fait du couple une finalité en soi, car il fallait bien dire dans la loi que l’union de deux personnes n’a pas nécessairement pour seul horizon la transmission de la vie ou du patrimoine. Il fallait cette reconnaissance légale pour dire aussi que tous les couples sont égaux. L’amour qui lie deux personnes n’a pas de sexe, ni d’orientation sexuelle.

Nous avons réfuté à l’époque la voie d’un sous-mariage, tout comme nous refusons aujourd’hui le projet d’union civile proposé par Nicolas Sarkozy et François Bayrou, union factuellement réservée aux seuls homosexuels. Car en créant un statut identique au mariage sauf sur le plan de la filiation, les couples hétérosexuels n’auraient évidemment aucune raison de signer un tel contrat plutôt qu’un mariage.

Ce projet d’union civile donne donc des droits spécifiques à une population particulière. C’est une démarche communautariste, et qui enferme. Il faut le dénoncer fortement car le seul critère de cet enfermement serait l’orientation sexuelle. C’est d’une grande violence symbolique : un sous-mariage réservé aux homosexuels, c’est un sous-statut pour des gens traités comme des sous-citoyens. Il s’agirait alors d’une législation homophobe.

Cette proposition portée tant par Nicolas Sarkozy que François Bayrou insiste sur la différence sexuelle quand l’important est dans le projet de vie. Introduire dans la loi une hiérarchie entre les couples est une attaque sournoise contre notre modèle républicain et un grave recul pour le principe d’égalité.

François Bayrou a voulu faire plus que cela pour mieux marquer sa différence. Dans un mouvement louable de reconnaissance de la situation d’enfants élevés par des couples de même sexe, il propose d’ouvrir l’adoption simple de l’enfant du partenaire - rejetant dans le même mouvement l’accès à l’adoption plénière et s’opposant à l’adoption conjointe par des couples de même sexe ou non mariés.

Cette posture constitue en réalité d’un leurre terrible qui créée une hiérarchie entre les parents. Prenons un exemple parmi d’autres : un couple de femmes conçoit un enfant par procréation médicalement assistée en Belgique. Celle qui porte l’enfant aura un lien de filiation avec son enfant. Si l’autre mère bénéficie d’une adoption simple de l’enfant, elle n’aura qu’un statut révocable qui ne donne que des droits inférieurs en matière successorale. Au final, cette proposition revient simplement à déplacer l’inégalité actuelle, qu’elle soit entre les parents ou entre les enfants. Voilà le résultat lorsqu’on tergiverse avec les droits et que la morale traditionnelle passe avant l’égalité républicaine.

Sur l’homoparentalité, le débat semble habité par les clichés et la raison passe par pertes et profits. Plusieurs dizaines de milliers d’enfants sont élevés par un couple de même sexe : c’est un fait social constaté par l’INED. Cela devrait permettre une évolution des mentalités sur cette question, tant il nous semble scandaleux de maintenir, au nom de dogmes symboliques, une inégalité de droit entre des enfants selon la composition du couple de leurs parents. Car c’est bien de l’intérêt de l’enfant dont nous parlons, et non d’une vision idéalisée et dogmatique de la famille.

Alors posons les bonnes questions, parlons ce langage de la vérité cher à Nicolas Sarkozy. Un homosexuel serait-il par nature inapte à élever un enfant ? L’adoption par une seule personne est possible depuis plus de quarante ans sans que l’orientation sexuelle n’en soit un critère - et nombreux sont les exemples d’adoption par une personne homosexuelle. Va-t-on nous expliquer que ça ne marche pas ?

Un couple homosexuel serait-il par nature inapte à élever un enfant ? Les dizaines de milliers d’enfants élevés par deux hommes ou deux femmes seraient heureux de l’apprendre ! Plus sérieusement, trois cents études sociologiques ont été recensées sur ce sujet en France. Aucune n’arrive à une telle conclusion. Cette question est désormais bien connue et largement étudiée par les spécialistes de la famille et de l’enfant, et tous s’accordent sur le banal constat que les couples de même sexe forment des parents ni pires ni meilleurs que les couples hétérosexuels.

Faut-il un référent masculin et un référent féminin pour élever un enfant ? Alors dépêchons-nous d’interdire les familles monoparentales ! Faut-il concevoir la famille comme un enfermement et méconnaître la réalité pour imaginer que l’enfant élevé par un couple homosexuel serait coupé du monde au point qu’il ne pourrait nouer de rapport affectif avec des personnes du sexe opposé à ses parents ? L’école, la famille, les amis sont autant de viviers dans lesquels l’enfant puise des modèles adultes des deux sexes pour la construction de sa personnalité.

À vrai dire, il est heureux que les questions liées au couple homosexuel et aux familles homoparentales se soient invitées dans la campagne présidentielle, car cela permet aux candidats de préciser leurs conceptions de la famille, du couple, de l’enfant, dans notre société, et de dessiner au passage un vrai clivage gauche-droite.

Au nom de l’égalité des droits, l’ensemble de la gauche est rassemblé sur les propositions portées par Ségolène Royal pour la lutte contre l’homophobie, l’amélioration du pacs, et l’ouverture du mariage et de l’adoption pour les couples de même sexe.

Au nom de la prééminence des symboles, l’ensemble de la droite persiste dans son refus de la reconnaissance du fait social homoparental. Et force est de constater qu’au-delà de l’aggiornamento de convenance sur le pacs, l’UMP et l’UDF donnent une nouvelle illustration de leurs convergences politiques : ils n’acceptent toujours pas cette reconnaissance moderne du couple, l’un et l’autre cherchant en réalité sa disparition.

La solution est pourtant simple : il suffit de reconnaître humblement avec Ségolène Royal que la famille, cellule essentielle de notre société, n’est pas un moule virtuel qui enferme, mais un lieu symbolique, accueillant et ancré dans une réalité vivante, qui se conjugue harmonieusement au pluriel.

Site de provenance: http://www.reformer.fr/article.php3?id_article=273 

 

C'est moi qui ai surligné! 

18 avril 2007

" Reconnaître une lesbienne "

Ca, c'est l'une des requêtes Google qui a mené sur mon blog il y a quelques jours!

Et cette requête a été formulée plusieurs fois!

Ou elle provient d'un hétéro en mal de sensation forte -- à vrai dire c'est ça que j'ai cru en premier d'où une petite colère vite retenue, y a tellement de mecs que ça fait frétiller et qui fantasment sur deux-femmes-ensemble-et-surtout... avec-lui! -- si c'est ça, c'est  "circulez y a rien à voir!"

Ou elle provient d'une hétéro curieuse et qui ne se sent peut-être plus si hétéro que ça depuis que sa collègue de bureau l'émoustille, ou depuis qu'elle sent les regards un peu plus appuyés de sa nouvelle copine Jacquie, avec qui elle a envie de passer tout son temps ces jours-ci et à laquelle elle pense jour et nuit, mais-keski-m'arrive-keski-m'arrive?

Ou, beaucoup plus probable finalement, elle provient d'une jeune, très jeune femme qui s'interroge: " En suis-je une ou pas, à quoi ça se voit, est-ce que ça se voit?" 

Et bien le problème justement c'est qu'une lesbienne ça ne se reconnaît  A RIEN!

Oui c'est vrai, il y a les nanas très masculines, les "butch" anglo-saxonnes, qui jouent au foot et portent des fringues de mec, parfois limite trans ( pour les afficionadas voir Moira/Max), là on change de catégorie, c'est trans hétéro! Oui, il y a les nanas au contraire très féminines et très provocantes, genre "oui mec j'te fais bander? ben désolée mon coco, c'est pas pour toi, c'est pour ma meuf tout ça, variante mes meufs, et t'en auras pas une miette ! ", elles passent un temps fou à se saper et à se maquiller, ce sont les "fem" anglo-saxonnes, dont une grande majorité fait les beaux jours de la série The L Word. Et puis y a les femmes très classiques, look hétéro sport, ou classe, ou passe-partout. Il y a les vugaires, il y a les effacées, les douces, les timides, les quelconques (physiquement... mais souvent si grandes de coeur!), les aigries, les vieilles avant l'âge, les toujours partantes pour une partie de rigolade (toi là-bas qui pensais à une partie de... tsss un peu de sérieux que diable). Bref ce sont des femmes, surtout et avant toute chose DES FEMMES.

Alors souvent vous n'y verrez que du feu et vous ne saurez pas à qui vous avez affaire! En plus, de nos jours, on peut tellement arborer n'importe quelle tenue sans plus attirer l'attention sur soi, et puis les gays et lesbiennes ont aussi tellement influencé la mode qu'on ne sait pas qui est qui. Il y a des femmes hétéros d'allure très masculines et des femmes homos parfaitement indétectables. Nous avons aussi pris tant l'habitude de nous cacher et de passer inaperçues que forcément, vous ne nous voyez même pas! Surtout si vous êtes hétéro!

Pour finir, je vais penser à cette jeune inconnue qui aimerait elle savoir qui elle est ou si la fille qui lui plaît est lesbienne elle aussi, parce que comment donc reconnaît-on les autres, hein? Si tu te regardes bien en face dans le miroir de ta conscience et que tu admets que ton coeur bat pour cette fille rencontrée l'autre jour, et que tu ne rêves plus que de passer tout ton temps avec elle, et de le voir ensemble ce film, et puis encore tant de choses que tu voudrais lui faire partager, et si ton corps vibre à l'idée de la toucher et de l'emmener sur les rives du plaisir - je te fais rougir tu vois bien! -, alors y a pas de doute, toi tu l'es!

Si tu es sincère avec toi-même tu sauras répondre, tu sauras qui t'attire depuis longtemps et qui t'illumine et te fait rêver. Même si tu n'as encore jamais touché une femme de ta vie tu sauras. 

Quant à toi qui aimerais bien savoir si Elle, Elle l'est, branche ton gaydar et observe comment elle te regarde, si elle est troublée en ta présence, et si elle cherche ta compagnie plus que celle des autres. Oui parce que c'est comme pour les hétéros chez nous, les rencontres se font de la même façon et quelqu'un qui te regarde avec insistance et qui aime ta présence, c'est déjà un indice. Et puis cherche en elle un je ne sais quoi de différent, une affirmation d'elle peut-être, une farouche autonomie, tout indice qui te dit qu'elle se vit sans homme et que cela ne lui pose aucun problème, qu'elle est bien dans sa vie comme ça. Déguste vos premiers moments, ils sont uniques et tellement exaltants! A toi de te débrouiller pour la suite, je vais pas te faire tout le boulot non plus!

 

English version (condensed)!*

How to recognize a lesbian? 

It is one of the Google requests which led onto my blog a few days ago! And this request was formulated several times!

Whether it comes from a heterosexual man's fantasm of two-women-together and especially… with him! -- if such the case, let's not give a damn of him.

Whether it comes from a curious heterosexual lady, not so sure to be hetero since she was turned on by a collegue or her new friend, with whom she has been spending so much time those days but-what-happens-to-me-what?

Or, much more probable finally, it comes from a young, very young woman who is questioning herself “Am I one or not, how to see it, am I seen like it?

Well the very problem is precisely that you can't recognize a lesbian.

Yes it is true, some are very mannish girls, wearing guy clothes, short-haired and playing football, they are the Anglo-saxon “butch” lesbians. Sometimes kind of trans (for the afficionadas, see Moira/Max), sometimes they definitely change category, becoming a trans hétéro!

Yes, there are on the contrary very girly and provocative long-haired chicks, kind of “hey man, don't believe you turn me on, sorry my coconut, all this is not for you, it is for my own girl ! ”, they spend an incredible time sticking to fashion and checking their make up, they are the Anglo-saxon "fem" lesbians: cf. The L Word, you'll see a lot of them in action, no I DIDN'T mean especially sex action!

Most lesbian women are like heterosexual, classic or sport, shy or shameless, vulgar, old before age, educated or illiterate, unspecified ones, they look like the way they like it and they are not so different from straight people!

In short they are women, especially and first of all WOMEN.

There are very male women who are full heterosexual and there are perfectly undetectable queer women! We were so long used to hide and pass unperceived as inevitably, you do not even see us! Especially if you are pure traditionalist heterosexuals!

I will think of that young person who would like to know who she is or if that other girl is also a lesbian: the main point to fall in love is how to recognize others, see?

So look at yourself in the mirror of your conscience and then admit that your heart beats for that girl met the other day, and that you mostly dream of spending all your time with her, and to share and do things with her! Moreover, if your body vibrates at the idea of touching her and making her glide on the banks of the pleasure - I've made you blush, haven't I? -, then have no doubt, you are a lesbian and it is NOt a crime! If you are sincere, you will know the answer: who you are attracted by, who illuminates you and makes you dream. Even if you've never touched a woman in your life yet, you will know.

As for you who would like to know if She is it, connect your gaydar and observe how She looks at you, if she is upset in your presence, and if she seeks for your company more than the one of others. Yes, homo affairs are just like hetero affairs: dating occur in the same way and somebody who looks at you insistantly, who likes your being there a big lot, it is already a clue! And then, if you perceive kind of a different attitude, like self-assertion, or perhaps savage autonomy, any clue that indicates that she lives without the need of a man and feels quite good like that, you've got it. Enjoy and taste your very first moments, they are single and so exciting! For the rest of it, I think you will manage perfectly well without my help, won't you?

* Certains posts en bilingue, à partir de today! J'corrigerai les fôootes demain, trop sommeil zzzzzz....

07 avril 2007

Magie du net

Cette semaine, j'ai regardé mes stats - souvent j'oublie de consulter ce truc, pas le temps - pour voir d'où vous veniez. J'y ai lu que vos dernières visites provenaient de 11 pays différents: France, Belgique, Suisse, Canada, Italie, USA, Colombie, Espagne, Maroc, Algérie et Tunisie! Je trouve ça magique! Communiquer et partager avec des personnes du monde entier, je ne me lasse pas de trouver cela merveilleux! Et il me plaît de vous imaginer hétéro en quête d'ouverture d'esprit et de coeur, ou lesbienne venue rencontrer une soeur proche ou lointaine. Merci de me rendre visite, vous êtes les bienvenu(e)s!

02 avril 2007

" The " débat

La France franchira-t-elle le pas
du mariage homosexuel ?

 

Les sondages sur le mariage homosexuel et l’homoparentalité se succèdent... Les élections approchent...

Le projet socialiste s’engage à ouvrir le mariage et l'adoption aux couples homosexuels en 2007. Même Ségolène Royal, longtemps réticente, se déclare prête à appliquer les engagements de son parti.

Le ministre de la jeunesse et des sports, Jean-François Lamour s'est déclaré favorable au mariage gay. Mais côté UMP, c'est l'opposition * à ces mesures qui domine. Rappelez-vous le nombre de signataires de la majorité pour le "Manifeste pour le droit fondamental de l’enfant à être accueilli et de pouvoir s’épanouir dans une famille composée d’un père et d’une mère" lancé par le député Jean-Marc Nesmes. Tout au plus, le gouvernement s’accorderait pour une "amélioration du PACS"…

 

Les termes du débat

A priori homophobes et arguments contraires se bousculent:

L'argument juridique: le mariage est dans son principe l'union d'un homme et d'une femme.;
L'argument religieux: le Pape Benoît XIIIetIII a réaffirmé récemment sa condamnation du mariage homosexuel.
L'argument du faux débat: Il ne s'agirait pas d'une vraie demande des homosexuels… Pourtant dès 1991, les associations homosexuelles demandaient pourtant "l'égalité sur les droits liés au mariage et au concubinage hétérosexuel" dans leur premier livre blanc.
L'argument faussement rebelle: " Pourquoi les homos iraient-ils s'embêter avec une institution aussi ringarde? "Rarement issues des associations, ces déclarations confortent la vision de l'homo sexuellement hyperactif et éternellement anti-conformiste… bref d'une personne différente. Si le mariage est ringard, pourquoi ne pas laisser chaque couple homosexuel ou non en décider ? La véritable égalité ne passe-t-elle pas par le libre choix ?
L'argument de l'homoparentalité: derrière la légalisation du mariage se dessine un autre débat, celui de l'adoption d'enfants par des parents homosexuels. C'est sans doute là que réside la pierre d'achoppement, le véritable bouleversement des repères de notre société.
 

L'homoparentalité : une remise en cause difficile

En France, l'adoption est aujourd'hui ouverte à toute personne âgée de plus de 28 ans ou à tout couple marié présentant des garanties d'équilibre pour l'enfant (article 343-1 du code civil). Rien n'interdit donc en théorie l'adoption pour des couples homosexuels, même si dans les faits cela s'avère souvent difficile. La légalisation du mariage des homosexuels pourrait faciliter les démarches.

La société s'interroge sur les éventuelles répercussions psychologiques pour les enfants adoptés, les conséquences de l'absence de "repères classiques" sur leur équilibre affectif et même leur orientation sexuelle **… Actuellement, plusieurs études semblent attester d'un développement comportemental et psychologique identique à celui des enfants de couples hétérosexuels. Menées à petite échelle, elles n'apportent cependant pas de conclusion indiscutable ***. Dans une interview accordée à l'Humanité, le sociologue et directeur de recherche au CNRS Jean-Claude Kaufman estime que le risque principal pour ces enfants est la réaction des autres **** : " La société est-elle prête à accepter des familles qui révolutionneraient tous les repères habituels ? Il est certain que si l'enfant s'entend dire par ses copains dans la cour de récréation "t'as deux papas, t'as deux mamans" et que les parents, derrière, alimentent les critiques, le môme peut en subir les effets négatifs ".

 

La vraie question: la société est-elle prête à accepter ces bouleversements ? *****

Selon un sondage Ipsos-Têtu, 61 % des Français sont favorables au mariage homosexuel mais 55 % sont contre l’adoption.
Un sondage BVA-le Figaro-LCI retrouve les mêmes proportions : 60 % des français sont favorables au mariage gay et 48 % favorables à l’adoption pour les couples homosexuels.

 

Et vous, qu’en pensez-vous?

 

* l'opposition est dans la majorité mouhahahaha!

** ça m'amuse toujours beaucoup cette crainte, tous les homos que je connais sont issus du mariage d'un homme et d'une femme, pour la plupart hétérosexuels pur porc!

*** ça aussi ça me fait doucement rigoler, aucun couple hétéro de ma connaissance ne se voit objecter/imposer tant de choses avant de faire un gosse, ils le font et après ils se débrouillent comme ils peuvent. Et ce n'est pas toujours au mieux!

**** que celui qui n'a jamais été emmerdé dans une cours de récré leur jette la première pierre!

***** heureusement qu'on n'a pas attendu l'avis des couards et des cons de la société pour faire des progrès, sinon on aurait pu attendre longtemps!

26 mars 2007

Babyji

Abha Dawesar

Abha_dawesar_nb_001 À 33 ans, elle est l'auteur indien qui dérange. Avec Babyji, premier roman traduit en français, Abha Dawesar met en scène l'homosexualité féminine et la frénésie de séduction.

Votre héroïne est une lycéenne qui séduit une femme divorcée, puis laEho_dawesarc_1 servante de sa maison, et initie enfin à ses jeux la plus jolie fille de sa classe. Comment ce roman a-t-il été accueilli en Inde, que l'Occident imagine très puritaine?

L'Occident n'a pas forcément une vision très perspicace de l'Inde. Qui d'ailleurs, peut sérieusement prétendre saisir ce pays dans la totalité de ses cultures, de ses langues, de ses populations? L'Inde est traversée d'une quantité de contrastes, à mon avis sans équivalents dans le monde. C'est un pays jeune où plus des deux tiers des habitants ont moins de vingt-cinq ans : cela se répercute évidemment sur les mentalités. La croissance économique, le développement de technologies, l'arrivée des chaînes satellitaires, ont été facteurs de bouleversements importants. Mes personnages et le milieu dans lequel ils évoluent - la moyenne de Delhi - expriment ces changements. L'accueil réservé à Babyji a été triomphal.

Les contradictions qui agitent la société indienne sont au coeur de votre roman.

Imaginez le gouffre qui sépare le monde dans lequel vit un paysan des jungles de la frontière birmane de celui d'un cadre supérieur habitant une grande ville. Et à l'intérieur d'une même ville, ces contrastes sont encore très vifs. En deux minutes, mon héroïne peut passer de sa maison au confort tout occidental à des bidonvilles sans électricité ni eau courante... Elle est entourée de femmes qui se sont arrachées aux pesanteurs sociales et culturelles: sa mère travaille, son amante a divorcé et élève seule son fils. Babyji et ses amis feuillettent des magazines "osés" en classe et regardent des adolescents s'embrasser à la télévision. Pourtant, il est toujours très mal vu, pour une fille, d'avoir un petit ami et il est rare que les gens se marient par amour. Les femmes s'émancipent peu à peu, mais nombreuses sont encore celles qui sont battues par leur mari. L'Inde est un pays complexe où l'apparente pudibonderie des moeurs est constamment démentie par ses traditions religieuses ou culturelles. Voyez sa littérature ou certains de ses temples aux abords desquels trônent des symboles phalliques et qu'ornent d'explicites scènes d'amour en relief. C'est cette terre de tous les paradoxes que je veux mettre en scène.

Propos recueillis par Patrick de Sinety.

Vu sur le blog des Editions Héloïse d'Ormesson

Abha Dawesar était sur France Inter dans l'émission Cosmopolitaine d'aujourd'hui. Voici le lien pour écouter l'émission:

24 mars 2007

Fallait-il des preuves?

Le cerveau:
le siège de l'orientation sexuelle ?


Le cerveau des lesbiennes et des femmes hétérosexuelles réagirait différemment aux phéromones, suggère une étude suédoise parue dans la dernière édition de Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS). La réaction cérébrale des lesbiennes à une hormone féminine ressemblerait davantage à celle des hommes hétérosexuels. « Cependant, les lesbiennes ne répondent pas aux phéromones exactement de la même façon que les hommes hétérosexuels », précise le Dr Ivanka Savic (Stockholm Brain Institute).

« Ces données suggèrent qu’il y a des différences entre la sexualité féminine et masculine » ajoute Savic qui, avec ses collègues, ont demandé à 12 femmes hétérosexuelles et 12 femmes homosexuelles de respirer différents concentrés de stéroïdes : l’hcg, un dérivé de l’œstrogène présent dans les urines des femmes enceintes, et l’AND, un dérivé de la progestérone. Les scanners du cerveau ont montré que chez les femmes hétérosexuelles, l’hypothalamus antérieur a réagi à l’AND, alors que l’hcg a uniquement activé la région olfactive. Chez les femmes homosexuelles, aucune de ces deux odeurs n’a activé l’hypothalamus antérieur ; seul la région olfactive a réagi.

Les chercheurs en concluent que ces stimuli produisaient différentes réponses dans l’hypothalamus antérieur selon l’orientation sexuelle différente de la femme. Les résultats confirment également la théorie selon laquelle l’hypothalamus antérieur jouerait un rôle dans les préférences sexuelles.

La même équipe de chercheurs avait découvert, il y a un an, que le cerveau des hommes homosexuels avait une réponse similaire à celui des femmes hétérosexuelles à une hormone sexuelle mâle.

Vu sur Santé-AZ au Féminin

(article de mai 2006) 

Et bien, on s'en doutait un peu que les femmes ne fonctionnaient pas comme les mecs, ni les homosexuelles comme les hétérosexuelles! Combien leur faudra-t-il de certitudes scientifiques prouvant les différences entre les humains pour qu'enfin tous s'acceptent les uns les autres?

Encore heureux que c'est au fin fond du cerveau que se niche la "preuve", car sinon on pourrait bien craindre le pire!... Voyez ce que je veux dire? Il y a bien des dingues qui souhaitent qu'on découvre que l'homosexualité est génétique, comme ça ils pourraient envisager un "traitement"! Je crois qu'on peut dormir sur nos deux oreilles car ces travaux n'aboutissent pas... 

19 mars 2007

Jouissif!

Je suis totalement pour le mariage entre catholiques. Je crois que c’est à la fois une erreur et une injustice que de leur refuser ce droit.

    Le catholicisme n’est pas une maladie. Même si beaucoup de gens les rejettent ou les trouvent bizarres, les catholiques sont des personnes normales et doivent pouvoir jouir des mêmes droits que les autres, par exemple les informaticiens ou les homosexuels.

    Je suis conscient que beaucoup des comportements des personnes catholiques, tels que leur attitude presque maladive face au sexe, peuvent nous sembler étranges. Je sais aussi que l’on pourrait employer des arguments de santé publique, comme leur dangereux et délibéré rejet du préservatif… Enfin je n’oublie pas que beaucoup de leurs coutumes, comme l’exhibition publique d’images de corps torturés, peuvent heurter certains.

    Mais tout cela, qui du reste relève davantage de l’image médiatique que de la réalité, n’est pas une raison pour leur interdire l’accès au mariage.

    Certains affirment qu’un mariage entre catholiques n’est pas vraiment un mariage, parce que pour eux il s’agit d’un rituel et d’un précepte religieux devant leur dieu, au lieu d’être une union entre deux personnes. De plus, étant donné que la procréation en dehors du mariage est fermement condamnée par l’Église, certains considèrent qu’en autorisant le mariage aux catholiques, le nombre de mariages dus aux qu’en-dira-t-on
augmenterait, ou que beaucoup ne se marieraient que par recherche du sexe (que leur religion interdit hors du mariage), augmentant du même coup la violence domestique et la déstructuration des familles.

    Mais il faut rappeler que tout cela ne se passe pas uniquement chez les familles catholiques, et que comme nous ne pouvons pas nous glisser dans leur esprit, nous n’avons pas à leur faire de procès d’intentions.

    D’autre part, ceux qui disent que le mariage entre personnes catholiques n’est pas un mariage, qu’il faudrait trouver un autre nom, ceux-là ne font que dévier le débat vers des questions sémantiques qui ne sont pas l’enjeu essentiel : même si c’est entre des catholiques, un mariage reste un mariage, et une famille reste une famille.


    Et par cette allusion à la famille je passe au deuxième sujet, peut-être encore plus polémique ; j’espère que mon opinion n’apparaîtra pas trop radicale : je défends également la possibilité pour les catholiques d’adopter des enfants.

    Je sais que beaucoup vont être scandalisés par cette position. Il est probable que certains s’exclament sur le mode "Comment ? Des enfants adoptés par des catholiques ? Mais ces enfants pourraient finir catholiques à leur tour !" .

    Voici ce que je réponds à ce type de critiques : s’il faut bien reconnaître que les enfants de catholiques ont une probabilité largement supérieure à celle des autres enfants de se convertir au catholicisme (à la différence de ce qui se passe avec l’informatique ou l’homosexualité par exemple), je viens de le dire et je le répète : les catholiques sont des personnes comme les autres.

    Malgré les opinions de certains, il n’y a pas de preuves concluantes qui démontrent que les parents catholiques seraient moins capables que les autres de bien éduquer leurs enfants ; rien ne prouve non plus que l’ambiance religieuse d’un foyer catholique ait une influence négative sur l’enfant. Et de toute façon, les services d’adoption décident au cas par cas, et leur travail consiste précisément à évaluer les qualités des parents potentiels.

    Pour conclure, et contre l’opinion de certains milieux, je crois que nous devons permettre aux catholiques d’accéder à ces deux droits fondamentaux que sont le mariage et l’adoption. Exactement comme on le permet aux informaticiens et aux homosexuels.

 

Ce texte est extrait d'un post jubilatoire du blog de Mathieu


À la suite de l'arrêt rendu par la Cour de Cassation qui annule le mariage célébré à Bègles entre Stéphane Chapin et Bertrand Charpentier, ce billet a circulé en Espagne. C'est sa traduction par Mathieu, journaliste français à Madrid: vous pouvez vous en régaler avec délices. Merci à lui.