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27 novembre 2006

Chose promise (2)

... (suite) ...
 
Donc fraîchement majeure à 19 ans, avec mon pécule en poche, je suis partie. Qui plus est, ce que je n'avais mais alors absolument pas prévu!... avec un garçon, rencontré durant l'été. Désolée de décevoir certaines d'entre vous qui m'imaginaient peut-être déjà en train de convoler avec la demoiselle de mes rêves  - ou des vôtres! -, là vous devrez encore attendre... un peu!
 
Il était doux et très féminin, ce qui explique beaucoup de choses et notamment que cette relation ait pu exister, il était étranger donc original à mes yeux, ce qui est souvent nécessaire pour m'attirer, et surtout je lui ai plu alors qu'il ne faisait que m'amuser, et m'étonner aussi car différent de ceux que je fréquentais à la fac. Je n'aurais sans doute jamais envisagé notre relation sous l'angle de la séduction s'il n'avait fait lui-même le premier pas!
 
Originaire du Moyen-Orient - nan ce n'est pas Bennnladennn! Appelons-le Pharaon... - il avait 19 ans lui aussi et je lui dois... ma première approche positive de l'homosexualité! Dans son pays en guerre - oui je sais je n'ai pas froid aux yeux, j'ai donc passé pas mal de temps là-bas - j'ai rencontré un de ses cousins que j'ai d'abord pris pour une fille! Bagousé à tous les doigts, djellaba à la limite de la robe ou tailleur de femme à longueur d'année, le visage rond et doux et le cheveu bouclé, ce garçon d'environ 25 ans vivait depuis près de dix ans avec un autre homme à peine plus âgé que lui, fin mais viril, aussi brun qu'il était blond. Cousin Germain et lui logeaient dans un grand appartement confortable appartenant à leur grand-mère; Cousin Germain y exploitait ses talents de femme au foyer et de décoratrice née pour le plus grand bonheur de son compagnon, intellectuel au grand coeur qui préférait s'échiner dans un emploi lucratif puis rentrer enfiler ses babouches et se lover dans les bras de son chéri en fin de journée. Nous avons été reçus royalement chez eux et je m'entendais si bien avec eux que Mère-grand rêvait de me voir épouser Cousin Germain, il faut croire qu'elle n'y voyait plus très bien cette brave vieille.
 
Voir ce couple vivre m'a fait du bien, même s'il m'a fallu beaucoup de temps pour accepter que mon destin risquait de ressembler au leur. Au moins leur vie était simple et personne ne les jugeait, Cousin Germain était "comme ça" depuis toujours et son compagnon était fort apprécié de toute la famille. Il fallait seulement ne pas en parler auprès de certains vieux qui ne comprendraient pas ou ne voulaient pas comprendre. Il semblait d'ailleurs que Cousin Germain fût plus perçu comme une femme que comme un homme!
 
J'y appris aussi incidemment que Pharaon n'avait pas fréquenté que les dames à une époque (poussé par son cousin ou pas, nobody would tell) et qu'il ne tenait pas précisément à ce que je le sache. Décidément je ne cessais de buter dans ce que je me refusais à voir en moi! Mon passage dans ce pays m'a également fait côtoyer de près la très grande misère. Après ça on ne peut plus voir le nôtre avec le même regard et on se plaint un peu moins chez nous.
 
Après plusieurs allers-retours, de nombreuses lettres et quelques avions plus loin, j'ai fini par rentrer en France en ramenant Pharaon définitivement dans mes bagages et en décidant de l'épouser, puisqu'après tout j'étais capable de mener une vie "normale" et qu'il ne pourrait pas rester longtemps en France avec son visa d'étudiant de toute façon. Même si ce n'était pas le paradis avec lui, bien qu'il fût capable de tendresse et m'aimât très sincèrement, je ne me voyais pas recommencer avec un autre. De toute façon, les hommes continuaient à ne pas m'attirer et les femmes continuaient à m'émouvoir, ce que je ne voulais surtout pas admettre et puis j'étais totalement incapable de me projeter dans une relation avec une femme.
 
Ce mariage allait me donner un statut, on allait m'appeler Madame, me considérer et je comptais bien sur ma nouvelle situation pour limiter la main-mise maternelle sur ma vie.  La question des enfants ne se posait pas, je n'en voulais pas encore m'estimant trop jeune; j'argumentais volontiers sur notre monde pourri, 68 avait fait son oeuvre, ce qui m'évitait bien des questionnements. Avec le recul je pense surtout qu'on ne m'avait pas donné suffisamment le goût de la vie pour que je puisse une seule seconde m'imaginer la donner moi-même. J'allais surtout me protéger de mes émotions, me mettre à l'abri de moi, de ma famille, de mes conflits intérieurs. Comme quoi on peut se marier pour de très mauvaises raisons...
 
J'ai fait donc jouer quelques relations familiales pour activer sa naturalisation, et nous nous sommes mariés par un automne pluvieux, il y a eu 30 ans cette année. Je me souviens si clairement de la signature en mairie, je pensais "Happy, tu es en train de faire une hénaurme connerie! Bon ok, fais-là puisque tu y tiens tant. Malesh!"
 
Trois mois plus tard, dans le cadre de mon travail, je rencontrai la femme avec laquelle j'allais passer sept ans de ma vie!
 
(...à suivre...)

06 novembre 2006

Quand on s'appelle "héritier"...

Françoise Héritier,

 

sur le mariage homosexuel
et les questions de parenté

 

Anthropologue, a été directeur d’études à l’EHESSS puis professeure honoraire au collège de France, où elle a enseigné l’étude comparée des sociétés Africaines de 1982 à 1998. Pour ses travaux sur le fonctionnement des systèmes semi complexes de parenté et d'alliance, Françoise Héritier s'est vue décerner en 1978 la médaille d'argent du CNRS au titre des Sciences humaines. Disciple de Claude Lévi-Strauss et auteur de "Masculin/Féminin", Françoise Héritier est aujourd’hui l’une des figures les plus importantes de sa discipline. Elle a également été présidente du Conseil national du sida et membre du Comité consultatif national d’éthique.

 

"Aujourd’hui, l’obstacle au mariage homosexuel n’est plus que de nature législative et concerne la représentation que s’en font les sociétés.
Les choses peuvent changer institutionnellement quand elles deviennent « pensables » par les populations. Grâce au PACS, les choses sont devenues « pensables ». Le PACS a entraîné l’égalité et la démocratie entre les sexes. Désormais, on admet les unions homosexuelles. Le mariage interviendra certainement bientôt. La pente qui fait augurer que cet événement arrivera découle du fait qu’il est devenu pensable. "

 

"Un modèle existe dans nos sociétés, mais il n’est pas définitif, et il est même en ce moment en train d’évoluer. L’observation de la différence sexuée n’est pas porteuse de hiérarchie. De nouveaux modes de pensée vont progressivement être mis au point, modes où il y aura toujours un modèle binaire de pensée mais qui ne sera pas nécessairement un modèle hiérarchique. Ce modèle ne sera pas porteur en lui même d’antinomie face au mariage homosexuel."

 

"Il serait plus sage et moins injuste de donner à tous les couples les mêmes droits en matière de parentalité, en explicitant les divers moyens autorisés pour avoir des enfants. S'agissant de l'engendrement, même si le droit français s'oriente de plus en plus vers une définition bilogique de la filiation, celle-ci est d'abord et avant tout l'expression d'une reconnaissance sociale. Et la parentalité , si elle n'est pas liée à la filiation biologiquement fondée l'est à la volonté, critère auquel il faudrait donner toute sa place. Nous ne devons pas avoir peur de l'innovation sociale, expression du génie humain. Ces reconfigurations plus généreuses que les anciennes sauront s'accommoder de nos problèmes de modèles parental et même de notre inconscient."

 

Pour en savoir plus:

http://sciencespo2005.free.fr/anthropologie/francoise_her...

et aussi:
 
et encore:

18 octobre 2006

Un peu de lecture...

...pour les jours de pluie.

 

Lu sur Wikipedia

Rappel de cuti

Une petite visite sur France 5?

"Ripostes"

 

Et nous alors, ce mariage...

on l'adopte quand? 

20 septembre 2006

Chose promise, chose due

Je suis née dans les années cinquante. J' étais donc une enfant du baby boom.

J'ai grandi dans la proche banlieue parisienne.

Ma petite enfance? J'ai le souvenir de murs sombres et de boutiques tristes, de gens vêtus de vêtements noirs ou gris: à l'époque une femme de quarante ans avait l'air d'une vieille! 

Dans ma mémoire le monde s'est coloré à partir de soixante-huit. Et pas seulement de fleurs! Quand à la télé couleur, ce n'est que beaucoup plus tard que j'ai fait sa connaissance. Malheureusement pour moi je grandissais dans une famile très stricte et dans une école dite "religieuse" (c'est-à-dire où l'on enseigne le culte de l'hypocrisie) et mon 68 à moi, c'est plus tard que je l'ai fait!

Seule enfant de père divorcé et donc non remarié à l'église, on me montrait du doigt en classe. Heureusement que de l'eau a coulé sous les ponts depuis! Et comme ça au moins la discrimination je connaisssais déjà!

Enfance studieuse auprès d'une mère aimante et d'un père peu présent. Difficultés matérielles importantes quand il a perdu son emploi dans l'entreprise familiale rachetée par un concurrent, difficultés avec ses autres enfants dont il avait la garde, garde dont il s'est bien vite délestée auprès de sa mère (j'aimerais bien connaître ses motivations dans le fait d'infantiliser ses fils à celle-là, mais ça je ne pourrai plus jamais le lui demander, là où elle est...), cet homme n'a jamais été un éducateur et est toujours resté un enfant dans le fond. C'est pour d'autres raisons que je l'ai aimé, bricoleur de génie, inventeur, chasseur, pêcheur (il nous a tous contaminés!), mais aussi détesté, comptable dans l'âme (beurk), infidèle (rebeurk) et alcoolique (là je gerbe).

Et j'ai grandi et mûri et mes différences déjà palpables avant se sont accentuées, ce qui a eu pour effet de transformer ma mère en harpie, parce que je ne devenais pas la poupée modèle dont elle rêvait. Engueulades incessantes, brimades, menaces, coups, rien n'y fit. A part une baisse de performances scolaires durant deux ans et la décision de travailler bien mais sans plus par la suite, je continuais en dépit de tout à me chercher, à me comprendre et à ne pas céder à ses injonctions. Non moi j'aimais toujours les fringues de mec, les jeux de voiture en attendant d'en avoir une vraie rien qu'à moi, je ne comprenais rien aux usages prévus pour les jeunes filles de bonne famille, rien aux centres d'intérêt de la majorité des gamines de ma classe: maquillage, nouveaux panties et sous-tifs, messes basses sur les mecs en ricanant, etc...

Non, moi j'adorais jouer de la musique avec B. qui je l'ai appris bien plus tard, s'est avérée être aussi lesbienne, j'aimais parler voyage ou montagne avec mes copines, celles qui préféraient le sport à la drague, la musique au paraître, la littérature et les arts à la superficialité. En même temps que mes goûts pour la musique, les sciences et les lettres s'affirmaient, j'étais capable de passer tous mes cours de géo (sachant que j'étais et suis toujours une tache en géo, y a que les voyages qui m'apprennent quelque chose!), je passais donc des heures à me fondre dans les yeux bleus de Mademoiselle notre professeur, au visage en couteau mais aux yeux si beaux, uniques, même Michèle Morgan peut aller se rhabiller!

Et je me débrouillais aussi avec un certain bonheur pour entraîner les autres dans des causes humanitaires avant que ce soit la mode, je  dévorais quantité de livres, dont mes premiers de psycho vers 14/15 ans et je rêvais de refaire le monde à défaut de le sauver, sans mettre de nom sur mes premiers émois, sur mes attachements. Tant de choses étaient tabou! J'avais bien trouvé des allusions à l'homosexualité dans certains bouquins, mais la "chose" était présentée de façon si noire, les destins semblaient si malheureux, la névrose si sombre, comment pouvais-je m'identifier à ces gens?

Alors je me contentais de rêver de prouesses professionnelles, d'indépendance, de sports interdits par ma mère si inquiète de mon sort et d'une fille que décidément elle ne comprenait pas. Je partageais avec les garçons de nombreux goûts sans jamais m'inquiéter de mon absence d'attrait physique pour eux. Jusqu'au jour où ma mère, femme "adorable", suite à une altercation avec la mère d'un jeune de mes amis (qu'elle envisageait va savoir, peut-être comme futur gendre...), ma mère donc me traita d'asexuée, et me menaça d'internement (rien que ça!). Qu'auriez-vous fait? Oui? Vous aussi? Exactement, j'ai fermé ma gueule. Et j'ai grandi en me jurant bien que dès que possible, je partirais de là et que je mènerais ma vie quelle qu'elle soit. C'est ainsi que j'ai commencé à la gagner, avec de petits boulots étudiants, et à économiser, tout en me promettant de partir dès mes vingt-et-un ans. J'avais tout juste 15 ans!

Je fus majeure à 19 ans grâce à la loi du 07-07-1974. Le mois qui suivit mon anniversaire j'étais partie.

(... à suivre ...) 

PS: si ça vous gave, je ne continuerai pas!

12 septembre 2006

Homophobie: un mort de plus!

Nous venons d'apprendre le décès de Dominic L., qui avait été agressé à coups de crosse de fusil, chez lui, la nuit du jeudi 6 au vendredi 7 juillet à Parentis-en-Born (Landes).

Cette nuit-là, un voisin avait pénétré par effraction dans le domicile de Dominic L., armé d'une carabine 22 LR. Réveillés par le bruit, le sexagénaire et son petit ami s'étaient retrouvés face au voisin. Les gendarmes, alertés par le petit ami qui avait réussi à prendre la fuite, avaient découvert le corps inanimé de Dominic L., la boîte crânienne défoncée. La victime avait été évacuée sur le CHU de Bordeaux.  L'agresseur, interpellé peu après l'agression, avait été déféré devant le parquet de Mont-de-Marsan, et mis en examen pour «tentative de meurtre à  raison de l'orientation sexuelle de la victime», placé sous mandat de dépôt et incarcéré à la maison d'arrêt de la ville. L'instruction  judiciaire est en cours.

L'association landaise G2L (Gays et lesbiennes des Landes) et SOS homophobie se sont rapprochées afin d'étudier une constitution de partie civile.

G2L et SOS homophobie dénoncent ce nouveau meurtre et présentent leurs condoléances à la famille et aux proches de la victime.

Toute personne pouvant apporter des informations sur la victime, désirant un soutien suite à ce meurtre ou souhaitant soutenir les associations dans  leur combat peut contacter G2L ou SOS homophobie.

Ce meurtre fait partie des nombreuses agressions physiques recensées pendant l'été par SOS homophobie et qui faisaient l'objet d'un précédent communiqué, disponible sur son site.

Contact:

SOS homophobie c/o CGL, 3 rue Keller, BP 255, 75524 Paris cedex 11 

www.sos-homophobie.org


Ligne d'écoute anonyme : 0810 108 135 ou 01 48 06 42 41

Secrétariat presse : 06.28.32.02.50

sos@sos-homophobie.org


G2L : 05 58 06 45 56

30 août 2006

La coparentalité, ça l'fait!

Si vous ne connaissez pas déjà cette petite merveille, n'hésitez pas à y faire un tour! 

Et un site sur la coparentalité, un!

09 août 2006

Soyons clairs

Juste une mise au point... 

Une fois de plus,  j'ai entendu qu'il y a des hommes et des femmes et que, je cite, "on a le choix". Comme si être homosexuel, c'était faire un choix! De là à dire qu'on aurait pu l'éviter, il n'y a qu'un pas, que certains n'hésitent pas à franchir d'ailleurs (cf. les délicieux rapports que j'entretiens avec ma belle-famille, par exemple). Soupir....

Ben non!

Comme je ne vis pas en ghetto homo, il y a autour de moi, parmi mes amies et relations, des femmes que la bite et les couilles font courir, que les hommes font fondre et qui se damneraient pour qu'un mec les plaque sur leur torse viril et velu! Il y a des femmes qui fondent pour ce mec en admirant sa fragilité affective et sa maladresse "si touchante" (je cite) à exprimer ses émotions, même si le même mec les fait chier à mort dix ou vingt ans plus tard, parce qu'il en est toujours au même point, que ce n'est plus touchant, mais crispant à hurler, voire que ça a creusé un fossé infranchissable entre eux deux et que c'est la guerre tous les jours. Heureusement pour mes copines, certaines ont trouvé la perle rare, le gars vraiment attentionné et humain, et sont très heureuses en couple. Oui, oui, je rassure les hétéros célibattantes, ça existe, mais ne vous faites pas trop d'illusions, celles qui en ont trouvé un comme ça ne sont pas près de le lâcher! (Comment ça je vous déprime???)

Et puis il y a les nanas comme moi. Nous, ce n'est pas ça qui nous fait courir. Nan. Nous, c'est le sourire d'une femme, la douceur de sa peau, le velours de son sexe, son plaisir, sa joie et son abandon dans nos bras. Et c'est de lui offrir la pareille. Les mecs, on ne leur veut pas de mal, non, non. Mais on n'en veut pas dans notre lit, dans nos bras, contre notre peau. Pourquoi c'est comme ça? Parce que c'est comme ça. En tout cas, ça fait un bout de temps que je ne me pose plus la question! Pourquoi t'aimes les haricots verts toi et d'autres pas, hein?

Et puis chaque matin je me réveille auprès de mon aimée et c'est la fête et la joie renouvelées. C'est une nouvelle journée de bonheur qui commence. Si parfois elle commence avec des peines et des larmes, parce que la vie n'est pas toujours tendre, c'est ensemble que nous les traversons et cela rend tout plus léger et accessible. C'est Elle et personne d'autre, parce qu'Elle est la plus belle aux yeux de mon coeur, parce qu'auprès d'Elle je suis en paix. Parce que La voir et La faire sourire sont deux très bonnes raisons de vivre. Je m'y sens à ma place. Je suis arrivée là où je puis ETRE enfin pleinement. Et seule une femme déclenche en moi cette magie et cette rencontre avec l'amour. Tant pis si ça vous dérange, je ne crois pourtant rien faire qui choque la morale. 

Alors non, ce n'est pas un choix. CELA EST.

Un point c'est tout. 

19 juillet 2006

Drame hétéro

Hier après-midi. Rendez-vous chez le médecin, un problème de kystes aux seins qui me gave (et là c'est pas de la pêche à la truite!) depuis l'automne dernier, t'imagine pas comme les seins c'est un truc qui nous occupe bien depuis quelque temps, on ne s'en lasse pas.

Donc nous voilà toutes les deux dans la salle d'attente, chaleur à crever - 37° à l'ombre - , donc tête nue, celle de MaryL VRAIMENT nue bien sûr, et moi exhibant ma brosse très très courte! Comme on étouffe, nous avons mis des shorts et des chemises amples, et comme on est plutôt très grandes, ce sont des chemises de mec. Mais bon, l'une à rayures roses et l'autre dans des tons vert vif et blanc, pas masculines pour deux sous; d'ailleurs les mecs dans les magasins, ils en voulaient pas (ouais, euh, on va pas porter des chemises de PD,  etc, etc....), ce qui fait qu'on les a eues en soldes pour pas cher, gnark, gnark!

Première dame entre. Stricte, à peu près mon âge, mais elle fait facile dix ans de plus, elle (et toc!). Coup d'oeil circulaire rapide, yaknous, " bonjour messieurs" qu'elle fait cette c****  ! Ton laconique et haineux pour répondre, à peine si on lève le nez de nos journaux: "Bonjour". Première dame s'assied, nous regarde un peu mieux, comprend sa méprise. Elle devient verte, mais pas vif comme ma chemise, plutôt hépatique le vert. Son regard court de l'une à l'autre, s'arrête sur le crâne nu de ma compagne, revient au mien si faiblement garni, ça y est elle comprend ou plutôt croit comprendre: nous avons le truc là, la chose maudite, l'infâme maladie, horreur! Craint-elle la contagion ou que nous crevions sous ses yeux ébahis? Se sent-elle si affreusement coupable de sa terrible bévue? Quoi qu'il en soit, elle devient blanche comme un linge et n'ose plus lever les yeux vers nous. Elle plonge dans une revue subtilisée rapidement sur la table entre elle et nous, sans lever le nez.

Deuxième dame entre. Oui on attend assez longtemps chez notre médecin... Pimpante, petite robe à fleurs, le torse fier et l'oeil séducteur, genre veuve ou divorcée en quête de mâle. Et puis ça doit urger parce qu'elle elle est plus âgée que moi - elle fait son âge, y a pas de doute (regnark!) - et a l'air sacrément en manque! Coup d'oeil circulaire, ton mielleux: "Bonjour messieurs" et elle ignore copieusement Première Dame, qui se ratatatine un peu plus sur son siège.

En choeur et d'une voix mauvaise, tous crocs dehors comme deux pitbulls sur le point de mordre, nous répondons "b'jour". Ma brune en profite pour ajouter dans ma direction "T'as vu?" en brandissant le torchon à cancans qu'elle est en train de lire en rigolant depuis 20 minutes. Et elle déplace sa chaise pour venir plaquer sa cuisse à moitié nue contre la mienne, elle saisit ma main d'un geste super sensuel pour la poser sur la photo qu'elle veut me montrer et me regarde frémissante et amoureuse, mmmm ce regard! 

Première Dame se tasse un peu plus, on lit ses pensées sur son visage - oh non pas ça, c'est trop, c'est peut'êt' pas le cancer finalement, c'est des goudous quelle horreur!, mais r'garde-moi c'tte touche,..., pourquoi moi? - et Deuxième Dame, qui elle ne voit décidément rien, continue de nous mater, sourire allumeur aux lèvres et poitrine agressive. Doit être sans lunettes par coquetterie celle-là!

Dr Homéo est venue nous chercher, heureusement, sinon je crois bien que j'aurais explosé de rire.

Ah ces zétérotes en manque, seraient prêtes à tout on dirait ! Les pôôôôvres!

08 juin 2006

Inspiration "divine"

*Va*ti*can XIIIetIII:

Les "unions insolites" d'homosexuels et les -Bzuuutt- "attaques violentes" contreuhhhh la-fa-mil-le et le...bzzzz.... ma-ri-a-a-a-a-a-ge-ge-ge-ge tra--di--tion---neeèèè-è-llll -Bzuuutt- -Bzuuutt- sont un signeuuhhh de -Bzuuutt- "l'écli-i-i-i-i-i-i-i-i-pse de Dieu-eu-eu-eu-euhhhhh...", -Bzuuutt- 0001010001011011010101010101011-Syntax errror- c:system while reading file- Le programme a quitté l'application. "Eclipse de Dieu.exe" - error 8027A9 - Bzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzz


PS: bonjour la date du discours, mardi 06/06/06!
6-6-6!!! Oups boulette! Je biche!

31 mai 2006

Lesbiennes et cancer du sein

Voici un site à visiter absolument!

Lesbians and Breast Cancer Treatment

Je n'ai pas le temps d'en éditer la traduction pour le moment, je verrai plus tard. En attendant, si vous comprenez l'anglais, n'hésitez pas! En France sur les forums de discussion, je n'ai trouvé personne pour l'instant qui aborde le sujet de cette façon. Je sens que je vais m'en mêler...

 

PS: et un autre site, qui nous vient du Canada cette fois:

Se montrer au grand jour
Les lesbiennes et le cancer

PS2:
Pour ma part, j'ai eu un excellent contact avec le personnel médical hospitalier pour le moment. Le chirurgien m'a traitée comme une conjointe et non comme une étrangère, il m'implique dans les soins, le traitement et me responsabilise (par exemple, il m'a confié les pansements de ma belle à refaire pendant une semaine, sentant d'une part que j'en étais capable, et d'autre part que ce serait mieux qu'une personne étrangère, notre proximité rendant le soin plus plaisant pour elle aussi): vous imaginerez sans peine à quel point c'est agréable d'être si bien considérées et reconnues en tant que couple, ainsi que pour moi d'être impliquée, d'être active dans les traitements. Car le plus dur reste de me sentir impuissante parfois à empêcher/alléger les peines et les douleurs de mon aimée. Cette attitude si acceptante nous aide beaucoup.
Un seul accrochage avec une infirmière revêche, ce qui a généré une grande colère puis une grande peine en nous après un moment de stupeur où nous ne comprenions plus ce qui se passait! Colère qu'il a fallu maîtriser d'urgence pour mon L qui a eu peur d'être maltraitée par cette personne, colère puis tristesse pour moi de me voir interdire l'accès au service où elle subissait un soin. Mais nous avons décidé de ne plus nous laisser faire: si cela se reproduit, nous exigerons d'être traitées autrement!

13 mai 2006

Armes d'amour

Aux déclarations hallucinantes des trois paranoïaques notoires - j'ai nommé monsieur V, madame B et Benoît XIIIetIII -, qui voient en nous des "terroristes" seulement capables "d'unions fondées sur un amour faible" à exclure ou à bannir, j'aurais pu répliquer très méchamment. La tentation fut grande et il m'a fallu un peu de temps pour me maîtriser, je l'admets.

Mais non, ne rentrons pas dans ce jeu-là. La lutte sera associative, politique, juridique. Pour ma part sur ce blog, je continuerai à parler d'amour. Cet amour qui leur a sans doute fait si cruellement défaut qu'ils ne savent plus eux, mais alors plus du tout, aimer les autres, ni même les tolérer... Quand on a charge d'âmes ou des citoyens, ça fait désordre! Regrettable pour des politiciens et un homme d'église, profondément regrettable!

02 mai 2006

Le certif

Vendredi après-midi.

Coup de fil à la mairie de Au-fin-fond-de-la-France-profonde:

- Allo, l'état-civil? Bonjour, madame, nous aimerions savoir comment obtenir un Certificat de Vie Commune.

- Un certificat de quoi? Attendez, je me renseigne... (la dame chuchote à une collègue notre demande, la collègue visiblement au courant lui répond qu'il s'agit du certificat de concubinage).

Rassurée, ça elle connaît!, elle me répond:

- C'est très simple. Vous apportez une attestation manuscrite spécifiant que vous résidez à la même adresse, un justificatif de domicile, quittance de téléphone, eau, électricité ou autre, et surtout n'oubliez pas de vous munir de vos cartes d'identité à tous les deux. Nous sommes ouverts jusqu'à 18 heures.

Je glisse sur le "tous les deux" (ô combien cet hétérosexisme de base me navre...). Je me tourne vers ma belle qui me regarde les yeux brillants et me déclare:

- On y va aujourd'hui? J'en ai très envie. Ca mettrait du soleil dans notre journée. En ce moment, ça nous ferait du bien.

L'attestation est rédigée en moins de deux sur l'ordi, nous la signons un peu émues. Nous sautons dans nos chaussures, la voiture est devant la porte et nous à la mairie en moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire.

- Bonjour, madame. c'est moi qui vous ai appelée tout à l'heure pour le Certificat ...

Si elle est surprise, elle ne le montre pas et reste avenante. Avenante mais perdue. Toutefois elle prend nos papiers, avec un:

- Veuillez patienter, je vais chercher le formulaire.

S'ensuit une discussion animée dans le bureau voisin. A travers la porte nous percevons des "c'est la première fois que ça arrive, je ne sais pas comment faire, oui mais là on ne peut vraiment pas laisser la phrase vit-maritalement-avec (tiens donc et pourquoi ça?), faut que j'appelle le maire/un confrère/quelqu'un, et surtout, oui surtout ça, c'est le pompon, cette réflexion inimaginable: je ne voudrais pas aller en prison à cause de ça!

La dame de l'accueil réapparaît, accompagnée de la collègue, hostile, qui nous assène:

- Le formulaire ne prévoit pas cette situation. Et puis "vit maritalement avec" ne convient pas. Et il y a le PACS (sous-entendu, c'est pas chez nous, cassez-vous de mes bureaux au plus vite). Nous, nous ne sommes pas obligées de vous faire ce certificat! (Maintenant elle hurle presque) Qu'est-ce qui me prouve que c'est vrai, ce que vous me dites? Et puis pourquoi le voulez-vous d'abord, ce certificat?

Je sens que j'ai les crocs qui poussent...

- Madame, je le sais bien, la loi ne vous oblige pas à le délivrer. Je vous suggère toutefois de passer un coup de fil à Monsieur D, sénateur-maire de Z, qui nous connaît personnellement et pourra attester de la véracité de...

Dans la foulée, je tourne mon regard vers Mary qui a soudain les larmes aux yeux, et dont je mesure toute la déception si nous n'obtenons pas ce bout de papier aujourd'hui. Malgré son émotion palpable qui me retourne jusqu'aux tripes, elle prend la parole d'une voix calme, douce et ferme à la fois:

- Madame, je viens d'apprendre que j'ai un cancer et je dois être opérée dans les jours qui viennent. Nous n'avons pas le temps de préparer un PACS. Je souhaite que ma compagne puisse m'accompagner à l'hôpital et ne rencontre aucune difficulté pour rester auprès de moi, de jour comme de nuit, surtout les premières nuits (sa voix se brise un peu) pour m'accompagner dans cette épreuve. Je ne veux pas qu'à l'hôpital elle soit considérée comme une personne étrangère. Voilà pourquoi nous avons besoin de ce certificat...

La dame est ébranlée et fléchit. Elle part chercher un document que la secrétaire, qui nous regarde avec sympathie, commence à remplir pendant qu'elle téléphone. Ah bon, ce formulaire n'est plus d'actualité? Pouvez-vous me mailer le bon, merci? Bien, bien, je vais leur dire.

Elle revient triomphante:

- Ce formulaire n'a plus cours. Mais surtout, l'attestation n'est plus valable, il vous faut deux témoins. L'état-civil ferme dans moins d'une heure. Nous conservons les autres documents, revenez la semaine prochaine avec vos témoins.

Nous quittons la mairie en râlant, je sens que ma douce va avoir le moral à zéro si rien ne se passe, on remonte à la maison, et coup de chance, notre voisine de droite arrive du supermarché. Nous lui racontons notre mésavanture: elle est partante pour descendre à la mairie de suite. Dans l'intervalle, l'autre voisine sort de chez elle, je pique un sprint dans la rue (ceux qui me connaissent mesureront à quel point c'est exceptionnel!). Rapidement brifée, elle se fend d'un "Oh mais c'est sympa, ça!" qui nous réchauffe le coeur et déclare tout sourire "Je partais chercher la petite à l'école, j'y vais et nous vous attendrons devant la mairie".

Munies de nos deux témoins et d'une gamine, nous déboulons au bout de quinze minutes dans les bureaux de l'état-civil sous les yeux ébahis des employées. Contraintes de rédiger le document demandé, elles s'exécutent d'assez bonne grâce finalement et nous papotons avec nos voisines pendant ce temps. Tout le monde signe et nous repartons avec le sourire. Et surtout, je sens ma belle si heureuse!

Quand on pense que cela ne fait que quatre mois que nous habitons à cette adresse! Vous savez quoi? Nos voisins sont épatants! Et nous, on a décidé qu'après six ans de fiançailles, finalement ce PACS, dès qu'on aura un moment, on va le signer. Et on ira boire le champagne avec les voisins! Devant la mairie! Et puis quand la loi changera, on ira se marier... à la mairie!

30 mars 2006

Vous avez dit dis-cri-mi-na-tion?

Comme ça, en Grèce, les homosexuels sont interdits de service militaire et de carrière dans l'armée? Bon alors, pas de bérets verts à la Gay Pride. Ni bleus non plus. Parce que chez nous, on sait bien qu'il y en a plein, mais chuuuut faut pas le dire...

Pas de soutane non plus puisque l'Eglise ferme ses séminaires aux homosexuels. Pour les femmes c'est fait depuis longtemps, comme ça c'est clair, pas de surprise... Des mères Thérésa lesbiennes, z'en veulent suuurtout pas! L'Abbé Pierre a bien fait son p'tit scandale, mais d'ici qu'on vienne nous dire qu'il perd la tête en raison de son grand âge, il n'y a qu'un pas.

Dans les hautes fonctions, que nous reste-t-il? Ah ben oui, tiens, la politique... Mais là aussi chuuut faut pas l'dire non plus (à part quelques courageux et courageuses qui ont osé à leurs risques et périls, comme Mme Gaspard par exemple, n'oublions pas que ça lui a coûté sa carrière politique tout de même...). Et puis, d'ailleurs, vaut mieux pas non plus être femme ou de couleur dans ce monde-là, ça fait désordre. "Parce que c'est vrai quoi, les noirs et les arabes, c'est bien dans le monde du sport, mais faut pas déconner non plus et les laisser aller partout, hein? Et t'as vu la Mauresmo, elle est barraquée, dis-donc, un vrai mec!" qu'ils disaient tout bas en le pensant tout fort, les cons gens "bien" (ils ne sont pas "bons", ils sont "bien", tout est dans la nuance!)... Comme quoi la Halde c'est un début, mais les mentalités ont bien du mal à changer.

Donc résumons-nous: si tu veux accéder aux plus hautes fonctions de l'Etat, tu es homme et surtout pas efféminé, bien blanc vraiment blanc (note à moi-même, réécouter Muriel Robin), jeune et hétéro. Un tempérament carriériste serait un plus. Compétence en paniers de crabes requise. Pur beur s'abstenir. Intelligence souhaitée mais pas indispensable.

Comment ça je suis amère aujourd'hui? Attendez un peu que je m'énerve!