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27 novembre 2006

Chose promise (2)

... (suite) ...
 
Donc fraîchement majeure à 19 ans, avec mon pécule en poche, je suis partie. Qui plus est, ce que je n'avais mais alors absolument pas prévu!... avec un garçon, rencontré durant l'été. Désolée de décevoir certaines d'entre vous qui m'imaginaient peut-être déjà en train de convoler avec la demoiselle de mes rêves  - ou des vôtres! -, là vous devrez encore attendre... un peu!
 
Il était doux et très féminin, ce qui explique beaucoup de choses et notamment que cette relation ait pu exister, il était étranger donc original à mes yeux, ce qui est souvent nécessaire pour m'attirer, et surtout je lui ai plu alors qu'il ne faisait que m'amuser, et m'étonner aussi car différent de ceux que je fréquentais à la fac. Je n'aurais sans doute jamais envisagé notre relation sous l'angle de la séduction s'il n'avait fait lui-même le premier pas!
 
Originaire du Moyen-Orient - nan ce n'est pas Bennnladennn! Appelons-le Pharaon... - il avait 19 ans lui aussi et je lui dois... ma première approche positive de l'homosexualité! Dans son pays en guerre - oui je sais je n'ai pas froid aux yeux, j'ai donc passé pas mal de temps là-bas - j'ai rencontré un de ses cousins que j'ai d'abord pris pour une fille! Bagousé à tous les doigts, djellaba à la limite de la robe ou tailleur de femme à longueur d'année, le visage rond et doux et le cheveu bouclé, ce garçon d'environ 25 ans vivait depuis près de dix ans avec un autre homme à peine plus âgé que lui, fin mais viril, aussi brun qu'il était blond. Cousin Germain et lui logeaient dans un grand appartement confortable appartenant à leur grand-mère; Cousin Germain y exploitait ses talents de femme au foyer et de décoratrice née pour le plus grand bonheur de son compagnon, intellectuel au grand coeur qui préférait s'échiner dans un emploi lucratif puis rentrer enfiler ses babouches et se lover dans les bras de son chéri en fin de journée. Nous avons été reçus royalement chez eux et je m'entendais si bien avec eux que Mère-grand rêvait de me voir épouser Cousin Germain, il faut croire qu'elle n'y voyait plus très bien cette brave vieille.
 
Voir ce couple vivre m'a fait du bien, même s'il m'a fallu beaucoup de temps pour accepter que mon destin risquait de ressembler au leur. Au moins leur vie était simple et personne ne les jugeait, Cousin Germain était "comme ça" depuis toujours et son compagnon était fort apprécié de toute la famille. Il fallait seulement ne pas en parler auprès de certains vieux qui ne comprendraient pas ou ne voulaient pas comprendre. Il semblait d'ailleurs que Cousin Germain fût plus perçu comme une femme que comme un homme!
 
J'y appris aussi incidemment que Pharaon n'avait pas fréquenté que les dames à une époque (poussé par son cousin ou pas, nobody would tell) et qu'il ne tenait pas précisément à ce que je le sache. Décidément je ne cessais de buter dans ce que je me refusais à voir en moi! Mon passage dans ce pays m'a également fait côtoyer de près la très grande misère. Après ça on ne peut plus voir le nôtre avec le même regard et on se plaint un peu moins chez nous.
 
Après plusieurs allers-retours, de nombreuses lettres et quelques avions plus loin, j'ai fini par rentrer en France en ramenant Pharaon définitivement dans mes bagages et en décidant de l'épouser, puisqu'après tout j'étais capable de mener une vie "normale" et qu'il ne pourrait pas rester longtemps en France avec son visa d'étudiant de toute façon. Même si ce n'était pas le paradis avec lui, bien qu'il fût capable de tendresse et m'aimât très sincèrement, je ne me voyais pas recommencer avec un autre. De toute façon, les hommes continuaient à ne pas m'attirer et les femmes continuaient à m'émouvoir, ce que je ne voulais surtout pas admettre et puis j'étais totalement incapable de me projeter dans une relation avec une femme.
 
Ce mariage allait me donner un statut, on allait m'appeler Madame, me considérer et je comptais bien sur ma nouvelle situation pour limiter la main-mise maternelle sur ma vie.  La question des enfants ne se posait pas, je n'en voulais pas encore m'estimant trop jeune; j'argumentais volontiers sur notre monde pourri, 68 avait fait son oeuvre, ce qui m'évitait bien des questionnements. Avec le recul je pense surtout qu'on ne m'avait pas donné suffisamment le goût de la vie pour que je puisse une seule seconde m'imaginer la donner moi-même. J'allais surtout me protéger de mes émotions, me mettre à l'abri de moi, de ma famille, de mes conflits intérieurs. Comme quoi on peut se marier pour de très mauvaises raisons...
 
J'ai fait donc jouer quelques relations familiales pour activer sa naturalisation, et nous nous sommes mariés par un automne pluvieux, il y a eu 30 ans cette année. Je me souviens si clairement de la signature en mairie, je pensais "Happy, tu es en train de faire une hénaurme connerie! Bon ok, fais-là puisque tu y tiens tant. Malesh!"
 
Trois mois plus tard, dans le cadre de mon travail, je rencontrai la femme avec laquelle j'allais passer sept ans de ma vie!
 
(...à suivre...)

Commentaires

Et c'est quand la suite??? :)
Pas trop de suspens hein?!?

Écrit par : linem | 27 novembre 2006

Je l'avais bien dit qu'il y aurait des déçues!

Patience, la suite arrive, bientôt!

Écrit par : Happy | 27 novembre 2006

Coucou

Chapeau bas !
Alors comme ça tu etais déjà Happy !
Jolie !
Espérons la suite !
Bisous
Cabs

Écrit par : Cabs | 28 novembre 2006

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