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20 avril 2008

Homoparentalité et homosexualité

Éric Fassin

L'INVERSION DE LA QUESTION HOMOSEXUELLE

EXTRAIT

Introduction
La démocratie sexuelle et l'intellectuel démocratique

 

 

Ce livre s’inscrit dans une histoire, en même temps qu’il entreprend de l’écrire. C’est le recueil d’une sélection de textes publiés depuis novembre 1997, au moment où s’engage en France un débat public sur homosexualité, mariage et famille. Sans doute, en principe, s’agit-il seulement à l’époque de ce qui deviendra bientôt le pacte civil de solidarité – le PaCS, comme on l’écrit dans un premier temps. Cependant, la discussion se porte aussitôt au-delà, puisqu’il est d’emblée question de l’ouverture du mariage et de la filiation aux couples de même sexe. Aussi le débat ne s’arrête-t-il pas avec le vote de la loi, en 1999. Sans doute le pacs entre-t-il très vite dans les mœurs, en même temps que dans la langue, en perdant ses majuscules pour devenir un nom commun en même temps qu’une réalité ordinaire. Et les adversaires les plus farouches du projet, à droite comme à gauche, se rallient rapidement à la réforme, lorsqu’il devient évident que l’opinion la soutient. Déjà, pendant le débat, nul ne se voulait homophobe; désormais, tous prétendent combattre l’homophobie. Nous voici bien au-delà du pacs.
Mais la lutte contre les actes ou les propos homophobes n’empêche pas de poser la question de l’homophobie d’État qui les cautionne implicitement – autrement dit, de l’inégalité instituée entre les sexualités, en particulier à travers le mariage et la famille. Ainsi, la mobilisation politique autour des noces de Bègles, en 2004, répond à la fois à l’actualité internationale des unions de même sexe, en écho au geste du maire de San Francisco, et à l’actualité nationale d’un fait divers, en réaction à l’agression subie par Sébastien Nouchet: le mariage célébré par Noël Mamère fait le lien entre la discrimination hétérosexiste et la violence homophobe. Les enjeux de l’homophobie d’État sont d’ailleurs révélés au grand jour, en 2005, à Rueil-Malmaison, lorsque la justice s’oppose au mariage de deux personnes de sexe opposé, l’une transsexuelle, l’autre transgenre, qui se déclarent toutes deux femmes. Si l’État écarte l’état civil, pour exiger, non plus seulement la différence de sexe, mais aussi la différence de genre, c’est bien qu’il ne s’agit pas seulement de la loi, mais des normes – de l’ordre des sexes en même temps que des sexualités. L’État n’intervient plus seulement comme garant de la loi, mais aussi de la Loi. Il s’agit bien de l’ordre symbolique, c’est-à-dire des normes qui régissent l’ordre sexuel.
Si le « mariage trans » révèle aujourd’hui une transphobie d’État, comme le « mariage homosexuel » manifestait hier une homophobie d’État, le parallèle apporte aussi un éclairage rétrospectif sur les combats qui ont accompagné le pacs dans notre pays. Aux États-Unis, quand émerge au début des années 1990 la revendication du « mariage gai », c’est en partie à l’initiative d’homosexuels conservateurs. Il s’agit donc bien sûr d’égalité des droits, mais aussi d’une volonté explicitement exprimée de « civiliser » les gays, autrement dit, de domestiquer leur sexualité en l’assujettissant aux règles matrimoniales – avec l’idée implicite qu’il n’est pas besoin d’imposer pareille régulation aux lesbiennes, supposées naturellement civilisées… En France, il est vrai qu’à l’instar des militants radicaux américains, certains redoutent que l’ouverture du mariage et de la famille ne participe d’une semblable entreprise de normalisation de l’homosexualité, désormais condamnée à singer l’hétérosexualité. Or si (la bataille autour de l’ordre symbolique le montrait déjà) ce sont les adversaires de cette revendication qui se sont faits les hérauts de l’ordre normatif, le prolongement transsexuel de la question homosexuelle dissipe aujourd’hui toute équivoque.
En effet, et l’État français ne s’y est pas trompé, après le mariage de Bègles, la demande de Rueil-Malmaison vient jeter le trouble dans la norme – qu’il s’agisse de genre, de sexualité, ou de mariage. Trouble dans le genre, d’abord, puisque Camille et Monica défont l’évidence naturelle du sexe. D’un côté, si Camille est bien aujourd’hui une femme par l’anatomie comme pour l’état civil, sa définition chromosomique masculine n’en est pas modifiée pour autant. D’un autre côté, si pour sa part Monica n’envisage pas l’opération qui la ferait changer de sexe, elle n’en refuse pas moins de se « travestir » en homme pour se conformer, le temps d’une cérémonie qui ne serait pour elle qu’une mascarade, aux injonctions de l’État. Les assignations de l’état civil se révèlent donc arbitraires, et non pas naturelles.
Trouble dans la sexualité, ensuite. En effet, si le mariage homosexuel semble à première vue se résumer au mariage des homosexuels, autrement dit, si l’adjectif se confond aisément avec le substantif, loin de cristalliser une alternative identitaire qui exclurait tout autre terme, le mariage transsexuel porte au jour le caractère problématique des orientations sexuelles. Si Camille et Monica sont nées de sexe masculin, et si toutes deux se définissent aujourd’hui comme des femmes, alors que la première a changé de sexe, et non pas la seconde, leurs amours doivent-elles être définies comme lesbiennes ou gaies, bisexuelles ou hétérosexuelles? Ou bien au contraire, ces distinctions somme toute rassurantes ne sont-elles pas aujourd’hui, grâce à elles qui ne s’y reconnaissent guère, quelque peu troublées? L’orientation sexuelle nous apparait un peu moins comme la vérité ultime de l’identité.
Trouble dans le mariage, enfin. Si se défait l’évidence d’une organisation du mariage fondée sur la différence des sexes et l’hétérosexualité, loin que l’ouverture du mariage, et au-delà, de la famille, à ceux qui en sont encore exclus dans notre pays, signifie que toutes et tous rentrent dans le rang de la normalité, on le voit bien ; le désordre que redoute le ministère public n’est autre qu’une interrogation sur la nécessité de l’ordre des choses. Il devient donc absurde de dénoncer le conformisme du mariage ou de la famille, à l’heure où le mariage et la famille sont les armes avec lesquelles se battent des hommes, des femmes, ou plus simplement – qu’importe? – des personnes, indépendamment de leur sexe ou de leur sexualité, pour résister aux assignations normatives de l’ordre symbolique relayées par l’État. Bref, loin qu’aujourd’hui les débats sur le mariage participent d’une dépolitisation des minorités sexuelles, ils ressortissent à une remise en cause, une problématisation, une interrogation.

***

La question minoritaire ne touche pourtant pas les seules minorités. C’est l’hypothèse qui traverse ce recueil, du premier au dernier texte, et les passions que suscitent ces débats dans la société tout entière, bien au-delà de l’importance statistique des populations directement concernées, viennent la confirmer. Ainsi, les questions posées à partir des marges interrogent l’ordre sexuel dans son ensemble. C’est qu’il en va des normes – non seulement de leur contenu, mais aussi de leur statut. En effet, il ne s’agit pas seulement de la définition du genre et de la sexualité, du mariage et de la famille; on touche ici à l’emprise des normes en général, à partir de l’exemple spécifique des normes sexuelles.
Le débat sur le pacs l’avait déjà montré, la bataille porte sur l’extension du domaine démocratique. Sans doute sommes-nous tous d’accord pour considérer que les choix économiques ou politiques relèvent de la négociation politique. Mais doit-on considérer que les questions sexuelles, qu’il s’agisse de genre ou de sexualité, de mariage ou de famille, de filiation ou de reproduction, échappent à la délibération démocratique? Peut-on soutenir l’idée que tout est politique, sauf l’ordre sexuel, qui transcenderait la politique? On comprend dès lors pourquoi les questions sexuelles sont aujourd’hui stratégiques: elles représentent l’ultime frontière d’une définition des normes qui demeurerait naturelle, et non politique, c’est-à-dire intemporelle, et non pas historique.
Autrement dit, l’enjeu des controverses actuelles, au-delà des objets spécifiques qui en sont la matière (le pacs ou le mariage, l’adoption ou l’assistance médicale à la procréation), c’est le statut des normes dans les sociétés démocratiques. Aujourd’hui, les normes sont-elles jamais définies d’une manière qui transcende l’histoire, sur un principe tel que Dieu ou la Tradition, la Nature ou la Culture, voire la Science – ou bien sont-elles toujours immanentes à l’histoire, définies par la délibération démocratique et la négociation politique? Les normes sont-elles jamais naturelles – ou bien est-ce toujours la société qui s’autodéfinit? Bref, dans des sociétés démocratiques, les normes peuvent-elles encore ne pas être appréhendées comme des normes sociales?
On comprend dès lors pourquoi ces questions agitent les fondamentalismes religieux de diverses obédiences. Leur inquiétude porte précisément sur la possibilité de préserver une autorité transcendante dans le cadre de sociétés démocratiques, soit un principe absolu en surplomb des normes. C’est bien pourquoi la droite protestante, les islamistes radicaux et les catholiques conservateurs peuvent se retrouver dans un même combat pour l’ordre sexuel, tandis qu’aujourd’hui s’engagent ensemble contre l’ouverture du mariage aux homosexuels les États-Unis, l’Iran et le Vatican. C’est pour la même raison que le Conseil pontifical pour la famille, dans son récent « Lexique des termes ambigus et controversés sur la famille, la vie et les questions éthiques », consacre pas moins de trois articles à la notion de « genre ».
Pour ces théologiens avertis des débats les plus actuels, le genre ouvre la porte au mariage homosexuel, puisqu’il dénaturalise l’ordre des sexualités en même temps que des sexes. Aussi dénoncent-ils les féministes comme Judith Butler, dont l’usage du genre défait les évidences de l’ordre sexuel, pour promouvoir « une définition renouvelée du genre, acceptable pour l’église » : « Dimension transcendante de la sexualité humaine, compatible avec tous les niveaux de la personne humaine, englobant le corps, la pensée, l’esprit et l’âme. Le genre est donc perméable aux influences sur la personne humaine, aussi bien intérieures qu’extérieures, mais il doit se conformer à l’ordre naturel qui est déjà donné dans le corps. » La transcendance religieuse, c’est donc bien l’ordre naturel, que viennent ébranler, de la même manière, le féminisme du genre, et les revendications homosexuelles.
Toutefois, l’enjeu politique des questions sexuelles ne concerne pas seulement les institutions. Il porte aussi, pour emprunter un terme que Judith Butler reprend de Michel Foucault, sur l’assujettissement qui constitue le sujet en même temps qu’il le contraint, qui le fait exister en même temps qu’il lui impose sa loi. En effet, si l’autorité au principe des normes se trouve ébranlée par la politisation des questions sexuelles, et en particulier de la question homosexuelle, c’est l’emprise des normes sur chacun qui s’en trouve affectée. La fin de la transcendance, ce n’est certes pas la disparition des normes au profit d’un individualisme sans frein; mais c’est l’autorité absolue des normes qui cède la place à une autorité relative – moins assurée, plus indécise, bref, problématique. L’individu n’est pas affranchi de l’emprise des normes; mais leur empire est assorti d’un point d’interrogation, qui ouvre pour chacun une marge de liberté.

***

Cette interrogation participe de ce qu’on appellera l’inversion de la question homosexuelle. On se demandait hier encore: comment peut-on être homosexuel? Aujourd’hui, on se pose de plus en plus la question inverse: comment peut-on être homophobe? De manière générale, ce n’est plus tant la société qui interroge l’homosexualité, que l’homosexualité qui soumet la société à la question. Et ce qui est vrai pour la société ne l’est pas moins en ce qui concerne les savoirs – qu’il s’agisse des sciences sociales, comme la sociologie de la famille ou l’anthropologie de la parenté, ou de discours par définition engagés dans une pratique, comme le droit ou la psychanalyse. Les uns et les autres sont aujourd’hui soumis à la question homosexuelle, qui interroge leurs prémisses, prénotions ou préjugés. Qu’en est-il de l’Œdipe ou de l’échange matrimonial, du couple ou de la famille, à la lumière de l’ouverture du mariage et de la filiation aux couples de même sexe?
Mais il y a plus: de même que pour les normes, la question des savoirs ne porte pas seulement sur leur contenu, mais aussi sur leur statut. En effet, la démocratisation des normes nous engage à réfléchir à nouveaux frais sur la démocratisation des savoirs. Si la société, prise dans l’histoire, invite les discours qui la prennent pour objet à penser leur historicité, qu’en est-il, non seulement de l’autorité des normes, mais aussi de l’autorité scientifique et intellectuelle dans une société qui se définit comme démocratique? Là encore, de même que la remise en cause de l’emprise absolue des normes n’implique nullement leur effacement, de même, la critique de l’absolutisme dans la vie intellectuelle et scientifique ne signifie pas le renoncement à la vérité. L’historicité du savoir ne nous condamne pas davantage au relativisme que l’historicité des sociétés ne nous fait verser dans l’individualisme.
Il nous reste toutefois à penser le statut du savant et de l’intellectuel dans les sociétés démocratiques, et la nature d’une autorité non naturelle – autrement dit, à repenser la science sans la transcendance d’une majuscule. Comment dessiner une pratique démocratique de la vie intellectuelle, qui permette d’appréhender la démocratie dans les normes, et donc au premier chef la démocratie sexuelle? À l’occasion du dernier entretien publié de son vivant, dans Le Monde daté du 19 août 2004, Jacques Derrida marquait son soutien au mariage de Bègles qui, disait-il, « constitue un exemple de cette belle tradition que les Américains ont inaugurée au siècle dernier sous le nom de « civil disobedience » : non pas défi à la Loi, mais désobéissance à une disposition législative au nom d’une loi meilleure – à venir ou déjà inscrite dans l’esprit ou la lettre de la Constitution. »
Mais dans ce qu’on peut lire comme son testament intellectuel, le philosophe s’interrogeait, en même temps que sur la démocratie sexuelle, sur la démocratie intellectuelle. En effet, il revenait aussi sur cette génération qui disparaissait avec lui: tous ces penseurs, qu’il s’agisse de Foucault, Deleuze, Barthes, ou Derrida lui-même, partageaient une même valeur – un « ethos d’écriture et de pensée intransigeant, voire incorruptible », bref, une « exigence ». Or la montée en puissance de l’intellectuel médiatique aurait mis fin à cette exigence, et à cette époque. Ou plus précisément, pour reprendre l’expression si derridienne à laquelle recourt alors Jacques Derrida, cette « époque provisoirement révolue. » Il nous faut donc réfléchir, non pas sur le mode nostalgique en évoquant un passé achevé, mais bien plutôt en élaborant pour l’avenir, sinon pour le présent, des manières de conjuguer les exigences de la vie intellectuelle avec la logique démocratique qui expose le savoir aux interrogations de la société.
Qu’est-ce qu’une science démocratique, qui ne soit pas pour autant soumise à la demande sociale, et qu’est-ce qu’un intellectuel démocratique, qui ne soit pas pour autant subordonné à la demande médiatique? On sait qu’aujourd’hui c’est la vie intellectuelle et scientifique dans son ensemble qui est traversée par ces interrogations, même si peut-être l’actualité brulante des questions sexuelles permet moins encore de s’y soustraire que dans d’autres domaines. Mais, plutôt que de le déplorer, mieux vaut s’en réjouir, pour porter l’exigence au cœur même de la logique démocratique. « Résistance ne signifie pas qu’on doive éviter les médias », ajoute le philosophe. Peut-être faut-il commencer – et l’on voudrait que les textes recueillis dans ce volume en portent la trace, jusque dans leur orthographe « démocratisée » – par revendiquer cet échange avec la société, y compris avec les médias, non seulement bien sûr pour les interpeler, mais aussi pour faire une place à leur interpellation, sans toutefois s’y réduire ou s’y assujettir. Il ne s’agit donc pas pour le savant de se démettre, ni pour l’intellectuel de se soumettre, mais, dans l’espoir que l’époque de haute exigence qui nous a précédés ne soit que « provisoirement révolue », de travailler à définir une exigence démocratique non moindre, mais renouvelée.

 

Ce livre vient d'être réédité aux éditions Amsterdam

C'est un thème d'actualité on ne peut plus actif. Nadine Morano a récemment fait grincer des dents au Palais Bourbon, avec ses propos favorables à l'homoparentalité. La secrétaire d'État à la famille trouvera ce mois-ci un écho à sa réflexion dans cette publication de la maison Amsterdfam, qui réédite le livre du sociologue Éric Fassin.

Pour lui, les débats sur le Pacs, l’ouverture du mariage, l’homoparentalité et l’homophobie marquent une rupture historique: une inversion de la question homosexuelle. « Si depuis un siècle la psychanalyse, l’anthropologie et la sociologie interrogeaient l’homosexualité, c’est aujourd’hui la politique gaie et lesbienne qui met en question ces disciplines et, au-delà, nos sociétés. L’évidence des normes a cédé la place à une interrogation sur le processus normatif : trouble dans la norme, donc. »

Une nouvelle édition au format poche, donc, enrichie de quelques nouveaux articles qui éclairent la réflexion et la situation, en reprenant justement des éléments politiques depuis l'accession au pouvoir de Nicolas Sarkozy.

13 février 2008

Je biche!

La rumeur circulait depuis des années parmi les fans, mais aucune preuve tangible n'avait jusqu'à présent été apportée. C'est au cours d'une lecture publique du dernier tome d'Harry Potter à New York que l'auteur J.K. Rowling a révélé l'homosexualité du personnage de... Albus Dumbledore. "Oui, Dumbledore est Gay", a-t-elle répondu à l'un de ses fans. 
 
TF1 / LCI Albus Dumbledore, incarné par Michael Gambon dans Harry Potter et l'Ordre du Phénix en 2006 (Warner Bros)
Albus Dumbledore, incarné par Michael Gambon dans Harry Potter et l'Ordre du Phénix en 2006 (Warner Bros)

L'auteur a ensuite expliqué que le vieux magicien était tombé amoureux de Gellert Grindelwald, qu'il avait battu lors d'une bataille entre les bons et les muavais sorciers. "L'amour peut  nous rendre aveugle", a-t-elle expliqué au sujet des sentiments de Dumbledore, ajoutant que ce dernier avait été "horriblement, terriblement déçu". Son amour pour Grindelwald, c'était sa "grande tragédie", a-t-elle ajouté.
 
"Si j'avais su..."
 
Sur le tournage du sixième épisode de la saga, Harry Potter And The Half Blood Prince, J.K. Rowling a d'ailleurs dû faire retirer un passage du script faisant référence à une relation entre une femme et Dumbledore. "J'ai dû bien faire comprendre au réalisateur, David Yates, la vérité à propos de ce personnage", a-t-elle ajouté. Après quelques secondes de circonspection, son auditoire a applaudi. "Je vous l'aurais dit plus tôt si j'avais su que ces révélations provoqueraient un tel enthousiasme", a-t-elle ajouté, tout sourire.
 
Les associations défendant les droits des homosexuels au Royaume-Uni ont accueilli avec joie cette révélation. "C'est toujours une bonne chose que la littérature pour enfant introduise cette réalité, puisque nous existons dans toutes les sociétés", souligne Peter Tatchell, figure du mouvement de défense des droits homosexuels au Royaume-Uni. "Mais je suis un peu déçu qu'elle n'ait pas explicitement évoqué cette sexualité dans les livres. Elle aurait envoyé un message beaucoup plus fort".

18 octobre 2007

Laissez-moi rêver!

Le Nobel de littérature 2008

attribué à la romancière

britannique Sarah Waters!

 

18 octobre 2008. Il y a 3 jours. STOCKHOLM (AFP) — La romancière britannique Sarah Waters a obtenu jeudi, à 42 ans, le Nobel de littérature, un prix qui récompense une oeuvre marquée par l'ère victorienne, la seconde guerre mondiale et la cause homosexuelle.

Le comité Nobel a choisi de récompenser "la conteuse épique de l'expérience lesbienne, qui avec une imagination sans limites, mêlée à une rigueur historique et un sens aigu de la psychologie humaine, scrute des pans de l'âme humaine dans un souci du détail rarement égalé", d'après le communiqué de l'Académie suédoise.

Le choix n'a pas surpris, car le nom de Sarah Waters, souvent cité, paraissait avoir le vent en poupe dans les cercles littéraires suédois.

Depuis le début du prix en 1901, Sarah Waters est la 12e femme à obtenir le Nobel de littérature. L'Académie a souvent été critiquée pour le déséquilibre entre lauréats homme et femme. Ce qui explique aussi sans doute le choix de récompenser deux femmes en suivant. L'année dernière en effet, le prix Nobel avait récompensé la romancière Doris Lessing.

La romancière faisait l'amour ses courses au moment de l'annonce et n'avait pu être prévenue à l'avance par le comité Nobel.

Enfin informée par les journalistes réunis devant son domicile londonien, elle a réagi avec un mélange de fierté, de militantisme et d'humour. "J'ai déjà remporté des prix qui ont flatté mon orgueil. Mais le Nobel c'est autre chose. Je le ressens comme une consécration. C'est la revanche des femmes et des lesbiennes sur une société machiste et hétérocentrée qui nous prend régulièrement pour des connes incapables d'autre chose que torcher les mômes, faire le ménage ou la vaisselle en fermant notre gueule. C'est la reconnaissance de l'intelligence, de la culture et de la capacité qu'ont les femmes de briller sur des terrains autrefois réservés aux hommes. J'en suis ravie. Qaunt aux gays, s'ils sont reconnus en tant qu'auteurs plus facilement que nous, c'est du moment qu'ils ne clament pas leurs préférences sexuelles sur tous les toits, de peur que cela n'empêche le monde de tourner ou pire de procréer." a-t-elle commenté. " Merci à mon éditeur de m'avoir fait confiance et de n'avoir jamais considéré ma lesbitude comme un handicap insurmontable. Le  chiffre des ventes de mes ouvrages a achevé de le rassurer", a-t-elle ajouté.

Née à Neyland, dans le comté de Pembroke (Pays de Galles) en 1966, Sarah Waters vit actuellement à Londres avec la femme qu'elle aime.

Après des études à l'université du Kent et une thèse en Littérature anglaise, elle a été libraire puis enseignante. Son premier roman, Tipping the Velvet (Caresser le velours) est paru en 1998 et a pour sujet le lesbianisme à l'époque victorienne (le velours étant l'un des noms du sexe féminin dans l'argot de l'époque). L'ouvrage a été adapté pour la chaîne de télévision BBC Two par Andrew Davies sous la forme d'un film en trois parties.

Son troisième roman, Fingersmith (Du bout des doigts) lui a apporté la consécration. L'histoire est basée sur des thèmes du roman populaire (complot, enlèvement d'enfants, monde des voleurs comme dans Oliver Twist) associés aux amours lesbiennes. BBC One l'a adapté en 2005, avec les actrices Elaine Cassidy et Imelda Staunton.

Sarah Waters a été élue « auteur de l’année » par le Sunday Times en 2003, elle a reçu le prix des Libraires et le British Book Awards (Auteur de l'année 2002).

Dans The Night Watch, ouvrage paru en anglais en 2006, les personnages (quatre femmes, dont trois sont lesbiennes, et un homme homosexuel) partagent secrets et scandales dans le Londres des années 1940.

Le Nobel de littérature est doté comme les autres prix Nobel d'un gros paquet de fric de 10 millions de couronnes suédoises (un peu plus d' 1 million d'euros) et sera remis le 10 décembre à Stockholm lors d'une série de festivités en présence de la famille royale.

Sarah compte utiliser cette manne pour se la couler douce aux Bahamas avec sa bien-aimée pour financer l'adaptation cinématographique de The Night Watch et pour se donner le temps de peaufiner son nouveau roman dont elle ne dévoilera le titre qu'à l'automne prochain.

Please, let me dreammmmm! 

 

Prix Nobel de littérature 2007 

28 septembre 2007

Y en aura pour les filles aussi!

Voici le premier poème de Sappho,
unique texte retrouvé dans son intégralité.

La poétesse lance une prière à Aphrodite, la déesse de l'Amour et de la Beauté, pour que, "de nouveau", celle qu'elle aime ne lui résiste pas. La quête de cette énième passion est assimilée à un "combat" et l'absence d'amour est ressentie comme une "injure".
C'est ici la traduction de Théodore Reinach avec la colaboration d'Aimé Puech (Ed. Les Belles Lettres, première éd. 1937):

 

"Toi dont le trône étincelle, ô immortelle Aphrodite, fille de Zeus, ourdisseuse de trames, je t'implore: ne laisse pas, ô souveraine, dégoûts ou chagrins affliger mon âme,

Mais viens ici, si jamais autrefois entendant de loin ma voix, tu m'as écoutée, quand, quittant la demeure dorée de ton père tu venais,

Après avoir attelé ton char, de beaux passereaux rapides t'entraînaient autour de la terre sombre, secouant leurs ailes serrées et du haut du ciel tirant droit à travers l'éther.

Vite ils étaient là. Et toi, bienheureuse, éclairant d'un sourire ton immortel visage, tu demandais quelle était cette nouvelle souffrance, pourquoi de nouveau j'avais crié vers toi,

Quel désir ardent travaillait mon coeur insensé: " Quelle est donc celle que, de nouveau, tu supplies la Persuasive d'amener vers ton amour? Qui, ma Sappho, t'a fait injure ?

Parle: si elle te fuit, bientôt elle courra après toi; si elle refuse tes présents, elle t'en offrira elle même; si elle ne t'aime pas, elle t'aimera bientôt, qu'elle le veuille ou non ".

Cette fois encore, viens à moi, délivre-moi de mes âpres soucis, tout ce que désire mon âme, exauce-le, et sois toi-même mon soutien dans le combat."

 

 

En voici un deuxième:

Confidences

Je dis que l'avenir se souviendra de nous.

Je désire et je brûle.

A nouveau, l'Amour, le briseur de membres,
Me tourmente, doux et amer.
Il est insaisissable, il rampe.

A nouveau l'amour a mon cœur battu,
Pareil au vent qui, des hauteurs,
Sur les chênes s'est abattu.

Tu es venue, tu as bien fait:
J'avais envie de toi.
Dans mon cœur tu as allumé
Un feu qui flamboie.

Je ne sais ce que je dois faire,
Et je sens deux âmes en moi.

Je ne sais quel désir me garde possédée
De mourir, et de voir les rives
Des lotus, dessous la rosée.

Et moi, tu m'as oubliée. 

 

Et même un troisième! 

Vers l’extase
   
Venez, amies, dans le vallon sacré,
séjour ravissant des Nymphes rustiques,
où la fumée de l'autel fait monter
l'odeur de l'encens.

L'onde fraîche chante sous les pommiers,
le jardin respire à l'ombre des roses,
et des feuillages qu'agite le vent
descend le sommeil.

Dans l'herbe du pré paissent les poulains.
La mélisse abonde pour les abeilles.
Et quand vient le soir l'angélique exhale
son parfum de miel.

Viens à nous, Cypris, dans l'enclos des Nymphes,
et, parant nos fronts de fleurs enlacées,
dans les coupes d'or verse à ceux qui t'aiment
ton nectar de joies.  

Sapho le lire!

Poésie homosexuelle

Villon, Charles d’Orléans, Rabelais... : aux origines de la poésie homosexuelle

Le succès des études de Thierry Martin ne se dément pas. La parution de "Poésie homosexuelle en jobelin, de Charles d'Orléans à Rabelais" a entraîné une rupture de stock du titre précédent, "François Villon, Poèmes homosexuels". L'éditeur, Question de genre/Cahiers GayKitschCamp, a commandé à l’auteur une nouvelle édition revue et corrigée.

"François Villon: Poèmes homosexuels"
(Nouvelle édition revue et corrigée, 128p., 12€)

Le peuple picard du Moyen Âge, dont on connaît la passion pour les jeux sur le langage, prenait un malin plaisir à bafouer la morale avec un système de double sens homosexuel. Quelques poètes le reprirent et le perfectionnèrent : le jobelin était né.
François Villon trouva dans le jobelin un support en accord avec sa virtuosité, sa duplicité naturelle, et ses propres mœurs. Mais au lieu de le réserver à des jeux gratuits, comme tous ses confrères, il le chargea de raconter sa vie privée. Hormis quelques poèmes de jeunesse, toute son œuvre est écrite dans ce langage obscène et rebelle qui lui ressemblait tant. 

 

" Poésie homosexuelle en jobelin, de Charles d'Orléans à Rabelais"
(178 p., 14 €.)

La confirmation d’une présence importante de l’homosexualité dans l’œuvre de Villon avait ouvert des perspectives prometteuses. Thierry Martin applique ici la même grille de lecture à d’autres virtuoses du double sens, comme Charles d’Orléans ou Marot. Et bien sûr Rabelais : en effet, pourquoi ne s’est-on jamais risqué à traduire des textes aussi capitaux que les énigmes de Gargantua et les plaidoyers fatrasiques de Pantagruel? A-t-on craint la décoction d’un clystère, la matière fécale, la poche culière, la fressure boudinale dans les bourses des usuriers, les trous de taupe? En fait de trous, nos chastes commentateurs n’étaient pas au bout de leurs surprises:
 
"Leur propos fut du trou de saint Patrice,
De Gilbathar, et de mille autres trous :
Si on les pourrait réduire à cicatrice
Par tel moyen que plus n’eussent la toux,
Vu qu’il semblait impertinent à tous
[De] les voir ainsi à chaque vent bâiller…".


On ne sera pas étonné de voir revivifier ici des textes que nous avons tous visités à l’école sous l’œil vigilant de la République. Celui de Thierry Martin, éclairé par une utilisation de la langue (ancienne pour le décodage, contemporaine pour la traduction) nous délivre enfin la poésie de Charles d’Orléans à Rabelais de sa gangue hétérocentrée. Dans cette édition bilingue, T. Martin illustre avec bonheur la formule de Rabelais : « On ne fait que bander aux reins et souffler au cul! »


Thierry Martin a publié aussi chez GKC: Trois Études sur la sexualité médiévale (46 pp., 7,47 €) et une traduction des Épigrammes pédérastiques de Martial (70p., 10,51 €)
Dans toutes les bonnes librairies ou directement chez l'éditeur:

Éditions QuestionDeGenre/GKC
5 rue Pavillon 34000 Montpellier
Tel/fax 04 67 65 85 62
www.GayKitschCamp.com

Inspiré de   E-llico

Mais bien sûr que nous avons une culture! 

31 mai 2007

Jouissif!

Oh! Non,  madame, vous n'êtes pas cacochyme, loin s'en faut!

 

Blog de Geneviève Pastre, article du 24 mai 2007 

 

Le coup du photocopieur tout en un, inimitable! Mais tout ça, c'est très sérieux aussi, surtout le deuxième consul pour surveiller le premier! Alors, vous savez ce qu'il vous reste à faire dans quelques jours, hein? 

22 mai 2007

Famous lesbian

Jane Addams (1860-1935)

Social Worker, Political Activist,

Nobel Peace Prize Winner

 

Jane Addams was a Nobel Peace Prize winner and perhaps the most famous social worker from the United States. She was also the lover of women and lived in a Boston Marriage with another woman.
 
She was born in 1860 in Cedarville, Illinois. She has been described as a sickly child, with a spinal curvature. Her mother died when she was two years old. She was close to her father, her three surviving sisters and her brother. Three children in her family died in infancy.
 
Jane was a smart young girl who dreamed of attending Smith College in Massachusetts. Her father would not allow her to go. Instead she attended a school closer to home. At the all-female boarding school Jane would learn the importance of female friendships. She began her life-long friendship with Ellen Gates Starr, co-founder of Hull House. Although many of her classmates dropped out of school to get married, there is little evidence that Addams ever dated a member of the opposite sex.

Jane Addams went on to study medicine after college. But she found the work hard and uninspiring. She returned to Cedarville, as women of her era did, to take care of her family. After her father died, Jane fell into a depression. A brilliant woman with nothing to do, she felt her life had no purpose. Jane desperately wanted to make a difference in the world. Her stepmother took her to Europe to recover and study art. Some of Jane's vigor returned, but she questioned her purpose in life.
 
After returning from Europe, Jane resumed friendship with Ellen Starr, now a teacher. A female love of Starr's had moved away and she was heartbroken. She wrote to Jane, "The first real experience I ever had in my life of any real pain in parting, came with separating from her. I don't speak of it because people don't understand it. People would understand if it were a man." Soon Addams would become the object of Starr's affection. It is not clear whether Jane returned the affection.
 
Starr and Addams travelled to London together and there Jane visited Toynbee Hall, the settlement house that inspired her to start Hull House. Hull House's purpose was two-fold. It's primary purpose was to serve the poor inner city residents. Its other purpose would be a cure for the uselessness she and other educated women of her time experienced. Addams founded Hull House on Halsted Street in Chicago in 1889.
 
Previoulsy, social worked was based on a "Friendly Visitor" model. Rich would visit the poor and model for them behavior that would help them better their situation. Addams came to see that poverty was not due to character deficits, but social conditions that needed to be changed. Thus, in addition to helping people meet their immediate needs, Hull House worked for social change, addressing such issues as child labor, public health reform, garbage collection, labor laws and race relations.
 
The term lesbian was coined in 1890, one year after Addams founded Hull House. Although she would not have used the term to define herself, by today's standards, Jane Addams would be a lesbian. Mary Rozet Smith arrived at Hull House one day in 1890, the daughter of a wealthy paper manufacturer. Over the years she became Jane's devoted companion, virtually playing the role of a traditional wife: tending to her when she was ill, handling her social correspondence, making travel arrangements.
 
Unfortunately, we will never know the full extent of Jane's relationship with Mary Smith. Toward the end of her life, Jane destroyed most of Mary's letters to her. Perhaps she was trying to cover up a sexual component of their relationship. "I miss you dreadfully and am yours 'til death," Addams wrote to Smith. Smith wrote back, "You can never know what it is to me to have had you and to have you...I feel quite a rush of emotion when I think of you."
 
Perhaps the most challenging aspect of Addams's life and the one which won her the most notoriety was her involvement in the peace movement. Addams declared herself a pacifist and spoke out against World War I. Although she would eventually win a Nobel Peace Prize for her efforts, it was an unpopular stance to take in 1914.

Addams believed women had a social responsibility to work for peace because working men would never be against war. She took on a leadership role in the Woman's Peace Party. In March 1915 Addams was invited to speak at an International Congress of Women in the Netherlands. Addams presided over the event and one participant said, "She towered above all the others and again and again when she rose to speak and when she closed the audience would stand and applaud...She led without dominating and with extraordinary parlimentary skill clarified and interpreted for the polyglot congress of women."

Jane Addams won the Nobel Peace Prize in 1931. True to her cause, Jane gave all her prize money away.

Jane had a heart attack in 1926. She never fully regained her health. As a matter of fact, she was being admitted to a Baltimore hospital on the very day, December 10, 1931, that the Nobel Peace Prize was being awarded to her in Oslo. She died in 1935. The funeral was held in the courtyard of Hull-House.

 

Jane Addams aimait les femmes et les humains: elle fut peut-être la plus célèbre assistante sociale des Etats-Unis! Ses travaux lui valurent le Prix Nobel de la Paix en 1931.

Enfance maladive et difficile, elle perd sa mère quand elle a deux ans et trois de ses frères et soeurs durant son enfance. Elève brillante, elle connaît les pensionnats de jeune filles et découvre ses premières amitiés féminines, dont Ellen Gate Starr, amitié qui durera toute leur vie. On ne lui connaît aucune relation hétérosexuelle. Après le lycée, elle commence des études de médecine mais les arrête pour retourner dans sa famille. A la mort de son père, elle fait une très forte dépression, ne sachant que faire de sa vie. Un séjour en Europe lui redonne un peu d'énergie.

A son retour, elle retrouve Ellen qui est professeur et vit un chagrin d'amour après le départ de la femme qu'elle aimait. Ellen qui lui écrit à cette occasion: " Rien ne m'a jamais fait souffrir comme cette séparation. Je n'en parle pas parce que les gens ne comprennent pas. Ils le comprendraient si cela venait d'un homme." On sait que Starr appréciait beaucoup Jane, mais on ne sait pas si Jane lui retourna son affection... Lors d'un voyage commun à Londres, Jane visite Toynbee Hall, qui lui inspire Hull House qu'elle fondera à Chicago en 1889. Elle en fera un lieu au service des pauvres et un lieu de soins aussi.

Elle travaille sans relâche pour faire admettre que ce sont les conditions sociales qui sont la cause de la misère: ses chevaux de bataille sont le travail des enfants, la réforme de la santé publique, la collecte des déchets, les lois du travail et les relations inter-raciales.

A Hull House, elle fait la connaissance de Mary Rozet Smith en 1890. Mary est la fille d'un riche fabricant de papier. Au fil des années, elle deviendra sa compagne dévouée: elle la soigne quand elle est malade, tient sa correspondance, organise ses voyages et se comporte en épouse traditionnelle. Nous n'en saurons pas plus sur le relation (zut!...) car Jane a détruit leur correspondance à la fin de sa vie. Toutefois, il nous reste des échanges comme celui-ci, de Jane à Mary: "Tu me manques terriblement et je serai tienne jusqu'à la mort" ou de Mary à Jane, "Tu ne peux pas savoir ce que ça me fait de t'avoir eu et de t'avoir, j'en rougis d'émotion quand je pense à toi ".

Jane se déclarait pacifiste et contre la première guerre mondiale, ce qui était particulièrement impopulaire en 1914! Elle pensait que les femmes avaient un rôle à jouer dans la construction de la paix. Elle fonde et préside le Parti des Femmes pour la Paix. Critiquée par Roosevelt, elle est défendue par Ford et part à la Conférence pour la Paix de Hollande. Absente de Stockholm pour cause de tuberculose, elle ne peut y défendre ses idées. Membre de l'administration de Hoover dès 1918, elle est appréciée des Américains en dépit de sa position de pacifiste. Elle prend position en politique pour défendre les libertés civiles, fait le tour du monde en donnant des conférences,  revendique le droit de vote pour les femmes, défend Dos Passos, Sacco et Vanzetti et bien d'autres encore.

Elle n'ira pas à la remise des prix Nobel en 1931, car elle est très malade. Cardiaque depuis 1926, elle ne récupérera jamais complètement. La femme réputée être ' la plus dangereuse au monde ' meurt en 1935, non sans avoir utilisé tout l'argent du Nobel pour soutenir sa cause.

Et aussi sur WIKIPEDIA 

21 mai 2007

Et toc!

"Beaucoup de gens croient qu’ils pensent alors qu’ils remettent seulement en ordre leurs préjugés."

" A great many people think they are thinking when they are really rearranging their prejudices."

US pragmatist philosopher and psychologist

Philosophe et psychologue américain, défenseur du pragmatisme

William James (1842 - 1910)

15 mai 2007

Jonas de Dieppe !

Jonas, je ne le connais que par mail ou chat. Cela date de mon 'époque' gayattitude, j'avais été touchée par son blog, sa personnalité. Nos échanges sont rares mais riches. Si je passe un jour par Dieppe, j'aimerais faire sa connaissance.

Surtout, son écriture est belle, dense et touffue certes, mais vraie, chaude et rugueuse comme les voix du soul ou du blues. En quête permanente de beauté et de vérité, de SA vérité, ce garçon est intense, il n'éprouve jamais rien de tiède, il est exigeant avec lui-même et ... sûrement avec les autres d'ailleurs! Son aptitude marquée à l'autodestruction est contrecarrée par une immense créativité, sa distance certaine au monde féminin n'a d'égale que son amour des hommes, charnel, viscéral et émouvant.

Jonas, c'est aussi le couple qu'il forme avac Alaska, depuis plusieurs années. Vie quotidienne, usure du temps, quête d'harmonie, déchirements, le couple s'affronte, se cherche, se redéfinit, s'étouffe et repart, survit, respire et parfois vibre encore. L'érotisme frôle le sublime, l'écriture est sensuelle, tendre et violente à la fois, pourtant Jonas est fidèle à son homme lorsqu'il dévore des yeux les beaux mâles à la terrasse des cafés! Ne vous y fiez pas, quoique hanté parfois de contradictions et de doutes, en apparence écorché, las, abattu, il reste accro à la vie et à l'amour.

Son nouveau site, ouvert il y a peu, me paraît encore plus abouti que les deux précédents (ne les cherchez plus, ils sont fermés). Plus serein également. Je n'ai pas toujours le temps de suivre tout ce qu'il publie, mais j'aime ce que je lis! Vous y trouverez également des photos, des vidéos, de la musique, des dessins.

" Nous étions assis dans nos fauteuils d'osier, face à l'écran, bloc-note sur le genou. Il fallait visionner, recenser, vanner la récolte d'images. L'un de mes rôles principaux lors de ces séances consiste à cristalliser des types et des suites de scènes autour des grains de parole qui me remontent en surface et me taquinent. Mémoriser la moindre séquence, l'attribuer à l'un des projets en gestation, réagir aux nouvelles idées, préfigurer, remanier les primes pulsions. Comme si j'affrontais plusieurs parties d'échecs à la fois. Or ce soir-ci, de très mauvaises et très ennuyeuses séries de prises de vue firent chemin. Des bouts de film mal éclairés, des sujets mous, sans intérêt : lui, moi, sa guitare et mon tricot paumés loin de tout, entre déclin vespéral et Lune nébuleuse.

(...)

 

... la photo est pour Jonas ...

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 MOI : Tu possèdes l'oreille absolue. Accorder cette guitare te suffit (tu en joues si rarement, sinon jamais...) Tu possèdes l'oreille absolue et cela te suffit à y entendre quelque chose. Tu écoutes tout, absolument, jusqu'aux échos les plus enfouis. Et ce mystère-là m'émerveille. Quand tu accordes l'instrument, notre guitare, moi, ça m'émerveille.

    LUI : Comment fais-tu ? J'entends le cliquetis de tes aiguilles, le bruissement du coton et du chanvre. Comment fais-tu pour d'un brin de laine tricoter cette fresque de mailles ? On dirait que tu écris un livre, que tu tisses un texte. Tes mains fabriquent, tes yeux devinent, et ça me fascine. Aussi parce qu'il me faut six cordes, et qu'une seule te suffit. "
 
 extraits de   3e Gwerz, carnet de Jonas

 

04 avril 2007

Aimez-vous Cy Jung?

 Qui est-elle?

Cy Jung (Cécile ou mieux Cécyle Jung, née en 1963), romancière et auteure de nouvelles française, est l'auteure de plusieurs récits lesbiens dont l'érotisme n'est pas voilé:

Hétéro par-ci, homo par le rat, KTM, 1999.
Es ist eine poulette, KTM, 2000.
« Qu'est-ce qu'elle me veut ? », nouvelle, dans Attirances, lesbiennes fems, lesbiennes butchs,
Éditions gaies et lesbiennes, 2001.
Cul nu, courts érotiques, KTM, 2001.
Carton rose, éditions gaies et lesbiennes, 2003.
Mathilde, je l'ai rencontrée dans le train,
éditions gaies et lesbiennes, 2005.
« Le Rêve d'Isabella », nouvelle, dans Transports amoureux,
La Cerisaie, 2005.
« Sarah », nouvelle, Dessous divers, La Cerisaie, 2005.
Bulletin rose, éditions gaies et lesbiennes, 2006.

Elle a aussi écrit un livre autobiographique " Tu vois ce que je veux dire " (Vivre avec un handicap visuel, L'Harmattan, 2003). qui vise à mieux faire connaître l'albinisme et l'amblyopie.

 

Les Hétérosexuels,

vus par Cy Jung!

 

" Présupposant leur position majoritaire au sein de l'espèce humaine, ils ont développé une suffisance et une fatuité qui les amènent à considérer que leurs modes de vie et leurs façons de penser constituent une norme irréfragable qui s'impose à quiconque prétend partager leur espace social."

(...)

Puis Cy Jung explique comment les hétéros se sont forgé leur belle culture hétérosexuée/hétérocentrée, visant essentiellemnt à la reproduction de l'espèce. Ils auraient alors créé les religions et les diverses croyances pour justifier leur attitude de "maîtres de l'humanité".

"Cette morale a joué un rôle déterminant dans l'expansion hégémonique des Hétéros. Elle a établi des hiérarchies au sein même de leur tribu et ainsi justifié l'oppression d'autres peuples."

Cy Jung termine son pamphlet par une pirouette, en expliquant que leur sacro-saint mariage ne vise le plus souvent qu'à enrichir les familles concernées et à protéger leurs possessions dans l'oubli des vraies valeurs de l'amour véritable.

" Les humains savent pertinemment que l'union de deux êtres fondée sur des bases autres que le désir et le plaisir d'être ensemble est vouée à l'échec."

Elle leur donne le coup de grâce avec cette chute redoutable: "L'amour leur est étranger".

Pour tout lire, c'est là: Cy Jung - Abécédaire lesbien,
lettre H ou...
T comme Têton ou O comme Oser
ou... y a tout l'alphabet!

 

Vous vouliez le savoir...!

 

Pourquoi se teint-elle en blond ? 

Meuh nan! C'est une vraie blonde !

Sauf qu'elle souffre d'albinisme, mais pas comme les lapins albinos! Elle, elle a les yeux bleus (ah me direz-vous, les yeux bleus, votre rêve.. et bien oui c'est son cas! Si elle est libre? Zavez qu'à le lui demander!). Sauf que suite à un déficit congénital, ils sont amblyopes!

Mais comme elle a eu une famille en or qui encourage la volonté et la détermination, elle a réussi à rester autonome et elle en est très fière (à raison). Et sa fierté, elle la place aussi dans le fait que si vous la rencontrez - veinarde! -, vous ne remarquerez absolument rien. Alors surtout avec elle, évitez la compassion, la pitié, les bons sentiments! Ca, c'est pas son trip!

Bon, peut-être qu'elle ne vous reconnaîtra pas tout de suite si vous vous revoyez demain, et alors? Zaviez qu'à ne pas changer de parfum aussi! Au pire évoquez votre conversation d'hier, parlez et riez, elle n'est ni sourde ni bête que diable! Et elle a une de ces pêches!

 

Si les scènes de sexe de ses romans sont autobiographiques?

Petites curieuses, va!

Elle aimerait bien, " surtout la scène dans 'Once upon a poulette' où Jeanne et Zoé sont sous la douche !!! Vous savez, le nez de lutin…"

Elle admet surtout écrire ses fantasmes et ceux des autres, pour exprimer sa sexualité certes, mais surtout pour donner aux lesbiennes de l'érotisme à lire et à rêver. Et elle n'attend qu'une chose, c'est que vous vous y mettiez vous aussi. A vos plumes!

Résumé d' Interviews de Cy Jung 

Vous voulez en découvrir plus?
Alors RV sur son site CY JUNG.com 

 

PS:

L'auteure, me rappelant que ses textes ne sont pas libres de droits, me demande d'en limiter la reproduction à de courtes citations ainsi que l'indique le Code de la propriété intellectuelle reproduit sur son site. C'est chose faite, avec toutes mes excuses.

26 mars 2007

Babyji

Abha Dawesar

Abha_dawesar_nb_001 À 33 ans, elle est l'auteur indien qui dérange. Avec Babyji, premier roman traduit en français, Abha Dawesar met en scène l'homosexualité féminine et la frénésie de séduction.

Votre héroïne est une lycéenne qui séduit une femme divorcée, puis laEho_dawesarc_1 servante de sa maison, et initie enfin à ses jeux la plus jolie fille de sa classe. Comment ce roman a-t-il été accueilli en Inde, que l'Occident imagine très puritaine?

L'Occident n'a pas forcément une vision très perspicace de l'Inde. Qui d'ailleurs, peut sérieusement prétendre saisir ce pays dans la totalité de ses cultures, de ses langues, de ses populations? L'Inde est traversée d'une quantité de contrastes, à mon avis sans équivalents dans le monde. C'est un pays jeune où plus des deux tiers des habitants ont moins de vingt-cinq ans : cela se répercute évidemment sur les mentalités. La croissance économique, le développement de technologies, l'arrivée des chaînes satellitaires, ont été facteurs de bouleversements importants. Mes personnages et le milieu dans lequel ils évoluent - la moyenne de Delhi - expriment ces changements. L'accueil réservé à Babyji a été triomphal.

Les contradictions qui agitent la société indienne sont au coeur de votre roman.

Imaginez le gouffre qui sépare le monde dans lequel vit un paysan des jungles de la frontière birmane de celui d'un cadre supérieur habitant une grande ville. Et à l'intérieur d'une même ville, ces contrastes sont encore très vifs. En deux minutes, mon héroïne peut passer de sa maison au confort tout occidental à des bidonvilles sans électricité ni eau courante... Elle est entourée de femmes qui se sont arrachées aux pesanteurs sociales et culturelles: sa mère travaille, son amante a divorcé et élève seule son fils. Babyji et ses amis feuillettent des magazines "osés" en classe et regardent des adolescents s'embrasser à la télévision. Pourtant, il est toujours très mal vu, pour une fille, d'avoir un petit ami et il est rare que les gens se marient par amour. Les femmes s'émancipent peu à peu, mais nombreuses sont encore celles qui sont battues par leur mari. L'Inde est un pays complexe où l'apparente pudibonderie des moeurs est constamment démentie par ses traditions religieuses ou culturelles. Voyez sa littérature ou certains de ses temples aux abords desquels trônent des symboles phalliques et qu'ornent d'explicites scènes d'amour en relief. C'est cette terre de tous les paradoxes que je veux mettre en scène.

Propos recueillis par Patrick de Sinety.

Vu sur le blog des Editions Héloïse d'Ormesson

Abha Dawesar était sur France Inter dans l'émission Cosmopolitaine d'aujourd'hui. Voici le lien pour écouter l'émission:

10 janvier 2007

La vie! D'abord!

J’ai cru pouvoir briser la profondeur de l’immensité
Par mon chagrin tout nu sans contact sans écho
Je me suis étendu dans ma prison aux portes vierges
Comme un mort raisonnable qui a su mourir
Un mort non couronné sinon de son néant
Je me suis étendu sur les vagues absurdes
Du poison absorbé par amour de la cendre
La solitude m’a semblé plus vive que le sang

Je voulais désunir la vie
Je voulais partager la mort avec la mort
Rendre mon cœur au vide et le vide à la vie
Tout effacer qu’il n’y ait rien ni vitre ni buée
Ni rien devant ni rien derrière rien entier
J’avais éliminé le glaçon des mains jointes
J’avais éliminé l’hivernale ossature
Du vœu qui s’annule

Tu es venue le feu s'est alors ranimé
L'ombre a cédé le froid d'en bas s'est étoilé
Et la terre s'est recouverte
De ta chair claire et je me suis senti léger
Tu es venue la solitude était vaincue
J'avais un guide sur la terre je savais
Me diriger je me savais démesuré
J'avançais je gagnais de l'espace et du temps

J'allais vers toi j'allais sans fin vers la lumière
La vie avait un corps l'espoir tendait sa voile
Le sommeil ruisselait de rêves et la nuit
Promettait à l'aurore des regards confiants
Les rayons de tes bras entrouvraient le brouillard
Ta bouche était mouillée des premières rosées
Le repos ébloui remplaçait la fatigue
Et j'adorais l'amour comme à mes premiers jours.

Les champs sont labourés les usines rayonnent
Et le blé fait son nid dans une houle énorme
La moisson la vendange ont des témoins sans nombre
Rien n’est simple ni singulier
La mer est dans les yeux du ciel ou de la nuit
La forêt donne aux arbres la sécurité
Et les murs des maisons ont une peau commune
Et les routes toujours se croisent.

Les hommes sont faits pour s’entendre
Pour se comprendre pour s’aimer
Ont des enfants qui deviendront pères des hommes
Ont des enfants sans feu ni lieu
Qui réinventeront les hommes
Et la nature et leur patrie
Celle de tous les hommes
Celle de tous les temps.

 

ELUARD : La mort l'amour la vie (1951)

11 août 2006

Le Maître dit :

" Lorsque nous sentons qu'est venue l'heure du changement, nous nous repassons inconsciemment le film de tous les échecs que nous avons connus jusque là.
" Et, bien sûr, à mesure que nous vieillissons, la part des moments difficiles l'emporte. Mais, en même temps, l'expérience nous a donné les moyens de surmonter ces échecs et de trouver le chemin qui nous permet d'aller plus loin. Il nous faut aussi insérer cette cassette ci dans notre magnétoscope mental.
" Si nous ne regardons que le film de nos échecs, nous restons paralysés. Si nous ne regardons que le film de notre expérience, nous finirons par nous croire plus sages que nous ne le sommes en réalité.
" Nous avons besoin des deux cassettes."

Paulo Coelho
(Maktub, 2004)

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07 août 2006

Parce que c'est beau

Prière au sommeil

Somme, doux repos de nos yeux.
Aimé des hommes et des dieux,
Fils de la Nuit et du Silence,
Qui peux les esprits délier,
Qui fais les soucis oublier,
Endormant toute violence.

Approche, ô Sommeil désiré !
Las ! c'est trop longtemps demeuré :
La nuit est à demi passée,
Et je suis encore attendant
Que tu chasses le soin mordant,
Hôte importum de ma pensée.

Clos mes yeux, fais-moi sommeiller,
Je t'attends sur mon oreiller,
Où je tiens la tête appuyée :
Je suis dans mon lit sans mouvoir,
Pour mieux ta douceur recevoir,
Douceur dont la peine est noyée.

Hâte-toi, Sommeil, de venir :
Mais qui te peut tant retenir ?
Rien en ce lieu ne te retarde,
Le chien n'aboie ici autour,
Le coq n'annonce point le jour,
On n'entend point l'oie criarde.

Un petit ruisseau doux-coulant
A dos rompu se va roulant,
Qui t'invite de son murmure,
Et l'obscurité de la nuit,
Moite, sans chaleur et sans bruit,
Propre au repos de la nature.

Chacun hors que moi seulement,
Sent ore quelque allégement
Par le doux effort de tes charmes :
Tous les animaux travaillés
Ont les yeux fermés et sillés,
Seuls les miens sont ouverts aux larmes.

Si tu peux, selon ton désir,
Combler un homme de plaisir
Au fort d'une extrême tristesse,
Pour montrer quel est ton pouvoir,
Fais-moi quelque plaisir avoir
Durant la douleur qui m'oppresse.

Si tu peux nous représenter
Le bien qui nous peut contenter,
Séparé de longue distance,
Ô somme doux et gracieux !
Représente encore à mes yeux
Celle dont je pleure l'absence.

Que je voie encor ces soleils,
Ce lis et ces boutons vermeils,
Ce port plein de majesté sainte ;
Que j'entr'oie encor ces propos,
Qui tenaient mon coeur en repos,
Ravi de merveille et de crainte.

Le bien de la voir tous les jours
Autrefois était le secours
De mes nuits, alors trop heureuses ;
Maintenant que j'en suis absent,
Rends-moi par un songe plaisant
Tant de délices amoureuses.

Si tous les songes ne sont rien,
C'est tout un, ils me plaisent bien :
J'aime une telle tromperie.
Hâte-toi donc, pour mon confort;
On te dit frère de la Mort,
Tu seras père de ma vie.

Mais, las ! je te vais appelant,
Tandis la nuit en s'envolant
Fait place à l'aurore vermeille :
O Amour ! tyran de mon coeur,
C'est toi seul qui par ta rigueur
Empêches que je ne sommeille.

Hé ! quelle étrange cruauté !
Je t'ai donné ma liberté,
Mon coeur, ma vie, et ma lumière,
Et tu ne veux pas seulement
Me donner pour allégement
Une pauvre nuit tout entière ?

 

Celui que l'Amour range à son commandement

Celui que l'Amour range à son commandement
Change de jour en jour de façon différente.
Hélas ! j'en ai bien fait mainte preuve apparente,
Ayant été par lui changé diversement.

Je me suis vu muer, pour le commencement,
En cerf qui porte au flanc une flèche sanglante,
Depuis je devins cygne, et d'une voix dolente
Je présageais ma mort, me plaignant doucement.

Après je devins fleur, languissante et penchée,
Fuis je fus fait fontaine aussi soudain séchée,
Epuisant par mes yeux toute l'eau que j'avais.

Or je suis salamandre et vis dedans la flamme,
Mais j'espère bientôt me voir changer en voix,
Pour dire incessamment les beautés de Madame.

 

Philippe DESPORTES (1546-1606)
(Recueil : Les amours de Diane) 

23:20 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Littérature