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30 juillet 2006

Gemme!

Tahar Ben Jelloun

L'amitié est une religion sans Dieu ni jugement dernier. Sans diable non plus. Une religion qui n'est pas étrangère à l'amour. Mais un amour où la guerre et la haine sont proscrites, où le silence est possible.
(Éloge de l'amitié, Éd. Arléa, p.9 )
 
Le temps est le meilleur bâtisseur de l'amitié. Il est aussi son témoin et sa conscience. Les chemins se séparent, puis se croisent.
(Éloge de l'amitié, Éd. Arléa, p.26 )
 
Quand une amitié est bafouée, rien ne peut la reconstituer. Tandis que les blessures d'amour - du désir, de la sexualité - peuvent se cicatriser, celles de l'amitié sont éternelles, définitives.
(Éloge de l'amitié, Éd. Arléa, p.52 )
 
Je considère qu'un ami est celui qui ne ment pas, ne fait pas semblant et parle avec toute la sincérité, la franchise que l'amitié véritable requiert. C'est ce que j'appelle l'exigence amicale : dire ce qu'on pense sans, bien sûr, être blessant.
(Éloge de l'amitié, Éd. Arléa, p.56 )
 
L'ami est-il celui qu'on peut déranger ? Oui, surtout s'il peut être utile.
(Éloge de l'amitié, Éd. Arléa, p.82 )
 
L'amitié ne rend pas le malheur plus léger, mais en se faisant présence et dévouement, elle permet d'en partager le poids, et ouvre les portes de l'apaisement.
(Éloge de l'amitié, Éd. Arléa, p.84 )
 
[...] l'amour n'atteint la maturité et la sérénité qu'aidé par l'amitié. Il y faut du temps, de la générosité et de la lucidité.
(Éloge de l'amitié, Éd. Arléa, p.96 )
 
Le destin est ce qui nous arrive au moment où on ne s'y attend pas.
(Éloge de l'amitié, Éd. Arléa, p.114 )
 
Être exigeant est une règle de base. Être tolérant est un principe. Veiller sur l'état de l'amitié est un devoir. Penser à l'autre, savoir être présent quand il le faut, avoir les mots et les gestes qu'il faut, faire preuve de constance dans la fidélité, c'est cela l'amitié, et c'est rare.
(Éloge de l'amitié , Éd. Arléa, p.123 )
 
L'amitié qui se lit sur les visages et dans les gestes devient comme une prairie dessinée par un rêve dans une longue nuit de solitude.
(Éloge de l'amitié, Éd. Arléa, p.124 )

16:05 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Littérature

27 mars 2006

"Vivons en paix, exterminons discord; Ieunes et vieux, soyons tous d'un accord"

Connaissiez-vous François VILLON sous ce jour?

François Villon, Ballades en argot homosexuel, 1455 et 1461.

Ballade IV


Saupicqué frouans des gours arques
Pour desbouser beausires-dieux
Allez ailleurs planter voz marques !
Bevards, vous estes rouges gueux :
Berart s'en va chez les joncheux,
Et babigne qu'il a plongis.
Mes frères, soiez embraieux
Et gardez les coffres massis !

Si gruppés [vous] estes des grappes,
De ces angelz si [gras de lifres]
Incontinant mantheaulx et chappes
Pour l'embou[r]e ferez eclipses ;
De vos farges seres bésifles,
Tout de bout [et] nompas assis.
Pour ce, gardez d'estre [en leur griffes]
Dedans ces gros coffres massis.

Nïaiz qui seront attrappés,
Bien tost s'embrouëront au halle.
Plus n'y vault que tost ne happez :
La baudrouse de quatre talle
(Destirer fait la hirenalle
Quant le gosier est asségis),
Et si hucque la pirenalle
Au saillir des coffres massis.

Prince des gayeuls : [Luez marques],
Que voz contres ne soient greffiz
Pour doubte de frouer aux arques.
Gardez-vous des coffres massis !

medium_villon.jpg

Traduction de la Ballade des enculés

Tamponneurs qui cognez de gros culs
Pour avoir vidé les priapes :
Allez ailleurs planter votre poinçon !
Fellateurs, vous êtes de faux passifs :
Bérard-le-fourbe s'en va chez les pigeons
Et biberonne ceux qu'il a trompés.
Mes frères, ayez la bouche engluée de « résine »,
Puis sabrez les derrières fessus !

Si on vous écluse la grappe,
Aussitôt vous éclipserez [dans votre cul] la poutre et le gland
De ces loubards aux lèvre poissées [par votre sperme]
Pour qu'ils vous bourrent.
Vous aurez le train qui vous sifflera,
[Vous serez] sur un bout et non pas enfoncés [dans un séant].
Pour cette raison, protégez-vous de leurs griffes
Au fond de ces gros derrières fessus.

Les niais qui seront attrapés
S'englueront bientôt [le pénis de sperme] à cause d'un tarissage.
Que vous happiez une bite ne vaut pas mieux :
La baudruche pousse [alors] d'équerre
(Quand le gosier est « assiégé »
Il fait s'étirer l'antenne),
Et ensuite elle heurte à votre guichet
A l'assaut des derrières fessus.

Prince des baiseurs : Sucez les plantoirs,
Pour que votre pilon ne soit pas branlé
Sur le soupçon de [vouloir]cogner dans un cul.
Fuyez les derrières fessus !

Pourquoi parler de Villon aujourd'hui? medium_villonparteule.gifParce que Jean Teulé vient de se glisser dans la peau du "mauvais garçon" , débauché sublime, poète maudit... qui nous a laissé la Ballade des pendus, la Ballade des dames du temps jadis, chantée par Brassens, les Ballades en Argot homosexuel, etc...

Et que je brûle d'envie de me l'offrir ce bouquin. (Cf. l'article sur L'Express Livres)


23 janvier 2006

Une lesbienne gagne le prestigieux prix Whitbread du meilleur roman!



J'apprends qu'Ali Smith a remporté le prestigieux prix Whitbread (Royaume-Uni) pour le meilleur roman de 2005. L'Écossaise a été couronnée le mercredi 4 janvier pour son livre The Accidental. Ali Smith, l’écrivain d’Inverness aujourd’hui basé à Cambridge (sud est de l’Angleterre) s’est imposée face à de très grands noms de la littérature britannique, Salman Rushdie ("Shalimar le clown") et Nick Hornby ("A long way down") notamment.
Déjà finaliste à deux reprises pour le Booker Prize, le plus célèbre des prix littéraires britanniques, en 2001 et 2005, Ali Smith a enfin décroché la récompense avec l’histoire d’Ambre, une femme qui va totalement bouleverser la famille Smart en débarquant à l’improviste sur le pas de sa porte, dans le Norfolk.

Son roman raconte l'histoire d'une femme mystérieuse qui séduit le fils adolescent d'une famille en vacances sur la côte est anglaise, semant le désordre dans leur vie, le tout sur fond de guerre en Irak. The Accidental, comme tous les livres de l'auteure jusqu'à présent, est dédié à sa compagne Sarah, avec laquelle elle vit depuis 18 ans.

Professeur d'université en Ecosse, Ali Smith avait abandonné son poste, victime de fatigue chronique, il y a quelques années, pour se consacrer définitivement à l'écriture. "The Accidental" est son troisième roman, après "Like" (1997) et "Hotel World" (2001). Il est maintenant en lice pour le prix Whitbread du meilleur livre de l'année, qui met en compétition les lauréats de 5 catégories: roman, premier roman, biographie, poésie et livre pour enfants. Ce prix, décerné le 24 janvier, est accompagné de 36.000 euros.

Cela m'inspire quelques réflexions:
* Tant mieux si une lesbienne voit son talent reconnu, ce n'est pas si souvent que cela arrive!.
* Je regrette toutefois que son histoire ne soit pas homo, cela fait un moment que je n'ai pas lu de bon roman homo, pas depuis les romans de Sarah Waters je crois.
* C'est bien, un prix de 36000 euros, pour une fois qu'un écrivain ne crève pas de faim, mais ça, c'est pour le ou la meilleure! Les autres peuvent continuer à faire la manche...

29 novembre 2005

J'aime ses écrits

À quoi reconnaît-on ce que l'on aime? À cet accès soudain de calme, à ce coup porté au coeur et à l'hémorragie qui s'ensuit - une hémorragie de silence dans la parole. Ce que l'on aime n'a pas de nom. Cela s'approche de nous et pose sa main sur notre épaule avant que nous ayons trouvé un mot pour l'arrêter, pour le nommer, pour l'arrêter en le nommant.

Il n'y a pas de connaissance en dehors de l'amour. Il n'y a dans l'amour que de l'inconnaissable.

Qui n'a pas connu l'absence ne sait rien de l'amour. Qui a connu l'absence a pris connaissance de son néant - de cette connaissance lointaine qui fait trembler les bêtes à l'approche de leur mort.

Ce qu'on apprend dans les livres, c'est la grammaire du silence, la leçon de lumière. Il faut du temps pour apprendre. Il faut tellement plus de temps pour s'atteindre.

Il y a plus de clarté dans les livres que dans le ciel. Il y a plus de clarté dans le sommeil des amants que dans les livres.

Aimer quelqu'un, c'est le dépouiller de son âme, et c'est lui apprendre ainsi - dans ce rapt - combien son âme est grande, inépuisable et claire. Nous souffrons tous de cela: de ne pas être assez volés. Nous souffrons des forces qui sont en nous et que personne ne sait piller, pour nous les faire découvrir.
Pour s'éprendre d'une femme, il faut qu'il y ait en elle un désert, une absence, quelque chose qui appelle la tourmente, la jouissance. Une zone de vie non entamée dans sa vie, une terre non brûlée, ignorée d'elle-même comme de vous.

Nous ne sommes faits que de ceux que nous aimons et de rien d'autre.
 
Tu es, mon amour, la joie qui me reste quand je n'ai plus de joie.
 
Citations extraites ds livres de Christian Bobin