17 juin 2006
Nouvelles du front
Jeudi nous avons adopté une nouvelle coupe en brosse, "a crop-cut" comme on dit aux USA. Ca lui va super bien, la beauté de son visage est tellement mise en valeur, ce que je n'ai de cesse de lui dire! Un peu réticente au départ à l'idée que je suive le mouvement, une fois ma nouvelle tête terminée je sais dans ses yeux comme je lui plais, et ses mots me le confirment. Et oui, il faut oser! La vie est trop courte pour ne pas se permettre toutes nos envies: une femme à cheveux très courts, c'est beau et très séduisant, du moment qu'on lâche tous ses a priori sur les looks qu'on est censé adopter, qu'on soit homme ou femme!
A ce propos si vous voulez des idées de coupe, il y a un site génial sur ce lien:
http://www.haircuts.ru/foto/crop_e.html
Dans une dizaine de jours nous passerons à la version GI Jane, puis le traitement se chargera de terminer la coupe de MaryL dans les jours suivants. Je ne sais si je serai solidaire jusqu'au bout, - il y a le boulot, quoique je suis capable de tout et ils le savent, genre, tiens! une originalité de plus!... et puis c'est pour ce qu'il y a dans ma tête et pas sur ma tête qu'on me paie, m'enfin!... - mais cela me tente assez pour l'été, surtout qu'il fait une canicule d'enfer! Il y a juste que moi j'ai le choix et que cela rend les choses tellement plus faciles! Shit!
Mais regardez comme ces femmes sont belles! Cessons d'y voir les stigmates d'une maladie! Ces coupes de l'extrême donnent un look extra où la femme explose de féminité et de beauté.
http://www.haircuts.ru/foto/bald_e.html
http://www.haircuts.ru/foto/shaved_e.html
Vendredi nous avons affronté pour la première fois la section 'hospitalisation de jour' du service d'oncologie de l'hôpital pour la pose du PAC; arrivée huit heures, intervention à pas-d'heure-prévue vous-verrez-bien-madame, ah bon vous ne faites pas le traitement aujourd'hui? lundi, vous êtes sûre? parce que s'il y a un hématome, on ne pourra pas piquer dans le PAC et il faudra revenir dans huit jours... c'est embêtant, qui a décidé ça!?... nous ne sommes pas au courant, personne ne nous en a informés,... faut que je vois avec le docteur, etc
Le summum du conflit médecins-cadres infirmiers, nous on n'a pas besoin de supporter ça, ça commence mal. En même temps, on les sent stressés, et vu leur métier à longueur d'année, les soins lourds, les pathologies lourdes, les difficultés de gestion parfois, l'impuissance à guérir dans certains cas, on peut les comprendre... travail flippant et don de soi, nerfs à vif et disponibilité de tous les instants aux patients, probablement pas toujours faciles... Nous ne devrons pas oublier que nous avons affaire à d'autres humains, fragiles eux aussi et nous tâcherons de ne pas oublier leur fatigue potentielle et leur dévouement presque sans faille. Ne pas penser qu'à soi. Surtout pas. Ne pas se laisser enfermer par la maladie.
Entrevue avec le médecin: on risque d'attendre jusqu'en début d'après-midi, mais le temps passe avec quelques examens complémentaires et les traditionnelles prises de données phy.
Surprise, dix heures trente, la porte s'ouvre, on vient vous chercher pour le bloc madame, elle murmure: "Je n'ai droit à aucune prémédication? Parce que je croyais..." Non, c'est descente directe en salle d'op. Je suis son lit jusqu'à l'ascenseur et elle a juste le temps de me faire un grand coucou et de me dire "T'inquiète pas, je n'ai pas peur". Je le vois dans ses yeux mais je sens aussi son stress, palpable. Je sais que l'intervention en local prend de 20 minutes à 40 minutes et je souhaite de tout mon coeur que tout se passe au mieux et sans douleur. La souffrance de celle que j'aime, noooon, oh noooon... On m'informe qu'elle remontera dans une petite heure grand maximum, alors je vais buller dans l'entrée de l'hôpital, feuillette des revues sans lire chez le marchand de journaux, ressors dans le couloir direction les parkings, puis passe un coup de fil professionnel pour évoquer l'idée d'un éventuel retard. J'ai la tête vide, le regard rivé sur la montre, comme le 17 mai durant la longue opération, c'était sacrément plus long. Oui mais là elle dormait, aujourd'hui elle ne dort pas! Je regrette de ne pas avoir insisté ce matin pour qu'elle prenne un léger calmant à la maison. Et elle qui ne supporte pas même la vue d'une prise de sang!
Le temps n'avance pas, pourvu qu'elle soit bien, que le chirurgien soit bon et puis 20 minutes ça sufffit bien comme ça, ça fait quarante minutes maintenant qu'elle est là-bas, alors je remonte dans le service! Une fois dans la chambre, je tourne en rond, ouvre la fenêtre plus grand, ressors dans le couloir. C'est anormalement long, cela n'en finit plus, je ne le sens pas ce truc, j'ai comme une boule chaude dans la trachée, il y a quelque chose qui déconne je le sens. Ma belle va effectivement remonter au bout d'une heure vingt, blanche comme le drap, immobile sur le lit, et ce qui me frappe immédiatement, en bien moins bonne forme qu'au retour de son opération le mois dernier! Le comble!
Je me précipite: "Tu as mal?" Un faible murmure me répond: "Non je n'ai pas eu mal du tout." Au même moment l'aide-soignante qui pousse le lit me dit en souriant avec une gentillesse qui me touche "Oh, elle nous a fait un petit malaise, ... il ne faut pas la laisser seule...". J'apprendrai par la suite le déroulement des évènements, le chirurgien vasculaire qui a l'air compétent dans son boulot, mais bien maladroit sur un plan humain, n'a rien trouvé de mieux que de déclarer sur la fin de l'intervention : 'Ah bon, votre chimio est lundi? oh mais au bout de trois jours, ce n'est pas une bonne idée, s'il y a une infection, ce ne sera pas ma faute!'
Alors là, ma douce n'a plus su ce qui était bien ou pas à faire, ni qui croire et en qui avoir confiance, et elle s'est sentie mal et elle a tout juste eu le temps de le dire, d'où masque à oxygène et compresses froides sur le visage jusqu'à ce qu'elle revienne à un état plus stable! En plus il n'était apparemment pas au courant qu'il ne devait pas laisser l'aiguille en place, mais alors à quoi ça sert les dossiers s'ils ne les lisent pas, les consignes du cancérologue à ce sujet y figuraient en bonne place! Heureusement qu'elle était suffisamment lucide pour le lui faire remarquer, parce que sinon bonjour le confort, surtout pour trois nuits!
On est parties de là à 15 heures après qu'elle ait pu manger et se requinquer, puis terminer les derniers examens utiles au jour J, non sans avoir signalé au médecin ce qui s'était passé, laquelle s'est montrée assez rassurante.
Mais il faudrait voir à ce qu'ils accordent leurs violons! Que de stress! 'tain, pourvu que ça soit pas ce merdier lundi pour la chimio, parce que comme mise en confiance, il y a mieux!
Et puis j'ai travaillée vannée jusqu'à 20 heures pendant qu'elle somnolait dans notre chambre, on a dîné en vitesse après un coup de fil à notre gynéco qui nous a bien rassurées: quelle personne pleine de tact et d'informations utiles, franche et peu avare de bons conseils si utiles depuis le début! Thank you Doc!
MaryL dort paisiblement, moi je suis debout depuis 4h30 du mat'. Cela fait un bon moment que je ne dors que cinq ou six heures et ce n'est pas sûr que ça va s'arranger dans les jours à venir... Mais la mauvaise herbe est résistante!
06:45 Publié dans Lame de fond | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Vaincre la maladie
10 juin 2006
Protocole
Vu médecin oncologue aujourd'hui. Stop.
Bonne impression. Stop.
Pose du port à cath sous anesthésie locale vendredi 16 juin. Stop.
6 séquences de chimio à venir. Stop.
1ère séquence lundi 19 juin. Stop.
Dangerosité des produits bien intégrée par mon "L" qui commence à en accepter la réalité prochaine, d'où peur. Stop.
Sa mission? Apprendre à affronter cette peur. Puis réussir à la maîtriser. Stop.
Comme à l'étape précédente... Comme à chaque nouvelle marche à gravir dans ce long périple vers la guérison... Stop.
Quelle école de courage et de renoncement tout à la fois! Stop.
Renoncer à son apparence habituelle, renoncer à une santé faussement bonne pour un état plus que limite, mais nécessaire à la restauration de la santé véritable. Stop.
Un monde d'apparences trompeuses mais c'est à ce prix que l'on échappe à la Camarde... Elle fauchera ailleurs en attendant et reviendra à son heure... Stop.
Traitement inhumain amélioré d'année en année pour devenir de plus en plus supportable, de moins en moins agressif, seule assurance sur l'avenir. Se choisir épargnée plutôt que condamnée un jour sans méfiance. Pour cela il faut en passer par la porte étroite, celle où tout est poids et peine, pour gagner son paradis... après. Que de courage il faut parfois pour vivre! Stop.
Vous vous souvenez sûrement de la chanson de Brassens:
"Le petit cheval dans le mauvais temps,
Qu'il avait donc du courage!
C'était un petit cheval blanc,
Tous derrière et lui devant."
Ma douce, tu es un petit cheval bien courageux dans cet orage qui s'annonce. Nous allons toutes et tous t'encourager pour que tu te battes au mieux! Je sais que tu le peux!
02:15 Publié dans Lame de fond | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Vaincre la maladie
05 juin 2006
New look
Ce week-end, on s'est coupé les cheveux très courts!
Il est vrai que nous ne les portions longs ni l'une ni l'autre, mais cette fois-ci nous avons fait version "été plus"! et j'ai décidé d'être solidaire... de toute façon je porte toujours les cheveux très courts en été.
Pour l'instant, je lui ai fait une coupe très courte qui met en valeur son beau visage, ses yeux verts et lui va super bien!
Après une petite larme à la pensée d'être obligée de procéder ainsi, elle a fini par dire qu'il est bien possible qu'elle rechoisisse de refaire cette coupe par la suite car cela lui plaît beaucoup, mais que là c'est pour préparer la suite, qu'elle n'a pas le choix et que c'est ça qui est dur...
Nous avons décidé de couper encore plus court dans quelques jours, et d'y aller en plusieurs étapes jusqu'aux jours à risque de la chimio (3e semaine de traitement), pour que MaryL s'habitue progressivemment à son nouveau visage et que ses enfants se familiarisent avec sa nouvelle apparence. Et puis elle a déjà fait l'acquisition de casquettes, de chapeaux et autres accessoires qui vont lui faire un look d'enfer! Elle refuse l'idée d'une perruque et préfère rester naturelle. Bravo ma courageuse! On s'en fout du regard des autres, et puis d'ailleurs on a déjà tellement l'habitude de ne pas plaire à tout le monde, nous autres!
Pour ma part, je la trouve toujours belle et qu'elle soit version GI Jane ou pas, je l'aime!
08:20 Publié dans Lame de fond, Vie de famille ... homoparentale | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : Vaincre la maladie
04 juin 2006
Mon ami
Ce garçon-là est mon ami et je l'aime beaucoup.
http://www.syldemon.gayattitude.com
Il écrit avec ses tripes, avec ses larmes, avec sa joie, avec son sang, avec sa sueur, avec son rire clair, avec sa force, de tout son talent d'homme qui aime la vie et les lettres. C'est un coeur si plein d'amour qu'il a fait ce post pour ma belle et que j'en ai eu les larmes aux yeux.... Attention, image très dure, âmes sensibles s'abstenir!
http://blog.syldemon.gayattitude.com/20060523201408.
C'est un mec, un vrai! Et dans ma bouche, c'est un sacré compliment!
22:55 Publié dans Aimer, Lame de fond | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Vaincre la maladie
31 mai 2006
Lesbiennes et cancer du sein
Voici un site à visiter absolument!
Lesbians and Breast Cancer Treatment
Je n'ai pas le temps d'en éditer la traduction pour le moment, je verrai plus tard. En attendant, si vous comprenez l'anglais, n'hésitez pas! En France sur les forums de discussion, je n'ai trouvé personne pour l'instant qui aborde le sujet de cette façon. Je sens que je vais m'en mêler...
PS: et un autre site, qui nous vient du Canada cette fois:
Se montrer au grand jour
Les lesbiennes et le cancer
PS2:
Pour ma part, j'ai eu un excellent contact avec le personnel médical hospitalier pour le moment. Le chirurgien m'a traitée comme une conjointe et non comme une étrangère, il m'implique dans les soins, le traitement et me responsabilise (par exemple, il m'a confié les pansements de ma belle à refaire pendant une semaine, sentant d'une part que j'en étais capable, et d'autre part que ce serait mieux qu'une personne étrangère, notre proximité rendant le soin plus plaisant pour elle aussi): vous imaginerez sans peine à quel point c'est agréable d'être si bien considérées et reconnues en tant que couple, ainsi que pour moi d'être impliquée, d'être active dans les traitements. Car le plus dur reste de me sentir impuissante parfois à empêcher/alléger les peines et les douleurs de mon aimée. Cette attitude si acceptante nous aide beaucoup.
Un seul accrochage avec une infirmière revêche, ce qui a généré une grande colère puis une grande peine en nous après un moment de stupeur où nous ne comprenions plus ce qui se passait! Colère qu'il a fallu maîtriser d'urgence pour mon L qui a eu peur d'être maltraitée par cette personne, colère puis tristesse pour moi de me voir interdire l'accès au service où elle subissait un soin. Mais nous avons décidé de ne plus nous laisser faire: si cela se reproduit, nous exigerons d'être traitées autrement!
20:15 Publié dans Etre gay ou lesbienne en 2008, Lame de fond | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Homosexualité et Homophobie, Vaincre la maladie
29 mai 2006
Tchao les points, bonjour les douches... pas froides siouplè!
De grosses réserves de bonheur après une Fête des Mères très réussie avec Junior et Champion!
Ils ont vraiment gâté leur Maman cette année. Notre épreuve les mûrit et ils ont même cassé leur tirelire pour lui offrir des cadeaux à son goût (oui oui, ils ont pris soin d'enquêter avant...). Et en plus, ils se sont tenus comme il faut presque tout le temps au restaurant, nous avions cassé notre tirelire aussi pour fêter ça...
J + 12. Nous savons depuis la fin de la matinée:
- qu'aucun ganglion ôté n'était infecté,
- que le cancer n'est pas hormono-dépendant, donc pas de traitement qui la ménopause avant l'heure, faut pas déconner non plus, manquerait plus qu'elle y passe avant moi!
- qu'aucune autre opération ne sera nécessaire, même s'il reste une marge de tissu précancéreux en bordure extérieure mais près de la peau. Chose qui n'était pas sûre du tout samedi quand nous avons dû retourner à l'hôpital pour cause de lymphocèle sous l'aisselle et que le chirurgien nous a dit que les cancérologues étaient pour des traitements très agressifs en ce moment et que ce n'était pas lui qui décidait.... c'est dire qu'on a eu très peur d'une deuxième intervention, du genre mutilante...
Nous ne sautons pas de joie, mais ça pourrait être tellement pire encore!
Etape 2 comme prévu donc: chimiothérapie durant près de cinq mois. Nous n'en connaissons pas encore le protocole précis.
Nous revoyons le médecin jeudi soir. A suivre...
22:40 Publié dans Lame de fond, Vie de famille ... homoparentale | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Vaincre la maladie
25 mai 2006
Attente...
Nous sommes dans l'attente inquiète et tendue des résultats d'analyse. Elle est si vulnérable, si fatiguée!
Je fais une prière muette mais fervente pour qu'il n'y ait pas à rouvrir pour ce qu'ils appellent un 'rattrapage des marges'... ou pire encore...
Le caractère infiltrant et le grade élevé, avec certitude de traitement lourds et longs, ça nous suffit déjà bien comme ça!
Difficile aussi avec sa famille qui lui reproche encore son passé, mais pourquoi viennent-ils donc nous voir? Est-ce uniquement pour se déculpabiliser, au cas où... ? Ce matin, ma toute belle n'avait pas le moral, suite à un accrochage téléphonique avec le père de ses gosses, qui fait tout pour ignorer la gravité de son mal et tente d'en profiter pour s'approprier les enfants un peu plus (ah celui-là aussi, il n'en rate pas une, c'est bien le moment!... ** ). Elle les a appelés pour un peu de soutien et de réconfort. Et bien c'est raté! Résultat: mélange de larmes et de colère.
Et moi j'ai la rage. C'est trop facile de dire/prétendre qu'on aime les gens tout en montrant le contraire sous prétexte qu'ils ne mènent pas la vie qu'on avait rêvée pour eux!
Du moins je sais maintenant le genre de soutien que nous pouvons attendre d'eux: forcément limité... On fera avec... ou sans. Elle a le choix, c'est à elle plus que jamais de décider de ce qui peut lui faire du bien et d'éviter ce qui peut la blesser. Inutile de bouffer son énergie dans d'autres luttes, elle ne peut se le permettre.
Quant à moi, qui suis d'un naturel si patient et mesuré le plus souvent - même si je suis aussi une grande râleuse, hum, hum! - il se pourrait bien, si l'on me pousse à bout et notamment si je la vois très malheureuse à cause de conneries totalement et définitivement inacceptables aujourd'hui, il se pourrait bien que j'applique le mode COMBAT ON, non seulement contre la maladie, mais aussi contre tous ceux qui refusent de l'entendre, qui nient ses émotions, qui prétendent régir sa vie comme si nous avions quinze ans, qui la blessent et qui la font pleurer!!! Ca je ne le supporterai pas, je ne laisserai rien de tout cela se faire en me taisant, qu'on se le dise! Et qu'on ne vienne pas me dire que je me mêle de ce qui ne me regarde pas: il est hors de question qu'on la prive de ses enfants, ou qu'on lui montre un déni si fort qu'il la brise, sans que je réagisse! HORS DE QUESTION.
** J'en ai profité pour le rappeler, lui qui ne veut jamais m'adresser la parole, - et ça dure depuis des années, c'est pratique pour l'éducation des gamins! - pour lui dire calmement, poliment et froidement ce que je pensais de son attitude: c'était rationnel, imparable et si juste qu'il m'a raccroché au nez... seulement il a bien fallu qu'il m'entende une heure plus tard quand je suis allée récupérer les enfants (et oui, ma belle ne peut pas conduire en ce moment, il va donc bien falloir que monsieur supporte ma présence pendant quelque temps, héhéhé...); là il a bien été contraint de m'écouter, sans dire un mot certes, la tête baissée sur son volant, mais je sais qu'il n'est pas sourd! Quand je vous dis que c'est MODE COMBAT ON!
16:50 Publié dans Lame de fond | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Vaincre la maladie
21 mai 2006
Elle est rentrée!
J + 4
Ma chérie est rentrée! Je suis allée la chercher hier en début d'après-midi et nous sommes à la maison depuis, après trois nuits passées à l'hôpital.
Certes il y a ce dernier redon (nous l'avons surnommé Ed...) à enlever demain matin, et les points plus tard dans la semaine, mais on avance!
Nous sommes reparties de l'hôpital avec les consignes à respecter pour le bras opéré après le curage axillaire. Et puis il y aura toute la suite à vivre après les résultats d'analyse qui poseront le diagnostic complet et le protocole définitif, mais ça y est: on est ensemble à la maison et son énergie se décuple au fil des heures!
Il faut même que je grogne par moments pour qu'elle aille se reposer en lui rappelant que le médecin a toléré cette sortie avec drain encore en place à condition qu'elle se repose beaucoup!
Mais quand je la vois qui trottine joyeusement dans la maison ce soir et fait tout ce qui lui est possible pour m'aider, c'est tellement bon!
Et en plus elle vient d'allumer son ordinateur pour regarder le blog et c'est elle qui a fait tourner le compteur sur 2000! Youpee!
21:50 Publié dans Lame de fond | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Vaincre la maladie
18 mai 2006
J +1
L'opération s'est très bien passée, après un repérage que nous appréhendions un peu et qui finalement a été simple et non douloureux. Il n'a pas été nécessaire d'ôter plus large que prévu. Ma toute belle m'a seulement fait très peur de remonter si tard du bloc opératoire (une heure et demie de plus que prévu), en fait ils l'ont descendue un peu trop tôt au bloc... qui n'était pas encore prêt à son arrivée! Mais ça on ne le sait qu'après!
Le chirurgien est un pro qui a bien travaillé, protégeant les nerfs et un max de vaisseaux lymphatiques et reconstruisant même au mieux le galbe du sein pour qu'il n'y ait pas de trace trop importante de l'exérèse tumorale (14 mm de tumeur + 2 cm dans toutes les directions, ça donne une idée!). Nous l'avons déjà revu plusieurs fois depuis hier: très aimable, il s'inquiète de son bien-être et veille à sa non-souffrance et distribue régulièrement des analgésiques à prendre dès que nécessaire. Il n'y a pas eu besoin de gros moyens comme pompe à morphine, etc... Ô miracle, il trouve même que la pratique du yoga est une bonne chose, tant sur le plan physique que moral et est surpris de la musculature que cela procure! Ben oui, les adeptes de yoga ne restent pas assis dans un coin en tailleur à psalmodier des mantras, mais cela peu de gens le savent finalement...
Ma belle a pu manger dans la soirée, un peu de soupe, puis un peu plus tard un dessert,... Le dessert est mieux passé, je n'ai même pas pu lui piquer! Mais non, je rigole! J'ai eu le droit de rester cette nuit près d'elle après une fausse alerte où peut-être je n'aurais pas eu de lit pour rester, le service étant surchargé!
Donc pour moi, dîner au self de l'hôpital (comment ça, si j'ai regardé de jolies infirmières! Mais vous ne savez donc toujours pas que ma belle est LA plus belle femme du monde? et puis, pourquoi si elles sont jolies seraient-elles systématiquement infirmières et jamais médecins, chirurgiennes, spécialistes éclairées? Tssss...), douche rapide autorisée exceptionnellement en raison de la canicule (36° à l'ombre! sans clim!) et dormir/somnoler sur un lit de camp assez confortable, notre sommeil étant ponctuée par les visites des infirmières contrôlant tension, température, redons, ... toutes les trois heures. J'ai même eu le droit de prendre mon petit déjeuner avec elle ce matin, d'où grossse joie de pouvoir partager ce repas en pareille circonstance! S'il n'y a aucune admission dans cette chambre aujourd'hui, le service a prévu que je reste encore cette nuit. Ma douce est très rassurée, elle a peur d'avoir plus mal si elle est seule la nuit.
La sortie est prévue en fin de semaine si tout continue comme ça, aujourd'hui le chirugien lui demande de se lever et de commencer à se balader un peu. Elle se sent très fatiguée et m'a priée de demander à nos ami(e)s d'attendre demain pour les visites. Le service est super et le personnel très gentil. Nous avons de la chance dans notre malheur! Voilà une étape de franchie, cette saloperie de carcinome n'est plus en elle.
Résultats des analyses dans 8 jours, puis visite à l'oncologue et protocole étape 2! On va continuer le combat!
PS: je viens d'apprendre qu'elle a pu se lever, faire un brin de toilette et aller trottiner doucement dans le couloir du service! Youpee!
13:05 Publié dans Lame de fond | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : Vaincre la maladie
17 mai 2006
D Day
Merci de vos encouragements. Tout est prêt. Nous allons tâcher de dormir un peu. Réveil à l'aube. Direction hôpital...
A bientôt.
00:25 Publié dans Lame de fond | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Vaincre la maladie
16 mai 2006
Humaines
J - 1
Peur...
...
Mais détermination.
Forte.
Intense!
Ma belle est courageuse, je l'admire.
Tumeur au nom prédestiné, tu vas mourir. Carcinome de malheur, demain on aura ta peau!
Nous vaincrons.
12:15 Publié dans Lame de fond | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Vaincre la maladie
15 mai 2006
Télégramme
J - 2 stop
Un merveilleux dimanche stop
Rechargées à bloc du bonheur d'être ensemble, de joies simples partagées, tendresse, repas, rangements stop
L'aménagement de notre chez nous continue stop
Avec elle, même le ménage ou le linge deviennent une fête stop
Le soleil a brillé toute l'après-midi, dehors et dedans stop
Elle a souri tout le jour stop
Je suis heureuse stop
Nous allons vaincre.
00:45 Publié dans Aimer, Lame de fond | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Vaincre la maladie
09 mai 2006
Voir les étoiles en plein jour!
Plus que 8 jours...
Rappelez-vous... http://lecritquigratte.hautetfort.com/archive
Pour fêter ça cette année, nous, on a décidé de lutter... en milieu hospitalier! Ce sera la première grande étape de notre combat personnel, en espérant que nous n'aurons pas à en mener un autre de front contre une homophobie toujours possible!
Il est vrai que ces jours-ci, c'est moi qui ai le plus la pétoche: je ne supporte PAS l'idée qu'elle ait mal, qu'elle soit mal! Le comble? C'est elle qui me rassure! Elle me dit que tout va bien se passer et que maintenant, passé le choc des premiers jours, elle se sent de mener ce combat et de le gagner. Que la semaine de vacances avec les enfants a été une chance aussi pour retrouver des forces, accumuler des réserves de bonheur, et les préparer un peu mieux eux aussi. Alors, quand je la vois si forte et si vaillante, je nous sens parées à affronter la suite!
Et puis vous savez quoi? Dans les tarots, le XVII, c'est l'Etoile, une lame d'espérance et de succès!
La Kabbale nous enseigne qu' avec L'Etoile, en fin de Tarot, la route du cosmique s'ouvre avec ce qui est le plus loin de nous et pourtant reste visible! Egalement première vision de l'eau, l'Etoile baigne sous de multiples rayons. Un flot d'ondes cosmiques devient source d'ondes au sol. Recevoir du haut et émettre vers le bas, maîtriser toutes les formes d'ondes, semble être le discours de l'arcane.
Pour la première fois un être est entièrement nu. Après un dépouillement, l'accès au cosmique se fait donc quand on sait voir en l'être au-delà de l'habillage, quand on voit les étoiles même en plein jour.
Huit étoiles pour illustrer cette deuxième forme du 8 (17=1+7). Ondes de l'eau et ondes de l'haut (rayonnement des étoiles) sont étroitement mises en rapport, et l'être semble faire l'intermédiaire (le bleu dans l'eau, dans la chevelure et dans les étoiles). Avec "L'Etoile" le Tarot nous dit "Elle toi" .
En outre, la position de la femme, de trois-quarts vers la gauche, montre par là une tendance réfléchie allant vers sa réalisation, un état de passivité devenant actif. La dénomination "L'ETOILE" lui a été donnée comme représentation de la force illuminatrice et rédemptrice, symbolisée par les étoiles, celles-ci apportant une clarté venant de l'infini. La lame symbolise l'aide, une force à utiliser, et donne l'inspiration de ce qu'on doit faire. Porteuse d'équilibre et de rayonnement, elle signifie également satisfaction, amour de l'humanité dans sa beauté, réalisation des choses par l'ordre et l'harmonie, grâce à un rayonnement qui attire autrui.
Bref, c'est une lame de rayonnement et de réussite, où l'être se transforme pour un mieux.
Alors finalement, cela me plaît beaucoup que cette opération ait lieu le 17! Je sens que nous allons encore faire de grandes choses toi et moi, ma belle! Une mise à nue pour savoir encore mieux aller à l'essentiel... et pas seulement ça hein (hum, hum)... et pour faire de notre vie à venir un plus grand bonheur encore. Un flot d'ondes pour te guérir! Et que ce soit un jour de lutte aussi pour nos ami(e)s me paraît significatif!
Quant à l'hôpital, zonka bien se tenir! Le premier qui moufte j' lui pète la gueule va en entendre, ça c'est sûr... faudrait pas croire aussi que je suis diminuée, non mais!
09:50 Publié dans Lame de fond, Vie de famille ... homoparentale | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Vaincre la maladie
02 mai 2006
Le certif
Vendredi après-midi.
Coup de fil à la mairie de Au-fin-fond-de-la-France-profonde:
- Allo, l'état-civil? Bonjour, madame, nous aimerions savoir comment obtenir un Certificat de Vie Commune.
- Un certificat de quoi? Attendez, je me renseigne... (la dame chuchote à une collègue notre demande, la collègue visiblement au courant lui répond qu'il s'agit du certificat de concubinage).
Rassurée, ça elle connaît!, elle me répond:
- C'est très simple. Vous apportez une attestation manuscrite spécifiant que vous résidez à la même adresse, un justificatif de domicile, quittance de téléphone, eau, électricité ou autre, et surtout n'oubliez pas de vous munir de vos cartes d'identité à tous les deux. Nous sommes ouverts jusqu'à 18 heures.
Je glisse sur le "tous les deux" (ô combien cet hétérosexisme de base me navre...). Je me tourne vers ma belle qui me regarde les yeux brillants et me déclare:
- On y va aujourd'hui? J'en ai très envie. Ca mettrait du soleil dans notre journée. En ce moment, ça nous ferait du bien.
L'attestation est rédigée en moins de deux sur l'ordi, nous la signons un peu émues. Nous sautons dans nos chaussures, la voiture est devant la porte et nous à la mairie en moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire.
- Bonjour, madame. c'est moi qui vous ai appelée tout à l'heure pour le Certificat ...
Si elle est surprise, elle ne le montre pas et reste avenante. Avenante mais perdue. Toutefois elle prend nos papiers, avec un:
- Veuillez patienter, je vais chercher le formulaire.
S'ensuit une discussion animée dans le bureau voisin. A travers la porte nous percevons des "c'est la première fois que ça arrive, je ne sais pas comment faire, oui mais là on ne peut vraiment pas laisser la phrase vit-maritalement-avec (tiens donc et pourquoi ça?), faut que j'appelle le maire/un confrère/quelqu'un, et surtout, oui surtout ça, c'est le pompon, cette réflexion inimaginable: je ne voudrais pas aller en prison à cause de ça!
La dame de l'accueil réapparaît, accompagnée de la collègue, hostile, qui nous assène:
- Le formulaire ne prévoit pas cette situation. Et puis "vit maritalement avec" ne convient pas. Et il y a le PACS (sous-entendu, c'est pas chez nous, cassez-vous de mes bureaux au plus vite). Nous, nous ne sommes pas obligées de vous faire ce certificat! (Maintenant elle hurle presque) Qu'est-ce qui me prouve que c'est vrai, ce que vous me dites? Et puis pourquoi le voulez-vous d'abord, ce certificat?
Je sens que j'ai les crocs qui poussent...
- Madame, je le sais bien, la loi ne vous oblige pas à le délivrer. Je vous suggère toutefois de passer un coup de fil à Monsieur D, sénateur-maire de Z, qui nous connaît personnellement et pourra attester de la véracité de...
Dans la foulée, je tourne mon regard vers Mary qui a soudain les larmes aux yeux, et dont je mesure toute la déception si nous n'obtenons pas ce bout de papier aujourd'hui. Malgré son émotion palpable qui me retourne jusqu'aux tripes, elle prend la parole d'une voix calme, douce et ferme à la fois:
- Madame, je viens d'apprendre que j'ai un cancer et je dois être opérée dans les jours qui viennent. Nous n'avons pas le temps de préparer un PACS. Je souhaite que ma compagne puisse m'accompagner à l'hôpital et ne rencontre aucune difficulté pour rester auprès de moi, de jour comme de nuit, surtout les premières nuits (sa voix se brise un peu) pour m'accompagner dans cette épreuve. Je ne veux pas qu'à l'hôpital elle soit considérée comme une personne étrangère. Voilà pourquoi nous avons besoin de ce certificat...
La dame est ébranlée et fléchit. Elle part chercher un document que la secrétaire, qui nous regarde avec sympathie, commence à remplir pendant qu'elle téléphone. Ah bon, ce formulaire n'est plus d'actualité? Pouvez-vous me mailer le bon, merci? Bien, bien, je vais leur dire.
Elle revient triomphante:
- Ce formulaire n'a plus cours. Mais surtout, l'attestation n'est plus valable, il vous faut deux témoins. L'état-civil ferme dans moins d'une heure. Nous conservons les autres documents, revenez la semaine prochaine avec vos témoins.
Nous quittons la mairie en râlant, je sens que ma douce va avoir le moral à zéro si rien ne se passe, on remonte à la maison, et coup de chance, notre voisine de droite arrive du supermarché. Nous lui racontons notre mésavanture: elle est partante pour descendre à la mairie de suite. Dans l'intervalle, l'autre voisine sort de chez elle, je pique un sprint dans la rue (ceux qui me connaissent mesureront à quel point c'est exceptionnel!). Rapidement brifée, elle se fend d'un "Oh mais c'est sympa, ça!" qui nous réchauffe le coeur et déclare tout sourire "Je partais chercher la petite à l'école, j'y vais et nous vous attendrons devant la mairie".
Munies de nos deux témoins et d'une gamine, nous déboulons au bout de quinze minutes dans les bureaux de l'état-civil sous les yeux ébahis des employées. Contraintes de rédiger le document demandé, elles s'exécutent d'assez bonne grâce finalement et nous papotons avec nos voisines pendant ce temps. Tout le monde signe et nous repartons avec le sourire. Et surtout, je sens ma belle si heureuse!
Quand on pense que cela ne fait que quatre mois que nous habitons à cette adresse! Vous savez quoi? Nos voisins sont épatants! Et nous, on a décidé qu'après six ans de fiançailles, finalement ce PACS, dès qu'on aura un moment, on va le signer. Et on ira boire le champagne avec les voisins! Devant la mairie! Et puis quand la loi changera, on ira se marier... à la mairie!
02:00 Publié dans Etre gay ou lesbienne en 2008, Lame de fond, Vie de famille ... homoparentale | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Homosexualité et Homophobie, Vaincre la maladie