31 janvier 2006
" Dictionnaire des idées reçues sur le mariage gai "
par Eric Fassin
Homophobes, si les injures grossières comme "sale pédé" ou "sale gouine" vous répugnent, et si la référence au "péché" ou à la "contre-nature" vous paraissent trop "archaïques", rassurez-vous : il existe une manière cultivée, laïque et moderne, d’exprimer votre homophobie. Cette homophobie distinguée, dominante dans la classe politique (de l’UMP au PS de Lionel Jospin ou Ségolène Royal) et dans le monde merveilleux de l’éditorialisme, consiste à afficher sa tolérance tout en multipliant les "bonnes" raisons de refuser - ou, plus subtilement, de différer indéfiniment - l’égalité de traitement entre relations homosexuelles et relations hétérosexuelles. Si vous êtes homophobes et si vous souhaitez parler la langue des maîtres, cet abécédaire est l’outil qu’il vous faut!
Anecdotique : Le mariage gai distrait des vrais sujets (par contraste, voir Fin du monde). N’avoir rien contre, mais regretter qu’on en parle ; il y a des choses plus importantes (voir 21 avril).
Autre : Les homosexuels aiment le Même (clonage), les hétérosexuels l’Autre (à diplôme égal). Au nom de l’ouverture à l’Autre, refuser l’ouverture du mariage aux homosexuels.
Beurre : Les homosexuels veulent le beurre et l’argent du beurre, autrement dit, la jouissance et le mariage (les hétérosexuels, eux, ont su choisir).
Bien-pensance (on disait naguère : politiquement correct) : Tonner contre. Pour y résister, avoir l’audace de rappeler une vérité trop souvent négligée : pour faire un enfant, il faut un homme et une femme.
Communautarisme : Les gays sont communautaristes (comme les Américains) ; nous sommes républicains (puisque Français).
Conformiste : Qui veut changer les mœurs et les lois. Par anticonformisme, vouloir les conserver.
Débat : Déplorer son absence. Ne rien faire pour qu’il s’engage. Ne pas se contenter d’un débat, mais exiger un vrai débat. Attendre un vrai débat avant de faire quoi que ce soit. S’il n’y en a pas, c’est à cause de Noël Mamère (ou des militants). Les revendications empêchent un débat serein. Ne pas l’engager en période électorale, c’est un sujet trop grave (voir Fondements anthropologiques). Ne pas l’engager en période électorale, c’est un sujet trop futile (voir Anecdotique). Attendre l’été pour avoir un vrai débat. Ou la rentrée (mais elle s’annonce chargée). Le mariage gai, un faux débat.
Désobéissance civile : En Amérique, mouvement civique des Noirs : une cause noble. Pour le mariage de Bègles, parler plutôt d’illégalité : exiger le respect de la loi républicaine.
Différence des sexes : Culturelle et naturelle, bref anthropologique. Valeur républicaine. Universelle, butoir indépassable de la pensée, comme le jour et la nuit ; en tout cas, à ne pas dépasser ; du moins pas dans la culture française (voir Harmonie).
Droit à l’enfant : N’existe pas (sauf pour les hétérosexuels) ; lui opposer le droit des enfants. Les homosexuels qui veulent des enfants sont égoïstes ; les hétérosexuels qui veulent des enfants sont altruistes. Il est vrai que les homosexuels qui ne veulent pas d’enfants sont égoïstes aussi : ils ne vivent que pour la jouissance (voir Beurre).
Droit des enfants : Parler pour eux. Tous les experts le savent, les enfants ont besoin d’un père et d’une mère (les familles monoparentales et l’adoption par un célibataire, sujets délicats). Quand les enquêtes disent le contraire, s’inquiéter des effets à la 3ème génération, ou sinon à la 7ème.
Egalité : Etre pour, bien sûr, mais tant qu’on ne touche pas à la différence des sexes. Rappeler que d’ailleurs, historiquement, le mariage est au cœur de l’inégalité entre les sexes (voir Féministes).
Elections européennes : C’est le mariage homosexuel qui a empêché de s’y intéresser. La gauche s’est emparée du sujet faute d’idées sur l’Europe. Ou bien : la gauche a été distraite de ses idées sur l’Europe par ce faux débat. Raisonner de même sur les retraites, la Sécu, etc. Exemple : le mariage gai empêche de parler du voile islamique (un vrai sujet).
Espagne : Zapatero, un modèle pour la gauche française. Célébrer son féminisme, taire son projet d’ouvrir le mariage aux homosexuels.
Europe : Notre culture (voir Fondements anthropologiques). N’y appartiennent donc pas : les Pays-Bas et la Belgique, où le mariage gai est légal. Si la liste devait s’allonger (Suède, Espagne...), souligner que l’Europe n’a pas vocation à dissoudre les cultures nationales.
Expert : Psychanalyste (juriste, sociologue, journaliste, prêtre, ou autre) opposé à l’ouverture du mariage et de la filiation. S’il y est favorable, s’appelle un militant.
Féministes : Hier, toutes lesbiennes. Aujourd’hui, applaudir leur critique du mariage.
Fin du désir : Dès qu’on touche à la différence des sexes. A l’époque du pacs, en référence à l’hétérosexualité ; désormais, s’inquiéter aussi pour le désir homosexuel, qui n’est plus ce qu’il était.
Fin du monde : L’annoncer au cas où le pacs serait voté ; après le vote, ne plus en parler (éviter de dire : “ la fin du monde n’a pas eu lieu ”). Remplacé aujourd’hui par : Anecdotique.
Fondements anthropologiques de la culture : On dit plutôt désormais : Fondements anthropologiques de notre culture.
Fondements anthropologiques de notre culture : S’utilise quand des cultures voisines ont récemment changé de fondements anthropologiques. Voir Harmonie, et Europe.
Foucault (Michel) : Philosophe de la sexualité, très républicain, très pour la libération. Aurait bien ri de voir les gays revendiquer le mariage.
Gays : Souvent tristes (hier, de par leur marginalité ; en raison de leur conformisme aujourd’hui). Toujours misogynes. Vivent dans un ghetto.
Ghetto : Dénoncer le ghetto homosexuel (ex. : la Gay Pride). Si les gays en sortent, ironiser sur leur normalisation.
Guerre des sexes : Tradition américaine (voir par contraste Harmonie entre les sexes), héritage du puritanisme et du féminisme lesbien.
Harmonie entre les sexes : Exception française (voir Hétérosexualité), héritage de l’Ancien Régime, et donc valeur républicaine.
Hétérosexualité : Tradition française (Jacques Chirac), malgré des exceptions notables ; par contraste, les Anglais sont souvent homosexuels (Edith Cresson).
Homoparentalité : Les gays peuvent élever des enfants (pourquoi pas ?). Pas en adopter ! (voir Principe de précaution)
Homophobe : Dire : “ Je ne suis pas homophobe, mais... ”. Ou : “ On peut être contre le mariage des homosexuels sans être homophobe. La preuve ? Moi. ”
Homophobie : Aggravée par le mariage de Bègles (naguère, par la Gay Pride). Dès qu’on parle de mariage gai, se rappeler que la lutte contre l’homophobie est une priorité.
Homosexuels : Ne rien avoir contre eux. Se vanter de ses nombreux amis homosexuels (mais pas de ses enfants). Ils ont une face sombre. Les préférer discrets (hier) ; subversifs (aujourd’hui) : Genet, Mishima.
Intérêt de l’enfant : A l’égalité des droits, opposer l’intérêt de l’enfant. Ne s’applique pas au divorce (là, critiquer les usages conservateurs de cette notion).
Jospin (Lionel) : Il a eu le courage de dire tout haut ce que chacun pense tout bas ; il a eu le courage de s’opposer au nouveau “ politiquement correct ” (voir Bien-pensance). Appeler au retour de l’ancien Premier ministre socialiste (surtout si l’on est de droite).
Lesbiennes : Vivent en couples. N’ont pas besoin de loi pour faire des enfants, elles ! Le mariage, une revendication masculine, non ?
Liberté : Être pour (voire libertaire !), donc contre l’ouverture du mariage. S’oppose à l’égalité : les homosexuels sont d’autant plus libres qu’ils sont moins égaux.
Lobby : A cause du lobby homosexuel, on ne peut plus rien dire sans se faire traiter d’homophobe.
Mamère (Noël) : Maire vert médiatique. Le mariage de Bègles est électoraliste (tourisme gai dans la ville pendant la Fête de la morue). Provocateur quand il opte pour la désobéissance civile. Opportuniste quand il emprunte la voie parlementaire. Avoir le vrai courage de ne pas le soutenir quand il est sanctionné.
Mariage : Dire un bon mot (“ Il n’y a plus que les prêtres et les homosexuels pour vouloir se marier ”). Conformiste, petit-bourgeois (voir Foucault). Inégalitaire (voir Féministes). Les homosexuels sont bien bêtes de le réclamer ! Pour se faire peur, proposer d’abolir le mariage.
Médias : Ce sont les homosexuels qui contrôlent les médias.
Médiatiques (coups) : Dénoncer ceux des autres quand on ne parvient pas à intéresser les médias.
Militants : Partisans de l’égalité. Aveuglés par leur engagement (voir Terroristes). Heureusement, il y a face à eux des analystes lucides et impartiaux (voir Experts).
Minorités : Organisées en lobbies. Le vrai pouvoir. Se dire minoritaire, se croire majoritaire. Se poser en victime des minorités qui jouent du statut de victimes.
Norme : S’opposer au mariage, ce n’est pas défendre la norme hétérosexuelle, mais refuser la normalisation de nos amis homosexuels.
Opinion : L’opinion n’est pas prête. Si les sondages disent le contraire, dire haut et fort qu’il ne faut pas courir après l’opinion. Finir par courir après l’opinion (hier sur le pacs, aujourd’hui sur le mariage, demain sur l’adoption), la gauche un peu avant la droite - si possible.
Ordre symbolique (vieilli) : Voir différence des sexes (indémodable).
Pacs : Etre contre hier, pour aujourd’hui. S’interroger : “ Ils ont déjà le pacs, pourquoi demandent-ils le mariage ? ” Dénoncer le pacs parce qu’il légalise la répudiation (mais refuser le mariage qui permettrait le divorce). Prendre le temps d’évaluer le pacs (ignorer les évaluations qui existent).
Parenté : Fondement anthropologique de notre culture. Seuls les anthropologues y comprennent quelque chose ; n’est pas une affaire politique. Invoquer d’un air docte Claude Lévi-Strauss.
Parenté homosexuelle : Impensable au moment du pacs ; pensable aujourd’hui, car l’opinion a évolué. Pour autant, reste à penser (demande un vrai débat).
Politiciennes (manœuvres) : En politique, se dit de la politique des adversaires, et plus encore des concurrents du même bord : voir Médiatiques (coups).
Principe de précaution : S’applique aux OGM et aux enfants d’homosexuels. Renvoie à la sagesse de la nature (et des nations). L’homosexualité n’est plus contre-nature ; elle n’est pas pour autant naturelle. Ce n’est plus une maladie ; mais elle risque de rendre les enfants malades.
Priorité : Le mariage gai n’est pas une priorité. Ni par rapport aux autres revendications homosexuelles (la loi sur l’homophobie, un vrai sujet). Ni par rapport aux vrais enjeux de société (voir 21 avril).
Réac : Dire : “ Vous allez peut-être me trouver réac, mais... ” (et se montrer réac).
Repères : Notre société manque de repères. Et de pères.
Repères symboliques : Ce n’est pas le chômage qui a déstructuré la société ; c’est mai 68.
République : Le mariage républicain est universel ; il est donc interdit aux homosexuels (voir Communautarisme). S’indigner qu’ils violent la loi républicaine qui les exclut.
Revendication : Pour gagner du temps, dire d’abord : “ Pourquoi pas ? ” Puis : “ Pourquoi ? ” Les associations ne revendiquent pas le mariage. Les gays revendiquent le mariage, pas les lesbiennes. D’ailleurs, les gays ne veulent pas se marier (ajouter : “ j’en ai parlé autour de moi ”).
Royal (Ségolène) : L’annonce du mariage de Bègles est “ un peu paillettes ” (dixit notre Zapatera : voir Espagne) : c’est qu’il empêche de remarquer la poutre dans l’œil des socialistes français ?
Singer : Les homosexuels veulent singer le mariage hétéro : déplorer qu’ils aient renoncé à subvertir les normes les plus archaïques. Le mariage gay est une parodie : dénoncer cette dérision des normes les plus sacrées.
Terroristes : Ceux qui ne pensent pas comme vous (on disait naguère : staliniens). Refuser de débattre avec les terroristes, c’est prouver son sens démocratique.
21 avril : En tirer les leçons. Plutôt qu’aux homosexuels, s’intéresser au peuple, même s’il manque de repères. L’homosexualité est un luxe de privilégiés. L’homophobie est surtout répandue dans les milieux populaires, hélas encombrés d’idées reçues.
Éric Fassin, sociologue et américaniste, enseigne à l'École normale supérieure. Il est chercheur au Laboratoire de sciences sociales (ENS/EHESS) et dans l'Unité mixte de recherche Genèse et transformations des mondes sociaux (EHESS/CNRS). Il a codirigé, avec D. Borrillo et M. Iacub, Au-delà du pacs (PUF 1999). Ce texte a été publié dans : Liberté, égalité, sexualités. Actualité politique des questions sexuelles (entretiens avec Clarisse Fabre), 2ème édition augmentée, 10/18, 2004.
14:50 Publié dans Homosexualité, Question de Vocabulaire | Lien permanent | Commentaires (0)
26 janvier 2006
"Katzenball"
Ce documentaire est sorti sur les écrans français le 18 janvier 2006 (à Paris dès le 11).
Cinq portraits de femmes suisses, issues de différentes générations, retraçant près de 100 ans d’histoire lesbienne.
Les deux premiers concernent Samira Zingaro, 25 ans, et Johanna Berends, née en 1912, laquelle était déjà épouse et mère de famille quand elle rencontra la femme de sa vie.
S’appuyant sur de nombreuses photos, d’anciens documents télévisuels et des extraits de films pour ses débuts derrière la caméra, la réalisatrice bernoise Veronika Minder donne également la parole à la photographe Liva Tresch, à la styliste Ursula Rodel et enfin à la féministe Heidi Oberli, figures réputées ayant contribué à travers leurs actions ou leurs arts à mettre en avant le saphisme.
Ces femmes ont traversé pour certaines des chemins difficiles et nous apportent avec humour et tendresse une belle leçon de vie et d’affirmation de soi !
Katzenball est le lauréat du Teddy du meilleur documentaire gay et 1er prix du documentaire au 17ème festival Cinéfable de Paris.
Bande annonce visible sur: Epicentre Films , ainsi que des photos et le dossier de presse.
23:20 Publié dans Etre gay ou lesbienne en 2008, Films | Lien permanent | Commentaires (0)
Ne pas baisser les bras...
Les "fresh news" m'enchantent et me révoltent à la fois!
* Un député condamné pour propos homophobes: il ne l'a pas volé, il y a des propos qu'on ne peut décemment pas se permettre si on veut être soi-même respecté en tant qu'humain, or là monsieur le député, vous aviez sacrément dépassé les bornes! Comment ça, vous faites appel? Mais vous devriez avoir honte!
* Trois lycéens condamnées pour violences homophobes à l'encontre d'un de leurs camarades, âgé de 16 ans: pauvre gosse, imaginez sa terreur, son humiliation, et combien il restera marqué par cet évènement tragique.
Je pense aux nôtres, d'enfants... faire tout pour qu'ils gagnent en liberté, ne pas baisser les bras dans le combat contre toutes les dicriminations... tous sont importants. Les comportements bestiaux et vils ont si tôt fait de réapparaître, même chez des gosses à peine sortis de l'oeuf, ça fait froid dans le dos! Les condamner c'est bien, les informer et leur apprendre le respect pour éviter toute dérive serait tellement mieux.
* Le rapport de la mission parlementaire sur la famille: améliorations du pacs certes, mais refus d'accorder aux homosexuels le droit de se marier et de fonder une famille.
Oui on parle de nous, mais pour dire quoi? Injures, violences, déni, interdit!
Du chemin parcouru depuis mon enfance, certes, mais tant à faire encore!
Ne pas baisser les bras, ne pas baisser les bras...
08:25 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)
23 janvier 2006
Méandres administratifs et autres lois kafkaïennes
Le tribunal des affaires de sécurité sociale de Nantes se penche aujourd'hui sur la demande d'une mère réclamant le droit au congé paternité...
Alors que des parlementaires et maires déclarent tout azimut s'opposer à la reconnaissance des familles homoparentales, au droit à l'adoption pour les couples homos et au mariage gay, la réalité de ces familles et les discriminations juridiques, sociales et administratives dont elles sont victimes s'invitent à la barre du Tribunal des Affaires de la Sécurité Sociale (TASS) de Nantes aujourd'hui.
En attendant les conclusions de la mission parlementaire sur la Famille, Elodie et Karine entendent que leur famille soit reconnue par les administrations. Ce couple lesbien de Nantes élève un premier enfant issu d'une Fécondation In Vitro (FIV) réalisée en Belgique et attendent un second enfant, issu du même donneur danois, porté ce coup-ci par Elodie, Karine étant la mère biologique du petit garçon né en 2004.
En novembre dernier la CAF avait reconnu les deux femmes comme « mères » de l'enfant au titre des prestations sociales, la CPAM refusant quant à elle l'octroi d'un congé « paternité » de 11 jours à Elodie. En droit, Karine, mère biologique, est seule reconnue comme mère célibataire et reçoit les allocations correspondantes. Elodie, mère sociale, est inconnue aux yeux de l'administration et de la Caisse d'Allocation Familiale (CAF). Après s'être tournées légitimement vers la caisse de Nantes dont elles dépendent, les deux femmes sont considérées dès lors comme un couple au même titre qu'un couple hétérosexuel, la caisse jugeant opportunément que ce constat engendrait une diminution des aides à verser. Seule ombre au tableau, le traitement informatique du dossier du couple, le logiciel de la CAF ne prenant en compte que les couples hétérosexuels, Elodie s'est vue attribuée un nouveau numéro INSEE la désignant comme un homme. « Pour l'administration, je devais avoir un numéro de Sécu commençant par 1 et non par 2 ; alors, je suis devenue un homme pour elle et j'ai commencé à recevoir du courrier au nom de Monsieur Elodie. On a pris le parti d'en rire. » déclarait-t-elle au quotidien Le Parisien.
C'est maintenant face à la sécurité sociale que le couple réclame un traitement égalitaire de leur situation. L'issue fait peu de doute, mêmes pour les demanderesses, le directeur de la CPAM ayant indiqué qu'il n'avait rien contre le fait d'accorder un tel congé au parent social mais que la loi actuelle ne lui permettait pas de le faire, le parent social n'étant pas reconnu. On peut douter que le TASS face oeuvre de jurisprudence sur le sujet, lié par la loi, et renverra certainement dans ses motifs au législateur le soin d'apporter ou non une modification de la loi qui ne parle que du « père » comme bénéficiaire de ce congé.
Elodie a créé un site Internet, forum de la Famille et de la future famille homoparentale afin de renseigner toutes les femmes qui sont dans la même situation et d'échanger avec les familles homoparentales ses conseils. Karine a déjà prévenu qu'elle ne demanderait pas de congé paternité pour leur nouvel enfant à naître mais prendrait des congés payés joints aux jours que son employeur lui accorde pour qu'elle bénéficie des mêmes droits que les salariés (pères) de son entreprise.
On attend le 20 mars pour que le tribunal statue sur leur sort
Je préfèrerais en rire!
Pour éviter d'en pleurer on peut se rendre sur Le site d'Elodie .
19:05 Publié dans Etre gay ou lesbienne en 2008, Homoparentalité, Société | Lien permanent | Commentaires (0)
Une lesbienne gagne le prestigieux prix Whitbread du meilleur roman!
J'apprends qu'Ali Smith a remporté le prestigieux prix Whitbread (Royaume-Uni) pour le meilleur roman de 2005. L'Écossaise a été couronnée le mercredi 4 janvier pour son livre The Accidental. Ali Smith, l’écrivain d’Inverness aujourd’hui basé à Cambridge (sud est de l’Angleterre) s’est imposée face à de très grands noms de la littérature britannique, Salman Rushdie ("Shalimar le clown") et Nick Hornby ("A long way down") notamment.
Déjà finaliste à deux reprises pour le Booker Prize, le plus célèbre des prix littéraires britanniques, en 2001 et 2005, Ali Smith a enfin décroché la récompense avec l’histoire d’Ambre, une femme qui va totalement bouleverser la famille Smart en débarquant à l’improviste sur le pas de sa porte, dans le Norfolk.
Son roman raconte l'histoire d'une femme mystérieuse qui séduit le fils adolescent d'une famille en vacances sur la côte est anglaise, semant le désordre dans leur vie, le tout sur fond de guerre en Irak. The Accidental, comme tous les livres de l'auteure jusqu'à présent, est dédié à sa compagne Sarah, avec laquelle elle vit depuis 18 ans.
Professeur d'université en Ecosse, Ali Smith avait abandonné son poste, victime de fatigue chronique, il y a quelques années, pour se consacrer définitivement à l'écriture. "The Accidental" est son troisième roman, après "Like" (1997) et "Hotel World" (2001). Il est maintenant en lice pour le prix Whitbread du meilleur livre de l'année, qui met en compétition les lauréats de 5 catégories: roman, premier roman, biographie, poésie et livre pour enfants. Ce prix, décerné le 24 janvier, est accompagné de 36.000 euros.
Cela m'inspire quelques réflexions:
* Tant mieux si une lesbienne voit son talent reconnu, ce n'est pas si souvent que cela arrive!.
* Je regrette toutefois que son histoire ne soit pas homo, cela fait un moment que je n'ai pas lu de bon roman homo, pas depuis les romans de Sarah Waters je crois.
* C'est bien, un prix de 36000 euros, pour une fois qu'un écrivain ne crève pas de faim, mais ça, c'est pour le ou la meilleure! Les autres peuvent continuer à faire la manche...
17:25 Publié dans Célèbres, Littérature | Lien permanent | Commentaires (0)
20 janvier 2006
Tant mieux!
Le Parlement européen adopte une résolution contre l'homophobie
Le Parlement européen a voté avant-hier, mercredi 18 janvier, une résolution historique afin de prendre position contre les discriminations à l'encontre des homosexuels. Suite au débat lors de la première session plénière de l'année (houleux débat du 17 janvier), les députés se sont prononcés par 468 voix en faveur de ce texte, 149 contre et 41 abstentions.
Statuant que «l'homophobie peut être définie comme une peur et une aversion irrationnelle contre les homosexuels», le texte condamne les répressions de manifestations en Pologne et les changements de la constitution lettone pour bloquer le mariage des couples gay et lesbiens. Il adopte également une série de mesures pour lutter contre la discrimination et l'intolérance .
" L’Europe repose sur des valeurs absolues, la tolérance, l'humanisme et l’égalité. L’Europe c’est la lutte contre les discriminations et le respect des droits. La Charte des Droits fondamentaux interdit toute discrimination sur la base de l'orientation sexuelle. Prenons aujourd'hui un engagement ferme afin que toutes ces formes d'intolérance soient activement dénoncées et combattues", a plaidé en session plénière à Strasbourg l'eurodéputée lyonnaise Martine Roure, par ailleurs coordinatrice socialiste de la commission parlementaire des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures. " Ces fondamentaux ne supportent aucune exception, ils s’imposent à nous simplement et les autorités doivent les défendre quand ils sont attaqués, coûte que coûte."
" L'Union européenne se doit de réagir face à cette homophobie que certains Etats membres de l'Union européenne ne se cachent pas de vouloir légaliser, ajoute Adeline Hazan, membre de la même commission parlementaire. Cela met en péril l'intégrité de l'Europe toute entière et des valeurs auxquelles le peuple européen adhère, nous ne pouvons pas le tolérer".
" Nous avons le devoir de résistance contre la haine et le rejet de l'autre", poursuit Martine Roure. Et de reprendre les paroles du pasteur NIEMÖLLER, résistant allemand :
« Quand ils sont venus arrêter mon voisin communiste, je n’ai rien dit, je n’étais pas communiste.
Quand ils sont venus arrêter mon voisin tzigane, je n’ai rien dit, je n’étais pas tzigane.
Quand ils sont venus arrêter mon voisin juif, je n’ai rien dit, je n’étais pas juif.
Quand ils sont venus m’arrêter, il n’y avait plus personne pour me défendre ».
15:40 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)
MIREILLE HAVET DE SOYECOURT:
"Le monde entier vous tire par le milieu du ventre"
Ecrivaine prodige, Mireille Havet publie son premier livre lorsqu'elle a 17 ans. Reconnue immédiatement par Colette, Cocteau, Apollinaire, E. Jaloux, Rachilde, Natalie Barney..., Mireille Havet affiche précocement également son amour pour les femmes (Madeleine de Limur, Marcelle Garros) et son penchant pour les stupéfiants. Elle brûle sa vie très vite et meurt, malade, seule et pauvre à 34 ans. A travers ses écrits, c'est le Tout-Paris mondain et littéraire qui revit et c'est une personnalité passionnée, lucide, au destin fulgurant, que l'on découvre.
C'est à Paris, la nuit du 30 octobre 1918, un mercredi, que débute le journal de Mireille Havet («Journal 1918-1919», par Mireille Havet, Editions Claire Paulhan). Douze jours avant la fin officielle des hostilités. «L'avant-guerre tombe en poudre», note-t-elle. Née à Médan, en région parisienne, le 4 octobre 1898, Mireille Havet est âgée de 20 ans et elle n'a plus qu'à peine quatorze ans à vivre, sourdement délitée par les mélanges de stupéfiants et le manque. En 1918, elle a déjà vécu une bonne part de sa carrière d'enfant prodige de la littérature, «petite poyétesse» couvée par Guillaume Apollinaire. Bien avant Paul Nizan, Mireille Havet voit ses vingt ans comme « l'âge de l'amertume » : « A force d'exigences et de retombements, de projets et de défaites froides comme l'averse qui donne la fièvre dont on crève à vingt ans, je n'attends plus rien que moi-même.»
Amie de Cocteau et de Copeau, lectrice avide de Gide, Colette, Maeterlinck, Claudel, Walt Whitman... la jeune Mireille Havet est donc pleinement consciente que le monde d'avant est «décoloré», fini, plombé. Comme Apollinaire, l'ami d'enfance, mort deux jours après l'armistice et qu'elle enterre. Il fut longtemps l'invité de ses parents, ainsi que Paul Fort et bien d'autres poètes et artistes postimpressionnistes et symbolistes, auxquels le père de Mireille était très lié. C'est grâce à Apollinaire que, adolescente insoumise ayant fui le lycée, elle publie ses premiers écrits dans des revues d'avant-garde, dont Soirées de Paris, qu'il dirigeait. Les pages qu'elle consacre à son enterrement au cimetière du Père-Lachaise disent sa douleur, son indignation devant la mort : « Notre pauvre Guillaume, dans cet affreux cimetière plein de petites maisons bourgeoises... comme des cabinets, d'inscriptions idiotes, de noms ridicules que soulignent de vieilles perles. [...] Et nous l'avons laissé. Que pouvions-nous faire ? Nos larmes étaient bien peu en comparaison de notre désespoir. Que c'est bête ! [...] Je me sens diminuée de tous ces êtres en moins. »
Ce Paris insomniaque qui l'appelle lui procure un mélange nerveux d'ennui et d'exaltation, «quelque chose que j'ignore mais qui doit m'appeler, me désirer quelque part, et je n'éprouve pas de calme à rester chez moi. Il faut que je sorte, que j'achète, que je parle...» . La dérive moderne s'effectue en automobile ; ainsi décrit-elle l'équipée d'une première sortie en voiture. «Nous étions là cinq fous de 18 à 22 ans, cinq fous échappés plus ou moins entiers à la guerre afin de reprendre cette bête d'existence et de la perpétuer encore un peu (...) durant nos vies oisives et criardes d'enfants têtus. Olivier aux épaules bleu de ciel entourées de fourragères. Tania Stall jolie et distinguée (...). Mima en grande tenue d'infirmière et sa bonne figure tannée par le vent, par l'espace, par la guerre. Et Sacha, enfin, beau comme un ange... sur trois jambes dont deux, hélas, sont en bois.»
En quelques mots, surgit devant nos yeux une génération à la fois libre et abîmée, âge tendre et jambes de bois, que «parachève et parafine chaque jour la vie parisienne et son fouet à neuf queues». L'effet stupéfiant du Journal de Mireille Havet tient d'abord à sa capacité de formuler d'une phrase superbe ce récit parisien, d'imager «le sucre triste» de Paris sous la neige, les odeurs de ses nuits, de ses tangos, de ses chapeaux, de sa mélancolie. Avant tout, il est merveilleusement écrit.
L'autre bombe que recèle cet écrit autobiographique est celui d'une sexualité formulée sans détour. Car Mireille Havet est tenaillée par le désir des femmes, qui apparaît dès la seconde page du journal «J'ai une nouvelle fixité, cette Petite Nicoll, si séduisante et belle...» , pour ne plus jamais disparaître. C'est son «fix», le vrai, même si apparaissent également les plaisirs éthérés et opiacés : la rencontre amoureuse d'un nouveau visage et l'anticipation des «étreintes les plus souples», la poursuite de la personne jusqu'à l'inévitable trahison, «les défaites froides», pour aussitôt la remplacer par une autre. Elle a beau mettre pas mal de cinéma dans ses tentatives de séduction (envoi d'oeillets surmultipliés, bombardement de lettres tendres...) : c'est la première fois, dans l'âge moderne, qu'une femme sort du placard pour dire avec les mots les plus charnels son homosexualité. Sans honte, sans châtiment, sans crime. C'est un journal, elle n'a pas besoin de se cacher. Elle n'écrit pas non plus pour un homme, complaisamment. Mireille Havet ne se pare aucunement des complications poétiques de l'amitié à la grecque. Exemple direct : «Ah Laure, coucher avec toi jusqu'à en mourir.» D'ailleurs Mireille Havet n'aime pas tellement «les gousses», comme elle appelle cette société saphique qui converge autour des salons de Natalie Barney ou Romaine Brooks, ces Américaines riches qui vivent leur lesbianisme à Paris et qu'elle fréquente avec ferveur, mais également avec quelque cynisme, prête, dit-elle, à succomber contre rétribution (elle travaillotte alors, grâce à Cocteau, aux éditions de la Sirène). Dans la focale de ses excitations défilent, non celles-là, mais des femmes en fleur, Edma Nicoll, Magdeleine Clauzel, Laure de Traz, Madeleine de Limur (à qui elle consacre son roman unique, Carnaval, en 1923) jusqu'à Yvonne de Bray, l'actrice, qui lui file son adresse en douce....
Elle fréquente les salons, mais ne perd pas sa cruauté lucide : « Une curiosité violente me mène partout, chez tous, chez Natalie Barney, chaque vendredi, où l'on ne voit guère que des gousses et des vieux messieurs décorés. » « J'écoute tout, je vois tout, dit-elle encore, et cependant mon coeur est si loin, ma tête pleine d'une étonnante marée qui bourdonne. Je souris, insolente, tête nue, à la foule qui dévisage ma scandaleuse jeunesse. »
De même que Jean Genet n'était pas de ces homosexuels que les maîtresses de maison snobs trouvent « tellement amusants » pour égayer leurs dîners convenus, Mireille Havet n'était pas de ces « femmes préférant les femmes », en une sorte d'exotisme qui fait sourire les hommes et, parfois, les excitent. Elle était de ces lesbiennes impardonnables, conquérantes, envahissantes, prenant volontiers aux maris leurs épouses et proclamant leur détestation du masculin : « Tristesse ! Tristesse, je ne puis rien supporter, j'ai en moi la haine de l'homme, l'instinct unique de la défense, de la fuite et de l'injure. Tout en eux me semble grossier et ridicule, j'ai la haine de leur corps, de leur sexe, de leur désir. Ils sont pour moi d'infâmes faiseurs d'enfants, blesseurs de rêves, ennemis et bourreaux de nos tendresses et de nos féminités. »
Elle a les cheveux courts et la dégaine provocante, porte des cravates mauves, une bague pierre de lune et une canne de jonc, fume des cigarettes, s’adonne à l’opium et rame, dans la lumière d’hiver, sur le lac du bois de Boulogne. Elle hante les lieux chics d’un Paris qui exhale «un parfum d’équivoquerie cérébrale, de demi-monde et de maison close». Contemporaine de Radiguet, elle déteste son image de poète prodige, mais s’applique à en abuser chez Natalie Barney, «où l’on ne voit que des gousses et de vieux messieurs décorés»; dans les salons de Misia Sert, des Berthelot, de la princesse Murat; au Ritz, au Savoy, chez Vatel, où elle drague des «femmes claires» dont elle veut faire chanter les corps; dans les «tam-tam» des Champs-Elysées où elle danse le tango jusqu’à l’aube; dans les cocktails où l’on offre «de la coco comme un bonbon» et les Rolls Royce qui sentent l’eau de Guerlain. Elle cherche à s’étourdir, à se perdre. Elle crâne. Elle incarne, jusqu’au pathétique, les Années folles.
Dans ce journal rédigé comme une longue plainte, avec un lyrisme de condamnée, on est saisi par le désarroi d’une jeune fille en quête d’absolu, par le regret qu’elle a de son enfance perdue, par sa nostalgie de la campagne qu’elle dit avoir trahie pour les paradis artificiels. Il y a là un mélange de naïveté et de maturité, de romantisme et de cynisme. Elle se surestime et se méprise à la fois. L’ange fait la bête. «Je suis, écrit-elle, un si drôle de personnage, à la fois si surfait et si enfantin, si périmé et si outrageusement curieux d’avenir, si mort de toutes les morts et si vivant d’une vie qui s’estompe à peine, à peine... »
Mireille Havet rédigea, de 1913 à 1929, un extraordinaire et monstrueux Journal, dans lequel elle décrit sa « vie de damnation », une vie de guet et d’attente, de songe et d’outrance, une vie aimantée par son « goût singulier » pour l’amour des femmes et les stupéfiants. « À force d’exigence et de retombements, de projets et de défaites froides comme l’averse qui donne la fièvre dont on crève à vingt ans, je n’attends plus rien que moi-même, ma belle petite âme que parachève et paraffine chaque jour la vie parisienne et son fouet à neuf queues. Je suis un jouet entre les mains, les lèvres des foules, où mon nom, ma petite identité qui aspirait au lyrisme est balancée comme un numéro de foire, une attraction vernie qui ne coûte pas cher. Je suis une barque haletante et fracassée sur la mer sans étoile, où nous naviguons de compagnonnage avec les lames mauvaises, lourdes comme l’huile, et les petits poissons changeants qui se cachent dans la lune selon les marées. Hélas !… »
Claire Paulhan, son éditrice, a voulu amorcer l'édition des 5 millions et demi de signes du Journal d'Havet par cette année d'après-guerre. Il y encore l'enfant prodigue d'avant la guerre (à partir de 1913) et le volume allant jusqu'au naufrage en 1929 dans la morphine, la cocaïne et l'héroïne (elle meurt de tuberculose en 1932).
Selon Claire Paulhan « La grande particularité de ce journal est d'être, à ma connaissance, la première autobiographie publiée à ce jour qui décrit ouvertement l'homosexualité de son auteur, avec une liberté de ton, une indécence naturelle, une amoralité lucide, mais aussi [...] une indéniable qualité d'écriture. »
[Un grand merci à Libération, au Nouvel Observateur, à Télérama et aux Editions Claire Paulhan qui m'ont fourni la documentation me permettant d'élaborer cet article]
09:10 Publié dans Célèbres | Lien permanent | Commentaires (0)
17 janvier 2006
"Le secret de Brokeback Mountain":
Love is a Force of Nature
Ca commence comme un bon vieux western, par une histoire qui pourrait être celle d'une amitié virile entre deux jeunes cow-boys. Mais alors que l'on pourrait logiquement s'attendre à l'intrusion de méchants personnages venus de l'extérieur, on découvre que le danger, inattendu, vient de l'intérieur, et de l'attirance irrésistible que Jack et Ennis éprouvent l'un pour l'autre.
Car dans l'Amérique profonde des années 1960, baignée par des valeurs machistes et traditionnelles, c'est un sentiment honteux, interdit. Leur liaison devra donc rester cachée, comme le résume le titre du film, "Le secret de Brokeback Mountain" (mercredi 18/01 sur les écrans français).
Nous sommes en 1963. C'est l'été et dans le Wyoming, comme chaque année, il faut recruter des cow-boys pour garder un troupeau de moutons à Brokeback Mountain. Jack Twist (Jake Gyllenhaal) et Ennis Del Mar (Heath Ledger) sont embauchés pour remplir cette tâche. Isolés dans une nature sauvage, leur complicité se tranforme peu à peu en une attirance charnelle.
Et si Ennis le taciturne, le renfermé, qui incarne "l'ouest ancien", n'aurait probablement jamais franchi le pas, Jack, qui représente "l'ouest nouveau", va jusqu'au bout de ses sentiments, et entraîne son partenaire dans une aventure aux lendemains plus qu'aléatoires.
Car à la fin de la saison de transhumance, les deux hommes doivent se séparer. Ennis épouse sa fiancée, la douce Alma (Michelle Williams), tandis que Jack, l'as du rodéo, se marie avec la belle Lureen (Anne Hathaway). Mais quatre ans plus tard, quand Jack vient rendre visite à Ennis pour la première fois, l'apparente stabilité qu'ils ont construite dans leurs couples vole en éclat devant la passion qu'ils ressentent l'un pour l'autre. Alma, qui les aperçoit dans une attitude ne laissant planer aucun doute sur la nature de leur relations, en ressent une honte qu'elle garde pour elle. Quant à Lureen, elle semble ne pas vouloir en savoir trop sur cette amitié un peu trop encombrante.
Ennis et Jack vont alors se revoir régulièrement, pendant plusieurs années. Mais pour Jack, cette relation n'est pas suffisante. Il voudrait vivre avec Ennis... Ce qui semble totalement impossible dans l'Ouest américain de l'époque. D'autant qu'Ennis a honte d'éprouver ce désir.
Un peu comme dans l'excellent "Loin du paradis", de Todd Haynes, sorti en 2003, où Julianne Moore incarne une jeune femme délaissée par son mari plus attiré par les hommes que par elle, "Brokeback Mountain" nous plonge dans une Amérique puritaine qui interdit formellement l'homosexualité.
Alors pour sauver les apparences, il faut se marier, avoir des enfants, souvent dans la plus grande hypocrisie. Certains font le choix de refouler complètement leurs sentiments, et d'autres, comme Ennis et Jack, essayent tant bien que mal de vivre avec.
Réalisateur notamment de "Garçon d'honneur", "Raison et sentiments" et "Tigre et dragon", trois films qui lui ont déjà valu de nombreux prix, Ang Lee frappe une nouvelle fois très fort avec ce nouveau film tiré d'une nouvelle de l'Américaine Annie Proulx, qui nous fait découvrir des paysages montagneux grandioses, symboles de liberté, mais aussi des villes ternes, où le quotidien est souvent beaucoup plus pesant.
Déjà récompensé par le Lion d'Or à la 62e Mostra de Venise, "Le secret de Brokeback Mountain" vient de rafler quatre Golden Globes (considérés comme un avant-goût des Oscars): meilleur film dramatique, meilleur scénario, meilleur chanson originale et surtout meilleur réalisateur!
Jake Gyllenhaal
Les 2h14 du film passent très vite: excellents acteurs qui savent rester sobres, scénario original, qui sonne juste et ne tombe jamais dans le manichéisme. En quête d'identité, les deux personnages principaux sont tiraillés entre des sentiments contradictoires, qu'ils tentent d'assumer sans pour autant savoir faire des choix définitifs.
"Nous avons tous des secrets", résume Ang Lee. "Mais nous avons besoin de vivre avec d'autres personnes et nous devons nous intégrer. Vous pourriez facilement dire qu'Ennis et Jack vivent dans le mensonge, mais ils y sont obligés. Je ne pense pas qu'ils aient connu d'autre façon de survivre. Ce n'est pas comme s'ils avaient eu le choix".
08:10 Publié dans Films | Lien permanent | Commentaires (0)
12 janvier 2006
LES JOIES DU DEMENAGEMENT
Puis vous faites vos cartons et vous arrivez très vite au stade où vous ne savez plus où les mettre: ce n'est pas grave, de toute façon vous avez une fièvre de cheval, même si vous ne voyez plus très bien où vous mettez les pieds, les tas de cartons empilés un peu partout vous empêcheront de tomber.
Indispensable si vous êtes une fille, avoir vos règles le jour J , ça vous crève encore plus!
Autre détail capital, faire le déménagement professionnel en même temps que le personnel, ça ajoute du piquant à la situation. Si en plus vous oubliez de marquer le contenu d'un ou deux cartons, vous êtes sûre de chercher vos affaires deux à trois semaines plus longtemps. C'est toujours ça de pris pour vous pourrir la vie.
De toute façon, le Jour J est arrivé (enfin? déjà?), vous n'avez plus de cartons, mais encore le contenu de deux placards à emballer, qu'à cela ne tienne, vous continuerez avec les cartons du camion des déménageurs pendant qu'ils emportent le reste et démontent les meubles.
Bon c'est vrai, vous seriez mieux couchée, mais de toute façon un des premiers trucs qu'ils ont emportés c'est votre lit, et le canapé aussi d'ailleurs, vous vous êtes couchée à quatre heures pour vous lever à cinq, c'est à peine si vous savez encore votre nom. Vous dormirez plus tard!
Oui, tard ce soir, quand vous aurez enfin retrouvé le savon et le shampooing, parce qu'on ne le dit pas assez, mais quand on déménage, le soir on est dans un état de crasse répugnant. Alors on évite d'égarer le carton où l'on a soigneusement mis de côté de quoi se prendre une bonne douche bien chaude avant de se glisser dans un bon lit. Parce que chercher le savon pendant deux heures, alors que cette fois on a bien pris soin de ne pas égarer les draps ni les couvertures, c'est trop bête, hein? Ben quoi, nobody's perfect...
Donc on garde son calme, on ouvre le carton, on scotche le bas, on remplit, on ajuste, on met à niveau, faut cinq fois plus de temps pour remplir les dix derniers centimètres que tout le reste, et puis pourquoi les livres n'ont pas tous la même taille, hein?
Pendant ce temps les cent trente douze cartons déjà terminés sont déjà embarqués par les gros bras. Et zlirp, le fort-à-bras qui vient d'en empiler quatre les uns par dessus les autres, vient de laisser glisser les trois du dessus! Pas grave ma petite dame, qu'il a dit le monsieur, on remettra sous tension à l'arrivée pour voir si tout va bien, mais vous savez dans les magasins, i' font pas mieux, pas pire!
Keskidi? Sous tension? Vous vérifiez le contenu des trois cartons: le lecteur DVD, le magnétoscope et un élément de stéréo... Là vous verdissez salement, celle-là on ne vous l'avait encore jamais faite, pas grave, pas grave, c'est vite dit...
On vous l'avait dit pourtant qu'il ne faut pas déménager à Noël, qu'ils prennent des intérimaires parce que tout le monde veut déménager pendant les vacances scolaires! Ben oui, mais avec les gamins, on fait comment hein? Bon c'est ce qu'ils disent aussi les autres! Enfin bon, vous déménagez la veille de Noël, l'autre avec son traîneau il fait quoi, hein? Lui aussi il a plein de paquets!
Résumons-nous: température extérieure le Jour J, moins cinq degrés, c'est normal près des montagnes; mais beaucoup moins de traîner dehors avec un virus grippal, une trachéite, et un beau début d'extinction de voix. Enfin mon médecin ne me l'aurait pas conseillé....
Il y a autre chose de pas normal, c'est quand ses copains le laissent tout seul pour faire le boulot et qu'il râle un peu, le-déménageur-tout-seul ("qui vient m'aider, hein?") et que vous croisez les autres innocemment à l'extérieur, ben oui quoi, vous étiez bêtement sortie jeter des poubelles, les déménagements, c'est toujours l'occasion de se débarrasser de vieux trucs inutiles, et que les autres sont en train de jouer au ballon près du camion! Là, bizarrement, vous voyez rouge, et avec ce qui vous reste de voix, vous appelez leur patron pour qu'il les recadre, comme il dit. Ce qu'il a fait avec sûrement un ton si convaincant que ça a mis une chaude ambiance l'après-midi: tout le monde se tirait la gueule et plus personne ne s'adressait la parole! Ca m'a bien arrangée parce que de toute façon je n'avais plus de voix du tout!
Leur patron, lui, devait avoir toute sa voix le soir, quand il les a retrouvés au dépôt après avoir été obligé de nous envoyer une équipe de secours en fin de matinée pour compenser le retard lié à leur match de foot!
Une fois déchargés nos 60 m3 de bordel - dans une autre vie, je le jure, je ne lis pas, tu ne lis pas, les enfants ne lisent pas, on ne s'intéresse à rien et on ne change jamais de fringues!- , ils ont présenté la facture qu'on a réglée avec les réserves d'usage: les cartons qui sont tombés bien sûr et l'armoire abîmée et la moquette toute neuve pas assez protégée donc elle est moins neuve. Et bien sûr on a donné un bon pourboire à notre déménageur tout seul, oui le pourboire qui était prévu pour partager entre tous, faut pas déconner non plus, hein? Il était content le gars, et moins fatigué de sa dure journée soudain, finalement il n'appellera même plus les autres la prochaine fois, Joyeux Noël M'sieur!
Ca y est! On est dans notre nouveau chez nous!
On va en avoir pour un temps fou à ranger tout ça, mais ça y est on est chez nous!
On n'a plus d'ADSL pour un bon moment, c'est pour le boulot que ça va être rigolo, on n'a rien à bouffer ce soir à part un petit déjeuner, mais demain à la première heure, on fait les courses et on prépare notre premier vrai repas à la maison!
Et puis regarde, c'est Noël, il y a des paquets partout!
Chérie, tu sais où est le dentifrice?
Finalement ne me demandez pas pourquoi je suis crevée!
16:30 Publié dans Vie de famille ... homoparentale | Lien permanent | Commentaires (0)