29 novembre 2006
Chose promise (4)
... (suite) ...
Non, ça ne serait pas simple du tout. Jusqu'à preuve du contraire j'étais mariée à 100 % et rien en elle ne m'indiquait qu'elle allait s'intéresser à moi sous l'angle où j'envisageais maintenant les choses. Il me fallait d'abord la revoir et constater "de visu" si j'éprouvais "en vrai" ce que mon rêve m'avait inclinée à ressentir! Il faut dire que l'émotion forte de ce matin-là ne me quittait plus et que je sentais le rouge me monter aux joues à la pensée de ce que mon inconscient nous avait fait faire dans un lit ensemble.
A la rencontre suivante, j'ai bien sûr découvert que ma passion naissante ne me quittait plus, que ses yeux étaient magnifiques, son sourire plein de charme, son port de tête merveilleux, sa silhouette divine et que je devais faire un effort pour ne pas la prendre dans mes bras quand elle passait près de moi. Ce qu'elle pensait des personnes homosexuelles, je le savais déjà, elle avait eu beaucoup d'amis homos dans son adolescence et les différences de toutes sortes ne lui avaient jamais fait peur. Mais comment elle se situait dans sa vie amoureuse et face aux femmes m'échappait encore: très douée pour de solides amitiés mais très peu "physique" en apparence, bien que tendre même en amitié et attentive aux autres, dégoûtée des hommes mais jusqu'à quel point, il me semblait pourtant au fil des jours que si elle m'appréciait énormément, rien d'autre ne pourrait jamais arriver avec elle. J'en pris mon parti, d'autant plus que je n'avais rien à reprocher à Pharaon, qui faisait son possible pour me faire plaisir et que je négligeais pourtant de plus en plus au fil des mois. Cependant, je ne souhaitais pas rompre avec lui, ni le blesser ou le faire souffrir d'aucune manière.
Ce statu quo aurait pu durer je ne sais combien de temps, lorsque soudain Kaya me fit part de son envie de repartir vivre aux USA, pour retrouver ses amis et ses habitudes de vie dans les grands espaces naturels, n'arrivant plus à se faire à notre mode de vie français qu'elle trouvait tellement étriqué et incitant si peu à la méditation ou à la créativité. Elle se disait totalement inadaptée à notre culture, étant devenue incapable de gagner sa vie ici et manquant terriblement d'objectifs de grande envergure. Ce fut un choc pour moi! Elle allait partir? Je ne la verrais donc plus? Je ne pouvais pas supporter cette idée.
Je décidais donc de lui ouvrir mon coeur, de lui dire ce que j'éprouvais pour elle, puisque de toute façon je n'avais plus rien à perdre! Je lui écrivis donc une lettre que j'allai lui porter un soir, sans sonner chez elle, un courrier glissé sous sa porte. Je jouais là un coup de poker, risquant de perdre jusqu'à son amitié avec cette déclaration. Puis je rentrai chez moi où je trouvai Pharaon attablé seul avant son départ pour le boulot, et me trouvant l'air bizarre, " Ca va toi, t'es sûre? ". J'ai dû répondre un quelconque "T'inquiète pas, ce n'est rien" qui l'a rassuré. Je n'ai rien pu avaler de la soirée et j'ai tourné-viré comme un fauve en cage tout en essayant de lire ou de jouer de la guitare pour tuer le temps. Peine perdue. Coup de téléphone. Coeur battant. Incapable de dire une parole. Je me souviens simplement de ses mots à elle: "Tout va bien. Tu m'entends, tout va bien. Je suis ressortie exprès pour t'appeler, il y a du monde autour de moi. Il va falloir que nous parlions longuement toi et moi, je crois que nous avons beaucoup de choses à nous dire. Demain? OK? Dors bien, tout va bien."
Ce sont des ailes qui m'ont portée jusqu'au lendemain, un vent de folie, une légèreté inouïe. J'ai dû passer pour passablement à côté de mes pompes à mon travail, inattentive, souriant aux anges, mais qu'en avais-je à faire? J'étais ivre de joie, d'attente et d'espoir. Puisque "tout allait bien", que pouvais-je craindre? Et le soir a fini par arriver et mes ailes m'ont conduite jusque chez elle. Nous avons tellement parlé ce soir-là! Ma lettre l'avait énormément touchée, elle me trouvait très courageuse d'avoir osé l'écrire, elle n'avait pas pu en faire autant. Oui elle éprouvait un sentiment fort pour moi, et n'avait pas souhaité m'en parler tout en se posant parfois des questions à mon sujet. Mais voilà j'étais mariée, j'attendais quoi d'elle? Elle ne souhaitait pas que je mène une aventure extra-conjugale avec elle, elle me voulait toute ou pas: elle avait trop souffert d'infidélités pour souhaiter faire vivre cela à Pharaon qu'elle trouvait très gentil avec moi quand elle nous voyait ensemble, situation qui me mettait extrêmement mal à l'aise d'ailleurs. Elle préférait repartir à l'étranger puisque de toute façon...
Je me savais incapable de trahison, de coups foireux aussi. Ce fut bien vite réfléchi: "Je vais divorcer"
- Tu es sûre? C'est ce que tu veux?
- Oui, j'en suis sûre. Je n'éprouve plus rien avec lui, je lui fais perdre son temps et le mien. Nous ne sommes même plus un couple tu sais, il ne se passe plus rien entre nous depuis si longtemps, je crois qu'il commence à en souffrir.
Ne sachant comment m'y prendre, j'ai pris pour prétexte quelques jours plus tard une dispute lors d'une soirée chez des amis: je lui ai demandé de nous séparer, j'ai eu le courage de lui dire que je ne l'aimais plus, mais pas celui de lui avouer mes sentiments pour elle. Le premier choc passé, il a souhaité que je reste dans notre studio, préférant louer un meublé de son côté, plus près de son travail. Il m'a demandé mon amitié pour quelque temps. Bien sûr que je n'oubliais pas qu'il n'avait pas de famille ici, ni les presque quatre ans que nous avions passés ensemble! Et puis il a bien voulu divorcer à condition que cela ne lui coûte rien puisqu'il n'avait pas souhaité cette situation: lui il m'aimait encore. Il a été très malheureux pendant quelques temps puis a réussi à surmonter sa peine. Nous sommes restés amis longtemps, il me confiait ses secrets et savait que cela m'importait, notre relation amicale fonctionnait mieux que ne l'avait fait notre amour! Je n'ai jamais rien dit de ma vie "dissolue" mais il a fini par savoir (de bonnes âmes bien intentionnées sont toujours là pour blesser les autres quand on ne leur demanderait que de fermer leur grande gueule). Il a fini par rencontrer la femme de sa vie et je le sais très heureux à ses côtés, ce qui fut très important pour moi. Il demande toujours de mes nouvelles aux miens quand ils se croisent.
Lorsque notre séparation fut officielle, je mis mes plus beaux atours et me fis belle, achetai du champagne et filai chez Kaya. Ce fut moi qui lui pris la main en premier, ce fut elle qui m'embrassa tout d'abord. Puis mon rêve se réalisa, tellement plus beau encore, malgré notre maladresse et notre timidité. Rappelez-vous l'époque, nous étions en train de vivre un interdit, si immoral, si inconnu! Mais ce que j'éprouvais alors me semblait si naturel, si fait pour moi! Et nous avions tout à découvrir de nous! J'allais avoir 23 ans, elle en avait trente et nous avions la vie devant nous!
...(à suivre)...
ps: je corrigerai les fôtes demain, suis vannée, il est tard!
01:30 Publié dans Etre gay ou lesbienne en 2008, Témoin de son temps | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Lesbienne
Commentaires
Moi, je me régale a te lire.
Écrit par : fredouille | 29 novembre 2006
yessss !
heu! c'était pas un reproche mon autre post !!!!
La suite !!!! (MDR!)
Écrit par : Hannah | 29 novembre 2006
Je crois que les gens qui doutent que l'amour existe encore dans le monde devraient te lire, parceque même si tu écris d'une personne ayant été aimée, ça transpire encore...
Écrit par : linem | 01 décembre 2006
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