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29 novembre 2005

J'aime ses écrits

À quoi reconnaît-on ce que l'on aime? À cet accès soudain de calme, à ce coup porté au coeur et à l'hémorragie qui s'ensuit - une hémorragie de silence dans la parole. Ce que l'on aime n'a pas de nom. Cela s'approche de nous et pose sa main sur notre épaule avant que nous ayons trouvé un mot pour l'arrêter, pour le nommer, pour l'arrêter en le nommant.

Il n'y a pas de connaissance en dehors de l'amour. Il n'y a dans l'amour que de l'inconnaissable.

Qui n'a pas connu l'absence ne sait rien de l'amour. Qui a connu l'absence a pris connaissance de son néant - de cette connaissance lointaine qui fait trembler les bêtes à l'approche de leur mort.

Ce qu'on apprend dans les livres, c'est la grammaire du silence, la leçon de lumière. Il faut du temps pour apprendre. Il faut tellement plus de temps pour s'atteindre.

Il y a plus de clarté dans les livres que dans le ciel. Il y a plus de clarté dans le sommeil des amants que dans les livres.

Aimer quelqu'un, c'est le dépouiller de son âme, et c'est lui apprendre ainsi - dans ce rapt - combien son âme est grande, inépuisable et claire. Nous souffrons tous de cela: de ne pas être assez volés. Nous souffrons des forces qui sont en nous et que personne ne sait piller, pour nous les faire découvrir.
Pour s'éprendre d'une femme, il faut qu'il y ait en elle un désert, une absence, quelque chose qui appelle la tourmente, la jouissance. Une zone de vie non entamée dans sa vie, une terre non brûlée, ignorée d'elle-même comme de vous.

Nous ne sommes faits que de ceux que nous aimons et de rien d'autre.
 
Tu es, mon amour, la joie qui me reste quand je n'ai plus de joie.
 
Citations extraites ds livres de Christian Bobin

Pierre Seel n'est plus!


Décès de Pierre Seel : hommage des associations LGBT françaises


Au lendemain du décès de Pierre Seel, la communauté LGBT lui rend un hommage unanime. Seul déporté français pour homosexualité à avoir osé porter témoignage, Pierre Seel est décédé à Toulouse dans la nuit de jeudi à vendredi, à l’âge de 82 ans.
La quasi-totalité des associations françaises réunies au sein de la Fédération des Centres LGBT, de la Coordination InterPride et de l’Inter-LGBT " expriment leur très vive émotion à l'annonce du décès de Pierre Seel ". Pour elles, " Pierre Seel nous a lègué la mémoire de son martyre à travers qui il était, dans la gentillesse et la disponibilité, nous permettant de savoir qui nous sommes et d'où nous venons, sans toutefois que la Nation lui ait rendu un hommage mérité ".

" Nous nous inclinons devant la peine des enfants, de la famille de Pierre Seel et tenons à exprimer toute notre affection à Eric Feliu, son compagnon de tous les instants qui l'aura accompagné jusqu'à son dernier souffle, ainsi qu'à Jean Le Bitoux avec qui il noua de solides liens d'amitié et d'affection, suite à la création du Mémorial de la Déportation Homosexuelle (MDH), en 1989, et l'écriture commune du livre "Moi Pierre Seel, déporté homosexuel" (1994, Calmann-Lévy) ", ajoutent les fédérations LGBT.

Le président du Mémorial de la déportation homosexuelle rappelle qu’avec la disparition de Pierre Seel, "on perd notre seul témoin".

En effet, en France, les associations n'ont pu jusqu'à présent retrouver que 207 noms de déportés pour homosexualité dans les archives de l'administration militaire et civile, auxquelles ils ont de grandes difficultés à accéder et aucun de ces déportés n’a jamais publiquement revendiqué son statut à l’exception de Pierre Seel.

L'Etat français a reconnu, pour la première fois, le 26 avril 2001 les persécutions subies par les homosexuels durant la Seconde Guerre mondiale, dans un discours du Premier ministre d'alors, Lionel Jospin.

Une cérémonie religieuse à la mémoire de Pierre Seel aura lieu lundi à 9H30 en l'église des Dominicains à Toulouse. La famille du disparu souhaite y conserver un caractère privé. Les messages de condoléances peuvent également être adressés au Mémorial de la déportation homosexuelle.

Site sur la déportation homosexuelle
Site sur le film PARAGRAPH 175

24 novembre 2005

Vivre sa sexualité avec une personne séropositive

Vivre sa sexualité avec une personne séropositive

"Comment aimer quelqu'un en sachant qu'on peut lui donner la mort ? Comment aimer quelqu'un en sachant qu'il peut nous donner la mort ? La question de l'amour, de la sexualité et du sida est donc terriblement complexe. Si certains aiment cette idée de jeu avec la mort, et sont d'autant plus excités qu'existent un risque, d'autres au contraires sont totalement inhibés et perdent tout désir sexuel. Il peut aussi arriver, qu'emportés par l'amour et la passion, certains refusent de se protéger pendant les rapports sexuels..."
"Vivre avec une personne séropositive n'est pas facile, et souvent ces personnes, au regard de ce que vit l'autre, n'osent pas parler de leurs difficultés."
Le reste de l'article


Je note simplement que lorsque l'on cherche des renseignements pour pouvoir apporter une réponse à ce genre de questions, on ne trouve pas grand chose, à part que certains ont "résolu" le problème en restant seuls, d'autres en ayant un partenaire séropo comme eux... Parce que personne n'a envie de se la poser, la question, finalement!
C'est aussi comment aimer, quand on croit savoir qu'on va enterrer l'autre, parce que finalement il n'y a rien de moins sûr, un bête accident est si vite arrivé... C'est plutôt que d'habitude on préfère ne pas y penser à la mort de l'autre ou à la sienne, mais là d'un coup elle paraît inéluctable, la mort; elle l'était déjà avant, on l'avait oublié... Il est vrai que nous l'avons tellement aseptisée dans nos pays, tellement rendue invisible!
Et puis, c'est encore et toujours le bon vieux problème de l' acceptation de la différence, de la rupture entre notre idéal et la réalité, du fossé qui sépare le malade du bien portant, l' handicapé du valide, le jeune du vieux, cette intime et fausse conviction qu'on va être heureux comme ci et pas comme là, l'incapacité que nous avons de prendre les choses comme elles sont et la vie comme elle vient!
Pour cela, les orientaux sont souvent mieux élevés que nous autres. Apprendre à dire Malesh! (qu'importe !) et à avoir un peu plus confiance en la vie. De toute façon, c'est un passage pour nous tous, pourquoi ne pas en accepter les expériences, les défis? Somme toute, ils sont source d'évolution, de transmutation, et s'ils permettent à notre petit moi étriqué de respirer un peu plus largement et de s'offrir une belle ouverture, alors pourquoi se fermer?
Oui, prendre la vie comme elle vient et suivre l'amour comme il se présente...
Et ça peut foutre une sacrée frousse! D'ailleurs l'amour fait toujours peur, surtout au début! Même si la vaincre, cette fichue trouille, est très difficile, si un VRAI bonheur est au bout, pourquoi ne pas tenter sa chance?
Ou réussir à ne pas s'en vouloir si c'est la peur qui gagne la bataille pour cette fois...
Se savoir humain, c'est-à-dire faillible et merveilleux tout à la fois!