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24 août 2005

SUZY SOLIDOR

SUZY SOLIDOR (1900-1983)

Elle est née Suzanne Rocher le 18 décembre 1900 à Saint-Servan-sur-Mer, en Ille-et-Vilaine. A 20 ans, elle défraie la chronique du "tout Deauville" avec sa compagne, la célèbre antiquaire Yvonne de Brémonds d’Ars.
Suzanne Rocher monte à Paris au début des années 20 et devient Suzy Solidor. Sorte d’enseigne du mouvement lesbien, Suzy Solidor a quitté sa Bretagne natale pour devenir mannequin, puis chanteuse de cabaret. Les deux belles garçonnes forment pendant quelques années un couple très en vue, Faubourg Saint-Honoré.

Sirène aux cheveux de lin coupés court, modèle de tous les grands peintres contemporains, elle se lance dans la chanson et ouvre fin 1932 un cabaret -- mais elle dira 'boîte de nuit' -- au 12 rue Sainte-Anne, près du Palais-Royal, qu’elle baptise "La Vie Parisienne".

Entourée d’un essaim de jeunes femmes élégantes et parfois androgynes, Suzy accueille le Tout-Paris dans une ambiance luxueuse.
D’autres chanteuses lesbiennes ou bi suivront son exemple en ouvrant leur propre cabaret. Ainsi naît fin 1938 "Chez Agnès Capri", rue Molière, voisine de la rue Sainte-Anne, qui attire une clientèle homo des deux sexes et devient la plaque tournante de l’intelligentsia parisienne, à commencer par Jacques Prévert.
Outre quelques salons de thé attitrés et deux librairies spécialisées de la rue de l’Odéon, certaines lesbiennes fréquentent aussi Le Monocle, cabaret plus discret du boulevard Edgar-Quinet, sans vedette et réservé aux garçonnes. Elles y dansent en couple sous l’œil de la patronne, une maîtresse femme surnommée «Lulu de Montparnasse».
Cette visibilité acquise par les homosexuel(le)s durant les Années folles sera brutalement balayée par l’Occupation.

Ecouter sa version de Lili Marlène (1942)

Quid de la mémoire gay?... Ses archives ont été dispersées à Nice à sa mort, le 31 mars 1983. Elle repose à Cagnes-sur-Mer.

Elle souhaitait devenir "la femme la plus peinte au monde" : elle posera pour plus de deux cent peintres, dont Cocteau, Van Dongen, Marie Laurencin, Foujita, Picabia, Dufy,..., à condition qu'ils lui offrent le tableau pour qu'elle l'expose dans son cabaret.
La donation Solidor - plus de 40 portraits - est exposée au château-musée des Grimaldi à Monaco.

Voici par exemple une huile sur bois de Tamara de Lempicka, peinte en 1933. Lempicka ne voulut toujours la peindre que nue...

Suzy Solidor était devenue l'une des figures emblématiques des années 30.
Sa voix grave et sensuelle a célébré les amours lesbiennes. Voici l'une de ses chansons.

Obsession (1933)

Chaque femme je la veux des talons jusqu'aux cheveux
J'emprisonne dans mes voeux les inconnues
Sous leurs jupons empesés mes rêves inapaisés
Glissent de sournois baisers vers leurs peaux nues

Je déshabille leurs seins, mes caresses par essaims
S'ébattent sur les coussins de leurs poitrines
Je me vautre sur leurs flancs
Ivre du parfum troublant
Qui monte des ventres blancs vers mes narines

Douce, je promène mes mains aux rondeurs du marbre humain
Et j'y cherche le chemin où vont mes lèvres
Ma langue en fouille les plis et sur les torses polis
Buvant les divins oublis j'endors mes fièvres.

(Suzy Solidor)

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