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27 juillet 2006

Merveilleux Robert

Envoyé par Antonia pour Elle et moi.
Faut absolument que je partage ça!
 
L'éloge de la fatigue
 
Vous me dites Monsieur que j'ai mauvaise mine
Qu'avec cette vie, que je mène, je me ruine
Que l'on ne gagne rien à trop se prodiguer.
Vous me dites enfin que je suis fatigué :
Oui, je suis fatigué Monsieur, mais je m'en flatte
J'ai tout de fatigué, le coeur, la voix, la rate
Je m'endors épuisé, je me réveille las
Mais grâce à Dieu, Monsieur, je ne m'en soucie pas.
Et quand je m'en soucie je me ridiculise
La fatigue souvent n'est que vantardise
On n'est jamais aussi fatigué que l'on croit.
Et quand cela serait n'en a-t-on pas le droit?
Je ne vous parle pas de tristes lassitudes
Qu'on a lorsque le corps amassé d'habitudes
N'a plus pour se mouvoir que de pâles raisons.
Lorsqu'on fait de soi son unique horizon
Lorsqu'on n'a rien à perdre, à vaincre ou à défendre
Cette fatigue-là est mauvaise à entendre.
Elle fait l'oeil morne, le front lourd, le dos rond
Et vous donne l'aspect d'un vivant moribond.
Mais se sentir plié sous le poids formidable
Des vies dont un beau jour on s'est fait responsable,
Savoir qu'on a des joies ou des pleurs dans ses mains,
Savoir qu'on est l'outil, qu'on est le lendemain
Savoir qu'on est la clef, savoir qu'on est la source
Aider une existence à continuer sa course
Et pour cela se battre à s'enliser le coeur:
Cette fatigue-là, Monsieur, c'est du bonheur.
Et sûr qu'à chaque pas, à chaque assaut qu'on livre
On va aider un être à vivre ou à survivre
Et sûr qu'on est le port, la route et le gué
Ou prendrait-on le droit d'être trop fatigué?
Ceux qui font de leur vie une belle aventure
Marque chaque victoire au creux sur leur figure
Et quand le malheur vient y mettre un creux de plus
Parmi tant d'autres creux il passe inaperçu
La fatigue Monsieur est un prix toujours juste
C'est le prix d'une journée d'efforts et de lutte
C'est le prix d'un labeur, d'un pleur ou d'un exploit
Non pas le prix qu'on paie mais celui qu'on reçoit.
C'est le prix d'un travail et d'une journée remplie
Et c'est la preuve aussi qu'on vit avec la vie.
Quand je rentre la nuit et que ma maison dort
J'écoute les sommeils et là je me sens fort
Je me sens tout gonflé de mon humble souffrance
Et ma fatigue alors c'est une récompense

Et vous me conseillez d'aller me reposer ?
Mais si j'acceptais là ce que vous me proposez
Si je m'abandonnais à votre douce intrigue
Mais je mourrais, Monsieur, tristement, de fatigue!
 
Robert Lamoureux
 
 
 
 

15:30 Publié dans Aimer | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Vaincre la maladie

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